Les 
                thés de l’Anhui, des connus et des moins connus
              LIU KAI
              
                
                    | 
                
                
                  | Fresque 
                    des Liao qui présente le traitement du thé. | 
                
              
              LA province de l’Anhui se trouve 
                dans l’est de la Chine et s’étend de 29°41´à 34°38´de latitude 
                Nord  et de 114°54´à 119°37´de longitude Est. Elle est divisée 
                en trois parties par les fleuves Yangtsé (traverse le sud de la 
                province) et Huaihe (s’étend au nord de la province) : le 
                Huaibei, le Jianghuai et le Jiangnan. Le Huaibei offre l’aspect 
                d’une vaste plaine à perte de vue, le Jianghuai se compose de 
                nombreuses collines basses, tandis que le Jiangnan se caractérise 
                par des montagnes noyées de brumes et de nuages. Les deux dernières 
                régions sont connues non seulement pour leurs merveilleux paysages, 
                dont les monts Huangshan, site classé par l’UNESCO comme patrimoine 
                culturel et naturel mondial, et le mont Jiuhua, un des quatre 
                monts célèbres de l’histoire bouddhique, mais aussi comme des 
                régions importantes de production des thés de l’Anhui. En effet, 
                la topographie, le climat et la nature des sols dans le sud montagneux 
                de l’Anhui concourent à former un terroir qui convient parfaitement 
                à la croissance des théiers qui préfèrent les zones au climat 
                chaud et humide avec alternance de soleil et de pluies régulières 
                au cours d’une année.
              Historiquement, le théier était 
                cultivé dans les provinces suivantes : Anhui, Fujian, Guangdong, 
                Guizhou, Henan, Hubei, Hunan, Jiangsu, Jiangxi Shanxi, Sichuan, 
                Yunnan et Zhejiang. Ces zones étaient subdivisées en quatre : 
                zone sud, zone sud-ouest, le sud de la région du Yangtsé et le 
                nord de cette région. 
              De nos jours, les plantations de 
                thé se répandent largement dans l’Anhui. Les zones productrices 
                de thés couvrent principalement les régions suivantes : celles 
                des monts Huangshan et Dabieshan et les basses collines du sud 
                du Yangtsé qui jouissent d’un climat subtropical typique. 
              D’hier 
                à aujourd’hui
              L’histoire du thé de cette province remonte à très loin 
                dans le temps. C’est au règne de Han Xiandi (192-219) que le thé 
                fut introduit du sud-ouest de la Chine, via le Shanxi et le Henan, 
                à l’ouest de l’Anhui.  À 
                l’époque des deux Jin (265 – 420), la culture et la fabrication 
                des thés étaient tellement florissantes qu’apparurent les tributs 
                en thé. Sous les Tang (618 – 907), on y produisai des thés tels 
                que le thé Huangya (manufacturé avec des bourgeons jaunes), le 
                thé Tianzhu, qui doit son nom aux monts Tianzhushan, le thé Yashan, 
                le thé Niueling et le thé Fangcha, etc. Depuis la dynastie des 
                Song du Sud (1127-1279 ), la fabrication des thés célèbres a pris 
                son essor dans la zone montagneuse du sud de l’Anhui et elle a 
                connu son apogée sous les Ming et les Qing (1368-1911) 
              
                 
                    | 
                
                 
                  | Licence 
                    commerciale de thé délivrée au règne de l’empereur Tongzhi 
                    des Qing à la Maison Fang Longxing dans le sud de l’Anhui 
                    et Bon de commerce et d’écoulement du thé délivré aux commerçants 
                    de thé de l’Anhui par la dynastie des Qing. | 
                
              
              La technologie de traitement du thé Songluo de Xiuning, 
                créé au début des Ming, a été renommée à l’échelle des zones productrices 
                de thé, peu après le milieu des Ming, et ce thé est devenu le 
                thé renommé d’alors. Le thé noir Qimen, créé en 1875, s’est démarqué 
                parmi les grands crus chinois, et il s’est imposé comme l’un des 
                trois grands thés noirs au parfum le plus persistant du monde. 
                Grâce à sa qualité, différente des autres thés de la même catégorie, 
                le thé Huoshanya, manufacturé à partir des bourgeons ayant une 
                seule feuille et cueillis avant la chute des « gouttes de 
                pluies » , est devenu le thé réservé exclusivement à l’usage 
                des familles impériales des Ming et Qing. À la fin de la dynastie 
                des Qing, les thés en provenance de Huizhou et Luan ont bénéficié 
                d’une grande réputation, tant en Chine qu’à l’étranger, et ils 
                furent appelés communément « les grands thés Huilu ».
              C’est à l’époque couvrant la fin des Ming et le début 
                des Qing que la commercialisation et l’exportation des thés vers 
                l’Europe commencèrent. Les thés exportés en grande quantité étaient 
                les thés de Wuyi et de Songluo. Au milieu des Ming, alors que 
                la demande de thé augmentait en Europe de l’Ouest, des commerçants 
                de thé, venus de l’Anhui, ont été les premiers à faire le commerce 
                du thé avec les étrangers, et c’est eux qui ont exploité le « Tunlü » 
                et le thé noir « Qimen », qui ont écrit l’époque glorieuse 
                du thé de l’Anhui. Il est clair que l’Anhui a joué un rôle principal 
                dans les thés de Chine depuis les dynasties des Ming et des Qing. 
                Cela s’explique tant par la meilleure qualité du thé de cette 
                province que par l’influence favorable qu’a exercée l’administration 
                des pouvoirs et du marché d’alors. En d’autres mots, le développement 
                des thés offerts en tribut a été promu et stimulé par les gouvernements 
                anciens, tandis que leur commercialisation a été accélérée par 
                la demande accrue et les bénéfices tirés des opérations commerciales 
                des commerçants de thé de l’Anhui. À la fin du XIXe 
                siècle, les thés provenant de l’Anhui vendus à l’intérieur du 
                pays ne représentaient que 10-20 %, mais le volume de leur exportation 
                occupait 80-90 %. 
              Les thés spéciaux  
                
              Trois thés sur les dix grands thés renommés en Chine 
                proviennent de l’Anhui : Huangshan Maofeng, Luan Guapian et le 
                thé noir Qimen.
              Le Huangshan Maofeng  est originaire des monts 
                Huangshan, site touristique très connu pour ses forêts verdoyantes, 
                ses eaux limpides, son climat tempéré et son sol fertile. 
              Dans ces lieux, les théiers vivent dans un vrai paradis : 
                nuages, brumes, air frais, pluies abondantes et léger ensoleillement 
                qui donnent des feuilles épaisses, résistantes au vieillissement 
                et qui développent un parfum exceptionnel.
              Au début, le Huangshan Maofeng était originaire des 
                sommets du Sourcil (en chinois, Meimao). Dans les Notes sur 
                le thé de Xu Cishu des Ming, on peut lire : « Huangshan 
                Maofeng rivalise avec le thé Longqing ». En 1959, il est 
                devenu un des dix grands thés de Chine.
              Le Luan Guapian a plus de 300 ans d’histoire. Il fut, 
                durant les dynasties des Ming et des Qing, un thé de tribut. Sur 
                la liste des aliments destinés à l’impératrice douairière Cixi, 
                il est écrit expressément qu’il fallait lui fournir 700 g de Luan 
                Guapian à chaque mois. En chinois, le nom de ce thé signifie « graines 
                de melons » auxquelles ressemblent le thé fini. Les régions 
                productrices de ce thé se répartissent sur les pentes des monts 
                Dabieshan, d’une altitude moyenne de 500 m ; à cet endroit, 
                la couverture forestière atteint 50 %, la température annuelle 
                moyenne, 15,3 ºC et les pluies, de 1 200 à 1 400 mm. De nombreuses 
                plantations se trouvent sur des flancs qui sont noyés en permanence 
                par les brumes et les nuages, ce qui donne de grosses feuilles 
                épaisses qui donnent plusieurs infusions. La caractéristique principale 
                de ce thé tient à ses feuilles « robustes », prêtes 
                à utiliser, alors que dans le cas des autres thés verts, on recherche 
                des feuilles « tendres ». Par exemple, le Huashan Yinhao 
                (Aiguilles d’argent de la montagne Jiuhuasha) fait sa renommé 
                grâce à ses 147 000 (au maximum 170 000) bourgeons terminaux les 
                plus tendres contenus dans un 500g.
              Le Luan Guapian a été classé en 1949 parmi les dix grands 
                thés de Chine et est souvent servi par le gouvernement chinois 
                aux hôtes étrangers. On distingue trois niveaux de qualité : 
                le « Tipian », le meilleur, manufacturé avec des bourgeons 
                terminaux plus tendres et cueillis avant le 5 avril ; le 
                « Guapian », la deuxième qualité, fabriqué avec des 
                feuilles situées à proximité des bourgeons terminaux et cueillies 
                avant le 20 avril (gouttes de pluies) et le « Meipian », 
                la troisième qualité, produit avec des troisièmes ou quatrièmes 
                feuilles cueillies avant le mois de juin (Meiyu ou « pluies 
                des prunes »).
              Le thé noir Qimen provient du district Qimen. Au cours 
                de l’histoire, il a été un thé rare de Chine que l’on exportait, 
                et on le surnommait l’un des trois grands thés noirs les plus 
                profonds et les plus parfumés du monde. Les deux autres proviennent 
                de Darjeeling en Inde et de Uva au Sri Lanka. 
              Le thé noir Qimen, une variété de thé fermenté, 
                est réputé pour la couleur ambrée de ses infusions, ses feuilles 
                noires délicates et luisantes, et son goût malté et chocolaté, 
                subtile  original. En 1915, il a remporté la médaille 
                d’Or à l’occasion d’un Salon international qui a eu lieu à Panama. 
                En 1980, il a gagné la médaille d’Or nationale. En 1987, il a 
                remporté pour la deuxième fois une médaille d’Or internationale. 
                L’apparition du thé noir Qimen remonte à plus de cent ans et est 
                devenu un thé d’élite.
              La dernière 
                décennie
              
                
                    | 
                
                
                  | Des 
                    feuilles fraîchement cueillies prêtes à subir le traitement. | 
                
              
              Actuellement, dans l’Anhui, les 
                plantations de thé couvrent 0,2 million hectares, le quatrième 
                rang du pays. Sa production de thé atteint 50 000 tonnes par an, 
                soit 9 % du rendement total du pays ou le sixième rang de Chine. 
                Il y a cinq millions de cultivateurs et un million d’opérateurs 
                s’affairant dans la plantation, la production et la distribution 
                du thé, lesquels se répartissent dans 50 villes et districts de 
                l’Anhui. Le volume d’exportation annuel représente de 20 à 30 
                millions de dollars US.
              Le thé noir se vend principalement sur les marchés de 
                l’Europe de l’Ouest, des États-Unis, du Canada et des pays du 
                Sud-Est asiatique. En ce qui concerne le commerce du thé vert, 
                dont le volume commercial mondial est de 80 000 tonnes, la Chine 
                réalise l’exportation de 70 000 tonnes, soit plus de 80 % du volume 
                mondial du thé vert ; pour sa part, la province de l’Anhui 
                exporte 10 000 tonnes par an, soit 15 % du volume d’exportation 
                totale du pays, et les principaux marchés se répartissent sur 
                le continent africain et au Proche-Orient.
              Stratégie 
                de développement et mesures adoptées pour le Xe Plan 
                quinquennal 
              Dans le but de mieux répondre aux 
                exigences de l’évolution du marché mondial et de garder sa position 
                sur les marchés mondiaux, l’Anhui continuera à déployer de grands 
                efforts pour généraliser la culture des théiers de bonnes espèces 
                dans de vastes régions productrices de thé, sur la base de modèles 
                appliqués ailleurs avec succès. La province possède maintenant 
                29 des meilleures espèces de théiers, dont 19 espèces clonées, 
                lesquelles jouent un rôle déterminant dans le développement de 
                l’industrie du thé. Cependant, pour l’heure, la vulgarisation 
                des espèces clonées en Chine est très modeste (à peine 16 %). 
                
              
                
                    | 
                
                
                  | Le 
                    16 septembre 1958, le président Mao Zedong visite l’Usine 
                    de thé de la commune Shucha de l’Anhui. | 
                
              
              Dans les plantations de théiers, 
                l’Anhui procédera à la culture mixte, ce qui permet non seulement 
                d’assurer l’approvisionnement des feuilles fraîches de thé de 
                bonne qualité, mais aussi de maintenir l’équilibre écologique, 
                de contrôler et d’éliminer efficacement certaines maladies des 
                plantes et ravages des insectes nuisibles. Par exemple, dans la 
                région productrice des monts Huangshan, on a établi un système 
                bio-écologique à trois niveaux : la culture des arbres aux 
                sommets, la création des plantations de thé sur les pentes et 
                la culture céréalière aux pieds des montagnes.
              « Les montagnes renommées 
                produisent des grands thés », dit le proverbe chinois. Le 
                thé préféré du président Jiang Zemin provient des monts Huangshan. 
                Il a demandé au premier ministre Zhu Rongji, d’offrir des thés 
                fabriqués dans ces monts à M. Gu Yuxiu, son ancien professeur 
                de l’Université Jiaotong de Shanghai, au cours de sa visite officielle 
                effectuée en 1999 aux États-Unis. 
              La province développera vigoureusement 
                les thés organiques et non polluants, mettra en oeuvre une stratégie 
                verte afin d’offrir des denrées alimentaires saines. Ces dernières 
                années, l’Anhui s’est aperçu à ses dépens que les consommateurs 
                des pays importateurs ne sont nullement disposés à accepter la 
                présence de résidus de pesticides dans les thés, et la province 
                a mis en place une série de mesures à cet effet : faire prendre 
                conscience aux cultivateurs et aux producteurs de thé de l’importance 
                et du rôle de la stratégie verte, renforcer le contrôle et la 
                surveillance de l’utilisation de pesticides par une mise à jour 
                de la législation et de la  réglementation 
                au niveau provincial.
              Dans le district Xiuning relevant 
                de la ville de Huangshan, on a l’objectif d’y implanter, à l’essai, 
                la culture de thé organique de la plus grande envergure, autant 
                au niveau provincial que national. Le district est maintenant 
                le plus grand cultivateur de thé organique du pays avec ses 206 
                hectares de plantations de théiers organiques, certifiés par le 
                Centre de certification du thé organique au sein de l’Institut 
                national de recherche sur les thés de Chine. Finalement, pour 
                garder à l’Anhui sa position sur le marché mondial du thé, outre 
                ces mesures, on y applique le système international de certification 
                de la qualité pour mieux contrôler la qualité dans les divers 
                processus, de la production à la distribution.
              Liu Kai travaille 
                à la Société générale d’importation et d’exportation des thés 
                de l’Anhui.