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Où la Chine ira-t-elle?

2018-08-30 13:23:00 Source:La Chine au présent Auteur:ZHENG RUOLIN
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La Chine est le plus grand marché de téléphones portables.
 
 
ZHENG RUOLIN*

 

Quand j’ai quitté mon poste de journaliste en France, j’ai rapporté en Chine des dizaines de cartons de livres parmi lesquels se trouvaient de nombreuses études sur la Chine publiées par des savants français. En fait, le titre de cet article « Où la Chine ira-t-elle? » est le titre d’un de ces livres qui, sans apporter une réponse définitive, a le mérite de soulever une question importante.

 

Sans aucun doute, ce sont nous, les Chinois, qui sommes les plus préoccupés par cette question et nous ne cessons de chercher des réponses dans l’histoire. Revenu en Chine, je me suis aperçu que les livres qui traitent ce sujet y sont beaucoup plus nombreux. Et si cette question nous intéresse tant, nous les Chinois, c’est parce qu’elle est liée à notre bonheur et que nous sommes en train d’écrire sa réponse.

 

Où la Chine ira-t-elle? Voilà une question au sujet de laquelle des experts du monde entier n’ont cessé de s’interroger tout au long du siècle dernier. Non seulement parce que le monde nourrit une curiosité infinie pour ce grand pays oriental, mais aussi parce que la Chine a vraiment des particularités qui la différencient des autres pays, notamment des pays occidentaux. La civilisation chinoise constitue ainsi un mystère pour les savants occidentaux : la Chine sera-t-elle une menace pour l’ordre mondial ? Ou plutôt, la Chine changera-t-elle le cours de l’histoire qui, depuis plus de cinq cents ans, était gouvernée par le monde occidental ? Pour les Occidentaux, trouver la réponse à cette question permettra non seulement de satisfaire leur curiosité, mais aussi d’assurer leurs propres intérêts pour l’avenir.

 

À l’heure actuelle, cette question est d’autant plus signicative. La Chine doit faire face à une guerre commerciale globale lancée par le président américain Donald Trump qui, lui, ne se soucie pas du tout de cette question. Si la Chine laisse les États-Unis occuper une position avantageuse dans le domaine des hautes technologies, ceux-ci seront alors les leaders dans les domaines militaire, commercial et financier, et la question « Où la Chine ira-t-elle? » n’aura plus d’importance car la Chine demeurera leur usine de traitement et leur fournisseuse de marchandises bon marché. Ainsi les États-Unis ne considèrent pas la Chine comme une menace et c’est la raison pour laquelle, quand la CBS demande à Donald Trump qui est son ennemi, il répond sans hésiter : « C’est l’UE. »

 

Du point de vue des « sinologues » européens, les choses sont plus complexes. Leur réponse à la question « Où la Chine ira-t-elle ? » reste liée à une vision de la Chine qui ressemblerait à l’Union soviétique en ruines ou qui serait restée à l’époque de la Révolution culturelle… En fait, je connais bien ces sinologues et leur principal problème est de ne pas comprendre la réalité chinoise! Quand j’étais en France, je fréquentais souvent des sinologues réputés et j’ai eu l’occasion de discuter de cette question avec eux, notamment dans le programme télévisé C dans l’air. Presque toutes leurs prévisions sur l’avenir de la Chine se sont avérées erronées. Peut-être vous souvenez-vous de Philippe Cohen et Luc Richard, qui, dans leur livre La Chine sera-t-elle notre cauchemar ? publié en 2005, avaient annoncé que les 200 millions de travailleurs migrants chinois allaient détruire l’emploi en Occident et nourrir un petit groupe de bureaucrates chinois. Selon les statistiques, 130 millions de Chinois ont voyagé à l’étranger en 2017, soit un dixième de la population chinoise. Comment pourraient-ils être issus du « petit groupe de bureaucrates chinois » ? En fait, une grande partie de ces touristes ont été autrefois des travailleurs migrants (plus précisément il y a à peu près dix ans). La Chine est le pays qui envoie non seulement le plus de touristes au monde, mais c’est aussi le plus grand marché du monde : celui des automobiles, des portables, des jeux vidéo et du cinéma. Le monde cherche à vendre ses produits aux Chinois. La Chine n’est pas devenue le « cauchemar » des Occidentaux, mais au contraire, elle fait rêver leurs entreprises avec sa première exposition internationale des importations à Shanghai en novembre !

 

La Chine d’aujourd’hui affiche une attitude de plus en plus ouverte et souple. Lors de sa visite en Chine, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a proposé de réformer l’OMC afin que ses règles soient mieux adaptées à des pays émergents tels que la Chine et de lutter ensemble contre le protectionnisme. La Chine a accueilli positivement ces propositions. Le cas de la Chine est bien particulier. D’un côté, le volume total de l’économie chinoise est très important et la Chine est la deuxième puissance économique au monde ; d’un autre côté, si l’on considère le PIB par habitant, la Chine reste un pays en voie de développement (En 2017, le PIB par habitant de la Chine était de 9 481 dollars alors que celui de la France était de 39 914 dollars). D’où une contradiction : la Chine peut-elle continuer à profiter des règles que l’OMC réserve aux pays en développement, ou doit-elle désormais prendre les responsabilités de grand pays développé ? La Chine est prête à négocier sur cette particularité qui la rend unique et fait ainsi preuve de sa volonté de se plier aux règles justes édictées par la communauté internationale. Si on regarde les positions prises par les États-Unis depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, qui rejettent tout ce qui pourrait menacer leurs intérêts, on ne peut que constater un fort contraste.La Chine répond par des actes positifs à la question « Où la Chine ira-t-elle ? ». Elle va approfondir sa politique de réforme et d’ouverture afin de s’intégrer davantage à la société internationale et de construire avec le reste du monde une communauté de destin pour l’humanité. La Chine se classe au premier rang mondial, ce qui ne veut pas dire qu’elle va défier l’Occident et les règles rédigées par l’Occident. Si on regarde de près les positions prises par les présidents chinois, cela devient évident. Le président Xi Jinping a surtout insisté sur cette idée très importante : la Chine ne suit ni l’ancienne voie du repli sur soi et l’immobilisme, ni la voie erronée pouvant conduire à l’abandon de son drapeau. Elle emprunte sa propre voie, soit la voie du socialisme à la chinoise. La signification de cette phrase est très claire. Bien sûr, la Chine d’aujourd’hui doit faire face à de vrais défis tels que le vieillissement de la population, l’élargissement du fossé entre les riches et les pauvres, le déclin de la morale, les bulles immobilières, les polémiques autour de l’industrie pharmaceutique… Et à l’extérieur du pays, elle souffre de différends avec les pays occidentaux. Pour résoudre ces problèmes, le gouvernement insiste sur deux points : d’abord, la Chine n’ira pas chercher la réponse sur l’ancienne voie du repli sur soi et l’immobilisme ; ensuite, elle ne copiera pas aveuglément les systèmes politiques des autres pays. La Chine avance sur sa propre voie, une voie qui correspond à sa réalité et qui conduira au grand renouveau de la nation chinoise.

 

Ainsi, s’il est tout à fait louable de s’intéresser à la Chine, je souhaite insister sur le fait qu’il est absolument nécessaire, pour la comprendre, d’analyser ce pays en adoptant un point de vue basé sur sa réalité.

 

 

﹡ZHENG RUOLIN est un ancien correspondant à Paris du quotidien Wen Hui Bao de Shanghai et l’auteur du livre Les Chinois sont des hommes comme les autres aux éditions Denoël.

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