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De nouvelles possibilités pour forger l'art rural

2022-03-31 14:17:00 Source:La Chine au présent Auteur:HOU WENWEN
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Au cours des dernières années, de plus en plus d’artistes urbains en Chine se sont tournés vers la campagne, s’inspirant des vastes champs pour leurs créations artistiques, tout en intégrant leur compréhension et leurs réflexions sur la campagne dans leurs œuvres. Grâce à leur créativité, ils activent non seulement les ressources culturelles de la campagne, mais donnent également une vitalité nouvelle au développement de l’art contemporain, ouvrant ainsi de nouveaux horizons de celui-ci.

L’art contemporain fait revivre des villages de Chengdu.

Un laboratoire d’innovation artistique

Des touristes sont attirés par l’art rural.

Depuis le début du XXIe siècle, avec la promotion de la stratégie nationale sur l’« édification d’une nouvelle ruralité » et le « redressement rural », la « construction rurale artistique » est progressivement devenue le centre d’intérêt de certains architectes. Comment concilier tradition et modernité à la campagne ? D’une part, les bâtiments modernes en béton de la ville ne doivent pas être copiés en lot aveuglément, mais il faut intégrer dans la construction les caractéristiques culturelles de la région en termes de spécifications, d’échelle et de matériaux ; d’autre part, les concepteurs doivent introduire dans la construction du milieu rural un langage artistique moderne ancré dans la tradition.

Xu Lang est un jeune architecte qui se consacre depuis longtemps à la construction rurale à Chengdu. Il a remporté des prix d’architecture nationaux et internationaux et a participé à de nombreuses expositions. Le point de départ de sa pratique est l’amélioration des matériaux – la modernisation des techniques artisanales en pisé. En 2017, il a créé un atelier à Chengdu avec une orientation claire : se concentrer sur la recherche et la pratique des techniques modernes dans les architectures rurales.

L’histoire des maisons en pisé en Chine remonte aux dynasties des Yin et des Shang (-1600 à -1046). Des recherches archéologiques montrent que nos ancêtres maîtrisaient cette méthode il y a quatre à cinq mille ans. Grâce à ses avantages de simplicité, de faible coût et d’écologie, cette technique a été utilisée avec succès pour de nombreuses constructions telles que des enceintes de ville, des palais, des forteresses et des mausolées. Cependant, avec la modernisation et l’urbanisation, le pisé, un matériau traditionnel qui représente la campagne chinoise, a progressivement été abandonné et risque aujourd’hui de disparaître.

Dans le Parc des ruines de fours de Qiong, situé à plus de 60 km du centre-ville de Chengdu, l’équipe de Xu Lang a mis en place un « laboratoire d’innovation architecturale et artistique ». « Le bâtiment est fait en pisé, un matériau peu moderne, mais nous voulions que l’espace réponde aux exigences de l’utilisation moderne : il est sûr, confortable, entièrement compatible avec les équipements modernes et surtout respectueux de l’environnement. Nos travaux de construction et de recherche ont donc un certain caractère expérimental, c’est l’une des raisons pour lesquelles nous appelons cet espace un laboratoire », explique M. Xu.

Les propriétés mécaniques du sol étant si variées qu’il est impossible d’appliquer directement les calculs structurels, tous les processus de construction doivent s’appuyer sur des données expérimentales. M. Xu a fait venir à Chengdu l’équipe de recherche sur le pisé de l’Université chinoise de Hong Kong, qui a fourni les dernières connaissances scientifiques, ainsi que des artisans pour apporter un soutien technique tout au long du projet. Comme il s’agissait d’une technique entièrement nouvelle, les plans de construction du laboratoire étaient extrêmement précis, et toutes les démarches ont été réalisées par modélisation. Avec la collaboration entre architectes, artistes et l’équipe de recherche, le projet a été mené à bien par le creusement de la fosse, le coulage des fondations, la formation des artisans, les expérimentations et l’amélioration des techniques…

Ce qui est important, selon M. Xu, c’est que tous les participants, qu’ils soient chercheurs, concepteurs ou artisans, ont acquis une expérience réelle d’une nouvelle structure de construction en pisé et de l’édification rurale d’aujourd’hui.

Un avenir élargi du patrimoine culturel immatériel

Des créations artistiques dans le milieu rural de Chengdu

La campagne possède des traditions distinctes de celles de la ville, préservant des artisanats de patrimoine culturel immatériel anciens sur lesquels les artistes peuvent s’appuyer. Ces artisanats acquièrent un nouveau sens dans la création artistique, qui non seulement enregistre une tranche de vie passée, mais laisse également entrevoir le potentiel infini apporté par la revitalisation du patrimoine culturel immatériel.

Le four du village de Mingyue en est la meilleure preuve. Il a vu le jour sous les dynasties des Sui (581-618) et des Tang (618-907) et est l’un des rares fours de Qiong encore « vivant » du Sichuan, car ses techniques de cuisson ont été entièrement conservées. Après l’effondrement du four lors du séisme de Wenchuan en mai 2008, le gouvernement a décidé de le restaurer. En mai 2014, la restauration s’est achevée et le four a été ouvert au public. Un mois plus tard, le Parc international de la poterie de Mingyue a été officiellement inauguré. Son but est de revitaliser les céramiques typiques du Sichuan et de développer des céramiques créatives basées sur le four de Mingyue.

En décembre 2014, Li Qing, directeur adjoint du Comité de poterie de l’Association des artistes du Sichuan, est venu à Mingyue et a décidé d’y rester pour promouvoir le développement du parc de poterie. En janvier 2015, son propre atelier, le « Four de Shushan » y a été installé. M. Li s’est penché sur l’histoire de la cuisson traditionnelle de la région et, à l’issue de recherches, a proposé l’idée de développer la « poterie agricole » en ouvrant des cours publiques pour former la population locale, en vue de transmettre la culture de la poterie et de mener le parc vers l’industrialisation. La participation des habitants signifie un changement du profil des créateurs et plus de potentiel créatif. En 2018, les poteries produites par les villageois formés par M. Li ont été exposées à Séoul et achetées par des Coréens.

Au cours des sept années de croissance avec le village, M. Li a lancé plusieurs séries de souvenirs et produits en céramique. Il a également fondé des lieux d’enseignement pratique et de stage avec l’Institut des beaux-arts du Sichuan et l’Institut de céramique de Jingdezhen, ainsi qu’un centre de formation avec la Coopérative de tourisme rural de Mingyue, ce qui a permis de développer trois projets d’expérience de la poterie pour la population. En outre, M. Li a mis en place un système « industrie-académie-recherche », coopérant avec des universités, des entreprises et des villageois, combinant les connaissances et les compétences des différents milieux, réalisant un nouveau mode d’héritage et de développement de ce patrimoine, et élargissant les perspectives de l’art rural.

De résidence temporaire à résidence permanente

Le Musée scientifique du riz hybride Yuan Longping à Chengdu, dont la construction est destinée à promouvoir la revitalisation rurale

Les projets de résidence d’artistes, populaires dans le monde, visent à attirer l’attention sur des questions d’intérêt public par le biais de la création artistique. En Chine, les premiers projets de résidence d’artistes ruraux étaient souvent une collaboration entre des artistes étrangers et chinois. Par exemple, en 2013, deux artistes français et deux artistes chinois ont passé un mois dans le bourg de Bailu à Pengzhou. Les résidences d’artistes sont cycliques, allant de quelques jours à plusieurs mois, en fonction du thème et de l’ampleur du projet. Elles reflètent les valeurs publique et commerciale du village. Après le départ de leurs auteurs, les installations artistiques sont soit démantelées, soit conservées comme art public. Ainsi, cette question est souvent posée : que reste-t-il à la campagne une fois les artistes partis ? En termes de rapport qualité-prix, au lieu de payer les artistes pour qu’ils demeurent à la campagne, la campagne devrait pouvoir les retenir. Le village de Mingyue est sans aucun doute un lieu de résidence idéal pour les artistes.

Ning Yuan, artiste qui vit à Ming-yue depuis 2015, a été l’un des premiers « nouveaux villageois », tout comme M. Li Qing. Au début, elle a transformé une ancienne cour en un atelier de teinture. Depuis lors, elle et ses collègues artistes ont planifié un espace de vie plus grand. Après cinq ans de conception et de construction, l’espace artistique « Mingyue Yuanjia » a été dévoilé en 2021. Sa superficie de 13,5 mu (1 mu =1/15 ha), emplie de beauté poétique et pittoresque, comprend une teinturerie, un jardin, des expositions, des vêtements et une librairie. Petit à petit, Mme Ning a vu de nombreux amis venir au village avec leurs idées créatives, ouvrant des cafés, des ateliers et des espaces créatifs, formant une communauté où les nouveaux et les anciens villageois se mélangent. « Presque tous les habitants se connaissent aujourd’hui dans le village, c’est comme si des amis venaient ici pour construire ensemble une communauté », se réjouit-elle.

En 2021, on compte déjà plus d’une centaine de potiers, d’artistes et de designers qui se sont installés à Mingyue. Pour ces derniers, les éléments du patrimoine culturel immatériel rural sont des matériaux créatifs. L’expérience de résidence rurale a renforcé l’interaction artistique et a suscité une nouvelle vague de discussions esthétiques.

PHOTOS : YUAN YIMING
*HOU WENWEN est journaliste à Chengdu Culture.

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