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À Nujiang : l’écologie comme réponse face à la grande pauvreté

2020-04-30 15:59:00 Source:La Chine au présent Auteur:MA LI
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Bonne récolte de cardamome tsao-ko pour la population pauvre du département de Nujiang 

 

Au moment de la fête Qingming, qui tombait cette année le 4 avril, une centaine de travailleurs ont cueilli les premières feuilles de thé de printemps de la saison dans la plantation de thé bio de Chisadi, perchée en haute altitude et s’étendant sur 4 200 mu (1 mu = 1/15 ha). Le village de Chisadi se situe dans le canton de Lumadeng, qui relève du district de Fugong dans le département autonome lisu de Nujiang, au nord-ouest de la province du Yunnan.

 

Deng Ashe, âgé de 76 ans, possède cette année huit mu de plantations de thé. Et la saison de la cueillette vient de commencer. Afin de ne pas prendre du retard dans la récolte, son fils et son petit-fils lui prêtent main forte. « Pour nous autres, producteurs de thé, l’épidémie a eu peu d’incidence sur notre activité. Nous pouvons, encore cette année, écouler les jeunes feuilles à un bon prix », fait savoir Deng Ashe, précisant que les marchands de thé avaient passé commande à l’avance. Pour Deng Ashe, comme pour les autres villageois de Chisadi, cultiver des théiers et vendre du thé sont devenus un moyen de s’assurer une source stable de revenus.

 

Ces dernières années, le département de Nujiang a accéléré l’aménagement écologique en prenant appui sur les ressources locales disponibles dans cette région montagneuse. « Cette approche a permis de préparer le terrain pour la protection de l’environnement, tout en apportant des bienfaits économiques tangibles à la population. En conséquence, la bataille décisive contre la pauvreté a enregistré des progrès rapides », déclare Li Wenhui, préfet de Nujiang.

 

Le « cercle vertueux » des avantages écologiques
 
Mi Bosi, un habitant du village de Sanhe au bourg de Luzhang dans la ville de Lushui (département de Nujiang), profite de l’environnement local pour gagner son pain, sans devoir chercher fortune ailleurs.

 

Depuis le début du mois d’avril, alors que l’épidémie de COVID-19 était déjà bien maîtrisée à l’échelle du territoire national, un nombre croissant de photographes viennent prendre des clichés des oiseaux qui se baignent dans les étangs de Mi Bosi. « Chaque jour, je peux recevoir jusqu’à 5-6 appels. Je leur propose le gîte et le couvert, ce qui représente une véritable rentrée d’argent », confie Mi Bosi. Au fil de l’approfondissement de la protection environnementale ces dernières années, une multitude d’oiseaux trouve refuge ici. Le village est donc devenu une base de plein air où les passionnés d’oiseaux se rendent pour prendre des photos et donner libre court à leur esprit créatif.

 

Au cours des deux dernières années, le village de Sanhe, en misant sur ses ressources climatiques et écologiques au potentiel lucratif, a adopté un modèle de développement conforme à la formule suivante : « coopérative + atelier de lutte contre la pauvreté + base de plein air + agriculteurs pauvres ». En outre, 15 étangs artificiels et 120 postes d’observation des oiseaux ont été créés, en plus d’un atelier de lutte contre la pauvreté dans la vallée de Bainiao (Cent Oiseaux) à Sanhe. « Ce village est l’une des premières bases d’élevage, d’observation et de photographie d’oiseaux dans le département de Nujiang, une spécialisation qui a fait sortir directement de la pauvreté 45 ménages démunis. Rien qu’un plan d’eau destiné aux oiseaux équivaut pour les foyers pauvres à une hausse moyenne de leur revenu mensuel de l’ordre de 1 500 yuans », commente Li Wenhui.

 

« Meilleur est l’environnement, plus les oiseaux seront nombreux, et plus nos revenus seront garantis. Nous devons à la fois protéger ces espèces et sauvegarder l’environnement », souligne Mi Bosi.

 

De la même façon, la cardamome tsao-ko assure des gains aux pauvres qui vivent dans le département de Nujiang. La cardamome tsao-ko est une plante herbacée qui pousse très bien dans le milieu naturel du département et qui contribue à la stabilisation des versants. Les graines qu’elle donne sont utilisées comme épices et affichent une valeur économique élevée.

 

Depuis l’arrivée du printemps, les villageois de Bingfeng, au bourg de Shangjiang dans la ville de Lushui, se lèvent tôt le matin pour ramasser de la cardamome tsao-ko et épandre de l’engrais dans les forêts où est cultivée cette épice. Planter de la cardamome tsao-ko est devenu la principale source d’argent des gens du coin.

 

« À présent, nous considérons la cardamome tsao-ko comme le “fruit de la fortune”. Le salaire des villageois qui plantent cette variété est certainement bien plus élevé que celui des travailleurs migrants qui ont une vie dure », estime Kong Zhongyi, chef du Comité des villageois de Bingfeng.

 

Sur les photographies aériennes prises grâce à un drone ayant volé du canton de Pihe dans le district de Fugong jusqu’au canyon du canton de Puladi dans le district de Gongshan, l’on peut voir très distinctement un grand « couloir » de cardamome tsao-ko s’étirant sur une centaine de kilomètres. Un magnifique paysage qui participe au charme naturel du département de Nujiang.

 

« Rien ne vaut la cardamome tsao-ko de Puladi », annonce fièrement Yang Yuhua, secrétaire du Comité du Parti pour le canton de Puladi. Au lieu du maïs, les autochtones plantent de la cardamome tsao-ko, ce qui embellit le canyon, enrichit la population, préserve l’eau et fixe les sols. 1,08 million de mu de cardamome tsao-ko, deux millions de mu de noyers, 300 000 mu de vernis. Ces cultures, qui agrémentent le canyon du fleuve Nujiang, sont également un moyen pour les ruraux des deux rives d’exploiter pleinement les ressources locales qu’offrent les montagnes. « Aujourd’hui, le canyon du fleuve Nujiang est telle une “banque écologique”, qui reverse aux habitants des “dividendes” issus de ses bons résultats écologiques », décrit Yang Yuhua.

 

Il y a encore quelques années, le département de Nujiang avait la réputation d’être une région montagneuse manquant de terres arables et d’argent. Toutefois, comme Yang Yuhua nous l’a expliqué, depuis que les locaux redynamisent collines et forêts en plantant des arbres et en récoltant des fruits, la situation a beaucoup évolué. La vie professionnelle et personnelle des habitants, quelle que soit leur appartenance ethnique, s’est métamorphosée dès lors qu’une attention accrue a été portée à la protection de l’environnement et au développement de l’économie écologique. Par le passé, le travail de la terre était l’unique moyen de gagner sa vie. Puis, des alternatives ont commencé à poindre : travailler dans le transport, faire du commerce, aller chercher des opportunités dans les grandes villes, recevoir des touristes… Aujourd’hui, l’heure est au développement de filières vertes, d’industries d’agriculture et d’élevage caractéristiques, d’une économie forestière, de la culture de plantes utilisées dans la pharmacopée traditionnelle chinoise... Les revenus des masses, toujours plus élevés, proviennent de sources se diversifiant. « La protection de l’environnement constitue la base. Et il faut dire que l’économie écologique est fort rentable », résume Yang Yuhua.

 

Le département de Nujiang est devenu la principale zone de production de cardamome tsao-ko en Chine, avec, à ce jour, 1,1 million de mu plantés. « En 2019, 20 000 tonnes de noix de cardamome ont été récoltées dans le département, pour une valeur de production supérieure à 200 millions de yuans, ce qui a permis à 40 000 personnes de se débarrasser de la pauvreté », indique Li Wenhui.
 

 

Les retombées économiques du tourisme rural

 

Gao Jianling, qui réside dans le village de Bapo, au canton de Dulongjiang dans le district de Gongshan, a lui aussi profité des retombées économiques résultant de la transition écologique menée à Dulongjiang. Afin d’accroître ses revenus, il a choisi d’ouvrir une auberge rurale.

 

Dans le canton de Dulongjiang, 90 % des habitants sont issus de l’ethnie minoritaire derung, qui est intégralement sortie de la pauvreté fin 2018. À Dulongjiang, juché dans les hauteurs, il neige en abondance six mois de l’année en général, de telle sorte que le canton se retrouve quasi-coupé du monde. Avec l’aide des gouvernements à tous les échelons, en novembre 2015, le tunnel traversant les monts Gaoligong, sur la route principale de Dulongjiang, a été ouvert à la circulation. Dulongjiang et ses habitants de l’ethnie derung ont donc pu dire adieu à ces longs semestres d’isolement.
Le canyon de la rivière Dulongjiang présente un décor unique, en plus d’un ancrage culturel très marqué. En vue de tirer profit des richesses naturelles préservées par l’ethnie derung, le gouvernement local développe le tourisme écologique et rural, accélérant la construction d’une cité touristique reflétant le style de Dulongjiang et l’établissement d’un site pittoresque classé 5A. Grâce à la mise en œuvre de projets (dont l’aménagement de la route longeant le fleuve Nujiang), l’éco-tourisme est à son apogée à Dulongjiang.

 

« Ici, les montagnes sont belles, les eaux sont limpides et l’air est pur. Les visiteurs ont du mal à partir de chez nous ! » s’exclame Gao Jianling. Il ajoute que depuis la transformation et revalorisation du site pittoresque de Dulongjiang, les affaires de son auberge sont au beau fixe. En 2019, autour de la Fête nationale célébrée le 1er octobre, il a réalisé un bénéfice net de près de 20 000 yuans en seulement un mois.

 

D’après Zhang Jun, responsable adjoint du Service de la communication du Comité du Parti pour le district de Gongshan, Gao Jianling est loin d’être le seul villageois à s’être tourné vers le tourisme à Dulongjiang. « J’ai le sentiment que les gens mènent une vie plus heureuse et sourient davantage. » Ces dernières années, le canton de Dulong-jiang a lancé activement des projets touristiques dans des villages typiques pour permettre aux visiteurs de comprendre l’agriculture locale, de goûter les spécialités culinaires des Derung et de découvrir les coutumes locales et les trésors naturels préservés. Dans le même temps, en mettant à profit les ressources forestières, il a établi divers projets d’éco-tourisme (par exemple, explorations scientifiques, circuits le long des anciennes routes des postes, etc.), ce qui a permis à un certain nombre de villageois de se débarrasser de la pauvreté, voire de s’enrichir.

 

Selon Li Wenhui, fin 2019, 126 villages du département étaient déjà sortis de la pauvreté, soit l’équivalent de 102 000 habitants démunis, et ce grâce à la protection environnementale et au développement de l’économie écologique. Les besoins élémentaires (nourriture et habillement) ainsi que l’accès aux soins médicaux de base, à l’enseignement obligatoire et au logement décent sont fondamentalement garantis pour les personnes pauvres inscrites et fichées. « Nous pourrons certainement atteindre notre objectif, à savoir nous diriger vers une société de moyenne aisance en marchant côte à côte avec le reste du pays », conclut Li Wenhui.  
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