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Une vision plus objective et un nouveau regard sur la Chine

2021-07-05 11:14:00 Source:La Chine au présent Auteur:Sun Xuan
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Le 4 juin 2021, des Hongkongais font la queue devant le Centre de vaccination du quartier de la Bibliothèque centrale pour être vaccinés contre le COVID-19.

 

Bruno Guigue, ancien haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur (de 1990 à 2008), est chercheur en philosophie politique et analyste politique français. Il mène des recherches approfondies sur la Chine qui l’intéresse depuis longtemps et rédige souvent des commentaires en la matière, qui sont compilés dans des rubriques en ligne.

 

Face aux articles diffamatoires de médias occidentaux envers la Chine, surtout au sujet de Hong Kong, du Xinjiang et des droits de l’homme, M. Guigue n’hésite pas à s’exprimer en toute indépendance. Aujourd’hui, il partage ses opinions sur la propagande occidentale, la gouvernance de la Chine, ainsi que sur les relations sino-américaines et sino-européennes.

 

Qu’est-ce qui vous motive depuis toujours à analyser la situation chinoise et à réfuter les propos diffamatoires des pays occidentaux ?

 

Bruno Guigue : Je pense que nous sommes à un moment de l’histoire où la Chine pose une série de questions passionnantes pour l’analyste occidental, surtout s’il est prêt à combattre les idées reçues : qu’est-ce que le développement ? Qu’est-ce que la démocratie ? Qu’est-ce qu’un bon gouvernement ? Je me suis rendu compte que la Chine apportait des réponses différentes de celles auxquelles nous étions accoutumés, et que ces réponses étaient méconnues, voire travesties par les médias dominants et les instituts de recherche en Occident. J’espère simplement apporter ma modeste contribution à une vision plus objective de la Chine et contribuer à porter un nouveau regard sur ce pays.

 

Dans un article, vous déclarez : « La gestion de Hong Kong est une affaire intérieure chinoise. Mais la propagande occidentale la transforme en un conflit international. » En fait, on pourrait dire la même chose du Tibet, du Xinjiang, de Taiwan… Selon vous, quelles sont les causes de cet état de fait ?

 

Toutes les questions que vous citez, en effet, sont des questions de politique intérieure chinoise qui ne concernent pas les pays étrangers. Est-ce que la Chine intervient dans les affaires intérieures américaines ? Jamais. Mais il ne faut pas se faire d’illusions : si les États-Unis se permettent de s’immiscer dans les affaires chinoises, c’est uniquement pour tenter de déstabiliser la Chine. C’est la seule raison. Ils ne cessent de parler des Ouïghours, mais depuis quand les Américains se soucient-ils du sort des musulmans dans le monde, eux qui ont fait la guerre en Afghanistan, en Irak et en Libye ? Les experts du Département d’État et du Pentagone savent très bien que ce discours est hypocrite. Mais en accusant la Chine d’opprimer les Ouïghours, on essaie d’enrôler tous les musulmans dans une nouvelle offensive contre la Chine. Le procédé est grossier, il repose sur le mensonge, et ce n’est pas la première fois que Washington en fait usage.
 
Le 19 mars 2021, un train express spécial Chine-Europe part de Chongqing à destination de Duisburg (Allemagne) pour célébrer le 10e anniversaire de cette ligne. Les habitants de Chongqing fêtent cet événement.

 

Vous avez rédigé un article intitulé À chacun ses « droits de l’homme ». Peut-on aussi dire « à chacun son système politique » ?

 

« À chacun son système politique », oui, bien sûr, je souscris pleinement à cette formule. À mes yeux, c’est une évidence, dans la mesure où chaque pays a sa propre histoire, sa propre culture, ses propres défis à relever. Pourquoi la Chine devrait-elle imiter les autres, et calquer son propre fonctionnement sur un modèle extérieur ? Le système occidental est peut-être valable pour les pays occidentaux, mais certainement pas pour la Chine. En fait, l’Occident tente de s’ériger en modèle universel, alors même que la réalité concrète des régimes occidentaux est fort peu démocratique. De plus, c’est au nom de l’universalité présumée de son propre modèle qu’il [l’Occident] déclenche des guerres impérialistes et s’immisce dans les affaires intérieures de pays souverains. C’est une supercherie monumentale. À l’universalisme hypocrite de l’Occident, je préfère l’universalisme réel dont parle si bien Zhao Tingyang (philosophe chinois et chercheur à l’Institut de philosophie de l’Académie chinoise des sciences sociales) : un universalisme inclusif, et non exclusif. Un universalisme qui accepte la diversité des modèles, et non un universalisme qui prétend imposer un modèle unique.

 

Dans un contexte où l’on « voit le croisement du déclin américain et de la poussée chinoise », est-il possible d’éviter la mentalité de guerre froide et la logique du jeu à somme nulle ?

 

Il y a aux États-Unis des forces considérables qui s’opposent non seulement à la coopération, mais à la coexistence pacifique entre les différents systèmes. Que ce soit dans l’armée américaine, dans l’industrie de l’armement ou dans les milieux ultraconservateurs, il règne une profonde hostilité à l’égard de la Chine et de ce qu’elle représente. Cette fraction de la classe dominante américaine n’admettra jamais la formidable réussite de la Chine, elle n’arrive pas à digérer le fait qu’un très grand pays, dirigé par un parti communiste, ait réussi à faire de tels progrès en 70 ans. Je ne sais pas si l’influence néfaste de ces milieux antichinois continuera à peser sur la politique étrangère des États-Unis. Ce qu’il faut espérer, c’est que le peuple américain finisse par comprendre que l’opposition avec la Chine ne lui apportera rien, que la Chine ne menace personne, et que chaque pays doit avoir son propre système. À cette condition, on pourra peut-être assister à un changement dans les relations internationales.
 
Le 29 mai 2021, Leng Jun, un célèbre peintre chinois contemporain de l’école de l’hyperréalisme, participe à des échanges artistiques au Centre des expositions de Bole-Xinjiang.

 

En tant qu’ancien haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, comment évaluez-vous la capacité de gouvernance d’un parti au pouvoir ? Quels sont les éléments les plus importants ?

 

Je pense que la première qualité d’une équipe dirigeante, c’est son intégrité morale, et c’est ce que la Révolution française appelait la « vertu », c’est-à-dire l’amour de la patrie. Sans cette exemplarité morale, les dirigeants perdent leur crédibilité. Si les gouvernants servent des intérêts privés au lieu de servir l’intérêt général, alors le pouvoir n’est plus digne de respect, et il finira par ne plus être obéi. La deuxième qualité, à mon avis, c’est l’efficacité dans la résolution des problèmes. Il y a une noblesse de la politique, lorsqu’elle vise l’amélioration des conditions de vie de la population, lorsqu’elle sert le pays dans l’intérêt de tous les citoyens, et non d’une minorité de privilégiés. À propos du COVID-19, par exemple, quand je vois que le gouvernement chinois a su préserver la santé publique tout en assurant la croissance de l’économie, je constate qu’il a servi efficacement l’intérêt commun de la nation chinoise, mais aussi des autres nations.

 

On constate que les échanges économiques et culturels entre la Chine et l’Europe ont suivi une tendance positive ces dernières années, même si des frictions surgissent de temps en temps, surtout dans le domaine politique. Quels sont vos commentaires à ce sujet ?

 

Si les Européens étaient réalistes, ils s’apercevraient de deux choses. D’abord, ils verraient que la Chine est la locomotive de l’économie mondiale et que personne ne tirera profit d’une crise qui affecterait la Chine. Ensuite, ils comprendraient que leurs intérêts ne recoupent pas ceux des Américains. À l’égard de la Chine, les États-Unis ont adopté une démarche conflictuelle. Ils s’imaginent que le terrain perdu par la Chine sera immédiatement reconquis par les États-Unis, et qu’il faut donc la provoquer, la pousser à l’affrontement dans tous les domaines, en évitant, bien sûr, de déclencher une guerre totale. Or les Européens n’ont aucun intérêt à épouser cette démarche périlleuse : elle ne mène nulle part et contribue uniquement à accroître les dividendes de l’industrie de l’armement aux États-Unis. La seule politique conforme à la vocation de l’Europe, c’est donc une politique indépendante et non alignée, de type gaulliste. Une telle politique, en promouvant la coopération avec l’Est comme avec l’Ouest, permettrait de restaurer l’équilibre mondial tout en remettant l’Europe au centre.

 

*Sun Xuan est journaliste à Beijing Information.

 

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