Accueil>La Chine à la loupe

Avancer avec la réforme et l’ouverture de la Chine

2018-12-03 15:04:00 Source:La Chine au présent Auteur:WANG HUIYAO
【Fermer】 【Imprimer】 GrandMoyenPetit
法语词典
 
Photo prise en 1984, Wang Huiyao fait ses études au Canada.
 
 
WANG HUIYAO*

 

Si l’année 1978 est considérée comme l’année de lancement de la réforme et l’ouverture de la Chine, le rétablissement du système du gaokao (concours national d’entrée à l’université) en 1977 a été le prélude annonçant cette grande politique. Depuis lors, la Chine est entrée dans une nouvelle ère qui valorise les connaissances et la qualification. Je fais partie des étudiants qui ont passé le gaokao lorsqu’il venait d’être rétabli. Ainsi, ma trajectoire de vie est intimement liée à la réforme et l’ouverture du pays.

 

Le rétablissement du gaokao

 

Le 12 octobre 1977, comme souvent, je passais ma soirée à lire un livre sous la lampe au kérosène après une longue journée de travail. Tout à coup, j’ai entendu le haut-parleur de la radiodiffusion de la commune annoncer : « Le gaokao qui est suspendu depuis dix ans va être remis en place dans notre pays au mois de décembre ! » Cette nouvelle m’a vraiment chamboulé ; à la lumière de la petite lampe à pétrole, j’ai repris espoir pour mon pays ainsi que pour mon avenir.

 

Deux mois plus tard, 5,7 millions de candidats affluaient vers les salles d’examen... J’en faisais partie. Au final, une fois passées les épreuves et malgré la concurrence, 270 000 candidats furent admis à l’université l’année suivante. Je faisais partie de ces chanceux !

 

Au printemps de l’année 1978, j’ai donc pris le train reliant Chengdu à Guangzhou (capitale de la province du Guangdong), muni de ma lettre d’admission à l’Institut des langues étrangères de Guangzhou. À l’université, en plus de mes cours, je suivais avec attention les débats qui agitaient l’actualité chinoise et je réfléchissais constamment au sens de la vie. Pendant les quatre années que j’ai passées à Guangzhou, ma conception du monde et de la vie et mon attitude n’ont cessé d’évoluer, au rythme de la réforme et l’ouverture.

 

Le monde extérieur

 

Le commerce extérieur est indéniablement le « moteur » de la réforme et l’ouverture de la Chine. Au début de l’année 1982, quatre institutions nationales, à savoir la Commission nationale de gestion des importations et des exportations, le ministère du Commerce extérieur, le ministère des Relations économiques avec l’étranger et la Commission nationale de gestion des investissements étrangers ont fusionné pour créer le ministère des Relations économiques et du commerce avec l’étranger. La même année, j’ai été recruté par cette nouvelle institution après avoir terminé mes études universitaires et j’ai donc fait partie des premiers fonctionnaires en charge de la « sortie du pays » des entreprises chinoises. Dans ce cadre, j’ai participé à la rédaction d’un rapport sur les travaux menés par la Chine à l’étranger et la coopération entre les deux parties. Hu Yaobang, alors secrétaire général du Comité central du PCC, a décidé de s’en servir à l’échelle du pays. Je me suis senti investi d’une grande responsabilité.

 

Mais peu à peu, je me rendais compte que mes connaissances en commerce international étaient insuffisantes, j’ai donc décidé d’abandonner mon « bol de riz en fer » (une expression chinoise pour désigner un emploi stable) pour continuer mes études à l’étranger. J’ai choisi de m’inscrire en maîtrise administration des affaires (MBA). Cela a inauguré dix années d’études à l’étranger au cours desquelles j’ai pu découvrir différents systèmes politiques et différentes cultures. Je trouve que la réforme et l’ouverture d’un pays s’appuient avant tout sur les personnes qualifiées. En rétablissant le système du gaokao et en encourageant les Chinois à continuer leurs études à l’étranger, Deng Xiaoping a jeté une base solide pour l’édification nationale dans tous les domaines.

 

En 1984, Deng Xiaoping a inspecté pour la première fois la zone économique spéciale de Shenzhen (Guangdong). Il a déclaré : « Le développement et les résultats de Shenzhen prouvent que la création de zones économiques spéciales est une politique juste. » Suite à sa visite dans la province du Guangdong, le Comité central du PCC a annoncé l’ouverture de 14 villes côtières et de l’île de Hainan aux investisseurs étrangers. La réforme et l’ouverture de la Chine continuait donc de progresser.

 

Au milieu des années 1980, j’ai fait un stage au sein de la Fédération canadienne des municipalités. Cet été-là, j’ai participé à la réception d’une délégation de 14 villes côtières chinoises présidée par Li Lanqing, alors maire adjoint de Tianjin. Nous avons voyagé au Canada pendant un mois et étudié les différents aspects de la société occidentale moderne, ce qui nous a permis de rentrer avec de bonnes références pour la construction de villes chinoises ouvertes et la réforme de l’économie de marché.

 

En 1990, j’ai obtenu le poste de représentant économique en chef du Québec (Canada) accrédité à Hong Kong, chargé des affaires relatives à la Grande Chine. Mes efforts au cours de mon mandat ont permis de stimuler la coopération sino-canadienne.

 

En 1993, Wang Huiyao ( au milieu du 2e rang ) participe
à la signature du contrat de gestion de projet du barrage des Trois Gorges.

 

 

Un nouveau départ

 

À la fin des années 1980 et au début des années 1990, la situation internationale a connu de grands bouleversements, tels que l’effondrement de l’Union soviétique et le déclin du mouvement socialiste. À l’époque, la réforme et l’ouverture de la Chine se trouvaient à un moment crucial. Au mois de janvier 1992, Deng Xiaoping, âgé de 87 ans, a effectué un voyage à Wuchang (Hubei), Changsha (capitale du Hunan), Shenzhen, Zhuhai (Guangdong) et Shanghai. Au cours de son voyage, il s’est entretenu avec des dirigeants locaux sur le destin du socialisme chinois. Il a insisté sur la nécessité de s’en tenir fermement à la ligne fondamentale du Parti et de faire preuve d’audace et d’esprit pratique dans l’application des mesures de la réforme et l’ouverture. Le pays est alors entré dans une nouvelle étape de la réforme et l’ouverture.

 

« Si vous voulez contribuer au développement de votre patrie, il est souhaitable que vous rentriez. » Ces paroles sincères adressées par Deng Xiaoping aux étudiants chinois partis étudier à l’étranger m’ont beaucoup touché. En travaillant comme diplomate, j’ai pu approfondir ma compréhension de la Chine. Il m’a semblé évident que la coopération avec l’extérieur était nécessaire au développement de la Chine, et que le pays avait besoin de personnes qualifiées pour promouvoir cette coopération. Souhaitant apporter ma contribution à la réforme et l’ouverture, je suis rentré en Chine au milieu des années 1990.

 

Peu après mon retour en Chine, j’ai adhéré à la WRSA (Western Returned Scholars Association), la plus grande plate-forme du pays pour les étudiants revenus de l’étranger. En 2002, j’ai proposé la fondation de la Chambre du commerce de la WRSA, afin de fournir une plate-forme spécialisée dans le commerce aux intellectuels toujours plus nombreux à rentrer en Chine, et j’ai été élu président fondateur. Selon moi, la construction d’une société saine implique la participation de différentes parties, en particulier des entrepreneurs.

 

Le chemin vers la mondialisation

 

En 2008, j’avais 50 ans. En Chine, on dit que c’est l’âge de « connaître le destin ». Cette année-là, le rêve olympique chinois s’est finalement accompli : le slogan des JO de Beijing « un monde, un rêve » a reflété la volonté chinoise d’instaurer un nouveau dialogue entre la Chine et le monde. La Chine était sur le point d’entrer dans une nouvelle ère de la mondialisation.

 

La même année, mon épouse Miao Lü et moi avons créé le Centre pour la Chine et la mondialisation (CCG), première institution de recherches à Beijing qui se focalise sur la mondialisation, la gouvernance mondiale et l’internationalisation des personnes qualifiées et des entreprises. À l’époque, la « mondialisation » était un concept nouveau en Chine. Ces dix dernières années, le CCG a essayé de mettre en évidence l’importance de la mondialisation pour la Chine. Nous avons organisé divers forums et séminaires liés à la mondialisation et publié une série d’ouvrages en chinois comme Mondialisation VS Anti-mondialisation et Grand tournant : qui promouvra une nouvelle vague de mondialisation ?, et en anglais comme Globalizing China et China Goes Global.

 

Pour stimuler la compréhension et la confiance mutuelles entre la Chine et les États-Unis dans le contexte des frictions commerciales sino-américaines, le CCG a envoyé à plusieurs reprises des experts et des savants aux États-Unis où ils ont mené des recherches et organisé des activités non-gouvernementales sur les relations économiques et commerciales sino-américaines à Washington et à New York. Avec des think tanks réputés, nous avons organisé un séminaire sur le bilan et les perspectives des relations économiques et commerciales sino-américaines, et publié une série de rapports à ce sujet. Nos efforts ont joué un rôle positif dans l’élimination des barrières économiques et politiques sino-américaines.

 

Aujourd’hui, alors que la mondialisation est confrontée à des défis majeurs et que l’on assiste à l’émergence d’un courant anti-mondialisation, le CCG s’efforce de réunir des experts, des fonctionnaires gouvernementaux et des entrepreneurs pouvant apporter leur précieuse expérience de la mondialisation.

 

Depuis sa création, le CCG mène des recherches sur le système de compétitivité des personnes qualifiées à l’échelle du monde et sur les problématiques de l’immigration. Il a publié le premier ouvrage en Chine analysant la concurrence entre les personnes qualifiées sur le marché international à l’ère de la mondialisation, et a réalisé la première traduction en chinois du Rapport sur l’immigration mondiale publié par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Chaque année, le CCG se concentre sur les questions d’immigration et organise des forums académiques de grande ampleur sur ce thème. Par ailleurs, il a continué à encourager la création de l’Administration d’État pour l’immigration qui a vu le jour en mars 2018. Cela aura une importance majeure pour le développement de la Chine, voire pour la gouvernance mondiale.

 

Aujourd’hui, le CCG est devenu en Chine un think tank important dans le domaine de la promotion de la mondialisation. Dans le Global Go-To think tanks Index 2017, publié par l’Université de Pennsylvanie (États-Unis), le CCG s’est classé au 92e rang sur la liste du Top 100 des meilleurs think tanks du monde. En fait, il est le premier think tank social de Chine à y figurer. Dans le même temps, le CCG est hautement reconnu par de nombreux classements chinois sur les think tanks. En outre, il fait partie du petit nombre d’institutions chinoises auxquelles les Nations Unies ont octroyé le « statut consultatif spécial ».

 

J’ai eu la chance de prendre le train de la réforme et l’ouverture de la Chine il y a 40 ans, et à partir de ce moment-là, ma vie a été liée à celle de cette politique. La Chine ne cesse d’avancer sur ce chemin qui sera encore long. Nous avons besoin d’une ouverture à un niveau plus élevé et devons aller courageusement de l’avant, pour ouvrir la voie aux jeunes et continuer à promouvoir la réforme et l’ouverture de la Chine.

 

*WANG HUIYAO est président et fondateur du Centre pour la Chine 

Partager:

Copyright © 1998 - 2016

今日中国杂志版权所有 | 京ICP备10041721号-4

京ICP备10041721号-4