La
métamorphose d’un quartier… et d’une vie
ZHANG XIWEN
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Nouvel
aspect du quartier Jinyuchi. |
Autrefois,
la saison des pluies était une période très occupée pour Mme
Zhao Yunshu, responsable du comité de quartier. Chaque jour, elle
recevait une dizaine de téléphones ou de visites de personnes
qui lui demandaient de résoudre des questions d’égouts bouchés,
de pannes de courant et de toits qui coulent après la pluie. Dans
les cas qui demandaient une solution rapide, Mme Zhao
ressemblait à un pompier: elle était obligée d'établir des contacts
avec le bureau des réparations ou d’avoir recours à des solutions
de fortune. Aujourd’hui, cette situation a complètement changé.
Mme Zhao a un peu de temps pour s’asseoir ou boire
un thé dans son bureau. Il n’y a plus d'appels au secours.
Jinyuchi,
d’hier à aujourd’hui
Baptisé
autrefois Longxugou (la rigole des barbes de dragon), le quartier
Jinyuchi se trouve au nord du Temple du ciel de Beijing.
Il y a 30 ans, Mme Zhao faisait partie d’une famille
de quatre personnes qui vivaient péniblement dans un appartement
de 14 m², coincé dans un ensemble de bâtiments gris et délabrés
de ce quartier.
D’après
le plan d’urbanisation de Beijing, le quartier Longxugou
devait être reconstruit: tous ses bâtiments gris et délabrés devaient
être démolis. Avec l’achèvement de ces travaux, l’aspect du quartier
a été complètement métamorphosé. La vie de Mme Zhao
également. Elle constitue un exemple typique de la vie des habitants
de ce quartier au cours du changement économique et social.
Dans
les années 50, Mme Zhao vivait en banlieue de Beijing.
Admirant beaucoup les citadins salariés, cette jeune fille instruite
avait l’intention d’en épouser un, un peu comme les jeunes Chinoises
qui, aujourd’hui, rêvent d’épouser un étranger. Heureusement,
elle a marié un électricien, et les deux tourtereaux se sont installés
dans un appartement distribué par l’unité de son mari. Dans le
quartier de Longxugou, une maison en terre de dix m² leur
a servi de chambre nuptiale.
« Notre
appartement sombre n’avait qu’une porte et une petite fenêtre.
La saison des pluies était particulièrement menaçante. Souvent,
le plafond dégouttait après
une pluie. En pensant à son appartement noir et humide et à sa
maison en banlieue, elle avait honte d'en parler à ses compatriotes
», dit son mari.
Dans
les années 60, Mme Zhao a emménagé dans un nouvel appartement
de 14 m², mais son grand lit double et celui de sa belle-mère
occupaient la plus grande partie de la surface. Comme pour toutes
les autres familles, la cuisine était installée dans un couloir
commun. Avec la naissance du premier fils, les conditions de vie
de la famille sont devenues de plus en plus difficiles. Liu Jun,
le fils aîné, était obligé de faire ses devoirs sur le lit. « Nous
n’avons jamais acheté un seul électroménager pendant 30 ans »,
dit Mme Zhao.
En
1978, sous la direction du camarade Deng Xiaoping, la Chine a
adopté la politique de réforme et d’ouverture. Plus de vingt ans
plus tard, 200 millions de Chinois se sont sortis de la pauvreté.
Bien que cette réforme ait produit des bénéfices sociaux, l'absence
de rentabilité économique a forcé un grand nombre d’entreprises
d’État à effectuer des compressions de personnel. Cette situation
a malheureusement contribué à maintenir certains employés dans
la misère.
Justement,
la faillite de l’usine de tissage où Mme Zhao travaillait
a entraîné le licenciement de nombreux ouvriers, y compris de
Mme Zhao. C'est ainsi que, pendant deux mois, elle
a effectué du nettoyage pour une compagnie et qu'elle a été nommée responsable du comité de quartier.
L’aube
d’une nouvelle vie
Avec
le changement de leur situation économique familiale, certaines
familles du quartier commençaient à acheter réfrigérateur, téléviseur,
machine à laver et bicyclette. Par contre, l’occupation des espaces
publics, le manque d’électricité et les canalisations qui bouchaient
étaient souvent les déclencheurs
de situations complexes.
Les
scènes où des enfants s’amusaient dans le couloir alors que des
adultes jouaient aux échecs et que des voisins bavardaient restent
toujours dans la mémoire de Mme Zhao.
Au
milieu des années 90, son mari, déjà retraité, fut recruté à nouveau
par son usine. En ajoutant son nouveau revenu à sa pension de
2 000 yuans, son mari est alors devenu un membre de la famille
à revenu élevé. Son fils touchait aussi un salaire et elle-même
gagnait un bon revenu au comité de quartier. Des années plus tard,
ses épargnes en banque avaient atteint une centaine de milliers
de yuans. À ce moment-là, la seule volonté de ce couple fut d'acheter
une nouvelle maison pour le mariage de leur fils.
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La
joie de la promenade dans le quartier Jinyuchi. |
En
avril 2002, après avoir payé 110 000 yuans pour un appartement
de 71 m², tous les membres de la famille Zhao ont emménagé avec
joie dans leur nouvel appartement de trois grandes pièces (deux
chambres à coucher et un salon). Une grande chambre donnant au
sud a été allouée au fils. La décoration est simple, mais les
appareils ménagers sont installés (réfrigérateur, téléviseur,
machine à laver, climatiseur, etc.). Dans la salle de bain, l'on
peut aussi prendre confortablement une douche.
« Le
jour tant attendu est enfin arrivé ! Aujourd’hui, j’ai ma
chambre bien à moi, près de mes parents. C’est plus facile de
m’occuper d’eux et de prendre les repas tous ensemble. Mon
salaire est bas, mais je peux obtenir un prêt à la banque », dit
le fils.
Les
deux frères de Mme Zhao habitent en banlieue. Après
avoir entendu la nouvelle que leur sœur avait acheté un nouvel
appartement, ils étaient bien fiers et ils se sont hâtés d’aller
lui rendre visite pour admirer cette nouvelle acquisition. N’oubliant
pas l’assistance que leur
sœur leur avait donnée, les deux frères ont aussi aidé à défrayer
certains coûts. La serre, gérée par le frère aîné, est maintenant
prospère ; elle produit des fleurs fraîches pour le marché
aux fleurs de Beijing. L’autre frère est paysan. Il gagne moins
que l’aîné, mais il est plus riche que sa sœur. Aujourd’hui, il
produit des cultures industrielles et n’oublie pas de donner souvent
des fruits et des légumes organiques à sa sœur. « Ce sont
des légumes organiques, le fruit de mon travail », aime-t-il à
lui répéter.
Jinyuchi,
d’aujourd’hui à demain
Actuellement,
le quartier paysager de Jinyuchi est devenu un pôle d’attraction
où des citadins aiment à choisir un appartement. Le paysage y
est aussi fort pittoresque : les petits bâtiments verts sont
bien alignés, les rues propres se croisent ; les espaces
verts sont ombragés et un petit ruisseau coule entre les bâtiments
des logements.
Dans
ce quartier, Mme Zhao a installé un dazibao afin de publiciser la
politique de planning familial, des conseils sur le droit et la
santé. Elle a aussi fondé un centre d’activités afin de motiver
les personnes âgées à sortir de leur maison et à apprendre la
peinture, la gymnastique et les échecs. Elle aide aussi des familles
à résoudre des différends
en ayant recours à la loi.
Le
mois dernier, trois étudiantes ont passé un examen et ont été
affectées dans ce quartier. Cette situation a permis à Mme
Zhao de penser à sa retraite.
Celle-ci
ne fait plus ses achats au magasin de quartier. Elle sort de sa
maison à dix heures et se rend directement au supermarché Xinshijie.
« Ce supermarché, construit par des Hongkongais,
est situé à proximité de ma famille. Bien que le prix des marchandises
y soit un peu cher, l’ambiance est bonne, le choix et la qualité
des marchandises sont fort intéressants. C’est un supermarché
bien pratique », dit Mme Zhao.
Récemment,
elle a entendu dire qu’une nouvelle rue menant au grand boulevard
Chang’an serait construite au nord du Temple du ciel. Ces travaux
achevés, elle pourra plus facilement se rendre au parc pour y
faire des promenades avec son mari retraité ou aller faire des
courses dans la rue Wangfujing. La vie de Mme
Zhao n’est vraiment plus ce qu’elle était !