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Zhang Guimei, proviseure d’un lycée pour filles

2021-03-02 14:29:00 Source:La Chine au présent Auteur:LIU CHANG
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Panorama du lycée pour filles de Huaping, à Lijiang (Yunnan)

 

« Sans Madame Zhang, je ne vivrais pas dans le confort aujourd’hui », confie He Xianhui. Il y a 12 ans, à cause des difficultés financières de sa famille, elle a été victime de décrochage scolaire après avoir terminé ses études secondaires du premier cycle. Heureusement, un lycée pour filles gratuit, créé par Zhang Guimei, l’a acceptée. Cet établissement, qui se nomme Lycée pour filles de Huaping, est situé dans les montagnes à Lijiang, dans la province du Yunnan. Entre 2008 et 2020, il a aidé plus de 1 800 filles issues de familles pauvres à entrer à l’université.

 

L’année dernière, grâce à de nombreux reportages, l’école a fait le buzz sur Internet. En parallèle, le parcours de sa fondatrice, Zhang Guimei, a ému de nombreuses personnes.

 

L’éducation contre la transmission intergénérationnelle de la pauvreté

 

Zhang Guimei est née en 1957, dans la province du Heilongjiang. À l’âge de 17 ans, elle est arrivée au Yunnan avec sa grande sœur qui y travaillait comme cadre d’assistance dans les régions frontalières. En 1990, elle et son mari sont devenus enseignants dans un collège à Dali. Mais les beaux jours se sont très vite passés pour eux : en 1995, le mari de Zhang Guimei est décédé d’une maladie. Profondément attristée par la disparition de l’amour de sa vie, elle est partie de Dali après les funérailles et s’est rendue dans le district de Huaping pour enseigner au Collège central de Huaping, qui était le moins bon établissement du district : son corps enseignant n’était pas au niveau et les conditions d’enseignement y étaient particulièrement difficiles. Elle souhaitait apaiser sa vive douleur à travers un dur labeur. Là-bas, elle était chargée des cours de chinois et de politique auprès de quatre classes terminales du secondaire.

 

Zhang Guimei a consacré tout son temps à ses élèves. Sa persévérance et son dévouement lui ont valu les éloges de ses collègues, de ses élèves, des parents d’élèves et du personnel de l’autorité éducative et de la Fédération des femmes du district. En avril 1997, elle a été atteinte de fibrome utérin et a dû être immédiatement hospitalisée. Néanmoins, elle a tenu encore trois mois, jusqu’en juillet, afin que ses élèves ne prennent pas de retard dans leur cursus. Après que ceux-ci eurent passé l’examen d’admission aux écoles secondaires du deuxième cycle, elle a été opérée. Pour aider Zhang Guimei à surmonter la maladie et passer ce temps difficile, toutes les représentantes de la Conférence des femmes du district ont spontanément fait des dons. Cette bienveillance l’a profondément émue et lui a donné l’espoir en une nouvelle vie, tout en dissipant le découragement consécutif au décès de son mari. Depuis lors, elle n’a plus eu qu’un désir, qu’elle résume ainsi : « Huaping m’a donné une deuxième vie, je souhaite donc faire des choses pour ce district. »

 

En 2001, Zhang Guimei a commencé à cumuler les fonctions d’enseignante au collège et de directrice du Foyer de l’enfance de Huaping, devenant ainsi la « mère » de nombreux orphelins. Tissant des relations très étroites avec ces enfants, elle a mieux compris la pauvreté locale qui se transmettait de génération en génération : un grand nombre de jeunes filles de la région étaient obligées d’abandonner très tôt leurs études pour aller chercher un emploi dans les villes et certaines d’entre elles, âgées d’une dizaine d’années, étaient forcées de se marier. L’inégalité et le retard en matière d’éducation dans cette région montagneuse ont ainsi conduit à la pauvreté continuelle de ce groupe. Pour briser ce cercle vicieux, Zhang Guimei a visité toutes les familles de la région afin d’exhorter les parents à soutenir les études de leur(s) fille(s). Par ailleurs, pour débarrasser les parents de leurs soucis concernant les frais de scolarisation, elle a décidé de créer un lycée pour filles gratuit, car elle estime que l’éducation favorise l’ascension sociale des femmes, ce qui aide ensuite à élever le niveau d’éducation des générations suivantes. Il faut donc permettre aux femmes d’avoir accès à l’éducation pour lutter contre la pauvreté dans les régions montagneuses éloignées.
 
Zhang Guimei (à dr.) lors d’une visite à domicile, en juillet 2011

 

Affronter les difficultés pour une meilleure éducation

 

Un lycée gratuit ? Quand Zhang Guimei a présenté son idée, son entourage a pensé qu’elle était folle. En 2002, malgré leur opposition, elle a commencé à se démener pour réaliser ce rêve incroyable.

 

Elle a affronté toutes sortes de difficultés pour trouver des fonds. Elle a été jusqu’à s’agenouiller dans les rues de grandes villes pour quémander de l’argent auprès des passants, sans se soucier de son amour-propre. Mais en l’espace de cinq années, elle n’a collecté que 10 000 yuans.

 

C’est en 2007 que le tournant s’est produit. Zhang Guimei a été élue députée de la XVIIe Assemblée populaire nationale et a pu exprimer solennellement son souhait au Grand Palais du Peuple à Beijing. Grâce au soutien du gouvernement et aux dons des divers milieux, le Lycée pour filles de Huaping a été fondé en août 2008. C’était le premier lycée de ce type gratuit en Chine. Le 1er septembre de cette même année, l’établissement scolaire a accueilli ses premières élèves, venues des districts extrêmement pauvres de Lijiang.

 

Bien que Zhang Guimei ait réalisé son rêve, elle a dû faire face à davantage de difficultés. Au début, le lycée ne disposait que d’un bâtiment, sans cantine ni toilettes. Les filles et les enseignantes dormaient dans la classe, tandis que les enseignants dormaient dans l’escalier. Quand le vent se levait, le sable et la poussière enveloppaient le campus. Les enseignants devaient nettoyer la cour tous les après-midi après les cours. En conséquence, six mois plus tard, neuf des 17 premiers enseignants ont démissionné.

 

Cette situation difficile n’a pas découragé Zhang Guimei, au contraire, elle a fait preuve d’une grande combativité. La conviction que l’éducation change le destin des femmes l’a encouragée à continuer cette œuvre éducative. Chaque matin à 5h20, elle était la première à se lever pour allumer dans le bâtiment et appeler les élèves à se lever, à travers un haut-parleur. Chaque soir après minuit, elle était la dernière à éteindre la lumière et à se coucher. Trois ans se sont écoulés, les 96 filles de la première promotion du lycée ont été admises à l’université ! Le jour de l’affichage des résultats du gaokao (concours national d’accès à l’enseignement supérieur), tous les élèves et enseignants avaient les larmes aux yeux en regardant les notes.
 
Zhang Guimei (2e à g.) présente deux de ses anciennes élèves lors de la cérémonie de remise des prix de « modèle de notre époque », organisée le 11 décembre 2020.

 

Transmettre les connaissances et l’amour

 

He Xianhui se souvient encore comme si c’était hier d’une scène qui s’est passée il y a 12 ans. À cause de la pauvreté, sa famille ne pouvait pas payer ses études après le collège. Pour cette raison, Zhang Guimei a un jour rendu visite à ses parents, au plus fort de l’hiver. La mère de He Xianhui était en train de récolter des poireaux dans les champs, sans vêtement chaud. Zhang Guimei n’a pas hésité une seconde : elle a enlevé sa nouvelle veste rembourrée et la lui a offerte.

 

Plus tard, He Xianhui est également devenue enseignante dans un collège. À présent, elle va au Foyer de l’enfance de Huaping tous les week-ends pour rendre service. Auprès de Zhang Guimei, elle a non seulement acquis des connaissances, mais aussi pris conscience de la transmission de l’amour.

 

En 12 ans, Zhang Guimei et les enseignants du lycée pour filles ont aidé plus de 1 800 filles à quitter les montagnes et à changer leur destin. Selon les statistiques officielles, les résultats du gaokao de ce lycée ont été meilleurs que ceux des autres lycées à Lijiang de 2011 à 2020. En 2020, parmi les 159 élèves de cette école qui ont passé le gaokao, 150 ont obtenu des notes dépassant le seuil d’admission aux établissements d’enseignement supérieur. Fin 2020, Zhang Guimei s’est vu remettre le titre de « modèle de notre époque ».

 

« Depuis la création du lycée, je n’ai jamais fait prendre le train à mes élèves, ce que je regrette. S’il n’y avait pas l’épidémie de COVID-19, je souhaiterais les emmener à Beijing en train, pour leur permettre de regarder les beaux paysages de la Chine et de visiter le Musée national de Chine et le Monument aux héros du peuple sur la place Tian’anmen. J’espère ainsi leur faire savoir ce que nos prédécesseurs ont accompli et leur permettre d’assumer leur propre mission », confie Mme Zhang.

 

Aujourd’hui, grâce aux dons de divers milieux, le montant de la bourse reçue par Zhang Guimei pour son lycée pour filles s’élève à plus de 10 millions de yuans. Tous les besoins des élèves pour leurs études sont assurés. Chaque matin à 5h20, malgré plusieurs maladies, Zhang Guimei allume dans tous les bâtiments et ensuite s’exclame joyeusement dans le haut-parleur : « C’est l’heure de se lever, les filles ! »

 

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