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Une vie pour la danse du lion sur poteaux

2023-02-02 11:33:00 Source:La Chine au présent Auteur:DENG DI, membre de la rédaction
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Au lieu des couleurs traditionnelles des costumes de danse du lion, Liang Jiali préfère le rose. 

La danse du lion fait partie intégrante du folklore populaire chinois et elle accompagne les occasions festives car elle est traditionnellement considérée comme apportant prospérité et chance. Au son des tambours, des cymbales et des gongs, les danseurs vêtus de costumes de lion virevoltent d’avant en arrière, combinant les arts martiaux chinois et l’acrobatie. De tels spectacles attirent les foules, ce qui contribue toujours à créer une atmosphère festive.

Liang Jiali, 28 ans, de Foshan (Guangdong), est une danseuse du lion qui exécute cet art sur des poteaux de différentes tailles. À l’âge de sept ans, elle a été sélectionnée pour rejoindre la troupe féminine de danse du lion de Shunde, la seule équipe féminine de haut niveau en Chine. Vingt et un ans plus tard, elle a concouru dans cet art à prédominance masculine.

Reprise d'une carrière interrompue

Dans les années 1990, la danse du lion sur poteaux s’est développée à Nanhai, un district de Foshan. À la différence de la danse traditionnelle du lion, elle a ses propres règles : on ne saute pas par terre, mais sur des plateformes circulaires érigées sur des poteaux allant d’un à trois mètres de haut. Leur espacement varie également pour que les athlètes puissent montrer leur habilité tout en permettant au public de profiter pleinement du spectacle. Il faut savoir faire preuve de coordination et d’équilibre pour imiter le lion féroce sur des poteaux, et c’est ce qui rend cet art plus difficile, mais aussi plus dangereux.

Mlle Liang s’est passionnée pour cette activité dès l’école primaire. Fascinée à la vue de jeunes femmes virevoltant avec agilité et courage sur des poteaux, ce n’est que lorsqu’elle a commencé à s’entraîner qu’elle a réalisé la difficulté et les dangers que cela comportait. Elle se souvient encore que le premier jour, l’entraîneur lui avait demandé de se tenir sur un poteau et de sauter sur un autre à 1,6 m de distance.

En plus du saut, l’entraînement quotidien est épuisant et inclut le travail des jambes, la course et l’haltérophilie, un peu comme dans les films de Kung Fu. Il n’est pas rare de tomber pendant l’entraînement. « Lorsque vous touchez le sol, vous ne savez pas ce qui se passe. Vous ressentez juste une grande douleur… Le poteau le moins haut mesurait 1,4 m, et le plus haut, 3 m. J’ai eu une fracture ouverte à la jambe gauche après une chute d’un poteau de deux mètres. J’ai eu mal pendant un mois entier. » Après cet incident, elle a abandonné jupes et shorts pour que l’on ne voit pas ses cicatrices. Des blessures qu’elle portait néanmoins avec fierté. « Les blessures sont inévitables pour un athlète, et chaque fois que je vois ces cicatrices, je revois mes rêves. »

Liang Jiali (1er rang à g.) et ses coéquipières participent aux compétitions de danses du dragon et du lion aux 16e Jeux sportifs du Guangdong.

Lorsqu’elle faisait partie de la troupe de Shunde, la seule équipe de danse du lion entièrement féminine en Chine et dans le monde, Mlle Liang et ses coéquipières étaient souvent opposées à leurs homologues masculins, mais elles ont remporté de nombreuses compétitions. En décembre 2010, leur entraîneur a pris sa retraite et la troupe a été dissoute.

Mlle Liang a dû gagner sa vie autrement. Pendant la période où elle n’a pas pu pratiquer la danse, de 2011 à 2017, elle ressentait un manque. Elle voulait ardemment continuer, mais elle n’avait nulle part où s’entraîner. Elle se souvient d’une conversation avec l’une de ses anciennes coéquipières à qui la danse du lion manquait aussi. Chaque fois qu’elle voyait des spectacles, la flamme se rallumait. Elle devait s’y remettre coûte que coûte !

C’est en 2017 qu’avec Huang Baoyi, une de ses anciennes coéquipières, elle a commencé par faire de petites représentations commerciales, travaillant parfois dans des troupes masculines de danse du lion. En 2019, une opportunité rare s’est enfin présentée. Li Peikun, entraîneur-chef de la troupe du dragon et du lion de Lunjiao Sanzhou, les a engagées dans une nouvelle troupe après avoir vu leur performance exceptionnelle. Elles ont ainsi commencé à avoir plus d’opportunités pour s’entraîner et concourir.

Une beauté incomparable

Dans cette forme de danse du lion, les poteaux sont disposés pour ressembler à des montagnes, des ruisseaux, des tyroliennes et des ponts. Les danseurs doivent représenter les expressions du lion, comme le bonheur, la colère et l’ivresse, dans des mouvements à couper le souffle qui combinent les arts martiaux, la danse, l’acrobatie et la gymnastique.

Revenant sur son expérience de ces dernières années, Mlle Liang remarque que la danse du lion en Chine reste dominée par les hommes et qu’il y a peu de femmes qui s’y adonnent à plein temps. Il s’agit en effet non seulement de surmonter les difficultés physiques et la peur de sauter sur de hauts poteaux, mais aussi de nombreux préjugés sociaux par rapport à leurs homologues masculins.

Sur le plan commercial, la préférence est accordée aux troupes masculines. Par le passé, lors des compétitions, certains hommes affichaient leur supériorité et plaisantaient même en disant que leurs homologues féminins n’avaient aucune chance de gagner. Un juge leur a même demandé pourquoi Mlle Liang et ses coéquipières ne se livraient pas à des représentations simples. Sa famille, en particulier son père, ne la soutenait pas. Chaque fois qu’elle rentrait chez elle avec des blessures, certains essayaient de la dissuader afin qu’elle fasse « quelque chose de plus adapté aux jeunes femmes ».

Mais pour Mlle Liang, que l’on soit homme ou femme, peu importe. « Je voulais m’opposer aux préjugés à l’encontre des femmes sur le lieu de travail et montrer à quel point elles peuvent exceller. » Elle rappelle que Mo Guilan, épouse du célèbre artiste martial chinois Huang Feihong (1847-1924), faisait partie de la première génération de femmes à pratiquer la danse du lion, et que désormais, les hommes et les femmes jouissent de bien plus d’égalité dans la transmission du patrimoine culturel. Elle s’est ainsi entraînée sans répit et a étudié les mouvements des lions, des chats et d’autres félins pour affiner ses compétences techniques.

Liang Jiali (en bas à d.) et ses coéquipières lors des 16e Jeux sportifs du Guangdong, du 8 au 10 août 2022

Transmettre les traditions

Liang Jiali a choisi « Les lionnes qui dansent sur des poteaux » comme pseudo sur la plateforme chinoise de vidéos courtes Douyin, où elle compte environ 150 000 abonnés. Elle y partage des clips de ses entraînements quotidiens et des compétitions, seule et avec ses coéquipières. De nombreuses personnes en Chine et au-delà en ont ainsi appris davantage sur la danse du lion sur poteaux, encourageant même certaines femmes à se lancer dans cette discipline.

Afin d’attirer plus de jeunes, elle a créé sa propre tête de lion bleu et blanc, qui était considérée par de nombreux adeptes de l’ancienne génération comme une sorte de « lion filial » qui n’apparaissait que lors de commémorations. Mais pour Mlle Liang, par rapport aux têtes de lion traditionnelles jaunes, rouges et noires, le bleu et le blanc sont des couleurs plus chatoyantes pour les jeunes comme elle. Elle a également essayé de donner plus de visibilité à sa discipline. En plus des grandes ouvertures de centres commerciaux ou de célébrations, sa troupe se produit dans des endroits pittoresques et elle a créé des produits culturels afin de sensibiliser le grand public.

« La danse du lion est comme une croyance pour moi. Je me souviens qu’en 2010, lorsque la troupe de danse avait été dissoute, un membre de ma famille proche est décédé la même année. J’avais 20 ans et j’étais déprimée. Mais quand j’étais au plus bas, je retrouvais une grande énergie chaque fois que je regardais la danse du lion. Je chéris la carrière que j’ai maintenant et j’essaie de trouver des adeptes pour transmettre la danse du lion. »

 

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