Secourir,
                                une course contre la montre 
                                
                                  
                                ETHEL LU 
                                
                                   
                                      | 
                                   
                                   
                                    |  Le 14 mai, profitant 
                                      du beau temps, des secouristes sont parachutés 
                                      dans le district de Maoxian.---------------- 
                                      CFP | 
                                   
                                 
                                Le 12 mai à 14 h 28, heure du séisme, 
                                  une course contre la mort à commencé 
                                  pour les différentes équipes mobilisées 
                                  sur le terrain. La priorité était 
                                  de sauver les vies humaines enfouies sous les 
                                  gravats. Chacun, à sa manière, 
                                  essayait de se rendre utile. Les actes de solidarité 
                                  se sont multipliés. 
                                  
                                  
                                  
                                «JE ne peux pas parler avec eux, ils 
                                  courent tout le temps pour secourir durgence 
                                  les personnes », raconte un journaliste 
                                  du Quotidien du peuple, évoquant sa rencontre 
                                  avec les parachutistes. 
                                  
                                La vie, 
                                  une question de temps 
                                  
                                Situé dans le nord-ouest du Sichuan, 
                                  le district de Wenchuan est une plaine cernée 
                                  par les montagnes et bordée par un cours 
                                  deau. Après le tremblement de terre, 
                                  Wenchuan, épicentre du séisme, 
                                  est devenu une île isolée du monde 
                                  extérieur. Aucun signal de télécommunications, 
                                  toutes les routes sont détruites, le 
                                  seul espoir des habitants est larrivée 
                                  des parachutistes. 
                                Mais ce jour-là, il pleut à verse. 
                                  Au bout de plusieurs tentatives, les parachutistes 
                                  sont obligés de revenir et de descendre 
                                  à Chengdu, chef-lieu du Sichuan, à 
                                  plus de 100 km de Wenchuan. 
                                
                                   
                                      | 
                                      | 
                                   
                                   
                                    | Le 14 mai, 
                                      50 heures après le séisme, 
                                      une femme enceinte a été sauvée 
                                      à Dujiangyan. --------------------------------------CFP | 
                                    Le 14 mai, 
                                      dans un aéroport militaire à 
                                      Chengdu, des soldats transportent des blessés.------------------- 
                                       Xinhua | 
                                   
                                 
                                Moins de 2 heures après le séisme, 
                                  le premier ministre Wen Jiabao se rend dans 
                                  les zones sinistrées. « Actuellement, 
                                  la tâche urgente est de secourir les gens. 
                                  Une seconde de gagnée, cest une 
                                  vie humaine sauvée », souligne 
                                  le premier ministre. Par conséquent, 
                                  il demande de rétablir coûte que 
                                  coûte les routes menant à Wenchuan 
                                  avant le 13 mai à minuit. Mais sa demande 
                                  na pas été exécutée 
                                  à temps, en raison des glissements de 
                                  terrain et des coulées de boue. Au même 
                                  moment, les 200 officiers et soldats de larmée 
                                  de terre, partis du district de Lixian, parcourent 
                                  à marche forcée 90 km pendant 
                                  21 heures et arrivent dans le district de Wenchuan 
                                  à 23 h 15 le 13 mai. Des renforts les 
                                  rejoignent le lendemain. 
                                
                                   
                                      | 
                                      | 
                                   
                                   
                                    | Le 13 mai, 
                                      des soldats de lArmée populaire 
                                      de libération et des membres de la 
                                      Police armée populaire de Chine sont 
                                      arrivés dans le district de Beichuan, 
                                      complètement détruit par le 
                                      séisme. Malheureusement, le mauvais 
                                      temps et le manque doutils professionnels 
                                      de secours ont rendu les opérations 
                                      de secours extrêmement difficiles. 
                                      -----------CFP | 
                                    Le 14 mai, 
                                      dans le bourg de Yingxiu du district de 
                                      Wenchuan, lArmée populaire 
                                      de libération aide les sinistrés 
                                      à prendre une vedette rapide pour 
                                      un lieu sûr.  
                                      -------------------------------------------------------------------Xinhua | 
                                   
                                 
                                Pour les cantons et bourgs relativement dispersés 
                                  dans les environs, le parachutage des troupes 
                                  constitue encore le meilleur moyen. Le 14 mai 
                                  à 15 h, ignorant les conditions météorologiques 
                                  et sans guidage au sol, une équipe composée 
                                  de 15 parachutistes a réussi, en bravant 
                                  les dangers, à descendre dans le district 
                                  de Maoxian de la région dAba. 
                                
                                   
                                      | 
                                   
                                   
                                    | À 14 h 26, le 
                                      15 mai, après 72 heures sous les 
                                      décombres, Dai Junyong a été 
                                      dégagé par des pompiers secouristes 
                                      de Luoyang (Henan).----------------------- 
                                      CFP | 
                                   
                                 
                                En trois jours, près de vingt corps 
                                  darmée, totalisant plus de 100 
                                  000 soldats de lArmée populaire 
                                  de libération (APL), de la Police armée 
                                  populaire (PAP) de Chine, de milices et de larmée 
                                  de réserve, venus des sept grandes régions 
                                  militaires du pays, partent porter secours dans 
                                  les régions sinistrées du Sichuan. 
                                Par téléphone, un journaliste 
                                  du Sichuan raconte à son ami résidant 
                                  à Beijing ce quil a vu à 
                                  Mianzhu, un autre district sinistré. 
                                  « On entend partout les gens crier et 
                                  pleurer, les secouristes se démènent 
                                  comme des fous pour sauver les habitants. » 
                                  Dans les ruines dune école, les 
                                  pompiers ont extrait des décombres des 
                                  dizaines denfants et une trentaine de 
                                  cadavres. Mais une réplique sismique 
                                  fait à nouveau trembler la terre, un 
                                  soldat, venant de secourir un enfant, pleure 
                                  à chaudes larmes, gémissant à 
                                  genoux : « Laissez-moi en sauver encore 
                                  un autre, je vous en prie, je peux continuer 
                                  à en sauver encore un autre. » 
                                  Tous les témoins, sans exception, sont 
                                  émus jusquaux larmes. 
                                « Les vivants, faites de la place ! », 
                                  crient de temps à autre les soldats dune 
                                  voix enrouée dans la zone de secours. 
                                 
                                En trois jours, plus de 60 000 blessés 
                                  ont été sauvés et transportés 
                                  en lieu sûr. 
                                  
                                « Ne pas devenir un fardeau » 
                                  
                                Le 12 mai, à 14 h 28, Wu Fei, journaliste 
                                  au Xinwen chenbao de Shanghai, est en train 
                                  de déjeuner à la cantine des ouvriers 
                                  et employés de la réserve naturelle 
                                  des pandas géants de Wolong, près 
                                  de Wenchuan. Après le déjeuner, 
                                  il doit faire une interview sur les deux pandas 
                                  géants qui seront envoyés au Japon. 
                                Tout dun coup, les bouteilles de bière 
                                  sur la table se renversent sur le sol, et il 
                                  perd subitement léquilibre. « 
                                  Un tremblement de terre ! » crient certains. 
                                  Linstinct le pousse à courir vers 
                                  lextérieur sur un terrain vague. 
                                Cest sur ce terrain que se rassemblent 
                                  progressivement des réfugiés de 
                                  plus en plus nombreux, envoyés par léquipe 
                                  de secouristes de la base de Wolong. Ce soir 
                                  de mai à Wolong, situé à 
                                  près de 2 000 m daltitude, il pleut 
                                  toujours et la température nexcède 
                                  pas 1°C ou 2° C. Et les répliques 
                                  sismiques font encore trembler le sol. 
                                « Beaucoup de gens comme moi répètent 
                                  inlassablement : lessentiel est de soccuper 
                                  de soi-même, ne devenons pas un fardeau 
                                  pour les autres, il faut continuer à 
                                  vivre joyeusement. » Wu Fei sait que la 
                                  confiance est primordiale et que toute crainte 
                                  peut causer la mort. 
                                Le 13 mai, à laube, les habitants 
                                  entendent à la radio la nouvelle de la 
                                  mobilisation générale dans tout 
                                  le pays. 
                                Depuis le séisme, 48 heures ont passé. 
                                  Malgré le manque de nourriture et deau 
                                  potable, une nouvelle redonne espoir aux habitants 
                                  : le Dr Liu, venu de lÉcole normale 
                                  supérieure de Beijing, a réparé 
                                  le téléphone satellite, initialement 
                                  prévu pour la protection contre les incendies 
                                  de forêts. 
                                Lappel au secours est immédiatement 
                                  émis, mais lattente du secours 
                                  est longue. Le 14 mai au soir, Wu Fei et des 
                                  milliers de personnes accueillent le groupe 
                                  de secouristes. Les 6 blessés en danger 
                                  de mort sont transportés en hélicoptère; 
                                  quant à Wu Fei, il reste encore pour 
                                  aider des personnes nécessitant des soins. 
                                « Les gens rencontrés sur la route 
                                  sentraident tous avec générosité. 
                                  » Toutes les personnes rescapées 
                                  des zones sinistrées répètent 
                                  cette phrase. Après avoir échappé 
                                  aussi à la catastrophe, les 50 officiers 
                                  et soldats du bataillon Wenchuan de la Police 
                                  armée populaire (PAP) de Chine se portent 
                                  rapidement aux secours des personnes sous les 
                                  décombres. 
                                  
                                Actes de générosité 
                                  
                                Dans les régions secourues comme Mianyang 
                                  et Maoxian, les blessés légers 
                                  se chargent spontanément de la logistique. 
                                  Ils apportent leur aide dans le maintien de 
                                  lordre public et la distribution de nourriture 
                                  et deau potable. Quand des soldats arrivent, 
                                  les volontaires cèdent immédiatement 
                                  le passage pour quils puissent intervenir 
                                  rapidement. 
                                
                                   
                                      | 
                                   
                                   
                                    | Le 15 mai, à 
                                      Beijing, on fait la queue pour donner du 
                                      sang.------------------------------------------------------ 
                                      CFP | 
                                   
                                 
                                À Chengdu et dans les lieux proches 
                                  des régions gravement sinistrées 
                                  comme Dujiangyan, les volontaires venus de tous 
                                  les coins du pays participent immédiatement 
                                  au secours. à lannonce de la nouvelle, 
                                  un étudiant de la 1re promotion de lUniversité 
                                  centrale des Ethnies a décidé 
                                  de se rendre à Chengdu, apportant avec 
                                  lui un gros sac rempli de nouilles instantanées. 
                                  Il ne pouvait pas sempêcher de donner 
                                  un coup de main, au mieux daider à 
                                  soccuper des blessés. 
                                Devant un véhicule de don de sang stationné 
                                  dans une rue de Chengdu se forme une longue 
                                  file dattente. Bien que les médecins 
                                  recommandent aux habitants de venir par intervalles, 
                                  la plupart des personnes préfèrent 
                                  attendre, parfois même du matin jusquà 
                                  laprès-midi. 
                                Même situation à Beijing, Shanghai 
                                  et dans dautres villes, grandes, petites 
                                  ou moyennes. Le 13 mai à 23 h, 200 étudiants 
                                  de luniversité Tsinghua font encore 
                                  la queue pour donner leur sang. Quant aux médecins, 
                                  ils ont déjà une dizaine dheures 
                                  de travail ininterrompu derrière eux. 
                                  La radio ayant annoncé que le Sichuan 
                                  manquait de groupes sanguins B et O, les personnes 
                                  concernées se sont précipitées 
                                  après leur travail vers les centres de 
                                  don de sang les plus proches. Rien quà 
                                  Beijing, on compte des dizaines de centres fixes 
                                  et mobiles de ce genre, ouverts jusquà 
                                  22 h. Mais même à cette heure-là, 
                                  il y a encore du monde. Le volume de sang recueilli 
                                  dépasse chaque jour 3 000 unités 
                                  (une unité égale 200 cc ). 
                                Parallèlement, des activités 
                                  de collecte sont rapidement mises en place dans 
                                  la population, dans les entreprises, les milieux 
                                  artistiques et sportifs. Des centres pour les 
                                  dons, récoltés sur place, ou par 
                                  téléphone, par SMS et par Internet, 
                                  sont successivement ouverts. Et selon la volonté 
                                  de la Commission de contrôle de la banque 
                                  de Chine, les sommes destinées aux dons 
                                  sont exemptées de frais de commissions. 
                                Le matin du 13 mai, une personne âgée 
                                  et sourde-muette est entrée dans un centre 
                                  de collecte de fonds de Qingdao, dans le Shandong. 
                                  Elle se met à écrire sur un papier 
                                  : « Je nai pas encore touché 
                                  mon salaire du mois, je nai que quelque 
                                  1 300 yuans déconomies. » 
                                  Sortant alors ses 1 300 yuans de sa poche, elle 
                                  les remet au personnel de la Croix-Rouge. Comme 
                                  elle, de nombreuses personnes ont donné 
                                  leur salaire mensuel, voire même plus. 
                                Alors que les secours sont à pied duvre, 
                                  de plus en plus dentreprises et dindividus 
                                  songent à la reconstruction après 
                                  le séisme. Ayant entendu quil fallait 
                                  10 000 yuans pour bâtir une école 
                                  primaire dans des localités comme Wenchuan, 
                                  un homme à Beijing a emmené sa 
                                  fille de trois ans dans un centre de collecte 
                                  de la Société nationale de la 
                                  Croix-Rouge de Chine, avec 10 000 yuans. Le 
                                  14 mai, la société dassurances 
                                  China Life a déclaré que la Fondation 
                                  caritative Guoshou quelle a créée 
                                  se chargera des frais concernant tous les orphelins 
                                  du séisme jusquà leurs 18 
                                  ans. 
                                Un proverbe chinois dit : « Lorsquun 
                                  endroit se trouve en difficulté, les 
                                  secours arrivent de tous les côtés. 
                                  » Dans le cas de Wenchuan, ce dicton permet 
                                  aux habitants et à chaque Chinois den 
                                  mesurer toute la portée. 
                                 |