
Les
Li
C’EST à Hainan, deuxième grande
île de Chine après Taiwan, que se concentrent les 1,1 million
de Li. La plupart de ceux-ci habitent Tongze chef-lieu de la préfecture
autonome li-miao de Hainan, ou dans ses environs,
à Baoding, Ledong, Dongfang et d’autres districts sous
sa juridiction. Les autres membres de cette ethnie habitent un
peu partout dans l’île parmi les Han et les Hui.
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Lors
des fêtes villageoises, on se pare de ses plus beaux atours. |
Située au pied du mont Wuzhi,
la région des Li est un paradis tropical qui bénéficie d’un sol
fertile et de précipitations abondantes. Les palmiers bordent
les plages et, à certains endroits, on peut récolter le riz jusqu’à
trois fois dans l’année, et on cultive le maïs et la patate en
tout temps. La région compte parmi les producteurs importants
de noix de coco, de café, de caoutchouc, d’huile
de palme, de cajous, d’ananas, de mangues et de bananes. On y
trouve également de nombreux minéraux, tels que le cuivre et l’étain,
et les forêts recèlent des bois précieux; les ports de mer sont
les points de départ vers des eaux poissonneuses.
Les Li ne possèdent pas d’écriture
et leur langue appartient à la famille des langues sino-tibétaines. Aujourd’hui, de nombreux Li parlent le chinois
courant. En 1957, le gouvernement a participé à la création de
l’écriture romanisée de l’ethnie li.
Histoire
Selon les registres, le terme
« Li » serait apparu pour la première fois durant la dynastie
des Tang (618-907). On croit que les Li seraient des descendants
de l’ancienne ethnie yue, avec des relations particulièrement
étroites avec les Luoye, une branche des Yue, qui ont émigré du
Guangdong et de la région zhuang du Guangxi vers l’île de Hainan,
longtemps avant la dynastie des Qin (221-206 av. J.-C.). Les découvertes
archéologiques ont montré que les ancêtres des Li se sont établis
sur l’île, il y a quelque 3 000 ans, et qu’ils menaient alors
une vie communautaire sous un régime matriarcal. Au plan ethnique,
les Li sont étroitement liés avec les Zhuang, les Bouyei, les
Shui, les Dong et les Dai, et leur langue a des ressemblances
avec celle de ces ethnies au plan de la grammaire, de la prononciation
et du vocabulaire. Au VIe siècle, Mme Xian,
une chef politique des Yue dans le sud-ouest du Guangdong, Hainan
et la péninsule de Leizhou, a prêté un serment d’allégeance à
la dynastie des Sui. Ses efforts à promouvoir l’unité nationale
non seulement ont amélioré les relations entre l’île de Hainan
et l’intérieur du pays, mais ils ont également développé la société
primitive des Li en y introduisant des éléments féodaux.
Par la suite, la dynastie des
Tang (618-907) a renforcé le contrôle central sur les régions
des Li en y établissant cinq préfectures regroupant 22 districts.
Durant les Song (960-1279), on y introduisit la culture du riz
et on développa l’irrigation, de sorte que les fermiers purent
y produire quatre récoltes de ramie par année. Le brocard des
Li est donc devenu très populaire en Chine centrale.
Au début des Yuan (1279-1368),
Huang Daopo, la tisserande légendaire de l’histoire chinoise,
perfectionna sa technique en apprenant des techniques de tissage
auprès des Li. Grâce à son séjour parmi eux, Huang inventa des
métiers à tisser et des rouets qui, à l’époque, étaient les plus
avancés du monde. Durant les Ming et les Qing (1368-1911), comme
partout en Chine, le mode de production féodal dominait. Ce n’est
qu’au mont Wuzhi que les locaux continuèrent à travailler la terre
sous le mode collectif, mais les seigneurs féodaux réussirent
quand même à exploiter les Li, ce qui engendra leur soulèvement.
Il y eut quatorze rebellions d’importance durant les Ming et les
Qing. Après la guerre de l’Opium de 1840, Hainan a été envahie
par les impérialistes étrangers. Puis, la première cellule du
Parti communiste y a été organisée en 1924. Cette mise en place
fut suivie par la création de syndicats, d’organisations de paysans
et de femmes dans le district de Lingshui. Le siège du district
fut libéré en 1928. C’est là qu’a été fondé le premier gouvernement
démocratique de district de travailleurs paysans de l’île de Hainan,
et des bases révolutionnaires furent établies un peu partout dans
les régions rurales. Peu après, on forma l’Armée révolutionnaire
des travailleurs paysans de Qiongya.
Les Japonais envahirent Hainan
en 1939 et le Parti communiste dirigea la résistance. En 1944,
une guérilla antijaponaise, la Colonne Qiongya, fut formée, et
elle devint une armée de 7 000 soldats. En 1946, cette armée,
avec le soutien du Comité du Parti de Qiongya et des Li, repoussa
les attaques des troupes réactionnaires. Hainan fut libérée au
printemps de 1950 et la préfecture autonome li-miao fut fondée
en 1952. Hainan a accédé au rang de province en 1987. Aujourd’hui,
outre le tourisme qui connaît un grand essor, les entreprises
industrielles (allumettes, raffinerie de sucre, aliments, ciment,
plastique, médicaments) et minières sont nombreuses à Hainan,
ce qui contribue à la croissance économique de l’ethnie li.
Us et coutumes
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Les
Li sont habiles au tissage du capok. |
Habillement. Les femmes li portent des chemisiers sans boutonnière et des jupes
longues étroites. Dans certains endroits, elles portent des vestes.
Elles coiffent leurs cheveux en chignon, les couvrent de foulards
ou y placent des épingles. Elles aiment se parer de bijoux, et
certaines se font même tatouer le visage. Les hommes portent des
vestes sans col et ceux du district de Dongfang portent le même
type de veste que les femmes.
Alimentation. Les Li aiment particulièrement la viande rôtie et la viande marinée
mélangée avec de la farine de riz et des herbes sauvages.
Les femmes aiment le bétel (substance à mâcher, à base de feuilles de ce poivrier, de
tabac et de noix d’arec) qui colore leurs lèvres et leurs dents
en rouge. Les Li sont également de gros fumeurs et buveurs.
Habitation.
Plusieurs familles peuvent vivre ensemble et mettre en commun
leur travail et les fruits de la récolte. Ils habitent dans des
maisons en bambou dont le plancher, surélevé d’environ un demi-mètre,
est fabriqué de bambou tissé. Les murs sont faits de boue séchée.
Mariage. Les
Li sont monogames et les parents proches ne peuvent se marier
entre eux. Avant la Libération, les mariages étaient arrangés
par les parents alors que les enfants étaient encore dans leur
jeune âge, et le prix de la future était relativement élevé :
plusieurs centaines de pièces d’argent ou de têtes de bétail.
Ceux qui ne pouvaient pas payer une si forte somme étaient liés
par un contrat durant plusieurs années avec la famille de la mariée.
Peu après le mariage, la mariée retournait vivre avec ses parents
jusqu’à ce qu’elle soit enceinte. Ces anciennes coutumes sont
maintenant disparues.
Funérailles.
On annonçait le décès de quelqu’un en tirant des coups de fusil, on déposait le cadavre dans un cercueil taillé
à partir d’un seul tronc d’arbre et on l’enterrait dans le cimetière
du village. Autrefois, l’animisme et le culte des ancêtres étaient
courants chez les Li qui croyaient également à la sorcellerie.
Habiletés particulières.
Les Li sont reconnus pour leur habileté à tisser le capok et leurs
connaissances sur les médicaments à base d’herbes. Ceux contre
les morsures de serpent et la rage sont particulièrement efficaces.
Les Li suivent un calendrier particulier et calculent selon un
cycle de douze jours, chaque jour étant nommé d’après un animal,
un peu comme les douze rameaux terrestres des Han.
Organisation
socio-économique. Jadis, les paysans
appartenant à des familles ayant des liens de sang travaillaient
en commun et partageaient les récoltes. Ces fermes communautaires
étaient appelées Hemu et se classaient en deux catégories : les petites fermes,
basées sur des liens de sang, et les grandes fermes qui acceptaient
des « gens de l’extérieur » sans lien de sang avec les membres
de la famille. Chaque commune avait son chef qui se chargeait
de la production et de la distribution et qui officiait les cérémonies
religieuses avec sa femme. Il s’occupait également de la médiation
lors de différends, et c’est lui qui avait le pouvoir d’introduire
les « intrus » au sein de la commune. En principe, ces chefs étaient
égaux avec les membres de la commune, mais dans les faits, certains
de ceux-ci se transformèrent en tyrans locaux. Le bétail était
de propriété publique, mais les outils de ferme, les attirails
de pêche et de chasse et les outils de travail étaient de propriété
familiale. Avec le début de la propriété privée de la terre et
du bétail, la vente et le troc de la terre devinrent populaires,
tout comme la location du bétail. On payait le loyer en espèces.
C’est ainsi que le système des communes céda sa place au servage.
La mise en place de préfectures et de districts accéléra les différences
de classes entre les Li. Une unité sociale de base, la kom,
a existé pendant longtemps dans les régions habitées par les Li. La superficie de ces kom pouvait être fort différente, mais les limites territoriales étaient
strictes. Deux villages formaient habituellement une grosse kom. Ces unités sociales étaient basées
sur les liens de sang, et chacune avait son chef qui avait été
désigné selon son ancienneté et son habileté à gérer.