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Chine-France : poursuivre l’œuvre des prédécesseurs et ouvrir de nouvelles perspectives

2018-02-01 10:31:00 Source:La Chine au présent Auteur:MA XIAOLIN
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Le président français Emmanuel Macron a effectué du 8 au 10 janvier sa première visite d’État en Chine. La visite s’est soldée par une grande liste de commandes : la Chine commande 184 avions Airbus d’une valeur de 18 milliards de dollars ; les deux pays investissent ensemble plus de dix milliards d’euros dans la construction d’une usine de retraitement des déchets nucléaires en Chine ; la Chine lèvera l’interdiction sur la viande bovine française d’ici six mois et elle importera d’ici deux ans des produits français à hauteur de deux milliards d’euros, dont le vin.

Étant donné le poids géopolitique particulier de la Chine et de la France et leurs échanges uniques dans l’histoire, face à un monde aujourd’hui complexe, la visite fructueuse de M. Macron est porteuse de sens : dans la nouvelle ère, les relations bilatérales s’appuieront sur le bilan passé et donneront plus de place à l’ouverture de nouvelles perspectives, surtout en ce qui concerne l’approfondissement et l’élargissement du partenariat global stratégique.

 

M. Macron rencontre des entrepreneurs chinois dont Jack Ma, le 9 janvier, à Beijing.

 

La diplomatie des Routes de la Soie

 

La première étape du voyage de Macron en Chine a été la vieille ville culturelle de Xi’an. Il a non seulement loué le rôle joué par l’ancienne Route de la Soie, mais également soutenu l’initiative des nouvelles Routes de la Soie et souligné leur ouverture et leur appartenance au monde, en déclarant que « les routes de la soie n’ont jamais été purement chinoises... Ces routes sont toujours en partage. Si ce sont des routes, elles ne peuvent être univoques ». Le président Xi Jinping, le premier ministre Li Keqiang et le président du Comité permanent de l’APN, Zhang Dejiang, ont rencontré l’un après l’autre Emmanuel Macron, ce qui montre l’importance que la Chine attache à la visite du président français et reflète l’appréciation positive du développement stable des relations sino-françaises.

 

La France, berceau du système des valeurs modernes de l’Occident, a un statut singulier et influent dans le monde entier, et est fière depuis toujours de « son indépendance glorieuse ». C’est le premier pays occidental qui ait établi des relations diplomatiques avec la Chine, ce qui a permis de modifier l’échiquier des grandes puissances à l’époque de la guerre froide, reflétant la grande prévoyance des dirigeants français de l’ancienne génération. Malgré des contextes et systèmes politiques différents, et des divergences politiques qui existent depuis toujours, les deux pays ont toujours tenu compte de l’intérêt général pour sauvegarder les relations bilatérales et l’essentiel de la coopération multilatérale, d’où le développement d’une relation unique entre ces deux grands pays de l’Orient et de l’Occident. En 1997, la France a été le premier pays occidental à établir un partenariat global avec la Chine, et en 2004, un partenariat global stratégique, ce qui démontre une fois de plus sa ferme volonté de conduire une diplomatie indépendante et sa vision singulière du monde et de la Chine.

 

Depuis l’établissement des relations diplomatiques, les deux pays ont maintenu une large coopération dans les affaires internationales, et leur consensus atteint dans les mécanismes multilatéraux et la coopération multilatérale a dépassé celui observé entre la Chine et d’autres pays occidentaux. Les deux parties sont attachées au rôle de l’ONU dans la gouvernance mondiale et s’opposent à l’hégémonie, aux actes unilatéraux et au militarisme. Elles préconisent le règlement des différends régionaux par la voie des négociations pacifiques et soutiennent la mondialisation de l’économie et du commerce. Les deux pays travaillent encore ensemble pour lutter contre le changement climatique et maintenir le système de non-prolifération nucléaire, tout en appelant au respect mutuel et aux échanges d’égal à égal entre les différentes cultures et civilisations.

 

La France est aussi une promotrice et une participante active dans la coopération économique et commerciale de l’Occident avec la Chine, et les deux parties ont eu une coopération fructueuse dans un large éventail de domaines. Actuellement, la France est le quatrième partenaire d’investissements de la Chine au sein de l’UE, la quatrième source d’investissements effectifs, la troisième destination d’investissements et le quatrième pays pour l’assimilation des technologies par la Chine, tandis que la Chine est le premier partenaire commercial de la France en Asie, et le cinquième à l’échelle mondiale. La France est encore un important partenaire occidental et un précurseur pour la modernisation de la Chine. Les capitaux, les entreprises, les techniques et les équipes de gestion venant de France sont très tôt arrivés en Chine, et la France a investi dans plus de 5 000 projets en Chine, portant sur l’énergie, l’automobile, l’aéronautique, la communication, l’industrie chimique, l’eau et la santé. La France, premier pays occidental à avoir exporté des technologies nucléaires civiles en Chine, a eu le mérite de contribuer à la construction des centrales nucléaires chinoises. La France et la Chine, ayant commencé à coopérer pour ouvrir des marchés tiers, ont donné un modèle de coopération exemplaire en matière d’énergie nucléaire. Leur coopération dans le domaine de l’aviation a également commencé plus tôt et a eu des résultats significatifs, et les parties en ont toutes deux bénéficié.

 

Bien sûr, il existe un certain écart entre la coopération économique et commerciale et les échanges politiques et humains, qui se traduit dans le volume modeste du commerce, le déséquilibre des relations commerciales et un degré d’ouverture du marché moins élevé. Selon certaines statistiques, le volume du commerce entre la Chine et la France en 2016 était de 46,93 milliards de dollars, un chiffre de près de 30 milliards de dollars de moins que celui entre la Chine et la Grande-Bretagne, et environ 1/4 de celui entre la Chine et l’Allemagne. Bien que les investissements chinois en France soient trois fois supérieurs à ceux français en Chine, ils laissent à désirer en comparaison avec des investissements de la Chine dans d’autres grands pays de l’UE.

 

 

Partenaires idéaux

 

M. Macron lui-même voit la Chine d’un bon œil, et regarde avec un esprit serein le développement des relations sino-françaises et sino-européennes. La presse n’a pas hésité à le surnommer le « de Gaulle de la nouvelle ère ». Dans son autobiographie Révolution, il a appelé à changer d’avis sur la Chine, à abandonner les préjugés et à s’adapter à la nouvelle réalité de la Chine, arguant que la Chine n’est pas une menace, mais une chance.

 

En six mois, il a conduit la France à un changement qui augure la fin de la récession économique et de la crise morale, et a préparé le « retour de la France ». Lors de sa visite, il a également indiqué à la Chine que la France était de retour et profiterait de l’émergence pacifique de la Chine pour porter les relations bilatérales à de nouveaux paliers à travers la concurrence et la coopération. En fait, en dépit de la concurrence entre les deux pays, l’espace de coopération dans divers domaines reste plus important.

 

Sur le plan politique, les États-Unis, sous l’administration de Donald Trump, pratiquent l’isolationnisme et le conservatisme avec la sortie des « cercles amis », soulignent partout leurs propres intérêts et fuient leur responsabilité de grande puissance. La Chine et la France, en tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ont toutes deux fait preuve de volonté et de courage pour assumer leurs responsabilités dans la lutte contre le changement climatique, la vague terroriste et la crise de la prolifération nucléaire, ainsi que dans les opérations de maintien de la paix, le maintien du processus d’intégration de l’économie et du commerce internationaux, et la promotion de la reprise économique mondiale. Dans le domaine de l’efficience énergétique, de la réduction des émissions polluantes et de la lutte contre le changement climatique, la Chine et la France sont d’ailleurs considérées comme les moteurs du monde.

 

Sur le plan de l’UE, la Chine encourage et appuie avec constance le processus d’intégration européenne, s’attache au développement des relations bilatérales avec l’UE et ses membres, tout en consolidant et en améliorant les relations et la coopération avec la France, ce qui contribue non seulement à l’élargissement de l’influence politique de la France et à la consolidation des relations sino-européennes, mais donne aussi une solidarité orientale bénéficiant à la cohésion et à l’unité de l’UE.

 

Sur le plan économique et commercial, avec la reprise progressive de l’économie française, l’espace de coopération sino-française s’élargit davantage. Actuellement, les investissements chinois en France se limitent aux domaines de l’énergie, de l’automobile, de l’industrie chimique, de l’industrie légère et de l’alimentation. Avec une ouverture plus grande du marché français, plus de capitaux et d’entreprises chinoises s’implanteront en France, ce qui influencera positivement la tendance de l’économie française. La France est la principale promotrice du mécanisme d’examen des investissements chinois dans l’UE, et une importante force conservatrice concernant l’exportation des hautes technologies et du matériel militaire vers la Chine. Si la France décide d’engager des actions concrètes pour déplacer la pierre d’achoppement qu’elle a elle-même posée, la Chine pourra importer plus de produits français et augmenter ses investissements en France, ce qui favorisera une augmentation du volume du commerce et du nombre de domaines d’investissement et mettra fin au déséquilibre commercial.

 

L’initiative des nouvelles Routes de la Soie offrira de belles opportunités à la coopération sino-française. En répondant activement à l’appel de l’AIIB initiée par la Chine, la France est devenue l’un des premiers membres fondateurs de l’institution et a mené avec la Chine un projet de construction de centrale nucléaire en Grande-Bretagne. Voilà des actions concrètes visant à soutenir « la Ceinture et la Route ».

 

Selon un expert français, la Chine considère l’Allemagne comme son partenaire économique privilégié en Europe et considère la France comme son partenaire privilégié pour la défense et les affaires étrangères. Cette évaluation décrit bien les caractéristiques du déséquilibre des relations sino-françaises. Il est nécessaire pour les deux pays de consolider ce qui a été construit, de maintenir une coopération stable dans les affaires étrangères, mais aussi de combler les failles et d’élever le niveau de développement dans les domaines du commerce et de l’investissement. Dans une large mesure, la « balle » est dans le camp de la France, entre les mains de M. Macron.

 

Emmanuel Macron a démarré en trombe. S’il pouvait maintenir le dynamisme politique dont il fait preuve, porter les relations sino-françaises vers de nouveaux horizons pour ainsi apporter d’énormes bénéfices à toutes les parties, il gagnerait alors sa place sur la liste des grands hommes politiques contemporains français.

 

*MAO XIAOLIN : professeur à l’Université des langues étrangères de Beijing (Son article original a été publié dans China Times le 11 janvier.)

 

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