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Les hutong :une autre facettede Beijing

2023-02-07 11:24:00 Source:La Chine au présent Auteur:YU XIANGJUN, membre de la rédaction
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Deux enfants jouent près des douves de la Cité interdite en juillet 1993.

Un mot ou une phrase ne suffiraient pas pour décrire Beijing, c’est un lieu bien trop vaste et complexe pour ça. Si l’avenue Chang’an, le quartier Sanlitun, le Centre commercial international Guomao et le Stade olympique national sont des monuments phares de Beijing, les hutong répartis le long de l’Axe central sont une autre facette de cette ville. Ces petites ruelles entrelacées retranscrivent les histoires de la ville et de ses habitants sur un ton plus doux. Dans ces ruelles dans lesquelles les néons modernes ne brillent pas, des bistrots plus intimistes, des brochettes de cenelles caramélisées, ou même des boissons aux haricots mungo fermentés dépeignent l’esprit de la vie à Beijing.

Le hutong Duanku en automne

Je suis photographe professionnel. Dans les années 1980, lorsque j’étais étudiant, peu de personnes dans les cercles artistiques de Beijing s’intéressaient aux hutong. À cette époque, les hutong étaient encore intacts, et malheureusement, on tenait pour acquis ces choses banales qui nous entouraient. Mais après l’année 2000, la rénovation urbaine s’est accélérée, avec de grands immeubles surgissant d’un peu partout. Ce n’est qu’à ce moment-là que les gens ont commencé à capturer l’image des hutong à travers leurs objectifs ou leurs pinceaux, essayant ainsi de conserver les souvenirs et les scènes de vie heureuses de leur enfance.

Pour ma part, c’est en 1993 que j’ai commencé à enregistrer consciemment des images des hutong. Un jour, en passant près des douves de la Cité interdite, j’ai vu deux enfants vêtus de blanc jouer dans le crépuscule, tout comme dans le film La Rivière de boue (1981) du réalisateur japonais Kōhei Oguri. Profondément touché par la scène, j’ai appuyé sur le déclencheur. Les années suivantes, la mémoire urbaine du vieux Beijing est devenue un sujet important de mes photographies. Ce qui est remarquable, c’est que de nombreux hutong aient été préservés et aient retrouvé une nouvelle vie grâce à un aménagement spécifique. Jusqu’à aujourd’hui, j’explore toujours l’histoire de la ville et capture son paysage le long de l’Axe central.


Un habitant vivant dans un hutong de l’arrondissement de Xicheng nourrit ses chats, le 30 juillet 2020.

Avec le développement rapide des réseaux sociaux, la vie quotidienne dans les hutong est devenue l’une des meilleures ressources pour faire du contenu créatif. Les anciens résidents de la ville ne sont plus les seuls à pouvoir profiter des spécificités de cette ville ancienne, aujourd’hui de plus en plus de jeunes utilisent leurs objectifs pour immortaliser la joie et la tristesse des habitants ainsi que la beauté des hutong au fil des saisons. Ces ruelles sont les témoins de la vie des habitants et racontent l’évolution de l’histoire et de la culture de la capitale.

Grâce à la conservation et à la restauration des hutong, un grand nombre d’entre eux, situés autour de l’Axe central de Beijing, ont pu conserver leurs caractéristiques d’origine. À travers les pâtés de maisons anciennes avec cour intérieure, on peut retrouver les temps passés. En s’y promenant, on peut avoir l’impression d’avoir remonté le temps jusqu’au vieux Beijing où le temps passait lentement, ce qui contraste fortement avec le rythme effréné de la ville d’aujourd’hui.

Le hutong Xisi Bei’ertiao sous la neige, le 18 mars 2022 (PHOTOS : YU XIANGJUN)

Avec le développement économique, les possibilités de loisirs des jeunes se diversifient, et certains hutong sont devenus des destinations idéales pour passer le week-end. La ruelle Yangmeizhu Xiejie près de la porte Qianmen, par exemple, est un hutong très vivant. La ruelle autrefois bien trop remplie et les maisons délabrées se sont transformées en bars, cafés et diverses boutiques créatives, s’offrant une nouvelle jeunesse. D’ailleurs en 2015, la Semaine du design de Beijing s’y est tenue.

Au fil des années, Beijing a vu passer d’innombrables personnes, des jeunes et des moins jeunes. C’est grâce à ces âmes vivantes que la ville garde sa vitalité. Les hutong, en revanche, peuvent montrer une autre facette de cette capitale millénaire et métropole moderne en perpétuelles mutations, celle d’un havre de paix et de plénitude. 

 

 
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