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La recherche fondamentale au service de la population

2018-04-10 12:43:00 Source:La Chine au présent Auteur:MA HUIYUAN, membre de la rédaction
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Liu Congqiang en visite à l’Institut international de recherche en Philippines

 

Interview de Liu Congqiang, géochimiste de renom, qui témoigne de la nouvelle place accordée à la recherche scientifique et technologique en Chine, dans la droite lignée de la politique continue de réforme et d’ouverture.

 

Liu Congqiang, ancien directeur adjoint de la Fondation des sciences naturelles de Chine et également membre de l’Académie des sciences de Chine, est géochimiste de profession. Et cette année, pour la première fois, il a été élu membre du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC). Mais il n’était pas le seul scientifique. Parmi les 2 158 membres du Comité national de la CCPPC qui participaient à la session de cette année, 105 étaient affiliés à l’Académie des sciences de Chine ou à l’Académie d’ingénierie de Chine.

 

Le 5 mars dernier, en qualité de membre du Comité national de la CCPPC, Liu Congqiang a assisté à la cérémonie d’ouverture de la première session de la XIIIe Assemblée populaire nationale et a écouté le Rapport d’activité du gouvernement présenté par le premier ministre chinois Li Keqiang. Après la réunion, Liu Congqiang nous a fait part de ses expériences dans la recherche scientifique au cours des quarante ans qui se sont écoulés depuis le début de la politique de réforme et d’ouverture, et nous a livré son opinion sur les recherches menées en sciences fondamentales en Chine.

 

Bénéficiaire direct de la réforme et de l’ouverture

 

« Je compte parmi les bénéficiaires directs, et même, parmi les principaux bénéficiaires, de la réforme et de l’ouverture ! », s’est exclamé Liu Congqiang, lorsque nous avons abordé ce sujet avec lui. « Pour les personnes de ma génération, c’est le rétablissement du gaokao (concours national d’entrée à l’université) qui a marqué le plus grand tournant de notre vie. Voilà pourquoi nous sommes reconnaissants envers la politique de réforme et d’ouverture. »

 

Hiver 1977. Après onze ans d’interruption, le système du gaokao est remis en vigueur, conséquence directe de l’application de la réforme et de l’ouverture dans le domaine de l’éducation. Cette année-là, 5,7 millions de candidats issus de villages, d’usines et de corps armés se rendent dans les salles d’examen. Parmi eux, seuls 270 000 sont reçus et décrochent l’opportunité d’aller étudier à l’université. Liu Congqiang est l’un de ces rares chanceux. Il a été admis à la faculté des sciences de la Terre de l’université de Nanjing.

 

« Je suis resté à l’université jusqu’à l’obtention de mon diplôme de master. Grâce à la politique de réforme et d’ouverture, j’ai pu partir au Japon pour y poursuivre mes études. Ainsi, mon diplôme de doctorat m’a été délivré par l’université de Tokyo », a raconté Liu Congqiang. Au total, il a étudié et travaillé dix ans au Japon. En 1994, il a été sélectionné pour faire partie du premier programme « 100 Talents », programme lancé par l’Académie des sciences de Chine dans l’objectif à l’époque de « rapatrier » les scientifiques éminents en poste à l’étranger. Cette année-là, il est donc revenu en Chine pour travailler à l’Académie des sciences de Chine.

 

De retour au pays, Liu Congqiang a formé sa propre équipe de recherche et a rapidement bénéficié du soutien du Fonds national des sciences pour jeunes universitaires émérites. « Au départ, nos conditions de recherche étaient loin d’être aussi favorables qu’à l’étranger. Mais depuis l’an 2000, l’état accorde une importance accrue au développement scientifique et technologique, en particulier à la recherche dans les sciences fondamentales. Nous avons donc pu réaliser des progrès scientifiques non négligeables en peu de temps ces dernières années », a-t-il expliqué.

 

Avant la réforme et l’ouverture, la Chine disposait d’un droit de parole quasi-insignifiant dans le domaine des sciences de la Terre, que ce soit sur le plan théorique, technologique ou méthodologique, a reconnu Liu Congqiang. « De nos jours, les résultats atteints par la Chine au fil de ses recherches en sciences de la Terre contribuent toujours plus au progrès du monde. D’ailleurs, la Chine s’est hissée ou devrait bientôt se hisser sur le podium mondial dans certaines disciplines, comme les sciences de l’atmosphère et la dynamique continentale. »

 

Des découvertes à partager avec l’humanité

 

« La recherche fondamentale n’a pas de frontière : la qualité des études poursuivies doit être évaluée sur la base de critères mondiaux et les découvertes doivent être partagées avec l’humanité », a affirmé Liu Congqiang. Selon lui, les progrès scientifiques et technologiques chinois sont à même de contribuer au développement mondial. « Par exemple, les résultats de mes recherches portant sur les défis écologiques ou environnementaux pourront être utiles au développement des autres pays, surtout les pays en développement situés le long des nouvelles Routes de la Soie. Dans leur développement, ces pays se heurtent, ou se heurteront un jour, à des problèmes tels que la pollution de l’eau, de l’air et des sols, ou la dégradation des écosystèmes. Nos trouvailles pourraient donc jouer un rôle directeur dans la protection de l’environnement ou la croissance économique de ces pays. »

 

Au cours des quarante ans écoulés depuis le lancement de la politique de réforme et d’ouverture, le statut accordé à la communauté scientifique et technologique chinoise a radicalement changé au sein de la coopération internationale en la matière. « Autrefois, en raison du faible niveau des scientifiques chinois et des maigres fonds investis par l’état pour soutenir les sciences et technologies, nous ne pouvions qu’exploiter les plates-formes créées par d’autres pour nous perfectionner. Les scientifiques chinois qui travaillaient à l’étranger étaient là principalement pour se former ou servir d’assistants. » Aujourd’hui, la situation est totalement différente. Dans la coopération internationale, les scientifiques chinois prennent peu à peu la direction des recherches.

 

Avec la montée en puissance globale de la Chine, celle-ci attache plus d’importance au développement scientifique et technologique. Le pays investit davantage dans la recherche. Selon Liu Congqiang, les scientifiques chinois commencent à travailler sur un pied d’égalité avec les scientifiques étrangers. « De plus en plus de scientifiques chinois occupent le devant de la scène internationale scientifique et technologique, bénéficiant ainsi d’un droit de parole renforcé. Ils prennent la parole lors de congrès scientifiques internationaux et de plus en plus, ils sont invités à prononcer des discours clés dans des conférences parallèles. » Pour Liu Congqiang, ce revirement positif reflète en fin de compte l’élévation du niveau scientifique et technologique que connaît la Chine.

 

En mars 2016, Liu Congqiang, alors directeur de la Commission académique du Laboratoire national pilote de géochimie environnementale à l’Institut de recherche géochimique relevant de l’Académie des sciences de Chine, a été inscrit sur la liste « Geochemistry Fellows » de la Geochemical Society, honorant les grands géochimistes. Le 15 février 2017, il a encore été élu membre étranger de la Royal Society of Edinburgh. Ces titres lui ont été accordés pour récompenser ses découvertes et contributions dans le domaine de la géochimie. Mais Liu Congqiang estime que dans l’ensemble, la Chine accuse encore un certain retard dans le monde de la recherche par rapport aux pays développés, retard qu’elle doit s’efforcer de rattraper.

 

La recherche fondamentale dédiée au bien-être du peuple

 

En février 2013, Liu Congqiang est devenu directeur adjoint de la Fondation des sciences naturelles de Chine. Cette fondation, créée en 1986, vise à administrer les fonds nationaux affectés aux sciences naturelles, à soutenir la recherche dans cette discipline, à repérer et à former les scientifiques au fort potentiel, à promouvoir les progrès scientifiques et technologiques, ainsi qu’à favoriser le développement intégré entre économie et société. D’après Liu Congqiang, depuis vingt ans, les fonds entre les mains de la Fondation ont enregistré une croissance à deux chiffres. Au cours des cinq ans qui ont suivi le XVIIIe Congrès du Parti, le cumul de ces fonds a doublé. Ces dernières années, la Fondation reçoit 200 000 demandes de subvention par an. « La quantité et l’excellence des résultats obtenus par la Chine dans la recherche fondamentale sont désormais comparables à celles des pays développés. »

 

Dans son Rapport d’activité du gouvernement, le premier ministre chinois Li Keqiang a indiqué : « Afin d’intensifier la construction d’un système national d’innovation, il faut renforcer les recherches fondamentales et appliquées, lancer une série de grands projets d’innovation scientifique et technologique et établir des laboratoires nationaux conformes à des normes strictes. » Dans le même temps, « il convient d’orienter les investissements de l’état consacrés aux sciences et technologies vers les domaines qui touchent au quotidien de la population, en particulier la lutte contre la pollution atmosphérique ainsi que la prévention et le traitement du cancer. En effet, les sciences et technologies doivent être plus propices au bien-être du peuple. »

 

Liu Congqiang a salué l’objectif visant à établir un système d’innovation que la Chine s’est fixé. Il a commenté : « La recherche fondamentale vise à relever les défis posés par les sciences fondamentales et à enrichir les connaissances de l’humanité quant aux lois naturelles. Mais elle s’efforce aussi de résoudre les problèmes qui s’observent dans la vie de la population et le développement social. Les scientifiques qui se vouent à la recherche fondamentale doivent aussi chercher à mettre en pratique leurs découvertes, pour satisfaire les besoins du pays. » D’après lui, la Fondation des sciences naturelles de Chine devrait dès à présent élaborer des programmes et des projets majeurs susceptibles d’encourager vivement le développement social ou de contribuer au progrès scientifique, pour que les sciences fondamentales puissent servir le développement du pays et réaliser des percées considérables.

 

Par rapport à l’état qui accentue ses financements dans la recherche scientifique et technologique, les entreprises et les organismes civils chinois investissent peu, bien moins que dans les pays développés, a avoué Liu Congqiang. Il espère qu’« un nombre croissant de grandes entreprises chinoises débloqueront massivement des fonds au profit de la recherche fondamentale, pour que celle-ci progresse en étroite coordination avec le développement économique. »

 

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