DÉCEMBRE  2002

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Une bonne tasse de thé, c’est le bonheur

LI KAI

La dégustation du thé, tout un art !

Le thé demande à être savouré.  Quels que soient le temps, l’endroit et l’occasion, boire du thé est depuis fort longtemps un grand plaisir de la vie pour les Chinois. Mais ce n’est pas tous les amateurs de thé qui savent comment apprécier à sa juste valeur sa saveur exquise.

L’art du thé peut se résumer ainsi : « Quatre éléments indispensables et sept expériences », c’est-à-dire un thé bien sélectionné, une eau pure, un feu vivant et un ustensile merveilleux ; savoir sélectionner le thé, l’eau, l’ustensile, l’environnement, savoir faire bouillir l’eau,  savoir infuser le thé et le savourer. En d’autres mots, ces éléments doivent s’harmoniser parfaitement à l’âme des buveurs. C’est une situation idéale qu’il n’est pas facile de recréer pour la majorité des buveurs de thé.

En Chine, le thé se divise en six grandes catégories : thé rouge, thé vert, thé bleu-vert, thé jaune, thé blanc et thé noir, lesquelles regroupent plus de 2 000 variétés. Dans chacun des cas, l’aspect physique, les caractéristiques aromatiques, le style de saveurs et les effets nutritifs ne sont pas les mêmes.

Le thé est bon si son roulage est serré, ses feuilles bien tendres et le dessous de celles-ci bien lisse ; la teinte doit être vivante, l’arôme pointu, le goût corsé et enfin la boisson, bien limpide.

Bien préparer son plaisir

Pour réussir la préparation d’une bonne tasse de thé offrant à la fois couleur, arôme et saveur qui procureront un grand plaisir, en plus des feuilles de thé bien sélectionnées, il faut avoir de l’eau et un ustensile de bonne qualité, mais aussi respecter de bonnes techniques. Pour ce faire, il vaut mieux utiliser une eau de source pure et limpide. L’eau du robinet, trop calcaire et chlorée, nuirait à la boisson si on l’utilise directement. Il convient donc, si on veut l’utiliser, de la laisser reposer pendant 24 heures. La température de l’eau et le temps d’infusion doivent être bien maitrisés. Pour un thé rouge, vert, jaune, blanc ou noir de premier choix, on doit infuser 1g de thé dans 50-60 mL d’eau; on utilisera 22-25 mL d’eau à 85 °C pour le thé bleu vert et on infusera  pendant 4 minutes ; pour un thé de 2e ou de 3e choix, on laissera infuser 2 minutes dans une eau à 93-100 °C. Selon les essais, 93 °C et 3 minutes d’infusion sont les données optimales. Pour mieux découvrir l’élégance de l’infusion des thés riches en bourgeons, plus tendres et duvetés, il est préférable de se servir de verres. Pour les autres thés, il vaut mieux utiliser des ustensiles en terre rouge, en porcelaine ou en plastique et thermos. Pour préparer, verser tout d’abord le tiers du volume de l’eau dans l’ustensile, puis la rejeter brusquement afin de bien laver le thé; avant de remplir pleinement l’ustensile, gratter la mousse. Lors de la dégustation, humer d’abord l’arôme, observer ensuite la couleur, goûter, examiner le dessous des feuilles. Voici quelques critères d’appréciation du thé vert : c’est le seul le thé qui se caractérise par un arôme subtil, une boisson verte et limpide, un goût rond et velouté, très persistant en bouche.

Percer les mystères de cette quintessence de l’Orient

La maison de thé Lao She de Beijing.

Selon le professeur Chen Congzhou, boire du thé se dit « Pin Ming »  en chinois, et l’accent est mis sur le mot « Pin » qui signifie savourer. Voilà pleinement la quintessence de la culture orientale ; cette opération comprend trois démarches : l’examen, l’observation et la dégustation du thé.

La première démarche consiste à examiner le thé avant de le faire infuser. Les connaisseurs peuvent distinguer d’emblée la sorte de thé, sa provenance et  l’altitude à laquelle il a poussé, même les thés « d’avant la lumière » (avant le 5 avril), les thés «d’avant les pluies» (avant le 20 avril), etc. La deuxième consiste à observer la forme et la couleur des feuilles sèches et mouillées.

La dégustation consiste à savourer à la fois le bouquet de la boisson et à humer l’arôme des feuilles sèches et mouillées. En général, on ne remplit qu’aux trois quarts la tasse des invités ; cela veut dire que l’on conserve un quart pour l’amitié. Cela est particulièrement significatif dans la tradition chinoise. Par ailleurs, en chinois, le mot « Pin » s’écrit ’, se compose de trois (bouches) superposées, ce qui suggère que la première bouche est remplie d’amertume, la deuxième est devenue sucrée et qu’à la troisième bouche, le thé développe un arrière-goût.

Une fois que, dans un verre transparent, est préparé un bon thé, riche en bourgeons et duveté, c’est toute une expérience qui s’offre à vous. Au début, vous pouvez admirer les feuilles de thé qui semblent vagabonder dans une eau pure et limpide, un peu comme des nuages qui s’agiteraient dans le ciel ou des flocons de neige qui tomberaient tranquillement ; puis, les pointes des bourgeons flottent à la surface de l’eau, telles des épées suspendues ; ensuite, les bourgeons descendent tout en douceur, comme si des fées répandaient des fleurs ; c’est alors que l’eau rend la forme des bourgeons plus intéressante ; finalement les bourgeons duvetés s’accumulent et se superposent en bas du verre, comme les jeunes pousses de bambous printaniers ; les boutons déploient ensuite leurs « pétales », comme des orchidées qui s’épanouiraient. Le plaisir atteint son paroxysme quand vous ouvrez le couvercle et laissez la vapeur du parfum envahir l’air et vous chatouiller les narines. Quel plaisir des sens !

Le thé, n’est-ce pas une femme ?

Sur le plan du maintien et du galbe, le thé comble les buveurs par la forme de ses feuilles ; sur le plan de la beauté de la chair et de son apparence, le thé est reconnu pour sa tendreté, pour ses feuilles lisses et pures.

Sur le plan du parfum, nos ancêtres le décrivaient en ces termes : « pur et persistant », « doux et lointain » et « vif». Et quand on déguste le thé, il est encore meilleur quand il est servi par une belle femme ; il enchante, si on est en sa compagnie…

En fait, le thé, c’est l’équilibre et le raffinement du ciel et de la terre, la richesse de plus de 500 ingrédients nutritifs. Il est la meilleure boisson naturelle pour l’humain.