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Kevin Rudd : le « rêve chinois » réalisé à Pudong

2018-02-01 10:38:00 Source:La Chine au présent Auteur:ZHOU LIN, membre de la rédaction
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Lujiazui, quartier financier dans la nouvelle zone de Pudong, à Shanghai, rassemble le Centre financier international de Shanghai (CFIS), le Centre de convention international de Shanghai (CCIS), à côté desquels se dressent la Tour de Perle de l’Orient, bâtiment phare de la ville, et le nouveau magasin porte-drapeau de Disney.

C’est dans le CCIS que s’est tenu le 7e Forum mondial sur la sinologie les 10 et 11 décembre dernier, en présence de Kevin Rudd, ancien premier ministre australien et président de l’Asia Society Policy Institute. M. Rudd, « bon connaisseur » de la Chine surnommé « Vieux Lu » par ses amis chinois, est venu en Chine, une centaine de fois et a occupé plusieurs fonctions durant les trente dernières années : premier ministre, ministre des Affaires étrangères, parlementaire, homme d’affaires et diplomate.

 

L’ancien premier ministre d’Australie Kevin Rudd en pleine

interview au cours du 7e Forum mondial sur la sinologie à Shanghai

 

Réalisation du « rêve chinois » à Pudong

 

M. Rudd a un lien particulier avec la mégapole de Shanghai. Dans les années 1980, quand il était consul général intérimaire à Shanghai, sa femme et lui promenaient souvent leur enfant dans le Bund. Wang Daohan, alors maire de Shanghai, l’avait invité à dîner et lui avait confié qu’il espérait que les amis étrangers puissent rendre service au développement de Shanghai. Cinq ans plus tard, il est retourné à Shanghai, où il est invité par le nouveau maire Zhu Rongji, qui l’a reçu dans la mairie – l’ancien bâtiment de HSBC. Le maire lui a expliqué alors que le gouvernement municipal a annoncé la création de la zone de développement économique de Pudong.

 

M. Rudd se rappelle : « Nous avons alors regardé par la fenêtre, et nous n’avons rien vu sur l’autre rive du fleuve Huangpu. Et j’ai pensé qu’il rêvait. »

 

Mais aujourd’hui, M. Rudd, au beau milieu du Centre financier de Lujiazui, constate que le « rêve chinois » s’est réalisé à Pudong.

 

« Le XIXe Congrès du PCC vient de se terminer, et le monde entier se focalise sur la Chine. Il y a une trentaine d’années, au moment où je venais d’arriver en Chine, seuls les chercheurs ou les diplomates étaient intéressés par le Congrès du PCC. Mais aujourd’hui, presque tout le monde l’est. La raison est simple : la Chine monte en puissance. »

« La Chine connaît une renaissance »

 

« Si l’on considère le développement de la Chine durant les 30 ou 40 années écoulées d’un point de vue historique et à travers des comparaisons internationales, on constate des changements réels. »

 

Dans les années 1980, poursuit M. Rudd, l’économie de la Chine était semblable à celle de l’Australie. Aujourd’hui, selon lui, en vertu du calcul des taux de change du marché, la Chine pourrait devenir la première économie mondiale dans les dix ans à venir.

 

Dans le même temps, la politique étrangère de la Chine a également changé. « Quand je travaillais à Beijing, la politique de Deng Xiaoping était relativement simple : ‘‘maintenir le profil bas et ne jamais se mettre en avant’’. Aujourd’hui, celle de Xi Jinping consiste à ‘‘œuvrer avec dynamisme et dans un esprit entreprenant à agir comme il se doit’’. »

 

« Beaucoup de nouvelles notions, relatives à un nouveau type de relations internationales, aux relations entre les grands pays, à la réforme du système diplomatique, à la lutte concernant l’ordre international, à la réforme des institutions internationales, etc., sont apparues lors de la Conférence centrale sur les affaires étrangères, qui s’est tenue fin novembre 2014. À ce moment, j’étais justement à Beijing. J’ai regardé le journal télévisé le soir à l’hôtel, et j’étais très intéressé par la nouvelle politique diplomatique ‘‘œuvrer avec dynamisme et dans un esprit entreprenant’’ proposée par la Chine », se rappelle M. Rudd. Par la suite, de nombreuses notions de la diplomatie, entre autres, un nouvel échiquier international, une gouvernance mondiale, un nouveau cadre de relations entre les grands pays de la communauté Asie-Pacifique, une communauté de destin pour l’humanité ont été présentées dans le rapport du XIXe Congrès.

 

En outre, l’innovation institutionnelle, qui comprend la création de l’AIIB, et le lancement et le développement de l’initiative « la Ceinture et la Route », a eu un impact énorme sur l’opinion internationale. Le développement de la force militaire chinoise a également attiré l’attention du monde.

 

« Sans aucun doute, la Chine est un grand pays, mais aussi une grande puissance, et d’un point de vue historique, la Chine connaît une renaissance. »

 

 

Connaître la Chine par des « principes »

 

« Dès la troisième session plénière du XIe Comité central du PCC, la Chine a ouvert une voie brillante, a réalisé une transition avec succès et a obtenu grâce à son acharnement des résultats remarquables. Ceux qui connaissent ou étudient l’histoire de la Chine savent bien les peines et les difficultés cachées derrière ces réalisations. »

 

Au Forum, M. Rudd a prononcé la première partie de son discours en chinois et la deuxième en anglais. Il a ponctué son discours de références à la culture traditionnelle chinoise, aux affaires intérieures et extérieures de la Chine, ainsi que des expressions idiomatiques chinoises.

 

En ce qui concerne l’attention que les étrangers portent sur l’évolution de la Chine à l’avenir, M. Rudd propose des recommandations très pertinentes : « Aujourd’hui, la Chine est entrée dans une nouvelle ère, et tout le monde a de nouvelles attentes à son égard et souhaite également connaître davantage les concepts qu’elle formule. C’est bien naturel. Tout cela donne à réfléchir. En jetant un regard global sur l’histoire du développement des politiques chinoises, on constate qu’il a toujours existé un principe pour les affaires intérieures comme extérieures. »

 

Concernant le rôle d’un principe, M. Rudd explique : « Selon ce que je comprends de la Chine, le principe est l’orientation générale d’une politique, et les détails concrets de cette dernière n’apparaîtront qu’après le commencement du processus. »

 

Il cite quelques exemples, tels que le principe dans le temps de Deng Xiaoping, qui est d’« ouverture vers l’extérieur et de réforme vers l’intérieur ». Ce principe a servi de fondement de la gouvernance pour les affaires intérieures et extérieures pendant près de 40 ans.

 

Du temps de Jiang Zemin, dans le rapport du XIVe Congrès du PCC qui a eu lieu 1992, le principe proposé a été de « sortir du pays ». Grâce à ce principe, en une vingtaine d’années, de nombreuses entreprises et entrepreneurs chinois ont pu partir aux quatre coins du monde.

 

Selon M. Rudd, les dirigeants chinois possèdent deux qualités importantes. Premièrement, en élaborant des politiques stratégiques, ils font preuve de ténacité et de patience face aux obstacles ou défis quels qu’ils soient. Bien que Pudong ait été un banc de sable désolé, complètement déconsidéré, les dirigeants chinois avaient la ferme volonté d’agir d’arrache-pied. Deuxièmement, les dirigeants chinois, du temps de Deng Xiaoping à celui de Xi Jinping, ont souvent des visions prospectives, et savent élaborer des plans à long terme.

 

 

Nouvelle ère et « nouvelle sinologie »

 

En évoquant le sujet des études sur la Chine, Rudd estime que la nouvelle ère appelle une « nouvelle sinologie ». Selon lui, il faut d’abord mettre l’accent de la nouvelle sinologie sur l’analyse et l’explication des notions essentielles de la Chine, ainsi que les faire connaître au monde. En citant la recherche en relations internationales, il explique : « Dans la théorie des relations internationales, les savants occidentaux ont développé cinq grandes écoles pour comprendre et analyser les comportements politiques internationaux. Mais elles ne permettent pas de mieux expliquer la Chine. Les savants chinois utilisent fréquemment des notions telles que l’ordre mondial, la gouvernance mondiale, le système international, les institutions mondiales, etc., mais elles ne réussissent pas à mieux exprimer la conception du monde de la Chine. » Selon lui, une des principales raisons de l’émergence de la « nouvelle sinologie » est liée à ce besoin de mieux faire comprendre au monde la signification réelle des politiques internationales de la Chine et de sa terminologie politique.

 

Selon M. Rudd, la « nouvelle sinologie » devrait devenir un travail qui aborde tous les aspects de la Chine, permettant de synthétiser et d’analyser des informations de manière plus appropriée. La Chine a une longue histoire, et les études de la sinologie comprennent de nombreuses branches et spécialités, mais celles qui peuvent intégrer toutes les branches ou spécialités ne sont pas légion. Cela provoque une gêne parmi les étrangers qui souhaitent connaître la Chine.

 

« ‘‘La nouvelle sinologie’’ doit comprendre une analyse plus globale de la Chine, de sorte que les étrangers puissent savoir comment ces points spécifiques sont reliés pour former des lignes, et comment ces lignes forment un plan, et comment le passé de la Chine est relié à l’avenir, etc. », explique M. Rudd.

 

À l’heure actuelle, tout le monde souhaiterait connaître la Chine. Kevin Rudd propose : « La ‘‘nouvelle sinologie’’ doit assumer la responsabilité de mieux présenter et raconter la Chine. »

 

« La culture traditionnelle chinoise comprend la philosophie de ‘‘l’harmonie respectueuse de la diversité’’. Aujourd’hui, les dirigeants chinois ont proposé ‘‘une communauté de destin pour l’humanité’’. Comment comprendre et interpréter ces notions dans la nouvelle ère ? Pour les chercheurs de la ‘‘nouvelle sinologie’’, il ne s’agit pas seulement de pouvoir partager leurs goûts ou leurs intérêts similaires, mais plutôt de trouver des valeurs communes à différentes cultures, différentes traditions culturelles, qui pourront exercer une profonde influence sur le monde », a conclu M. Rudd.

 

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