Fenghuang,
le joyau des petites villes
ZHANG
XIWEN
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Homme
du pays deau. |
Située
aux confins septentrionaux du Guizhou, à l’est de Chongqing et
à l’ouest du Hunan, la ville de Fenghuang appartient au département
autonome tujia du Hunan. Entourée des quatre côtés par les montagnes
et traversée par le fleuve Tuojiang, cette ville est considérée
depuis toujours comme l’une des plus belles petites villes de
Chine.
Fenghuang
est une ville culturelle célèbre. À l’époque moderne, trois grands
personnages y sont nés, dont Xiong Xiling, le premier à avoir
assumé le poste de premier ministre dans le cabinet de la République
de Chine (1912-1949); Shen Congwen, qui a occupé une place importante
dans les milieux littéraires modernes grâce à son style soigné;
et Huang Yongyu, précurseur de l’école réformiste de la peinture traditionnelle chinoise. Cet endroit est également
le pays natal de cinq artistes populaires qui ont acquis le titre
de « grand maître des beaux-arts et de l’artisanat folklorique »,
décerné par l’Unesco.
Cette
ville possède également une longue histoire qui remonte aussi
loin que 1316, alors qu'elle s’appelait encore Weiyang. L’emplacement
de la ville se trouvait à ce moment-là à Huangsiqiao, à 24 km
de la Fenghuang d’aujourd’hui. Les habitants étaient pour la plupart
des militaires. Les archéologues estiment que c’était la plus
grande caserne d’alors. Sous les Ming (1368-1644), la cité fut
déplacée à son emplacement actuel, mais la population se composait
principalement de soldats qui voyaient à mater les révoltes des
Miao. Durant les Qing (1644-1911), les Miao, qui de génération
en génération étaient des troglodytes, commencèrent à bâtir des
maisons en bois. Les édifices anciens de l’ancien quartier ont,
pour l’essentiel, été construits à cette époque.
Ces
dernières années, Fenghuang est devenue une ville touristique
célèbre. De nombreux habitants ont ouvert des auberges familiales
et les affaires marchent rondement. Avec le développement économique,
en plus du quartier ancien, un nouveau quartier plus moderne a
été édifié.
Si
l’on visite Fenghuang, il vaut mieux loger dans le quartier ancien
où les prix sont avantageux et où se concentrent la plupart des
sites. Les touristes peuvent aussi faire des achats sur la rue
des produits d’artisanat et apprécier certaines spécialités locales.
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Au
crépuscule. |
Le
quartier ancien est adossé aux montagnes. Les murs d’enceinte,
bâtis avec des grès rouges, se dressent sur les rives du fleuve
Tuojiang, lequel traverse ce quartier ancien. Les murs édifiés
sous le règne de Kangxi des Qing, qui s’étendaient sur quelque
deux km, se sont effondrés: des quatre anciennes portes, il ne
reste que celles du nord et de l’est.
À
la sortie de la porte nord, on trouve le haut-fond Huxiao du fleuve
Tuojiang, sur lequel se dresse un étroit pont de bois. Avec ses
100 m et ses 15 piles en pierre, ce pont était le seul passage
d’alors pour sortir de la ville. Il est si étroit qu'il ne permet
le passage que d’une seule personne à la fois. Au crépuscule,
on peut entendre le son bien marqué du battoir des lavandières,
alors que les passants vont et viennent sur le pont. Dans les
vastes zones près du fleuve, beaucoup de personnes âgées lancent
leur cerf-volant.
L’ancienne
Fenghuang doit cependant sa notoriété aux maisons sur pilotis,
au style miao typique. Ces maisons à étage sont entièrement construites en bois. Le vaste
étage supérieur surplombe le cours d’eau, tandis que l’étage inférieur
forme un soutien solide avec ses gros piliers en bois, bien ancrés
dans la terre.
La
construction de l’étage supérieur est complexe et recherchée,
avec des toits inclinés, des auvents retroussés, ainsi que des
balustrades et les fenêtres sculptées. Le rez-de- chaussée ne
sert pas officiellement de lieu d’habitation, mais la partie des
pilotis qu’on y voit est sculptée. La plupart des maisons sur
pilotis du quartier ancien n’existent plus; il n’en reste qu’une
dizaine à Huilongtan. Elles sont typiques de l’architecture des
Qing et du début de la République de Chine; elles abritent encore
une dizaine de foyers. Certaines maisons sur pilotis servent maintenant
d’hôtels.
L’ancienne
résidence de Shen Congwen, pas très grande, se trouve dans une
rue calme du vieux quartier. Achetée par le grand-père de Shen,
alors qu’il était mandarin, cette résidence a une centaine d’années.
Une petite cour se trouve au milieu de la cour carrée. Huit anciennes
pièces sont disposées autour de cette cour ; on y expose
des photos, des manuscrits et des ouvrages de l’édition complète
de Shen Congwen. Dans la pièce principale est suspendu un croquis
de son portrait. La maison latérale à gauche lui servait de chambre.
Il y naquit en 1902 et y passa son enfance. À l’âge de 15 ans,
Shen Congwen quitta cet endroit et Fenghuang. En 1982, quand il
y retourna, cette demeure abritait d’autres familles. En 1988,
le gouvernement local acheta cette demeure, la restaura et y suspendit
un panneau sur lequel est
inscrit « ancienne résidence de Shen Congwen ».
La
cité ancienne de Huangsiqiao, du nom d’une personne, se situe
à l’extérieur de la ville de Fenghuang proprement dite. On dit
en effet qu’il y avait un homme du nom de Huang qui se livrait
aux affaires de la soie. Avec l’argent qu’il avait gagné en travaillant
dur, il a fait construire un pont sur la rivière, à l’extérieur
de la cité, pour que les Miao de l’extérieur de la ville puissent
venir facilement chez lui acheter du fil de soie. Pour commémorer
son exploit, les Miao appelèrent cette ancienne cité « Huangsiqiao ».
Avec
ses plus de 600 m de périmètre, cette cité possède quatre portes,
dont la porte Sud qui ne possède plus de tour, détruite par un
incendie. Près d’une centaine de familles y habitent encore. En quelques endroits, on peut voir des
casernes et des maisons sur pilotis. La cité ressemble à un seau
ferré, lorsque les portes sont fermées.
La
Grande Muraille du Sud se trouve à plus de 10 km de Fenghuang.
Pendant des années, on a cru qu’il n’y avait qu’une Grande Muraille
au nord. En avril dernier, des archéologues ont découvert une
muraille de plus de 200 km à Fenghuang. Les recherches ont montré
que la mise en place des organisations militaires et le système
des officiers et des soldats étaient identiques. On est convaincu
que cette muraille faisait partie de la Grande Muraille des Ming,
et qu’elle servait de ligne de démarcation et de blocus militaire
contre les Miao qui étaient souvent en conflit et en guerre avec
le gouvernement des Ming.
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En
costume ethnique. |
Selon
les experts, cette Grande Muraille aurait mesuré 380 m, voire
même encore plus. Ses murs devaient avoir 2,3 m de haut, 1,7 m
de large à la base et un mètre de large dans le haut. Elle devait
avoir été construite totalement en pierre et être particulièrement
grandiose. Mais depuis les Ming et les Qing, les habitants locaux
ont souvent dérobé des pierres. Les murs que l’on voit maintenant
et les tours de guet en bon état de conservation ont été restaurés
en 2000, grâce à une aide du gouvernement local.
Le
nom du village Duluo signifie « un endroit riche en bambou »
en langue miao, et on qualifie l’endroit de paradis terrestre.
La disposition du village s’est organisée le long d’une pente;
on y trouve une grotte qui permet au village de rester chaud en
hiver et frais en été. Toutes les maisons sont construites avec
une fondation de blocs de pierre surélevée. Le village possède
aussi une cascade magnifique et un autre groupe de chutes encore
plus belles.