Les années 50 : Les
événements importants sous le regard des spécialistes
AU moment de la fondation de la revue, on
trouvait des personnalités de milieux sociaux différents,
dont Soong Ching Ling (Mme Sun Yat-sen), la fondatrice, Ching
Chung-hwa, (Jin Zhonghua) un militant social, qui occupait
le poste de chef du bureau de la rédaction, et Chen
Hansheng, fondateur en Chine de la discipline de recherche
sur l'histoire mondiale et la politique internationale, qui
occupait celui de vice-directeur du comité de rédaction.
Les rédacteurs étaient, pour la plupart, de
célèbres spécialistes.
Propager la paix
Soong Ching Ling, la fondatrice, en sa qualité
de membre du bureau de l'exécutif de la Commission
de défense de la paix mondiale et de présidente
du comité de liaison pour la paix de la région
Asie-Pacifique, travaillait corps et âme pour la cause
de la paix dans le monde. Elle a effectué maintes démarches
et a écrit un article publié dans notre revue
pour appeler à défendre la paix mondiale. En
voici quelques lignes :
"La Conférence pour la paix
de la région Asie-Pacifique a connu un franc succès.
La bonne volonté des peuples a été la
pierre d'assise de ce succès. La détermination
à négocier a servi de mortier pour cimenter
ce rassemblement si large et divers. De ces matériaux,
on a édifié une communauté de vues orientée
vers la paix, un précédent dans la région
et un événement d'une grande portée pour
le monde dans son ensemble.
Les liens solides d'amitié qui se sont soudés
à Pékin ont introduit une nouvelle force dans
la bataille pour la paix. La conférence a tissé
une solidarité entre les peuples qui, depuis longtemps,
avaient été séparés par la distance
et les événements historiques. À Pékin,
les Latinos-Américains se sont assis avec les Indiens,
les Canadiens avec les Birmans, les Américains avec
les Coréens, les Chinois avec les Moyens-Orientaux,
les Japonais avec les Mongols, les Pakistanais avec les Néo-Zélandais.(...)
Cette contribution importante pour la paix
fournie par la région Asie-Pacifique a donné
espoir à tous les peuples. Elle a renforcé leur
détermination à affronter résolument
toutes les menaces qui se posent à l'humanité.
Elle a aiguisé la conscience, déjà croissante
dans beaucoup de pays, que le danger de la guerre a augmenté
ces derniers mois mais que le peuple a la possibilité
et les ressources de changer le cours des événements.
Elle a accru l'importance des centaines de millions de signatures,
déjà jointes aux demandes d'interdiction de
toutes les armes de destruction massive, de mise en place
d'un pacte entre les Cinq Puissances, de contrôle et
de réduction des armements et d'arrêt de la remilitarisation
du Japon et de l'Allemagne de l'Ouest, de même qu'à
celle de cesser immédiatement toutes les guerres actuelles.
Par-dessus tout, elle a posé les assises et l'esprit
pour l'un des plus grands événements de cette
époque, la Conférence des peuples pour la paix
de Vienne.(...)
Ces choses représentent la volonté
de toute personne de bonne volonté, quelles que soient
ses vues ou sa foi. C'est la volonté qui doit être
exprimée de toutes les façons possibles et qui
doit paver la voie qui mène à Vienne et à
la Conférence des peuples pour la paix. Les peuples
doivent garantir que le travail pour la paix fera un bond,
tant dans son esprit que dans son essence, de Pékin
à Vienne, de Vienne à la prochaine victoire.
Les peuples peuvent et doivent sauver la paix!"
-Traduction d'extraits de To Vienna for
Peace écrit par Soong Ching Ling et publié
dans l'édition anglaise du numéro de juin 1952.
Défendre la démocratie
En 1953, l'élection au suffrage universel
s'est répandu dans tout le pays. C'était un
grand événement pour la Chine nouvelle, et il
illustrait que les quelques centaines de millions de Chinois
commençaient alors à participer à la
gestion des affaires de l'État et à travailler
à l'édification d'une belle patrie. L'article
écrit par Jin Zhonghua, premier chef du bureau de la
rédaction, présente cet événement
et nous le rend familier.
"(...) Au cours des élections, des centaines de
millions de personnes ont déjà commencé
à se rendre aux urnes. Elles vont choisir leurs propres
représentants pour plus de 280 000 assemblées
populaires de la base, principalement dans les " hsiang
" où il y a un député pour chaque
centaine ou deux centaines d'habitants. Au cours des tours
suivants, les députés seront élus pour
les assemblées populaires des 2 037" hsien
" (districts), des 30 provinces, des 153 villes principales,
des différentes régions autonomes nationales,
et finalement, pour l'Assemblée populaire nationale.
Les assemblées populaires éliront à leur
tour le gouvernement populaire des échelons correspondants.
L'Assemblée populaire nationale adoptera une Constitution
nationale, approuvera les grandes lignes du Ier Plan quinquennal
et élira un nouveau gouvernement populaire central.
À l'achèvement du processus, les organes du
pouvoir d'État en Chine deviendront entièrement
électifs. Le dicton populaire a gagné droit
de citer après la Libération : " Nous,
le peuple, sommes debout et sommes les maîtres chez
nous." Cette élection constituera le plus grand
essor de la démocratie à s'être jamais
produit dans l'histoire de l'humanité, en ce qui concerne
le nombre de personnes touchées.(...)"
-Traduction d'un extrait de World's Biggest
Elections écrit par Jin Zhonghua et publié
dans l'édition anglaise d'avril 1953.
Le Ier
Plan quinquennal
Au
début de la fondation de la Chine nouvelle, le peuple
chinois a commencé à planifier l'édification
afin de se débarrasser résolument de la pauvreté
léguée par l'ancienne Chine. Par conséquent,
le Ier Plan quinquennal, qui a débuté en 1953,
avait une grande portée historique. Il jetait les bases
de l'industrie et de la défense nationale de la Chine
nouvelle et posait les fondations des cinq premières
années de l'édification socialiste de la Chine.
"En vertu du Ier Plan quinquennal de
la Chine, le travail a commencé en 1953 sur une base
annuelle. Le Plan complet a été approuvé
par l'Assemblée populaire nationale en juillet 1955.
Son but est d'effectuer le travail préliminaire de
base vers le socialisme, tant dans l'industrie que dans l'agriculture.
Le centre d'intérêt est l'industrie lourde qui
détermine le progrès dans tous les autres domaines.
L'on peut facilement le constater si on examine ses liens
avec les autre domaines, notamment l'agriculture, au sein
de laquelle uvre la vaste majorité des Chinois.
Le très faible nombre des fermes d'État mécanisées
à l'heure actuelle a déjà créé
une forte impression sur les paysans, il les a incités
à souhaiter avec impatience une vie meilleure et plus
facile. Après avoir vu un tracteur Staline-80 à
la ferme d'État Lutai, près de Tianjin, un paysan
de 85 ans a dit : " Vingt bufs qui labourent pendant
une journée ne peuvent en faire autant que ce buf
de fer en un seul mouvement. " Les tracteurs et la machinerie
agricole sont des produits de l'industrie lourde. En ce moment,
la Chine produit moins d'acier que la Russie européenne
de 1913. Notre production représente moins de 8 livres
d'acier par habitant. Ce n'est qu'à la condition de
produire à grande échelle la machinerie nécessaire
que nous pourrons avoir une agriculture collective moderne
et prospère.
Dans plusieurs contrées, quand l'agriculture a été
ruinée par la guerre, la peste et le dépeuplement,
elle a péri par manque de moyens techniques de grande
envergure pour la remettre en place. Ce fut la cause de la
chute d'anciennes civilisations : les Babyloniens en Irak,
les Incas au Pérou, les Mayas et les Aztèques
au Mexique et les Ouïgours dans notre province du Xinjiang.
Le développement de l'industrie lourde et de l'ingénierie
moderne, sans compter le socialisme, rendent possible la culture
sur de vastes aires de terres incultes. Ceci a été
démontré en Union soviétique, et cela
veut dire beaucoup pour nous car nous avons de vastes étendues
de terres incultes. (...)
Tel que nous l'avons mentionné, l'accent
est placé sur l'industrie lourde et on y a réalisé
des augmentations remarquables de production au cours des
deux premières années du Plan. De 1952 à
1954, la production de porcs a augmenté de 56 %, celle
d'acier, de 65 %, d'énergie électrique, de 51
%, de charbon, de 26 %, de pétrole brut, de 84 %, de
ciment, de 61 % et de machinerie, de 100 %. La Chine produit
déjà 2 000 pièces de machinerie qu'elle
n'avait jamais manufacturées auparavant. Différentes
sortes de machineries lourdes, des tours de précision,
des avions, des camions et des tracteurs de fabrication chinoise
sortiront des chaînes d'assemblage avant la fin de 1957.
À ce moment-là, la production totale de l'industrie
lourde sera deux fois et demie supérieure à
celle de 1952.(...)"
-Traduction d'extraits de The First 5-Year Plan : What
it means écrit par Chen Hansheng et publié
dans l'édition anglaise du numéro d'octobre
1955.
La réforme agraire
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Photo sur la réforme agraire publiée
dans le numéro de mars 1952, sur la plaque de la
borne du terrain, on peut lire la quantité de terre
reçue par la famille : 0,73 hectare. |
La terre est vitale pour les paysans chinois.
Les époques féodales ont privé de la
possession de la terre les paysans qui représentent
la majorité absolue de la population chinoise. Pour
libérer ces paysans, il fallait leur faire posséder
la terre. Après la Libération, dans les premières
années, le gouvernement populaire a considéré
la réforme agraire menée dans la vaste campagne
chinoise comme sa tâche la plus importante, et il a
permis aux paysans émancipés de posséder
la terre le plus tôt possible.
Le 30 juin 1950, a été promulguée la
Loi sur la réforme agraire de la République
populaire de Chine, qui énonçait la décision
de supprimer le système d'exploitation des propriétaires
fonciers et mettait en uvre le système de propriété
de la terre pour les paysans, en vue de libérer la
main-d'uvre et de développer la production agricole
pour frayer la voie de l'industrialisation de la Chine nouvelle.
Notre revue a publié une série de reportages
sur le sujet. Sur la couverture du premier numéro,
on pouvait voir des paysans émancipés fort enthousiastes,
portant sur leurs épaules les instruments aratoires
nouvellement distribués.
"(...) Avant la réforme agraire,
les seigneurs terriens, qui représentaient seulement
5 % de la population rurale et qui vivaient comme des parasites
aux dépens des paysans, possédaient entre 50
et 60 % des terres agricoles du pays. Cette situation injuste
et oppressive, qui a été le facteur intérieur
principal ayant freiné le progrès de la Chine,
est maintenant disparue. Maintenant, la démocratie
est devenue une réalité pour la grande majorité
des Chinois, jadis opprimés. (...)
En juin 1950, huit mois après sa
fondation, le gouvernement populaire central a promulgué
la nouvelle " Loi sur la réforme agraire ".
En août, il a adopté les "Décisions
sur la différenciation de statut des classes à
la campagne". Ces promulgations ont depuis lors régi
la campagne nationale visant à abolir le système
féodal d'exploitation. (...)
La réforme elle-même comporte
quatre étapes.
Premièrement, une étude approfondie des conditions
dans un " hsiang " (une unité administrative
comprenant plusieurs villages) et un village typique à
l'intérieur de celle-ci.(...) La deuxième étape
est de bien établir le statut de classe des villageois.(...)
La troisième, de confisquer les avoirs des seigneurs
terriens et de les redistribuer. (...)La quatrième
et dernière étape est la confiscation, après
inspection, des anciens titres et des reconnaissances de dettes
qui sont ensuite brûlés en public. De nouveaux
titres sont ensuite délivrés aux paysans afin
de légaliser leurs avoirs fraîchement reçus.
(...)
En 1951, la réforme agraire a été menée
dans des territoires et a touché 130 millions de ruraux.
Si on ajoute ces territoires aux autres régions précédemment
libérées qui représentent une population
rurale de 190 millions de personnes, ceci équivaut
à une population de 320 millions de personnes, soit
80 % des personnes qui vivent dans les campagnes chinoises.
En 1952, ce processus sera achevé partout en Chine,
sauf à Taiwan (Formose) et dans certaines régions
peuplées d'ethnies minoritaires. On laisse ces ethnies
prendre elles-mêmes les décisions en la matière.
(...)
Immédiatement après la réforme agraire,
les paysans ont commencé à mieux travailler
et à produire davantage. Sous la direction d'un gouvernement
qui déploie toutes les aides possibles à l'agriculture,
les paysans enregistrent des niveaux de production plus élevés
grâce à l'utilisation de nouveaux instruments
aratoires, d'une plus grande quantité de fertilisants
et de meilleures techniques. Ceci fait augmenter le pouvoir
d'achat des ruraux, et cette croissance assure une fondation
solide à l'industrialisation de la Chine. (...)
La portée de la réforme agraire n'est en rien
restreinte qu'au seul domaine économique. C'est seulement
parce que les Chinois ont été capables de détruire
le pouvoir politique du féodalisme et d' expulser les
impérialistes étrangers qui le soutenaient qu'ils
sont maintenant en mesure de détruire la société
féodale. Vu que le féodalisme et l'impérialisme
sont des terreaux propices au retard, à la pauvreté
et à la guerre, notre réforme agraire représente
une victoire de grande envergure pour l'avancement politique,
économique et culturel, de même que pour la paix
mondiale.(...)"
-Traduction d'extraits de Land Reform
Uproots Feudalism écrit par Chen Han-sheng et publié
dans l'édition anglaise du numéro de mai-juin
1952.
Une fleur de l'art traditionnel s'épanouit
Présenter les arts, la culture, la
musique, le théâtre et les films a toujours été
la mission de notre revue, pour qu'ils poursuivent la bonne
tradition de la nation chinoise, se développent et
connaissent une renaissance dans la société
nouvelle. À cette époque, beaucoup de personnalités
des milieux de la culture et des sciences et techniques comme
Lao She, Mei Lanfang, Liang Secheng, Hu Yuzi, Liu Danian,
Bai Shouyi, Zhou Gecheng, Wu Yuzhang, Zhen Zhengdou, Wu Zhouren,
Xiao Kezhen, Hua Lugeng, Li Shiguang et autres nous ont fourni
leurs uvres. Le grand maître de l'opéra
de Pékin a écrit plusieurs articles sur le théâtre
traditionnel pour notre revue.Voici quelques lignes de sa
plume :
"Le théâtre classique
chinois possède une longue histoire. Il incarne, sous
une forme dramatique, de nombreuses caractéristiques
de l'héritage culturel, riche et ancien, de la Chine.
Sa technique s'est perfectionnée au cours de nombreux
siècles. C'est un art dont les origines sont populaires
et qui est encore apprécié par le peuple de
notre pays.
Vu les caractéristiques du théâtre classique,
le ministère des Affaires culturelles du gouvernement
populaire central aide ceux qui y travaillent à accomplir
la tâche ardue de mettre cet art de l'ancienne société
au service du peuple de la nouvelle société.
D'une part, ceci signifie d'édifier le contenu patriotique,
progressiste et démocratique que notre répertoire
tire de ses racines populaires; d'autre part, cela signifie
aussi d'enlever la couche arriérée et réactionnaire
qu'il a acquise dans la Chine féodale, puis par la
suite dans la Chine semi-féodale. (...)
Parmi les pièces nouvellement écrites, "
Trois attaques sur le village de Chu " est la
pièce qui a connu le plus grand succès, quoiqu'elle
ne soit pas exempte de ratées. Elle décrit une
épisode du soulèvement paysan durant la grande
dynastie des Song, relaté dans le fameux roman traduit
en anglais sous le titre " All Men are Brothers
". Sur la scène, nous assistons non seulement
aux batailles successives et aux astuces tactiques auxquelles
ont recours les deux parties, mais également nous sommes
les témoins du contraste net entre la bonne et la mauvaise
stratégie et des résultats de celles-ci.
Le peuple chinois apprécie le théâtre
depuis toujours, et les spectateurs ont toujours été
très exigeants par rapport aux performances. Toutefois,
ceux qui portent une admiration sans borne pour les acteurs
ont l'habitude de les juger principalement sur leurs habiletés
techniques. Les spectateurs de la classe élitiste qui
seuls avaient accès aux théâtres, où
ne jouaient que les meilleurs artistes, considèrent
à peine ces derniers comme des êtres humains.
Il faudrait des volumes et des volumes pour décrire
la discrimination, l'oppression et les insultes à la
dignité humaine endurées par les hommes et les
femmes de notre profession, et ce, à cause du statut
social des artistes dans l'ancienne société.
(...)"
-Traduction d'extraits de Old Art With
A New Future écrit par Mei Lan-fang et publié
dans l'édition anglaise du numéro de septembre-octobre
1952.
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