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Du Weisheng : un médecin des livres anciens

2018-02-01 11:11:00 Source:La Chine au présent Auteur:HU YUE, membre de la rédaction
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Du Weisheng, responsable du Groupe de restauration de livres anciens de la Bibliothèque nationale de Chine a déjà 65 ans, mais il est toujours en forme. Avec 40 ans d’expérience dans la restauration, M. Du se sent un peu comme un médecin des livres anciens, et son travail est de traiter leurs maladies. M. Du joue un rôle très important puisqu’il est héritier représentatif du patrimoine culturel immatériel national dans la restauration des livres anciens. Il a participé à la restauration des manuscrits de Dunhuang qui avaient été particulièrement endommagés, de la Grande Encyclopédie de Yongle compilée sur ordre de l’empereur Yongle de la dynastie des Ming (1368-1644), et des documents historiques du royaume Xixia (1038-1227).

 

« Les anciens ont donné des noms aux différentes parties des livres comme la bouche, la tête et la racine ; la plupart correspondent à des organes du corps humain. Ils ont ainsi donné vie au livre. » Pour M. Du, la restauration des livres anciens a une grande importance puisqu’elle permet de leur réinsuffler la vie pour qu’ils puissent nous livrer l’héritage de la civilisation chinoise.

 

Du Weisheng (à dr.) prépare la table d’opération avec son collègue.

 

Un novice devenu expert

 

Avant de commencer à travailler dans la restauration des livres, M. Du a été pendant 5 ans soldat du génie civil dans la province du Hunan ; cette expérience dans l’armée l’a transformé. Au moment de sa retraite de l’armée en 1974, il fut affecté à la Bibliothèque nationale de Beijing pour rejoindre le Groupe de restauration des livres. Au début, il trouvait que le travail « au bureau » était plus facile, et cela lui donnait l’occasion de lire plus.

 

Mais après quelques jours, il prit conscience que la restauration des livres n’était pas un travail facile. Étant novice, il commença par apprendre les techniques auprès d’enseignants experts. Ces derniers n’étaient pas titulaires de hauts diplômes, mais ils avaient tous beaucoup de talents pour la restauration des livres et l’identification des versions. M. Du se souvient encore qu’étant gaucher, son enseignant, intransigeant, lui demanda d’écrire de l’autre main. Après deux ans d’études, M. Du, qui avait déjà un peu d’expérience, fut confronté à sa première mission : un cercueil en papier déterré à Xinjiang en 1976. Les feuilles sur le cercueil étaient des pages de livres de comptes d’un relais de poste de la dynastie des Tang (618-907). M. Du et ses collègues durent décoller les feuilles puis assembler les pages et les relier.

 

Le temps passe vite, et cela fait 40 ans que M. Du poursuit son travail. Aujourd’hui, il est considéré comme un expert dans le domaine de la restauration des livres anciens en Chine. Il a été nommé héritier du patrimoine culturel immatériel national de quatrième groupe dans ce domaine. Au début des années 2000, il a participé à l’élaboration de normes pour la restauration des livres anciens. Il est actuellement en train d’élaborer une nouvelle version des normes pour la profession.

 

Maintenant qu’il a pris sa retraite, il ne fait plus de restauration, mais il se consacre plutôt à l’enseignement. « Depuis que j’ai pris en charge le Groupe de restauration de livres anciens, j’ai un peu réformé l’enseignement traditionnel. Avant, chaque jeune avait un enseignant désigné. Maintenant, les nouveaux peuvent apprendre auprès de tous les enseignants. » Selon M. Du, un novice a besoin de six mois pour apprendre les connaissances fondamentales, mais il faut plus de cinq ans pour bien maîtriser les techniques.

 

La réparation d’une page d’un livre ancien

 

Former les jeunes et améliorer les techniques

 

Désormais, le groupe de M. Du est composé d’une vingtaine de personnes, la plupart étant des jeunes : « Il y a 4 personnes de plus de 50 ans, y compris moi-même, 13 jeunes de moins de 35 ans, et on a aussi 8 jeunes diplômés », nous a-t-il expliqué. Parmi ces derniers, à part deux qui ont un niveau licence, les autres ont tous un niveau master, dans des secteurs tels que la chimie, la physique et la protection des livres anciens. Selon M. Du, le groupe est plus équilibré qu’auparavant. « La restauration des livres anciens est en fait une science interdisciplinaire, il faut non seulement avoir une bonne connaissance de la culture classique chinoise, mais aussi maîtriser la chimie, physique, etc. », a déclaré M. Du.

 

Les changements apportés par le temps influencent aussi le travail de restauration des livres anciens. Grâce aux connaissances scientifiques, les jeunes améliorent les techniques traditionnelles des maîtres. Selon M. Du, c’est inhérent au développement. Il a affirmé : « Quand je suis entré dans ce métier il y a 40 ans, on se basait sur l’expérience, par exemple on mesurait l’épaisseur du papier au toucher. Mais maintenant, un instrument peut facilement mesurer l’épaisseur d’un papier et avec une grande précision. »

 

Pendant l’interview, M. Du analyse un papier au microscope. À travers l’image agrandie de la fibre, il devine immédiatement l’état et la structure du papier. Sans le microscope, c’est un travail beaucoup plus compliqué.

La science et la technologie jouent des rôles de plus en plus importants dans la restauration des livres anciens. Certains livres, endommagés et acidifiés, sont comme malades d’un cancer selon le « médecin des livres anciens ». Avec les techniques traditionnelles, on ne fait que rallonger leur vie. Mais, aujourd’hui, grâce aux recherches en chimie et en physique, par exemple, on va peut-être trouver des solutions pour vaincre le cancer.

 

 

Des gardiens solitaires

 

Mais si la haute technologie joue désormais un rôle important, la restauration des livres anciens reste un métier manuel qui repose sur l’intelligence et les compétences du restaurateur. M. Du nous a présenté les trois étapes de la restauration : d’abord, c’est l’étape de la préparation, qui comprend la vérification des informations du livre, l’analyse de la maladie, l’élaboration d’un plan de restauration, et après la vérification par le groupe d’experts ; on peut alors entamer l’étape de restauration. La deuxième étape est plus compliquée et délicate. Il faut démonter le livre page par page, enlever la poussière avec des outils spécifiques (brosse, lame), parfois nettoyer la page à l’aide d’un liquide adéquat, et parfois désacidifier la page. Ensuite, il faut restaurer les pages au cas par cas : c’est un long travail qui commence à l’aide d’outils tels que des pinceaux, des ciseaux, des pinces et de la pâte. C’est au cours de cette étape que l’on peut apprécier les compétences d’un restaurateur. La troisième étape est la reliure : plier, couper, aplatir, perforer, envelopper, coudre et étiqueter.

 

Cela fait 40 ans que M. Du répète toutes ces étapes. Il a consacré sa vie à la cause des livres anciens. Sa femme travaille dans le même groupe que lui. Ils se soutiennent mutuellement dans leur travail.

 

Lorsqu’on lui a demandé quelle a été l’expérience la plus impressionnante de sa carrière, M. Du a répondu sans hésitation : « La restauration des manuscrits de Dunhuang. Depuis 1991, nous avons restauré 16 000 livres, la plupart provenant de la British Library. Nous venons juste de terminer ce travail, et nous avons gardé 1 000 livres non restaurés pour que les générations futures puissent connaître l’état naturel de ces livres.

 

M. Du ne cache pas sa fierté lorsqu’il évoque son travail de restauration des livres. Mais quand il est au bureau, il reste très humble avec ses collèges, chacun s’occupe de son travail. En fait, la restauration est un travail solidaire. Mais les gens comme M. Du apprécient leur solitude au contact de mille ans d’histoire et de culture traditionnelle chinoise.

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