JUILLET 2002

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

La petite histoire de Gase et de sa famille

ZHANG XUEYING

La famille de Gase.

GASE, un petit commerçant, habite dans une rue relativement calme, derrière le quartier Barkhor à Lhasa. Dans cette rue qui paraît déserte en comparaison avec la rue principale où règne l’animation des affaires, Gase possède un étal, mais ses clients ne sont que des fidèles.

Le monastère Jokhang est entouré de rues appelées les « rues principales » du quartier Barkhor, et ces rues sont bordées d’étals où on vend des souvenirs.  Derrière ces étalages, sont installées des boutiques. C’est le quartier commerçant le plus connu de la ville de Lhasa. Aujourd’hui, faire du commerce est devenu l’occupation principale des habitants des environs. En plus de cet endroit, le quartier commerçant s’étend déjà à d’autres rues où les commerçants ne sont pas seulement des locaux, mais aussi des Tibétains résidant à l’étranger, des gens venus des provinces du Sichuan, du Zhejiang et de la ville de Beijing.

En général, c’est l’épouse de Gase qui s’occupe de l’étal de la famille. Elle y travaille de 9 h jusqu’à 17 ou 18h. Elle vend une sorte de petit panier de style tibétain, une marchandise exceptionnelle. Gase achète ces paniers d’artisans sichuanais, puis il y coud des ornements multicolores en cuir de veau. Cette marchandise est bien accueillie par ses compatriotes. Les Tibétains aiment l’utiliser pour conserver la tsampa, faite de farine d’orge et de fruits secs. Ce que Gase aime le plus, c’est qu’il peut travailler, assis dans un coin bien éclairé d’une pièce, tout en prenant du thé et en bavardant avec ses voisins et ses vieux amis.

Gase était un membre de l’équipe de prospection géologique de cette région. De santé fragile, il a dû prendre sa retraite à un peu plus de 40  ans. Gesang, son épouse, était institutrice dans une école primaire. Comme d’autres Tibétaines qui sont travailleuses et prévenantes, elle a été obligée de prendre aussi sa retraite pour prendre soin de son mari. Gesang, 41 ans, a reçu une éducation bilingue à l’université du Tibet, de sorte qu’elle parle très bien le chinois. Pour gagner un peu d’argent supplémentaire, le soir, elle donne des cours de chinois à certains enfants. Au début, tout allait bien. Mais après que leur fille unique eut réussi l’examen d’entrée et eut été admise à l’école secondaire du Tibet dans la ville de Nantong, province du Jiangsu, ce couple a commencé à éprouver autant de joies que de soucis. En effet, selon la règle, si les jeunes citadins sont admis à l’école dans d’autres régions, leur famille doit assumer une partie de leurs frais de scolarité, alors que ceux des régions pastorales sont exemptés de ces frais. La famille de Gase doit donc payer 700 yuans par an. Constatant la prospérité du commerce dans le quartier Barkhor et sous l’encouragement du gouvernement, ce couple a décidé de vendre la maison que l’équipe de prospection géologique leur avait assignée. Avec l’argent que les deux avaient mis de côté, ils ont construit une maison et installé un étal. Chaque soir, Gesang, très capable, enseigne encore le chinois aux enfants qui habitent à proximité.

Gesang montre le panier qu’elle a décoré.

Cet étal est situé non loin de chez eux, ce qui facilite la tâche de Gesang,  non seulement pour prendre des marchandises mais aussi pour s’occuper de son mari. Dans un bâtiment de quatre étages, ils ont un appartement au premier et au deuxième. L’appartement au 1er étage comprend une chambre de 17 m2 , une cuisine qui sert à la fois de cuisine et de salle à manger et un petit dépôt. Le gouvernement a fait installer l’électricité, mais il fait encore sombre. Heureusement, les deux pièces de l’appartement du 2e étage sont bien ensoleillées, quoique pas très grandes. Selon les dires de Gesang, si la nouvelle maison de sa famille est encore exiguë, c’est que, dans cette région, les gens n’ont pas beaucoup  d’argent. Le gouvernement a fait installer des conduites de drainage car la cour est plus basse que la rue, et quand il pleuvait, l’eau s’accumulait.

Gesang nous a révélé qu’il y a beaucoup de gens venus de la province du Sichuan qui ont loué des appartements pour faire du commerce dans le quartier Barkhor. Malheureusement, sa famille n’a pas de pièces inutilisées, sinon ils auraient pu gagner plus d’argent.

Leur fille, en 2e année du secondaire, n’est pas revenue à la maison depuis deux ans parce que les frais de déplacement sont très élevés.  Elle n’a pas encore vu cette nouvelle maison. Quand ce couple a appris qu’il pourrait expédier à leur fille les photos que le journaliste prendrait pour eux, les deux ont changé de vêtements, fait de l’ordre dans la pièce et posé fièrement sous la photo que leur fille leur avait envoyée.