Reportage spécial

 

ZHANG XUEYING

 Passage en revue des modifications que va apporter le nouveau Plan quinquennal chinois. La vie de la nation, depuis les politiques de haut niveau jusqu'au quotidien de chaque citoyen, en sera transformée.

 Stephen S. Roach, président de Morgan Stanley Asia et professeur à la Yale University, a déclaré en plaisantant que le XIIe Plan quinquennal de la Chine était susceptible de susciter la plus grande histoire de consommation des temps modernes. Il a souligné le fait que ce XIIe Plan quinquennal met l’accent sur trois mesures importantes d’incitation à la consommation. Celles-ci vont stimuler la consommation des ménages, dont la part actuelle dans la valeur du PIB chinois est d'environ 36 %, pour lui faire atteindre une fourchette de 42 à 45 % en 2015. C'est aussi un énorme coup de pouce aux principaux partenaires commerciaux de la Chine, et pas seulement à ceux d'Asie de l’Est, mais aussi aux économies européennes et américaines dont la croissance stagne.

 La toile de fond de cette situation est formée par la résistance qu’a affichée la Chine à la crise financière mondiale de 2008. Ce krach avait pourtant fait plonger l'économie de la Chine, puisque l’Indice des directeurs des achats (IDA) du secteur manufacturier chinois a enregistré un record à la baisse, avec 38,8 % en novembre 2008. L'IDA reflète l'ensemble de l'économie d'un pays. Une valeur inférieure à 50 % est une sonnette d'alarme indiquant un ralentissement de l’économie.

 En point de mire : le peuple et la technologie

 Le gouvernement chinois a immédiatement réagi en adoptant un plan de relance estimé à 4 billions de yuans, ainsi qu’une série de politiques monétaires souples. Le contenu principal en est : premièrement, une stimulation de la demande intérieure; deuxièmement, la mise en œuvre d'un programme de rajeunissement industriel; troisièmement, un encouragement au progrès et aux innovations scientifiques et techniques; et quatrièmement, une meilleure protection sociale.

 Le vice-premier ministre chinois Li Keqiang a souligné dans un article écrit en 2010 : « Par le passé, le travail du gouvernement était principalement axé sur le développement industriel et la construction d'infrastructures, mais l'économie chinoise est maintenant entrée dans une nouvelle phase; l’investissement du gouvernement doit donc être consacré à l'emploi, la sécurité sociale, l'éducation, la santé, le renforcement des infrastructures dans les zones rurales et la recherche en science et technologie. »

« Depuis l’année dernière, la Chine a progressivement connu un redressement économique : le développement stable et rapide de 2009 a entraîné une croissance équilibrée au second semestre de 2010 », a déclaré M. Zheng Xinli lors des sessions 2011 de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) et l’Assemblée populaire nationale (APN) qui se sont tenues en mars. M. Zheng est membre de la CCPPC et vice-président de direction du Centre de Chine pour les échanges économiques internationaux  (CCEEI). Il a également fait une prédiction optimiste en estimant que « l'économie chinoise maintiendra le taux de croissance de l’année dernière en 2011 ».

En 2010, alors que l'économie mondiale n'a progressé que de 4,5 %, le PIB de la Chine a atteint 10,3 % (11,9 % au premier trimestre et 10,3 % au second). Dans la seconde moitié de 2010, le gouvernement chinois a préféré être prudent et raffermir sa politique monétaire alors souple en augmentant le montant des réserves obligatoires des banques et en haussant les taux d'intérêt. En réponse, le taux de croissance du PIB a ralenti, mais a quand même atteint 9,6 % et 9,8 % pendant les troisième et quatrième trimestres.

D'autres chiffres montrent également la solide reprise de l'économie chinoise : l'absorption réelle des investissements étrangers a augmenté de 17,4 %; le nombre de nouvelles entreprises à capitaux étrangers approuvées en Chine a été de 27 406 en 2010, une hausse de 16,9 % par rapport à l'année précédente. « Les investissements privés augmentent encore plus rapidement que ceux du gouvernement, ce qui signifie qu’une croissance économique endogène a été formée », a expliqué M. Zheng.

 Un modèle consommation-export-investissement

 En fait, en raison de la crise financière, le mode de croissance économique de la Chine a changé. D'un modèle centré sur les exportations et les investissements dans la construction d'infrastructures, il est maintenant basé sur une structure consommation-export-investissement. Les politiques visant à stimuler la demande intérieure comprennent l'augmentation des salaires, la réduction des charges fiscales des entreprises et des individus, l'incitation de la population rurale à acheter des appareils électroniques et des automobiles. Parallèlement, le gouvernement accorde plus de soutien financier à l'agriculture et aux paysans.

Des politiques similaires ont produit des résultats rapides. Dans l'industrie automobile, les initiatives de la politique gouvernementale comme les incitations fiscales et les subventions ont fortement stimulé la demande. Selon les statistiques publiées par l'Association des constructeurs automobiles de Chine, la Chine a vendu plus de 13,6 millions de véhicules en 2009, dépassant les États-Unis pour devenir le plus grand marché automobile dans le monde.

 Selon les statistiques récemment publiées par l'Administration générale des douanes, le total du commerce de la Chine en 2010 représentait près de 3 billions $US, une augmentation de 34,7 % sur un an. Les importations ont bondi de 38,7 %, et l'excédent commercial du pays a diminué de 6,4 % pour se situer à 183,1 milliards $US. M. Wang Han, économiste au cabinet-conseil CEBM à Shanghai, a déclaré à Reuters : « L'économie chinoise a changé par l'augmentation de la demande intérieure. Les importations sont beaucoup plus importantes que prévu, ce qui indique que ce sont principalement l'investissement intérieur et la demande intérieure qui font grimper la consommation. » 

L'évolution du modèle de croissance économique de la Chine bénéficie également aux fabricants du monde entier. Le JoongAng Daily, un quotidien de la Corée du Sud, a rapporté que de plus en plus de fabricants coréens de produits de consommation tels que les appareils ménagers et les voitures suivent le sillage de l'ascension économique de la Chine. Les fabricants de téléviseurs à cristaux liquides font partie des plus chanceux. En effet, les statistiques montrent qu'au premier trimestre 2009, quelque 4,96 millions de ces postes fabriqués en Corée du Sud ont été vendus en Chine, plus du double de la quantité vendue au cours de la même période de l'année précédente. Les investisseurs étrangers voient un grand potentiel dans le marché intérieur chinois. 

 Nouvelles perspectives pour la période 2010-2015  

Le XIIe Plan quinquennal (2010-2015) comprend plus de mesures visant à stimuler la demande intérieure. De 2010 à 2015, les investissements et la construction dans les industries liées aux énergies renouvelables et à la protection de l'environnement vont rester sur la bonne voie. La Chine va investir plus de 800 milliards de yuans dans les ouvrages hydroélectriques, et environ 1,06 billion de yuans dans la construction de métros dans les zones urbaines. Dans les régions centrale et occidentale du pays, les investissements augmenteront dans la modernisation industrielle, la construction d'usines, la fabrication de matériel et la construction de parcs technologiques. La Chine va augmenter le financement dans les projets de logements à loyers modérés et accélérer la rénovation des bâtiments anciens et dangereux. Le gouvernement a fixé l'objectif de faire construire 10 millions d'appartements subventionnés par l'État, 72,4 % de plus que l'an dernier. En outre, la construction d’ouvrages agro-hydrauliques est désormais une préoccupation majeure. Le gouvernement central prévoit un budget de 988,55 milliards de yuans pour régler les questions liées à l'agriculture, aux zones rurales et aux paysans, ce qui représente une hausse de 15,2 % par rapport à l'an dernier.

 Stimuler la consommation intérieure est toujours au cœur de ce plan quinquennal. Pendant longtemps, la proportion de la consommation intérieure dans le PIB était basse parce que les Chinois supportaient un fardeau relativement lourd pour leurs dépenses d'éducation, de santé et leur retraite. Cependant, de 2011 à 2015, le gouvernement central consacrera 441,434 milliards de yuans à la sécurité sociale et à l'emploi, 16,6 % de plus par rapport à la période 2005-2010. Il consacrera 129,266 milliards de yuans à la construction de logements subventionnés, une augmentation de 14,8 %. Enfin, 172,758 milliards de yuans seront réservés aux soins de santé et 296,357 milliards de yuans à l'éducation, deux budgets en hausse de 16,3 %.

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Rédaction : 24, rue Baiwanzhuang, Beijing 100037, Chine
Éditeur : Éditions La Chine au présent
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