JUILLET 2002

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

À quand le printemps de l’économie de propriété non publique?

WANG ZHIPENG

Pour la première fois, les banques étrangères, dont la principale représentante est la Citibank des États-Unis, ont démontré leur puissance sur le marché chinois, et les banques du pays commencent à en sentir les effets.

AFIN de respecter les engagements pris durant les négociations en vue de l’adhésion à l’OMC, le 1er avril dernier, le gouvernement chinois a commencé à implanter la version révisée du Guide des industries ouvertes à l’investissement étranger et de ses annexes. Par rapport à la version de 1997, ce nouveau guide incarne pleinement la stratégie d’élargissement de l’ouverture sur l’extérieur, et il encourage de manière vigoureuse l’investissement étranger en Chine. Le nombre des industries dans lesquelles l’investissement étranger est encouragé est passé de 186 à 263, et celles dans lesquelles il est restreint a diminué de 112 à 75. Les principaux changements concernent l’ouverture accrue des services tels que la banque, l’assurance, le commerce, le commerce extérieur, le tourisme, les télécoms, le transport, la comptabilité, l’audit et le droit, les limitations selon les régions, le montant, la portée des affaires, les exigences concernant la proportion des titres et l’échéancier sur lequel il y a eu engagement durant les négociations de l’OMC. Attirées par les bénéfices, les entreprises étrangères ont afflué en Chine. Par exemple, dans le secteur financier, certaines banques étrangères, dont la Citibank des États-Unis est la principale représentante, ont pour la première fois démontré leur puissance sur le marché chinois, et les banques du pays ont commencé à sentir la pression que leur font subir ces banques. Récemment, une entreprise non publique de Shanghai a déposé sa demande d’ouverture d’une banque et elle a essuyé un refus du département concerné du gouvernement. Par la suite, cette entreprise a intenté une poursuite. La Commission pour la planification du développement a établi : « Sauf dans les cas où l’État a des règlements spéciaux, tous les secteurs qui sont ouverts aux investissements étrangers et qui les encouragent permettent et encouragent également l’investissement privé du pays. Dans les domaines où des politiques préférentielles sont en vigueur, ces dernières s’appliquent également aux investissements privés du pays. » Mais dans les faits, alors que les investisseurs étrangers suivent les procédures concernées du ministère du Commerce et de la Coopération économique avec l’étranger et de l’Administration de l’industrie et du commerce en vertu du Guide des industries ouvertes aux investissements étrangers, les investisseurs privés du pays n’ont aucune procédure établie à suivre.

Depuis sa réforme et son ouverture en 1978, la Chine a déployé de grands efforts pour attirer l’investissement étranger, et elle a promulgué une série de politiques préférentielles. Ces mesures ont beaucoup encouragé l’introduction de l’investissement étranger. Depuis 1993, la Chine se classe au premier rang parmi les pays en développement quant à l’introduction des investissements directs étrangers, juste derrière les États-Unis au plan mondial. Depuis 1996, les investissements directs étrangers s’élèvent en moyenne à 40 milliards de dollars US. Même en 2001, alors que les investissements directs étrangers ont diminué, la Chine a absorbé 45 milliards de dollars US d’investissements directs étrangers. L’arrivée des entreprises étrangères a non seulement introduit des capitaux mais aussi la technologie avancée et une expertise de gestion, ce qui a encouragé la transformation et le développement de l’économie chinoise. L’on estime pouvoir attribuer aux investissements directs étrangers le tiers de la croissance économique élevée de la Chine ces vingt dernières années. La plupart des 500 multinationales les plus puissantes ont mené des affaires en Chine, et les investissements directs étrangers ont pénétré pratiquement tous les domaines de la société et de l’économie. Bien entendu, cet afflux d’investissements étrangers a créé un grand défi à l’économie publique et non publique.

Au fur et à mesure de la réforme et de l’ouverture, l’économie non publique a pris une importance accrue et s’est imposée dans l’espace laissé libre par l’économie publique et les secteurs financés par les capitaux étrangers. Alors que les réformes dans les entreprises et les banques publiques et au gouvernement sont à mi-parcours, l’économie chinoise a avancé par bonds. Dans cet avancement, le rôle clé joué par l’économie autre que publique est incontestable. Cependant, du total des prêts consentis aux entreprises par les quatre principales banques publiques, ceux qui l’ont été aux entreprises qui ne sont pas de propriété publique représentent moins de 5 %. La plupart des prêts ont été accordés aux entreprises publiques, mais la valeur de la production des entreprises de propriété publique et non publique s’équivaut quasiment. Jusqu’à maintenant, personne n’a nié les réalisations accomplies par les entreprises de propriété non publique ni l’importance du secteur économique de propriété autre que publique dans le développement de l’économie chinoise. Toutefois, sous plusieurs aspects, le traitement de ce secteur n’est pas équitable; mentionnons, entre autres, le seuil requis pour entrer dans le marché, la taxation, le financement et ce, plus particulièrement lorsqu’on  compare ce traitement avec les entreprises à capitaux étrangers.

Depuis que les investissements étrangers ont fait leur entrée dans le marché chinois, la mondialisation et la protection des industries nationales ont été des sujets chauds de discussion. À titre de grand pays, la Chine ne doit pas adopter en bloc une stratégie de globalisation, mais elle doit prendre soin de ses industries nationales en encourageant la compétition, de manière à augmenter sa puissance économique. Ce n’est que dans la mesure où le gouvernement chinois favorisera ses industries nationales et les supportera à concurrencer les sociétés transnationales que les technologies avancées pourront entrer en Chine, ce qui peut se produire seulement quand ces sociétés transnationales ne peuvent s’assurer de monopole. Quand les entreprises à capitaux intérieurs et étrangers subissent un cycle de compétition inoffensif, la Chine peut alors créer des industries nationales ayant une puissance concurrentielle.

La conséquence de l’introduction de l’investissement étranger, de la période initiale, en 1979, jusqu’à maintenant, c’est que la Chine est plus ouverte sur le monde extérieur. Cependant, l’ouverture à l’investissement de capitaux du pays doit aussi suivre, à défaut de quoi des problèmes graves peuvent surgir. L’indifférence à long terme envers la nécessité des investissements du pays et envers l’amélioration de l’environnement de développement des entreprises de propriété autre que publique ne peut que conduire à  dépendre de l’augmentation des investissements étrangers.

À moins d’un changement, les capitaux internationaux et publics chinois se partageront la domination de l’économie chinoise, un effet direct de l’économie de marché qui met l’accent sur la concurrence équitable. Cette situation défavorise le développement économique à long terme. Dans les circonstances actuelles, alors qu’il n’y a pas eu d’amélioration marquée du secteur économique public en une courte période de temps, il est particulièrement important de créer un bon environnement de développement pour le secteur économique de propriété autre que publique. On doit, tout au moins, lui donner une occasion équitable de concurrencer. Les entreprises de propriété autre que publique ont des mécanismes souples et une grande efficacité opérationnelle. Elles ont également une riche expérience accumulée pendant une longue période de développement. Je crois que, lorsque leurs intérêts seront bien répartis et garantis, elles auront une performance encore meilleure.

Le gouvernement chinois a toujours supporté le secteur public, et il a créé vigoureusement des conditions permettant d’attirer l’investissement étranger, mais dans le secteur économique de propriété autre que publique, les paroles sont plus nombreuses que les actes. Tout en encourageant l’introduction des investissements étrangers, les entreprises de propriété autre que publique méritent également une bonne part du gâteau. Ce n’est qu’à cette condition que pourra se produire un développement coordonné de l’économie de propriété publique, non publique et à capitaux étrangers. Je souhaite que, très bientôt, apparaisse le printemps de l’économie de propriété autre que publique.

Wang Zhipeng est un étudiant au doctorat en gestion et commerce de l’université Qinghua.