Des manifestants se rassemblent devant le bâtiment fédéral de San Francisco pour protester contre la visite de Nancy Pelosi à Taiwan, le 1er août.
La présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, a été mise en garde par le Pentagone sur le fait que, étant donné le degré élevé des tensions entre les États-Unis et la Chine, et les inquiétudes claires du côté chinois vis-à-vis des entorses faites par les États-Unis au principe d’une seule Chine, cette visite risquait d’engendrer une forte réaction chinoise et faisait courir le risque d’un possible conflit militaire. De plus, le gouvernement chinois avait clairement averti à de nombreuses reprises, qu’une telle visite provoquerait une réponse forte. Après tout, Nancy Pelosi n’est pas un simple membre du Congrès. En tant que présidente de la Chambre des représentants, c’est un membre du gouvernement des États-Unis, un gouvernement qui a accepté dans trois communiqués conjoints avec la Chine de ne pas établir de « relations officielles » avec Taiwan, incluant la réalisation de visites officielles.
Aveuglée par sa propre hubris, dans une carrière soutenue par le lobby taïwanais, Nancy Pelosi a décidé de maintenir cette visite et au diable les conséquences ! Celles-ci se sont traduites par la mobilisation des forces de l’Armée populaire de libération (APL), qui ont encerclé l’île de Taiwan et réalisé des exercices à tirs réels pendant quatre jours. De plus, la Chine a interrompu la plupart des discussions politiques importantes avec les États-Unis, incluant leurs relations militaires stratégiques bilatérales, lesquelles avaient été laborieusement rétablies sous l’administration Biden.
Malheureusement, Nancy Pelosi n’est pas seule dans son hubris. Les membres du Congrès qui l’ont accompagnée dans son voyage sont également les porteurs de cette « tare funeste », de même que la majorité du Congrès qui tente de faire passer la
Il s’agit là d’un fantasme. La réalité est apparue avec la démonstration de force de la Chine au cours de ses récentes manœuvres, au cours desquelles elle a montré qu’elle pouvait littéralement « couper Taiwan du monde extérieur ». Cette réalité se manifeste également dans les forts soutiens que la Chine a reçus de la part de la communauté internationale, avec plus de 170 nations, un grand nombre d’institutions internationales et le secrétaire général des Nations Unies António Guterres réaffirmant leur soutien au principe d’une seule Chine. La « réprimande » ridicule des actions de la Chine par le G7 a même été traitée comme un vulgaire « bout de papier » par le ministère chinois des Affaires étrangères, étant donné le fait que 181 nations ont accepté le principe d’une seule Chine. Le G7 n’est plus considéré comme une sorte d’« organe de gouvernance » de la communauté mondiale, comme pouvaient autrefois se l’imaginer ses membres. Cette époque est révolue.
Même Nancy Pelosi a réalisé qu’elle avait dépassé les limites et « volé trop près du Soleil ». Elle a essayé de minimiser l’importance de sa visite en affirmant qu’elle n’avait rien fait de contraire au principe d’une seule Chine et en lui rendant hommage, mais elle a également cité la
Le livre blanc La question de Taiwan et la réunification de la Chine dans la nouvelle ère
Nancy Pelosi a également affirmé qu’elle n’avait pas reçu de « message clair » de la part du Pentagone de ne pas se rendre à Taiwan, alors même qu’il y a clairement eu des discussions sur ce sujet et que le président Biden a reconnu publiquement les préoccupations du Pentagone concernant cette visite. Nancy Pelosi a sans aucun doute « brûlé les ponts » avec le Pentagone, qui doit désormais œuvrer à restaurer la communication avec Beijing. Elle a également rapproché le monde d’un conflit militaire dans la région Asie-Pacifique. Si les États-Unis devaient « venir à la défense » de Taiwan par des actions militaires, alors tout serait possible et nous pourrions faire face à un possible conflit nucléaire, dans lequel il n’y aurait pas de gagnant. Ces questions sont bien connues des décideurs du Pentagone, mais semblent être ignorées allègrement par un certain nombre de membres du Congrès non vétérans.
La visite à Taiwan de la présidente de la Chambre des représentants en dépit des objections fermes et répétées des représentants chinois à différents niveaux, incluant un appel téléphonique entre le président Joe Biden et le président Xi Jinping, a gravement sapé la confiance qui existait précédemment entre les deux nations. Celle-ci survient en outre à la suite d’un ensemble d’actions par le Congrès et par l’administration Biden, qui entrent en contradiction avec leur soutien affiché au principe d’une seule Chine. Reconstruire cette confiance ne sera pas chose facile.
Dans le livre blanc publié le 10 août par le Bureau des affaires taïwanaises et du Bureau de l’information du Conseil des affaires d’
La restauration de cette confiance dépend désormais des actions des États-Unis. Le maintien pressenti des droits de douane sur les marchandises chinoises par Joe Biden, alors que son Secrétaire du Trésor lui a conseillé de les réduire pour lutter contre l’inflation, risquerait d’ajouter de l’huile sur le feu allumé par Nancy Pelosi. Il s’agit également d’une mauvaise nouvelle pour les Américains, qui finiront par payer ces droits de douane, lorsqu’ils achèteront leurs produits alimentaires ou pharmaceutiques. Plus grave encore, les relations sino-américaines continueront d’être glaciales et l’administration Biden en paiera probablement le prix lors des prochaines élections au Congrès.
Le président Biden se serait apparemment entretenu avec des historiens américains pour discuter des raisons pour lesquelles nos démocraties dysfonctionnelles semblent s’est entièrement effondrées. Je ne pense pas que ces individus auront été suffisamment honnêtes avec M. Biden pour lui dire que ses actions — et ses inactions — ont peut-être bien contribué à ce problème. L’alimentation d’un conflit continu en Ukraine et la poursuite d’une guerre commerciale avec la Chine n’ont rien apporté de bon aux Américains, dont les besoins continuent d’être insatisfaits et les intérêts ignorés. Diviser le monde en deux camps opposés ne peut que nous appauvrir tous. Est-il surprenant que le monde respecte encore — de peur — la puissance brute des États-Unis, mais a perdu tout respect pour ses soi-disant « valeurs » ? Ou qu’il soutienne de plus en plus la notion proposée par la Chine de « communauté de destin pour l’humanité » ? Pour les États-Unis, l’essor de la Chine est considéré comme une menace à « l’hégémonie américaine ». Aux yeux du reste du monde, la Chine est toutefois considérée comme un pays qui a tiré plus de 800 millions de personnes de la pauvreté, apportant un espoir brillant pour l’humanité. L’Amérique a perdu dans sa recherche de puissance mondiale, tandis que la Chine a gagné par son engagement en faveur du développement de l’humanité. Les manœuvres militaires achevées récemment autour de Taiwan devraient être attribuées aux mesures provocatrices de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, et non à de quelconques « intentions sinistres » de la part de Beijing, comme aimeraient le faire croire les opposants à la Chine.