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La mondialisation, « ennemie » de Trump

2018-09-29 14:33:00 Source:La Chine au présent Auteur:ZHENG RUOLIN
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法语词典
Des manifestants américains protestent contre le retrait
de l’Accord de Paris des États-Unis devant la Maison Blanche.
 
 
ZHENG RUOLIN*

 

Le monde est en train de connaître de profonds changements. Les alliés d’autrefois semblent être devenus des « rivaux » alors que les anciens ennemis tentent de faire la paix et de se rapprocher… Les conflits idéologiques s’affaiblissent et font place à des conflits d’intérêt entre les pays. Les économistes sont de plus en plus nombreux à faire des prévisions très pessimistes sur la tendance du développement mondial, ils parlent même de « grande dépression »… Notre époque est faite d’« incertitudes » ; le monde se trouve à un tournant décisif.

 

Ce tournant a été amorcé par l’arrivée au pouvoir du président américain Donald Trump qui soulève une vague d’antimondialisation teintée de populisme. Récemment, arborant le slogan « l’Amérique d’abord », Trump a déclenché une guerre commerciale tous azimuts qui vise non seulement la Chine mais aussi le Canada, l’Europe, le Mexique et la Turquie...

 

La Chine doit donc faire face à une situation mondiale complètement nouvelle, tout comme elle avait dû s’adapter dans les années 1980, au moment où elle lançait la politique de réforme et d’ouverture, à un nouvel échiquier mondial. Les États-Unis venaient alors d’élire un nouveau président, Ronald Reagan, qui prônait une politique conservatiste. Le terme reaganomics fait référence aux politiques économiques qu’il mena dans son pays ; en matière de politique extérieure, il lança la « Guerre des  

 

étoiles » contre l’Union soviétique, autre superpuissance également dirigée par un nouveau leader : Mikhaïl Gorbatchev. Ce dernier initia dans son pays une politique de détente prooccidentale, préconisant un rapprochement avec les États-Unis et l’Occident ; à l’intérieur de l’URSS, Gorbatchev mena une politique de glasnost (transparence) et de pérestroïka (restructuration). Deng Xiaoping, alors dirigeant de la Chine, profita de la situation pour renforcer les relations sino-américaines et améliorer les relations de la Chine avec l’URSS, ce qui permit de créer un environnement international favorable au développement économique de la Chine. En quelques décennies, cette dernière a réussi à se hisser au rang de deuxième économie mondiale.

La Chine n’a jamais considéré les États-Unis comme un « ennemi ». Tout comme l’a indiqué le président Xi Jinping, « nous avons mille raisons de maintenir de bonnes relations sino-américaines ; nous n’avons aucune raison de les saboter... » En effet, le rêve de la Chine est de construire une « communauté de destin pour l’humanité » avec les États-Unis et d’autres pays.

 

La question de savoir si Trump considère la Chine comme un « ennemi », voire même son « principal ennemi », a beaucoup d’importance quand il s’agit de faire face à la guerre commerciale imposée par Trump ou de résoudre des problèmes qui opposent la Chine et les États-Unis et qui ont été délibérément créés par les États-Unis. Taïwan en est un bon exemple.

 

Trump semble désigner la mondialisation ainsi que les groupes financiers multinationaux qui la soutiennent et les médias qu’ils maîtrisent comme ses « principaux ennemis ». Ces groupes financiers multinationaux sont les plus grands bénéficiaires de la mondialisation. Toutes les statistiques le prouvent. Ces dernières années, des mouvements de contestation sont apparus partout dans le monde, notamment en Europe et en Amérique. On peut citer le mouvement des Indignés en Espagne et le mouvement Occupy Wall Street aux États-Unis qui dénoncent les groupes financiers qui ont le plus bénéficié de la mondialisation. Aujourd’hui, la mondialisation nuit le plus aux capitaux industriels occidentaux qui, à l’origine, en étaient les premiers bénéficiaires puisque la délocalisation et l’introduction d’une main-d’œuvre d’immigrés bon marché ont permis aux industries de renforcer leur compétitivité.

 

Contre les attentes des économistes occidentaux, certains pays en développement, notamment la Chine, ont réussi à faire évoluer leurs industries du bas de gamme vers le moyen et haut de gamme en seulement trois décennies, devenant ainsi de solides concurrents pour les capitaux industriels occidentaux. Certaines industries ont même surpassé les industries occidentales. Les plus grandes victimes de la mondialisation sont en fait les travailleurs et les classes moyennes des pays occidentaux. Ce sont ces indignés qui ont voté pour Trump. C’est pourquoi Trump désigne la mondialisation et les capitaux financiers multinationaux qui soutiennent la mondialisation comme ses «principaux ennemis ».

 

Les principales politiques adoptées par Trump confirment que la mondialisation est bien la cible de ses attaques. La Chine, en tant que bénéficiaire de la mondialisation, est donc également visée par ces attaques. Le président américain entend notamment lutter contre le programme « Fabriqué en Chine 2025 » pour défendre les intérêts des capitaux industriels américains. Il ne veut pas voir les industries chinoises entrer en concurrence avec les industries haut de gamme américaines. Concernant ce problème, les intérêts des capitaux industriels représentés par Trump correspondent aux intérêts nationaux des États-Unis. Ceci dit, il existe d’importantes divergences entre les groupes industriels représentés par Trump et les groupes financiers soutenant la mondialisation. Trump s’oppose à ce que l’argent américain serve à promouvoir la démocratie et la liberté dans le monde entier. Pour les groupes financiers, la promotion de la démocratie à travers le monde est favorable à la mondialisation. Pour Trump, la mondialisation nuit assurément aux capitaux industriels, car les groupes industriels ont besoin de pouvoir s’appuyer sur un marché stable. Imaginons que la Chine connaisse des mutations, voire « une révolution de couleur », qui pourrait encore dépenser 200 milliards de dollars pour acheter des puces américaines ? En réalité, Trump ne souhaite pas que la Chine s’effondre, mais plutôt que la Chine ne parvienne pas à produire ses propres puces et continue d’acheter les puces américaines. Pour les groupes financiers, que la Chine soit stable ou non importe peu ; ce qui compte, c’est qu’ils puissent entrer en Chine et contrôler ce pays ; en quelque sorte, si la Chine s’effondrait, le yuan perdrait toute occasion de défier le dollar. Cela ouvrirait de belles perspectives aux capitaux financiers multinationaux…

 

﹡ZHENG RUOLIN est un ancien correspondant à Paris du quotidien Wen Hui Bao de Shanghai et l’auteur du livre Les Chinois sont des hommes comme les autres aux éditions Denoël.

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