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La Cour n° 27 fait entrer l’art dans le quotidien

2023-04-28 17:32:00 Source:La Chine au présent Auteur:MA LI, membre de la rédaction
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La communauté reprend vie avec des activités de danse à la Cour nº 27.

Chaque week-end, l’animation règne à la Cour nº 27, située le long de la rue Neiwubu, dans l’arrondissement historique de Dongcheng, à Beijing. C’était autrefois un siheyuan resté inutilisé de nombreuses années. Il a fallu attendre que Niu Ruixue et ses amis revenus de l’étranger donnent un grand coup de balai et lui redonnent vie selon le modèle consistant à favoriser le développement communautaire par l’art.

« Après plusieurs années de développement, nous en avons fait un centre culturel communautaire complet ouvert au public », explique-t-elle, précisant que la Cour nº 27 est aujourd’hui représentative des nouveaux espaces culturels publics de Beijing. « Nous avons réalisé à la fois la symbiose et l’intégration des cultures ancienne et moderne et des résidents anciennement et nouvellement installés, et exploré un ensemble de nouvelles expériences de gouvernance des anciennes communautés qui peuvent être reproduites et introduites ailleurs. »

Une épiphanie française

En 2006, Mme Niu, qui était réalisatrice à la Télévision centrale de Chine, démissionnait pour se rendre à Lyon. « En arrivant, je me suis rendu compte que Lyon n’était pas aussi animée et bruyante que je l’imaginais. Par rapport au rythme effréné de Beijing, la lenteur lyonnaise me rappelait ma ville natale d’Harbin. Un tel contraste m’a mise mal à l’aise. »

Quatre mois plus tard, s’adaptant lentement à sa nouvelle vie, elle entamait les études de pédagogie en art dramatique à l’Université Paris VIII auprès de Philippe Tancelin (poète et dramaturge français, ancien directeur du département d’art dramatique de Paris VIII) et de Michelle Kokosowski (célèbre chorégraphe et metteuse en scène théâtrale française).

« Vous n’avez pas besoin de connaître ou d’aimer la poésie, mais vous ne pouvez pas vous détourner d’une vie poétique. » Ces propos de Philippe Tancelin ont été comme une épiphanie. « Il y a donc un autre côté à la vie », pensa-t-elle. Pendant ses deux années de vie et d’études en France, elle a pu ressentir une atmosphère de culture publique très prégnante. « Les Lyonnais avaient reçu des billets gratuits pour assister au spectacle de Lang Lang ; à Paris, il y a des professeurs de sciences sociales au centre culturel de quartier qui donnent des conférences pour les habitants. Tout le monde trouve du plaisir dans le beau et l’art », note Mme Niu, qui commençait dès cette époque à vouloir faire quelque chose de similaire de retour en Chine.

En décembre 2012, Mme Niu, qui n’avait pas encore obtenu son diplôme, prévoyait de retourner à Beijing avec sa camarade de classe Han Xiaoyi pour organiser un festival d’art transfrontalier combinant théâtre et photographie. Ainsi s’est formée une équipe composée de Mme Niu, spécialisée dans le théâtre, de Han Xiaoyi, dans la gestion du personnel de théâtre, et de Yu Ge, dans l’événementiel.

La Cour nº 27 s’est associée à BlackEXPO pour proposer de découvrir la culture africaine.

De Paris à Beijing

Faire de l’art transdisciplinaire dans l’espace public était un tout nouveau concept à Beijing à cette époque. Pendant les vacances de 2013, le festival d’art transfrontalier Beijing ONE a été lancé, les expositions se déroulant au Times Art Museum, et les représentations, au Monument du Millénaire et à l’UCCA.

À la grande surprise de l’équipe de Mme Niu, l’acteur Huang Jue a participé avec sa propre photographie, la pièce française L’Ode triomphale de Fernando Pessoa a également été présentée. Mme Niu a aussi invité Philippe Tancelin. Ce dernier a collaboré avec la célèbre danseuse Hou Ying et la joueuse de guqin Wu Na pour le spectacle Poésie-

Musique-Danse, considéré comme un chef-d’œuvre de la fusion artistique à l’époque.

« Notre intention initiale est d’intégrer véritablement l’art dans la vie urbaine et des citadins. Mais au cours de la première année du festival, nous n’avons pas pu complètement rompre les chaînes du théâtre, notre spectacle n’était pas assez rafraîchissant et vivant », remarque Mme Niu. Depuis 2014, ils intègrent le festival d’art dans les anciens hutong de Beijing et l’organisent sur le thème « Rues et ruelles » auprès des habitants du quartier de Guozijian. « Nous avons intégré les rues, les commerçants et les gens dans l’exposition. Les hutong sont les empreintes digitales de la ville, et les rues et les ruelles sont les œuvres d’art les plus authentiques. » Cette initiative visant à faire entrer l’art dans le quotidien a ouvert une page d’interaction entre Mme Niu et les hutong de Beijing.

Deux ans plus tard, la marque Beijing ONE pouvait se prévaloir d’une solide réputation à Beijing. Fin 2015, lors d’une activité d’échanges, Mme Niu s’est exprimée sur la création d’un nouvel espace culturel, la construction communautaire par le biais de l’art et la revitalisation des relations de voisinage. Son idée a attiré l’attention de la personne en charge du bureau du quartier de Chaoyangmen, confiant à l’équipe de Mme Niu la Cour n ° 27 de la rue Neiwubu pour en faire un terrain expérimental.

L’art s’installe dans la vie quotidienne

En 2016, Mme Niu et son équipe de huit personnes de retour de l’étranger reprenaient officiellement la Cour nº 27, d’une surface de plus de 700 m2. Le quartier ne facture pas de loyer, mais l’équipe de Mme Niu s’est vu confier deux tâches : dans cette communauté où les séniors représentent 60 % de la population, la première est de contribuer au bien-être des locaux, et la seconde, de permettre aux jeunes de revenir au sein de la communauté.

Mme Niu a dit franchement que contrairement aux activités collectives précédentes destinées aux jeunes, il était difficile pour les jeunes de retour de l’étranger de s’intégrer dans la vie des résidents des hutong et d’influencer leur vie à travers l’art. « Nous avons réfléchi à la manière d’entrer dans le monde intérieur des résidents, de nous lier d’amitié avec eux, de former un partenariat propice avec les comités de quartier, et de coopérer avec les commerçants environnants. »

La première fois, une troupe de danse avait organisé une activité dans la cour et Mme Niu s’affairait avec une bouteille thermos pour verser de l’eau chaude aux personnes âgées. « Après s’être regardées, elles ont trouvé que cet endroit était bien, avec de l’eau chaude en plus. » Mme Niu a alors persévéré. « Si c’est nécessaire, nous pouvons trouver un professeur de danse pour la chorégraphie. » Au fil du temps, les habitants de la communauté avides de littérature et d’art et voulant participer à des activités sont devenus des fans inconditionnels de la cour. « Petit à petit, aux yeux des habitants, nous n’étions plus des intrus, mais des personnes vivant à leurs côtés. »

Mme Niu a constaté que les jeunes et les personnes âgées de la communauté ne communiquaient pas, même quand ils étaient ensemble, ce qui était embarrassant. « Pourquoi ne pas rapprocher les deux groupes en organisant une manifestation artistique ? » En 2018 débutait « Quand je serai comme toi » dans le quartier de Chaoyangmen, où 15 personnes âgées ont été mises en contact avec 15 jeunes pour mieux faire connaissance. Lors d’un festival vintage en 2019, les grand-mères de la communauté ont sorti leur robe qipao des cartons pour danser avec les jeunes dans la cour. Lors d’un concert débranché, même les résidents qui s’étaient initialement plaints des nuisances sonores ont été invités avec leurs enfants pour écouter de la musique. À l’ouverture d’une boutique pour séniors, les personnes âgées du quartier ont fait don de vieux articles ménagers et partagé leur expérience de vie avec les jeunes de la communauté. L’année dernière, l’équipe a également organisé des dialogues entre jeunes et personnes âgées sur des questions telles que la pollution de l’air, le sauvetage des animaux domestiques et les soins aux femmes. Ils ont combiné leurs propres expériences de vie et leurs visions de la société pour discuter de ce qu’ils pouvaient faire pour le bien-être social et contribuer à une vie meilleure dans la communauté.

Afin de mieux comprendre les conditions de vie des personnes âgées de la communauté, Mme Niu et son équipe se rendent souvent chez les résidents. Lors d’une visite, Mme Yang, vivant dans une pièce d’une dizaine de mètres carrés seulement, leur a soigneusement préparé un goûter varié, sorti des tasses et de la gaze médicale distribuées par la communauté, et utilisé un presse-agrumes manuel pour moudre les grains de café, et ensuite verser le café dans un thermos à l’ancienne. « Tous ceux qui étaient présents ont été surpris. C’était original, mais c’est sa manière d’aimer la vie. »

Plus tard, la Cour nº 27 a organisé un événement sur le thème « Le café du jour ». L’équipe a invité un jeune barista à rivaliser avec Mme Yang. Ce jour-là, la cour avait fait le plein de voisins et de jeunes à la mode. Tout le monde a pris du café et échangé dans la joie.

La réputation de la cour a progressivement grandi hors du petit cercle et commencé à attirer des activités d’échanges culturels internationaux. En 2017, la cour a coopéré avec la section culturelle de l’Ambassade de France pour le festival de musique Solstice. En 2018, c’était avec l’Alliance française pour le Festival culturel de la BD, et en 2019, la cour a coopéré avec des jeunes revenus de l’étranger pour la Semaine d’échanges culturels sino-français. « Nous avons un événement similaire lié à la France cet été », se réjouit Mme Niu.

« En six ans et demi, nous avons développé près de 400 projets culturels, réalisé plus de 4 200 activités culturelles de toutes sortes, desservi plus de 140 000 personnes. La part des jeunes qui reviennent dans la communauté pour participer à des activités représente plus de 55 % et le taux de satisfaction atteint 95 %. » À partir de 2021, l’exploitation de la cour est durable. Depuis ses débuts un peu à l’aveuglette, la Cour nº 27 est devenue une véritable « communauté artistique » et a réussi à implanter l’art dans la vie quotidienne des résidents.

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