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Le football chinois rêve de conquêtes

2018-05-03 14:56:00 Source:La Chine au présent Auteur:JORGE RAMÍREZ CALZADILLA*
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L’équipe nationale chinoise de football au cours d’un entraînement

En Chine, pays le plus peuplé de la planète, le football est devenu une véritable passion capable de provoquer un sentiment d’abattement généralisé chez les millions de supporters de l’équipe nationale. Ces derniers, depuis longtemps accoutumés à digérer de cuisantes défaites, ont du mal à reprendre espoir dans les timides progrès réalisés par l’équipe chinoise tant les déceptions sont nombreuses.

La faible performance de la sélection chinoise au cours de la seconde édition de la China Cup, qui s’est jouée dans la ville de Nanning, a encore une fois ravivé ce sentiment de désillusion. Ce tournoi, qui se dispute entre quatre équipes, s’est déroulé cette année dans la capitale de la région autonome zhuang du Guangxi du 22 au 26 mars et a été un excellent baromètre pour évaluer le niveau des footballeurs dirigés par l’entraîneur italien Marcello Lippi. L’équipe chinoise, sous la coupe de Lippi, encouragée par sa performance acceptable de 2017 où elle avait terminé troisième après avoir battu la Croatie en finale, derrière le Chili, grand vainqueur de la Coupe, et l’Islande, entendait bien placer à Nanning la barre un peu plus haute.

Une triste réalité

Bien déterminé à maintenir l’hégémonie sud-américaine, l’Uruguay (22e au classement de la FIFA) est arrivé à Nanning avec une équipe très similaire à celle qui s’est qualifiée lors des matchs éliminatoires de la Conmebol pour la Coupe du Monde (réunissant notamment Suárez et Cavani ), un calque presque parfait de l’équipe qui fera le voyage en Russie en juin. Le Pays de Galles (20e) et la République Tchèque (46e), deux équipes européennes de bon niveau qui ne font cependant pas partie de l’élite du continent et qui ne participeront pas au grand rendez-vous quadriennal, ont complété le trio des pays hôtes de la China Cup.

Les Dragons venaient d’être éliminés de la course pour la Coupe du Monde lors de la troisième et dernière phase des éliminatoires de la zone Asie. Cependant, malgré des performances assez médiocres en début de qualification (aucune victoire sur les 4 premiers matchs) qui ont, à terme, coûté sa place à l’équipe chinoise alors déjà entraînée par Lippi, les performances de l’équipe sur la dernière ligne droite de la phase éliminatoire ont laissé une bonne impression. Sous la houlette de l’Italien, les Chinois ont terminé avec 3 victoires (dont un 1-0 historique à domicile face à la Corée du Sud), 2 matchs nuls, et une seule défaite (1-0 à Téhéran face au leader iranien), échouant, avec un total de 13 points, à seulement 2 points des qualifications et à 1 point du repêchage.

Avec ces accréditations, la Chine (68e) a participé à quelques matchs amicaux en novembre dernier qui se sont soldés par les défaites respectives de la Serbie (0-2) et de la Colombie (0-4), deux nations qui seront présentes en Russie. Un mois plus tard, à Tokyo, ils ont terminé l’année en remportant le bronze à la Coupe d’Asie du Sud-Est de football, derrière la Corée du Sud et le Japon (affichant deux matchs nuls face à la Corée du Sud et à la Corée du Nord, et une défaite face au Japon).

À Nanning, premier tournoi de l’année 2018 pour les joueurs de Lippi, le Pays de Galles s’est montré sans pitié. L’équipe, stimulée par le triplé de Gareth Bale, a remporté une victoire écrasante en 6-0 face à une équipe chinoise qui, plutôt que de dévoiler ses points forts, a révélé l’étendue de ses faiblesses aux quelque 36 000 spectateurs qui assistaient au match.

Le match pour la troisième place face aux Tchèques n’a pas changé le cours de l’histoire. Après avoir terminé, au prix de grands efforts, la première mi-temps avec un score de 1-0, la défense chinoise, timide dans ses tentatives de buts et irrégulière sur le terrain, a réalisé en deuxième mi-temps une mauvaise performance et encaissé 4 buts (un chiffre qui se serait élevé à 5 si Yan Junling, le gardien de but, n’avait pas réussi à arrêter un pénalty).

Finalement, c’est l’Uruguay qui, grâce au réveil de Cavani, s’est emparé du trophée en battant le Pays de Galles, alors que la Chine a terminé le tournoi en affichant un solde d’un but marqué contre 10 buts encaissés, ce qui n’a pas manqué de déchaîner une tempête de critiques sur les réseaux sociaux.

Mais paradoxalement, le désastre de la China Cup admet des lectures moins pessimistes. C’est en tout cas l’opinion des experts qui ont suivi l’évolution du football chinois depuis plus de dix ans. Le journaliste espagnol Javier Ibáñez, directeur d’Asia es Fútbol, fait partie de ceux qui sont d’avis que construire une analyse uniquement sur les scores conduit généralement à des conclusions hâtives.

« Il ne faut pas trop se focaliser sur les résultats actuels car Lippi est en train d’essayer différents styles de jeu, cherche de nouvelles alternatives, et il souhaite par ailleurs accroître le nombre de jeunes joueurs dans l’équipe pour remplacer la génération actuelle de footballeurs de la sélection. Ce qui est important, c’est que ces essais nous permettent de formuler des hypothèses dans la perspective de la Coupe d’Asie qui se jouera l’année prochaine aux Émirats Arabes Unis, où la Chine espère bien montrer ce dont elle est capable. »

Qatar 2022, des chances de médaille

Mais au-delà de ça, l’équipe affiche un objectif autrement plus ambitieux que celui de participer à l’événement asiatique. Vingt ans après sa participation à la Coupe du Monde Corée/Japon 2002, la Chine est bien déterminée à revenir se mesurer aux plus grands en faisant une nouvelle fois partie des pays sélectionnés pour disputer la grande compétition quadriennale.

Aux multiples académies qui ont ouvert leurs portes dans des métropoles comme Beijing, Shanghai ou Guangzhou, ou dans d’autres villes de second ordre, afin d’étendre le vivier de jeunes talents, s’ajoute l’essor de la Chinese Super league, première division nationale, qui attire désormais des stars internationales sur le déclin de leurs carrières et qui compte aujourd’hui un certain nombre de joueurs de très haut niveau comme on en trouve beaucoup dans les sélections argentines, brésiliennes ou colombiennes.

Cela dit, il ne suffit pas de sortir un chéquier pour réussir à former une équipe parfaite. Mais on ne peut nier que l’interaction des footballeurs locaux avec des footballeurs étrangers reconnus et la présence de fins stratèges comme Lippi ou encore Capello, Pellegrini, Scolari, Sven-Goran Eriksson, Manzano, Villas-Boas et Schuster au poste d’entraîneur permettent au football chinois de progresser rapidement et d’espérer voir sa cote remonter.

Une mesure mise en œuvre récemment par la Fédération chinoise de football (CFA) qui est clairement destinée à valoriser les jeunes talents du pays, consiste à obliger les clubs atteints ces derniers temps d’une fièvre acheteuse, à aligner, à chaque match, autant de joueurs chinois de moins de 23 ans que de joueurs étrangers.

Il semblerait que cette mauvaise excuse autrefois invoquée par quelques experts – nationaux inclus – qui consistait à dire que les Chinois n’avaient pas les conditions physiques idéales pour jouer au foot (un argument, disons-le franchement, naïvement raciste) soit désormais bel et bien dépassée. Et étant donné la façon dont les choses évoluent, compte tenu de son niveau actuel et avec un peu de chance, la sélection chinoise pourrait bien finir par figurer parmi les équipes en lice pour la Coupe du Monde.

Pour ce qui est du Qatar, il y a de quoi être optimiste. Actuellement, en Chine, les catégories moins de 15 ans, moins de 16 ans et moins de 17 ans affichent déjà un bon niveau. Bon nombre de ces footballeurs arrivent de l’académie du Real Madrid de Guangzhou et commencent à développer un style défini. « Un phénomène que l’on a déjà pu observer en Espagne, toutes proportions gardées, où l’idée était de faire en sorte que tous les joueurs sélectionnés, quelle que soit leur catégorie, développent un même style de jeu », explique Ibañez.

« En Chine, bien qu’il reste encore beaucoup à faire, on travaille avec cet objectif. Et il est tout à fait possible que grâce à ces nouveaux joueurs ainsi que ceux qui sont en train de faire leurs preuves au sein de la sélection actuelle, la Chine fasse un saut qualitatif qui lui permette de s’incruster dans les pays d’Asie qualifiés lors des phases éliminatoires de la Coupe du Monde 2022. »

Un rêve qui en 2026 aura encore plus de chance de se réaliser puisque pour la 23e édition de la Coupe du Monde, le nombre de participants sélectionnés pour les phases finales passera à 48 et que le nombre de coupes asiatiques devrait également augmenter. Reste à savoir ensuite si la candidature de la Chine pour organiser l’événement en 2030 sera acceptée, ce qui offrirait aux « Dragons rouges » une belle opportunité pour s’imposer comme la nouvelle grande puissance du football international.

*Jorge Ramírez Calzadilla est un journaliste cubain qui collabore depuis plus de dix ans avec différents revues et médias audiovisuels de son pays et de l’étranger. Il vit à Beijing depuis 2007.

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