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La mode des foyers culturels à Chengdu

2024-07-02 14:18:00 Source: La Chine au présent Auteur: HUANG WEI*
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Des jeunes se plongent dans les études au Foyer culturel de Chengdu.
 
Les foyers culturels, que la plupart des gens considéraient auparavant comme des universités du troisième âge, sont désormais davantage appréciés par les jeunes. En témoigne la prise d’assaut des 102 places proposées début mars lors de la session de printemps du Foyer culturel de Chengdu.
 
La fièvre des cours du soir et de l’éducation permanente a débuté au début des années 1980, reflétant la volonté à l’époque d’améliorer les compétences professionnelles. Désormais, il s’agit plutôt pour les jeunes d’aujourd’hui de prendre plaisir et de s’épanouir dans l’apprentissage.
 

Un sentiment d’épanouissement 

Un jour de semaine, peu avant 18 h 30, Wei Ning, qui approche la trentaine, entre dans une classe située au 4e étage du Foyer culturel de Chengdu. Elle scanne un code QR pour s’inscrire, lave ses pinceaux, prépare le papier et l’encre, et commence un cours de calligraphie de 90 minutes.

Mlle Wei s’y précipite après le travail, prenant une collation sur la route. Auparavant, elle rentrait directement chez elle après le travail, et s’affalait sur le canapé en passant des heures à jouer avec son portable après le dîner. Avant de s’endormir, elle avait souvent des courbatures et se sentait vidée. « Suivre un cours le soir n’est pas fatigant en fait. En classe, je me plonge dans la calligraphie, comme si j’entrais dans une sorte de transe, en me concentrant et en laissant libre cours à mes émotions. Et après le cours, je me sens rassérénée et requinquée. »

Bian Yue, du même âge, connaît bien ce sentiment. Avec un emploi du temps relativement plus souple, Mlle Bian est une fidèle du foyer culturel et elle y a déjà expérimenté la peinture, la calligraphie et la musique. L’année dernière, elle avait pu s’inscrire aux cours de guqin et de guzheng. Comme le foyer fournit gratuitement des instruments de musique, elle n’a eu qu’à acheter des plectres. Elle a appris à lire les partitions, alternant les deux cours de ces deux instruments de musique traditionnels qui expriment la profondeur et la richesse de la culture chinoise. Il s’agit d’une expérience fantastique qui lui a permis de découvrir des similitudes entre les deux instruments sur le plan théorique et de comparer les caractéristiques singulières de leur style respectif. Au début, elle pensait qu’elle préférerait le guzheng, mais c’est le guqin qui l’a finalement conquise. Elle en a acheté un et pratique régulièrement.

Durant son apprentissage, Mlle Bian a constaté que les enseignants étaient tous des professionnels. Yang Gang enseigne ainsi la peinture chinoise aux traits fins et aux coloris vifs. C’est un peintre qui a été spécialement recruté par l’Académie d’art de Chengdu et qui est capable d’appliquer ses connaissances théoriques à l’enseignement pratique par le biais d’un style simple et d’un langage clair.

Mlle Bian adore suivre ce cours. À ses yeux, la facture minutieuse met à l’épreuve le caractère et la patience, qu’il s’agisse de dessiner, d’appliquer les couleurs et d’estomper. Pour faire ressortir le plumage lisse d’un oiseau par exemple, la main doit être très stable. Ainsi, en général, il faut trois ou quatre cours pour peindre quelque chose de simple. « Avant, je ne remarquais pas le détail de chaque feuille dans une plante, les trous faits par les vers et le clair-obscur des nervures foliaires. Quand je dois les faire ressortir par le bias de touches du pinceau et des couleurs, je comprends mieux la signification poétique d’une locution chinoise qui dit qu’un petit détail révèle l’ensemble », dit-elle. Par l’apprentissage de la peinture chinoise, Mlle Bian est devenue plus minutieuse et attentive au quotidien.

Le couloir artistique du Foyer culturel de Chengdu. 

Une nouvelle sociabilité 

La culture chinoise, l’art de l’arrangement floral, la photographie, le synthétiseur, la batterie, les arts martiaux, le yoga, la danse latine, le tennis de table… Il y a l’embarras du choix dans les foyers culturels. C’est aussi l’occasion de se rencontrer et de socialiser autour d’une passion commune.

« On n’a pas de pression quand on suit des cours de danse avec des inconnus », explique Xiao Ma, la vingtaine. Au bout de quelques cours, elle a fait connaissance de plusieurs personnes, parlant abondamment de leurs chanteurs de jazz et de leurs comédies musicales préférées. L’ambiance joue un rôle très important et après la classe, beaucoup continuent de se rencontrer.

Au mois de mai de l’année dernière, à l’occasion de l’Universiade du 27 juillet au 8 août à Chengdu, le Foyer culturel de Chengdu a proposé des cours thématiques liés à cette compétition sportive. Par curiosité, Mlle Bian s’est inscrite à un cours de taijiquan avec un éventail, qui combine la grâce de la danse aux mouvements d’arts martiaux, ne s’attendant pas à ce qu’elle soit la plus jeune pratiquante. Il y avait en effet beaucoup de retraitées, dont certaines suivaient le cours depuis des années. Leur posture tonique et pleine d’énergie ont impressionné Mlle Bian. De plus, ces pratiquantes expérimentées l’encourageaient sans cesse en la félicitant, lui disant que c’est grâce à la participation des jeunes que les arts traditionnels peuvent être transmis de génération en génération.

La danse classique est très prisée au Foyer culturel de Chengdu. 

Un incubateur de créativité 

Bien avant la popularité des foyers culturels, Su Chen, une amie de Mlle Bian, était déjà une fidèle. Elle continue à apprendre le guzheng au foyer culturel de l’arrondissement de Qingyang et suit des cours de danse traditionnelle et de théâtre dans celui de Jinjiang. Mlle Su est une auteure indépendante et elle se consacre actuellement à la rédaction d’un roman. Elle considère les foyers culturels comme un trésor dans lequel elle peut puiser son inspiration pour ses romans. Parlant de ses deux enseignants de théâtre, elle ne tarit pas de compliments. « Ils nous donnent des cours de manière très professionnelle, inspirant constamment les amateurs. Il y a aussi des représentations en duo dans la classe, qui mettent à l’épreuve la réactivité des étudiants. Faire en sorte que le public entre dans le jeu à travers la représentation nécessite en fait beaucoup de techniques et de connaissances, et heureusement, les enseignants nous aident sans la moindre réserve. »

En profitant des services offerts par les foyers culturels, les jeunes ont un sentiment de satisfaction plus renforcé et s’épanouissent progressivement, ce qui engendre une nouvelle créativité. Les foyers culturels de Chengdu se sont efforcés d’améliorer le niveau des services publics afin de mieux répondre aux besoins des jeunes. Ainsi, après plus de deux ans de construction et de préparatifs, le nouvel édifice du Foyer culturel de Chengdu a été ouvert au public en mai 2022, proposant une nouvelle forme de services culturels publics. L’accent a été mis sur la participation de plus de jeunes en renforçant l’expérience personnelle lors de la formation ainsi que sur une plus grande diversité des zones fonctionnelles dans le bâtiment moderne. Dans la classe de piano par exemple, il y a plus de 20 personnes, mais ils n’entendent que le son de leur propre instrument, car tous les pianos sont équipés d’écouteurs pour éviter de se déranger mutuellement.

Comme beaucoup d’élèves ne sont pas retraités, le foyer a spécialement ouvert des cours du soir en semaine. De plus, le contenu des cours est plus riche pour mieux les adapter aux besoins des jeunes. Grâce à des enquêtes de satisfaction et au vu de la fréquentation des étudiants, l’offre est sans cesse optimisée. À l’avenir, des cours qui reflètent la vie à Chengdu pourraient même être proposés.

Afin d’augmenter l’expérience immersive des participants, le Foyer culturel de Chengdu et l’Association de création de scripts littéraires et artistiques immersifs du Sichuan coopèrent pour créer un espace partagé. Le 3 février 2024, un groupe de jeunes revêtus de tenues traditionnelles a mis en scène le premier jeu de rôle en direct. « L’expérience immersive peut être combinée avec une variété de scénarios de consommation, qui peuvent encourager le tourisme culturel, d’où la nécessité de la participation de jeunes ayant un esprit créatif », explique Yang Mao, le vice-président de l’Association.

Pour mieux assurer la transmission vivante de la culture, Chengdu a ainsi donné une réponse satisfaisante grâce à la rencontre des foyers culturels et des jeunes, qui permettent à l’expression artistique d’entrer dans la vie quotidienne de ses habitants.  

 

*HUANG WEI est journaliste à Chengdu Culture. 

 
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