AOÛT  2002

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Le mur écran

Un des murs écrans du Palais impérial.

Les visiteurs étrangers en Chine ont probablement remarqué le mur isolé ou situé juste à l’extérieur ou à l’intérieur de la porte d’une maison traditionnelle chinoise et qui cache cette maison de la vue des gens de l’extérieur. Ce mur écran s’appelle Yingbi en chinois. Il est fabriqué de divers matériaux : brique, bois, pierre ou tuile vernissée.

L’origine du Yingbi remonte à la dynastie des Zhou de l’Ouest (XIe siècle av. J.C-771 av. J.-C.). Ces dernières années, les archéologues ont découvert les vestiges d’un mur écran de cette époque dans des tombeaux du Shaanxi.  Ce mur mesure 240 cm de long et 29 cm de haut.

Autrefois, le Yingbi était le symbole du rang social. Selon le système des rites des Zhou de l’Ouest, seuls les palais royaux, les domaines des nobles et les temples pouvaient avoir un mur écran. À part d’empêcher les passants d’épier dans la cour, le mur écran était également utile pour le visiteur : celui-ci pouvait descendre de son char et replacer ses vêtements derrière le mur. Ce n’est que beaucoup plus tard que les maisons privées (surtout les siheyuan « cour carrée » de la Chine du Nord) ont commencé à posséder un mur écran.

Les trois murs écrans les plus raffinés parmi les anciens murs écrans sont des murs à neuf dragons fabriqués de tuiles vernissées de couleurs. Le plus grand (45,5m x 8m x 2,02m) est situé à Datong, province du Shanxi. Il se dressait autrefois devant la demeure d’un prince, le treizième fils de Zhu Yuanzhang, premier empereur de la dynastie des Ming. Neuf dragons qui volent dans les nuages sont sculptés dans sept couleurs différentes.

Le mur le plus spectaculaire est celui qui appartient à un palais de la dynastie des Ming et qui se dresse au nord du lac, dans le parc Beihai de Beijing. C’est une mosaïque de tuiles vernissées de couleurs qui portent sur chaque côté neuf dragons enroulés en relief. Un visiteur qui s’en donnerait la peine pourrait compter 635 dragons plus petits sur les arêtes et les tuiles du toit du mur.

Le troisième de ces murs se trouve du côté opposé de la porte Huangjimen, dans la Cité interdite, et il est fort connu des visiteurs de l’endroit. Ces trois murs ont été bâtis durant la dynastie des Ming, ont servi à masquer l’entrée d’une cour et ont été une partie essentielle d’un complexe architectural, ajoutant de la magnificence à ce dernier.

Il y a un mur écran dans toutes les cours des palais latéraux de la Cité interdite. Qu’ils aient été fabriqués en bois, sculptés dans le marbre ou fabriqués de tuiles vernissées, ces murs sont toujours une œuvre raffinée dont les décorations symbolisent la chance.

Certains murs écrans situés dans les provinces côtières de la Chine portent l’image d’un animal étrange appelé Tan qui est gravé dans la brique ou peint en couleurs. Selon une croyance locale, cet animal était si glouton qu’il a voulu dévorer le soleil levant sur la mer, et  il s’est noyé. Cette image sert à rappeler que la convoitise mène à l’autodestruction.

Dans les alentours des pavillons des Cinq Dragons, au parc Beihai, il y a un mur écran en fer, un vestige de la dynastie des Yuan. À première vue, ce mur semble avoir été moulé en fer mais, en fait, c’est un morceau de roche volcanique. D’un côté, on peut voir des lions qui jouent avec une balle et, de l’autre, une licorne. Ce mur est renommé pour son ancienneté et la simplicité de son exécution.