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Le visage ouvert de la Chine face aux sourds

2018-03-11 10:36:00 Source:La Chine au présent Auteur:ZHENG RUOLIN
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Les lecteurs peuvent vérifier eux-mêmes si une telle règle existe : toutes choses, toutes nouvelles découvertes et inventions, tous progrès scientifiques, toutes mises en place de nouvelles politiques en Chine font immanquablement froid dans le dos à certains « amis étrangers », qui en font une interprétation très particulière. Ainsi, de manière paradoxale, les éléments que nous venons d’évoquer leur font croire que la Chine est de plus en plus sombre et horrible.

J’aurai voulu dire à nos amis étrangers plus d’informations sur la Chine, mais s’ils gardent de tels préjugés, je ne pense pas que cela leur soit utile pour comprendre notre pays. Aujourd’hui, je souhaite écrire pour vous montrer plutôt comment une bonne nouvelle sur la Chine est devenue une mauvaise nouvelle dans les médias français, surtout aux yeux de notre très renommé journaliste Jean-Jacques Bourdin, et comment cette nouvelle lui fait peur. À travers mon récit, vous pourrez entrevoir l’esprit de la Chine.

Dans un épisode de l’émission Bourdin Direct sur RMC, qui avait pour thème Les Citoyens chinois sous surveillance, Jean-Jacques Bourdin et son invité Anthony Morel ont commencé par cette phrase : « Ce que vous allez me raconter me fait froid dans le dos. » Puis, concernant les choses se passant en Chine, dont ils ont parlé au cours de l’émission, Jean-Jacques Bourdin en tire cette conclusion : « Je ne mettrais plus jamais les pieds en Chine », parce que « la Chine est horrible ».

Pourtant, qu’est-ce qui permet à Jean-Jacques Bourdin de ressentir tant de crainte qu’il ne veuille plus jamais mettre les pieds en Chine ? Le système de reconnaissance faciale n’est en effet qu’une invention scientifique.

Comme l’identification des empreintes digitales, la reconnaissance faciale représente l’un des grands progrès scientifiques de l’humanité. Le visage de l’homme ne peut pas être copié, il est une donnée facile à collecter qui ne nécessite pas d’attendre que la coordination des personnes soit bonne. Par conséquent, le système de reconnaissance faciale est plus pratique que celui des empreintes digitales. Aujourd’hui, un visage suffit pour effectuer les paiements : lorsque vous descendez d’un taxi, il vous suffit de manifester un joli sourire au chauffeur pour payer la course. De plus, notre visage acquiert d’autres fonctions : à l’aide de notre visage, nous pouvons entrer directement en gare sans avoir besoin d’un billet de train ; plus la peine de pointer au bureau, le système de reconnaissance faciale peut enregistrer facilement notre présence et notre absence ; autre exemple, nous pouvons aller en Australie sans passeport, parce que le pays a lancé l’année dernière un nouveau système de contrôle des entrées consistant à utiliser la technologie d’identification biologique pour reconnaître le visage, à savoir l’iris et les empreintes digitales de chaque voyageur, afin de remplacer le contrôle traditionnel et d’en exempter le personnel… La plus importante de ses applications est dans le domaine de la sécurité où ce système peut jouer un rôle décisif dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité.

D’ailleurs, les États-Unis ont déjà employé le système de reconnaissance faciale dans le domaine de la sécurité. Selon des rapports, quelques années plus tôt, la police américaine a utilisé ce système pour distinguer les fans de football américain au Super Bowl à Tampa Bay en Floride.

Toutefois, comme toutes les autres inventions scientifiques, l’application de ce système engendre des problèmes moraux et judiciaires qui n’existaient pas auparavant, ce qui provoque donc des controverses. Son application en Chine suscite également des contestations très vives, surtout sur Internet. En réalité, dans beaucoup de domaines, son application par le gouvernement chinois ne concerne qu’une courte période d’essai, et rien n’est encore définitivement décidé. Mais dans l’émission de Bourdin, ce dernier n’a nullement parlé des controverses qui existaient en Chine, il a juste affirmé que notre pays utilisait une technologie pour renforcer la surveillance de la population chinoise. Ce jugement est loin de la réalité.

Le système de reconnaissance faciale n’a pas été inventé par la Chine même s’il est vrai que cette technologie s’y développe rapidement, notamment dans le domaine des applications. De nombreuses entreprises chinoises mettent au point le système de reconnaissance faciale, mais, dans le monde, elles ne se trouvent pas en tête de peloton. Seules certaines de nos entreprises peuvent atteindre le niveau des États-Unis, de l’Allemagne et du Japon. Par exemple, l’entreprise chinoise SenseTime possède une forte capacité de développement de ce système avec des réussites notables. Pour le moment, elle collabore avec l’entreprise japonaise HONDA pour développer les voitures sans pilote et intelligentes. Elle maîtrise la technologie évoquée dans l’émission de Bourdin : pouvoir reconnaître une personne en trois secondes au maximum par le système de reconnaissance faciale.

Dans le monde entier, le système de reconnaissance faciale est largement employé, par exemple, la nouvelle version de l’iPhone a utilisé cette technologie. Mais son application en Chine fait froid dans le dos à Jean-Jacques Bourdin. Je suis certain que l’application en Chine consiste à améliorer la vie de la population chinoise, et non de surveiller chaque Chinois. Le problème est que certaines applications de ce système en Chine peuvent créer des phénomènes qui risqueraient de produire des malentendus. Par exemple, des villes chinoises telles que Shenzhen ont fait un essai pour installer le système de reconnaissance faciale à un carrefour, afin de photographier les gens qui traversent au feu rouge puis de leur envoyer une alerte en affichant leur image sur un écran. Cela fait froid dans le dos à Jean-Jacques Bourdin. Comme j’ai vécu en Europe, je peux comprendre pourquoi il en ressent une certaine terreur. La raison en est qu’en Europe, même si une personne commet une erreur ou un crime, elle a également droit au respect de sa vie privée, l’État n’a pas le droit d’exposer son image publiquement. Mais en Chine, ce genre de règlement ou de loi n’existe pas. Le cas des restaurants illustre bien cette différence entre nos deux pays : il est interdit de fumer dans tous les restaurants en France, tandis qu’il est permis de fumer dans des restaurants de certaines régions en Chine. Les réalités différentes d’un pays à l’autre entraînent des différences dans les modes de vie, mais il ne s’agit absolument pas de surveillance politique.

Une autre chose qui fait froid dans le dos à Jean-Jacques Bourdin est l’utilisation du système de reconnaissance faciale dans un parc de Beijing pour limiter l’utilisation excessive de papier toilette par les visiteurs. Cela peut sembler incroyable en France. Mais en Chine, presque chaque Chinois peut en comprendre la raison, même si elle nous fait rougir : vingt ans ou trente ans plus tôt, la Chine était encore un pays très pauvre ; la pauvreté a laissé une empreinte indélébile sur toute une génération, notamment sur les personnes âgées entre 60 et 70 ans ou plus aujourd’hui. Ainsi, le Temple du Ciel de Beijing a utilisé la « machine à papier toilette avec reconnaissance faciale » à titre d’essai. Après avoir identifié le visage, la machine donne automatiquement une quantité limitée de papier. Mais cette action n’a pas été étendue à d’autres lieux. D’ailleurs, Jean-Jacques Bourdin et son invité n’ont pas du tout fait attention à une phrase sous la machine : « La technologie transforme l’action ». De fait, l’objectif d’une telle installation est vraiment limpide, il consiste à transformer les comportements de certaines personnes. Bien sûr, je pense qu’élever la formation culturelle et morale des individus à travers une large éducation est une méthode plus convenable. Mais même dans ce cas-là, des journalistes étrangers pourraient encore dire que « la Chine développe une campagne de lavage de cerveau à une grande échelle » …

Depuis longtemps déjà, le FBI a créé le National Genetics Institute (NGI), qui possède une base de données où sont enregistrées les informations génétiques de 117 millions d’adultes américains, à savoir les empreintes digitales, les visages, les empreintes des mains et l’iris. Ce chiffre représente déjà 48 % des adultes américains. Je ne sais pas si cette information ferait froid dans le dos à Jean-Jacques Bourdin ? Dans ce domaine, la Chine est loin des États-Unis. Mais la question ne se pose même pas en Chine : elle n’en a tout simplement pas besoin, parce que le taux de criminalité est très bas. Comme la réalité du pays est différente, l’application du système de reconnaissance faciale est logiquement différente, ne croyez-vous pas ?

Il faut bien souligner que les applications de ce système en Chine, dont Anthony Morel a parlé, ne sont qu’à une période d’essai. Si les Chinois s’opposent fermement aux applications de ce système, le gouvernement chinois ne les imposera jamais par la force. Sans une introduction préalable à la réalité d’un pays aussi complexe que la Chine, beaucoup de situations ne peuvent causer que des malentendus et donner une fausse image de la Chine, qui devient brutalement « un pays horrible ».

Je souhaite vraiment que Monsieur Bourdin, qui a affirmé qu’il ne mettrait jamais les pieds en Chine, puisse « s’aventurer » à le faire. Les Chinois disent souvent qu’il vaut mieux se fier à ses yeux qu’à ses oreilles. J’ai rencontré de nombreux amis étrangers, qui avaient une série d’opinions bien ancrées sur la Chine avant d’y venir et qui prétendent souvent m’expliquer « la vérité de la Chine » lors de nos échanges, simplement parce qu’ils croient que les Chinois n’ont pas connaissance des choses horribles se passant réellement dans leur pays, à cause du manque de liberté des médias. Dans ce cas-là, je les invite souvent à visiter la Chine pour qu’ils puissent découvrir notre pays de leurs propres yeux. Tous ces étrangers, sans exception, admettent qu’ils avaient, au final, des opinions partiales sur la Chine.

 

﹡ZHENG RUOLIN est un ancien correspondant à Paris du quotidien Wen Hui Bao de Shanghai et l’auteur du livre Les Chinois sont des hommes comme les autres aux éditions Denoël.

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