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La mémoire de la Chine à travers nos objectifs

2018-09-29 15:20:00 Source:La Chine au présent Auteur:Andrés Mora
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2006, Andrés Mora (premier debout à gauche), avec une partie de l’équipe de tournage
du film Cometas en el cielo sur les rives du lac Karakul dans le Xinjiang
 
 
Andrés Mora*

 

Mon père, Héctor Mora, est journaliste, producteur et réalisateur de documentaires colombien. Les médias colombiens le surnomment « le Googlemap de son époque » et « celui qui fait découvrir le monde aux Colombiens ». Entre 1977 et 2001, il a voyagé à travers 107 pays. Parmi les 1 250 documentaires qu’il a réalisés, 52 sont sur la Chine. Il a été le premier à filmer la Chine, non seulement en Colombie, mais même dans toute l’Amérique du Sud.

 

Premier voyage en Chine

 

En 1976, mon père, Héctor Mora, a lancé une émission documentaire pour la télévision colombienne intitulée Cámara Viajera (caméra voyageuse) dans laquelle il présentait le monde à travers son regard de Colombien.

 

En 1979, après la diffusion de 150 épisodes de Cámara Viajera, mon père a été contacté par un représentant du gouvernement chinois qui souhaitait l’inviter à venir filmer la Chine pour son émission.

 

À cette époque, la Colombie, comme la plupart des pays d’Amérique latine, n’avait pas encore établi de relations diplomatiques avec la Chine. Pour mon père, cette invitation représentait un challenge intéressant. Quand on évoquait la Chine, on pensait surtout à la poudre à canon, la boussole, le papier, l’encre, la soie ou encore à Mao Zedong. Mon père s’est donc envolé pour Tokyo où il a obtenu son visa pour la Chine, ce pays si mystérieux.

 

Lors de son arrivée à Beijing, il a raconté dans son journal ses premières impressions : « C’est en octobre que j’arrive à Beijing. Un vent d’automne balaie la brume légère entre les peupliers. L’aéroport de Beijing est tout petit : il ne peut accueillir que 27 avions. Les employés de l’aéroport sont tous en tenue militaire, leur visage est grave. Les vols internationaux sont rares. C’est peut-être la raison pour laquelle personne ne parle anglais. Nous sommes la première équipe de télévision colombienne à atterrir en Chine et nous avons reçu un accueil chaleureux. Comme le disent les Chinois, nous somme des amis venus de loin. »

 

À Beijing, mon père fut logé à l’Hôtel de l’Amitié qui était à cette époque le plus grand hôtel du style jardin-hôtel en Asie. Il a noté dans son journal : « Les Chinois ont des habitudes régulières. Au petit matin, nous sommes réveillés par de la musique qui vient du parc voisin. Les personnes âgées dansent ou pratiquent le taï-chi. Ils ont l’air de mener une vie très agréable. Passés 9h du soir, nous ne voyons plus beaucoup de passants dans la rue. Les magasins ferment à 7h du soir, sauf les jours fériés. Les Chinois ont l’habitude de dîner entre 6h et 7h. Il y a beaucoup de vélos dans la rue et très peu de voitures. Les gens s’habillent en noir, en gris ou en bleu. Ils portent généralement un costume à la Sun Yat-sen, ou une chemise à col rond. Aux pieds, ils portent des chaussures de toile noires à semelles minces. »

 

Lors de son premier voyage en Chine, mon père a visité la place Tian’anmen, le Monument aux héros du peuple, la Cité interdite et la Grande Muraille de Chine, puis les villes de Shanghai, de Hangzhou, de Guangzhou, et enfin Hong Kong avant de passer par l’Europe. Il a alors réalisé son premier documentaire sur la Chine.
 
2015, Andrés Mora avec son épouse Morita Sakura et leur fils Eiso Mora dans la Cité interdite

 

Un témoin des changements de la Chine

 

En 1989, mon père est retourné en Chine pour filmer la cérémonie célébrant le 40e anniversaire de l’établissement de la République populaire de Chine. Il a raconté que l’aéroport de Beijing s’était agrandi et que des touristes venus du monde entier attendaient au guichet pour les formalités de la douane. « Une équipe technique m’attend à la douane. Le trajet pour gagner le centre-ville depuis l’aéroport est moins long. Sur la route, on voit beaucoup de chantiers de construction et de grues. Le pays est dynamique. Le visage de Beijing a beaucoup changé. Les gens portent des vêtements plus variés, notamment des vêtements occidentaux. Les Chinois sont plus sympathiques et ouverts qu’auparavant, même s’ils ne donnent pas l’accolade ou ne font pas de bisous.

 

En 1992, mon père s’est rendu en Chine pour filmer l’armée de statues de terre cuite et pour observer les mœurs et les rites du Tibet. La Chine était en plein développement.

 

En 1997, mon père fut invité à témoigner du retour de Hong Kong à la souveraineté chinoise. « Le 30 juin, à 23h59, avec plus de 8 000 journalistes du monde entier, nous avons témoigné de ce moment historique. La 15e économie du monde est retournée au sein de la mère-patrie. »

 

Le 1er octobre 1999, mon père et moi avons eu l’honneur d’être invités à filmer la cérémonie célébrant le 50e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, place Tian’anmen. Une vingtaine de médias étrangers étaient invités. Le défilé militaire fut grandiose, les hommes portaient des armes et des équipements modernes, il y avait notamment un missile intercontinental très à la pointe pour l’époque.

 

Nous avons ensuite filmé la ville de Beijing avant de nous rendre en Mongolie intérieure, à Suzhou et à Guilin. Nous avons vraiment senti que la Chine était en train de devenir un pays puissant et prospère.

 

À l’occasion des Jeux Olympiques de Beijing en 2008 et du 30e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la Colombie en 2011, j’ai accompagné mon père en Chine pour réaliser des émissions. Au total, mon père a réalisé 52 documentaires sur la Chine qui ont illustré le développement industriel et l’évolution économique de ce pays. Il est convaincu que la Chine est promise à un brillant avenir. D’ici quelques décennies, la Chine deviendra le centre du monde.

 

De grandes opportunités

 

Ma première visite en Chine a eu lieu pendant l’été 1997. Avec mes parents, mon frère et un autre photographe, nous sommes allés en Chine pour filmer la cérémonie de rétrocession de Hong Kong. Nous sommes restés trois semaines en Chine et avons visité les villes de Shenzhen, Guangzhou, Shanghai, Xi’an, Beijing, Hohhot et Baotou. Nous avons produit plusieurs documentaires en coopération avec certains services gouvernementaux. À cette époque, la zone de Pudong à Shanghai, le centre-ville de Shenzhen et le 4e périphérique de Beijing, quartiers autrefois déserts, venaient d’être désignés comme futurs centres de développement. J’avais du mal à imaginer comment des travaux de grande envergure pourraient être menés dans ces zones. Ce voyage en Chine a été très important pour moi. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est la vitalité des Chinois. Elle n’était pas le signe d’un optimisme infondé, mais plutôt de résolution et de fierté.

 

Après avoir obtenu mon diplôme en anthropologie à l’Université des Andes, je suis tombé par hasard sur une brochure de la Beijing Film Academy et j’ai décidé de me rendre en Chine pour apprendre de nouvelles choses. J’ai commencé mes études à Beijing en 2002. L’essor économique de la Chine offrait de belles perspectives à l’industrie du cinéma et de la télévision et cela m’a donné des opportunités intéressantes. J’ai été 3e réalisateur adjoint du film The kite runner et j’ai filmé le concert du groupe britannique Keane sur la Grande Muraille. En 2015, j’ai passé une semaine à Dunhuang avec le peintre et calligraphe Wen Huaisha, alors âgé de 105 ans, pour réaliser un film retraçant la vie de cette grande figure de la culture chinoise.

 

Les technologies de la communication se développent rapidement et la Chine est en plein essor dans ce domaine. Nous devons construire plus de canaux de communication entre la Chine et l’Amérique latine. Les documentaires et les films servent de fenêtres pour se comprendre. Aujourd’hui, ma carrière est entrée dans sa phase de maturité. J’ai filmé Beijing, Bogotá et Hong Kong et j’espère sincèrement pouvoir contribuer à la communication entre la Chine et l’Amérique latine.

 

Aux yeux de mon père, la Chine a certes connu de profonds bouleversements, mais en même temps, certaines choses sont demeurées inchangées. L’abondance de produits, la grande variété de vêtements et la rapidité du transport, tout cela est complètement différent. Pourtant, les traditions sont toujours là. Dans les parcs, les personnes âgées jouent toujours au xiangqi (échecs chinois). Les Chinois semblent satisfaits et heureux.

 

En ce qui me concerne, la réforme et l’ouverture de la Chine m’a ouvert un vaste champ d’action en termes de vie et de carrière. Je suis convaincu qu’ici, en Chine, plein de nouvelles opportunités vont s’offrir à moi.

 

*Andrés Mora est un réalisateur colombien diplômé de la Beijing Film Academy. Il vit à Beijing et travaille dans une entreprise de production cinématographique.

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