Dans six ans, l’eau
propre du Yangtsé coulera à Beijing
HUO JIANYING
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Le réservoir
Danjiangkou, source de l’amenée d’eau vers Beijing. |
LA rivière Yongding, située
en banlieue ouest de Beijing, a depuis toujours déversé ses eaux
dans la région de Beijing et provoqué des inondations, de sorte
que l'on a toujours prêté attention à sa protection. Prenant sa
source dans le district de Mayi (Shanxi), cette rivière traverse
le plateau de lœss et, ce faisant, ses eaux se gorgent de sable,
d’où son appellation de « petit fleuve Jaune ». Vu le
changement aléatoire du lit de cette rivière, on l’a aussi baptisée
rivière Buding.
À la 37e année
de règne de l’empereur Kangxi des Qing (1688), le gouverneur Yu
Chenglong a fait faire un aménagement majeur de la rivière (dragage
et construction de la digue) et l’empereur Kangxi a alors changé
le nom de la rivière : de Buding (lit aléatoire) en Yongding
(lit éternel).
Construit sous la dynastie
des Jin (1115-1234), le pont Lugou (baptisé aussi pont Marco Polo)
enjambe cette rivière sur 266 m, une preuve éloquente de la cote
d’alerte d’alors. La construction du pont a bien mis en valeur
son architecture, sa structure et ses superbes sculptures :
après plus de 800 ans, le pont est toujours en bon état. À l’aube,
sous la lune, le beau paysage du pont dessine un contraste qui
charme les yeux. C’est pourquoi on l’appelle Lugou Xiaoyue
(le pquont Lugou sous la lune matinale). Sous la dynastie des
Jin, ce paysage avait été classé au rang des huit sites de Yanjing
(ancien nom de Beijing). Ces dernières années, le tarissement
de ce cours d’eau suscite la consternation. Pour conserver ce
site historique, on est obligé d'utiliser un barrage en caoutchouc
pour retenir le peu d'eau qui reste.
À Beijing, la pénurie des
sources d’eau provoque des problèmes de plus en plus graves. Cette
pénurie a des effets importants sur l’approvisionnement en eau,
tant dans la vie courante que
dans la production industrielle. Durant plusieurs années,
le faible coût de l’eau a habitué les habitants à gaspiller cette
précieuse ressource. Il
y a 40 ans, pour une utilisation de quelques mois, le coût n’équivalait
qu'à celui d’une bouteille d’eau minérale.
Pour économiser l’eau potable,
la municipalité de Beijing a augmenté le prix de l’eau. Au cours
du premier semestre de 2001, les habitants ont subi trois augmentations
de prix (1,6, 2,0 et 2,5 yuans le m3). D’après ce qu’on
rapporte, une hausse de prix sensible serait appliquée dans peu
de temps. Pour économiser l'eau, l’année dernière,
le gouvernement municipal a acheté des robinets spéciaux qu’il
a distribués à chaque foyer urbain. En plus de faire réduire l’utilisation
d’eau dans la production industrielle, le gouvernement a aussi
adopté une série de mesures pour épurer les eaux usées. Bien que
ces mesures aient donné de bons résultats, la question de la pénurie
d’eau n’est pas résolue pour l’essentiel.
En Chine du Nord, la sécheresse
menace gravement les villes de Beijing, Tianjin, Shijiazhuang,
Taiyuan, Xi’an, Jinan, Qingdao et d’autres. En dépit des mesures
gouvernementales, la situation reste préoccupante. Dans ce contexte,
le projet d’amenée de l’eau du Sud vers le Nord a été mis à l’ordre
du jour après quelques années de discussions, et la construction
de cet ouvrage commencera cette année, selon les prévisions
Les
travaux d’amenée de la voie médiane
Les ressources en eau de la
Chine sont parsemées principalement au Sud. Les travaux d’adduction
d’eau du Sud vers le Nord consistent à utiliser des eaux situées
en amont, au cours moyen et en aval du fleuve Yangtsé pour améliorer
la situation de pénurie de la Chine du Nord. Ces travaux comprennent
trois voies : est, médiane et ouest.
Les travaux de la voie médiane
consistent à amener des eaux du Yangtsé vers les régions de Beijing
et de Tianjin. Cet ouvrage acheminera vers Beijing des eaux du
réservoir Danjiangkou de la rivière Hanjiang, un des affluents
du Yangtsé, en passant par les provinces du Hubei, du Henan, du
Hebei, un trajet de 1 267 km. Les travaux principaux demanderont
un investissement de 116,1 milliards de yuans. La capacité annuelle
d’amenée des eaux atteindra 14,5 milliards de m3. L’achèvement
de ces travaux permettra aux provinces et aux villes voisines
de profiter d'un bon approvisionnement en eau pour développer
leur économie et améliorer les conditions de vie de leurs habitants.
La première tranche de ces travaux sera achevée d’ici 2010. À
ce moment-là, la situation de pénurie d’eau de Beijing sera grandement
améliorée.
Shiyan,
une ville écologique
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Torrent aux eaux
limpides de Shiyan. |
Située dans la province du
Hubei, Shiyan est une ville nouvelle réputée pour ses camions
Dongfeng et les voitures Fukang. Depuis quelques
années, la vente des voitures Fukang à Beijing occupe les
premiers rangs pour la vente des voitures. Il y a des années,
lorsque des pluies torrentielles se sont abattues sur la province
du Hubei, la voiture Fukang n’a pas cessé de rouler, grâce
à son habitacle étanche.
Située dans la région du
mont Wudang, Shiyan est riche en eau de qualité. Son bon écosystème est la base de son paysage pittoresque.
En tant que patrimoine culturel de l’humanité, le mont Wudang,
haut lieu du taoïsme, est considéré comme un des trésors verts
et un des modèles de la protection de l’environnement en Chine.
En 1412, au cours de la dixième
année du règne de l’empereur Yongle, Chengzu des Ming (1368-1644)
mobilisa 300 000 travailleurs pour aménager et faire des constructions
au mont Wudang. Pour y protéger la flore, il donna l’ordre d’interdire
de manière absolue le sabotage d’un seul arbre et d’une seule
herbe dans un périmètre de 100 km. La doctrine taoïste chinoise
préconise toujours le principe suivant : en respectant les
moyens de préserver sa santé, on doit se conformer à la nature
et vivre en harmonie avec elle. Au plan alimentaire, cette doctrine
respecte toujours la bonne tradition d’exploiter et d’utiliser
des aliments naturels. Le mont Wudang recèle plus de 1 800 espèces
de plantes sauvages, dont plus de 300 sont utilisables. Aujourd’hui,
la région de Shiyan a créé une base de produits alimentaires verts
d’une superficie de 170 000 hectares pour cultiver principalement
des taros, des théiers, des champignons, des agrumes et des légumes.
Adieu
à l’eau embouteillée!
Le réservoir Danjiangkou se
trouve au confluent des rivières Hanjiang et Danjiang. Plus de
2 000 rivières et cours d’eau régionaux l’approvisionnent.
Le grand barrage de ce réservoir
se dresse sur 162 m et s’étire sur 2 494 m. Son niveau d’eau normal
est de 157 m, et sa capacité d’eau, de 17 milliards de m3.
Pour répondre à la demande des travaux d’amenée de l’eau, la hauteur
de son barrage sera augmentée de 14,6 m et son niveau d’eau
normal, de 13 m. Ainsi, la capacité du réservoir exigera le déplacement
de 200 000 habitants du voisinage.
D’après les estimations des
experts, les travaux d’adduction d’eau seront mis en service dans
quelque six ans. Cela signifie que, lors des Jeux olympiques de
2008, Beijing utilisera l’eau de ce réservoir. À ce moment-là,
Beijing aura construit plusieurs services d’eau. On prévoit que
l’amenée de 1,2 milliard de m3 d’eau
servira principalement aux habitants et au parc Yuyuantan.
D’après les dires de M. Wu,
ingénieur du Bureau des ouvrages hydrauliques, l’eau propre et
limpide de ce réservoir peut se comparer avantageusement avec
l’eau en bouteille. Il a lui-même apporté une grande bouteille
d’eau de ce réservoir et a demandé à ses collègues d’y goûter.
Les habitants de Beijing aiment beaucoup le thé. Dans six ans,
ils seront contents de le préparer avec l’eau de ce réservoir.
On prévoit que le prix
global des eaux fournies par les travaux d’amenée sera de six
yuans le m3, et celui que devront payer les habitants
de Beijing, de quelque quatre yuans. Par rapport au prix de l’eau
en bouteille, ce prix est acceptable pour la plupart des habitants.
Merci
aux habitants de Shiyan
Après des années, les habitants
de Beijing pourront finalement se servir de l’eau propre du réservoir
Danjiangkou. Ils doivent présenter leurs remerciements sincères
aux habitants de Shiyan qui ont déployé des efforts pour protéger
l’environnement biologique et redresser l’économie de la région.
Bien que le taux de couverture forestière de cette ville ait déjà
atteint plus de 45 %, les habitants de la ville ne se reposent
pas sur leurs lauriers.
Ces deux dernières années,
en fermant 59 papetières, l’autorité municipale a supprimé huit marchés
de bois. D’après ses prévisions, avant 2005, la reconversion de
terres cultivées en forêts et en prairies s’étendra sur des pentes
couvrant 110 000 hectares. En renforçant la construction de la
réserve naturelle de 250 000 hectares, la grande zone en
reboisement y sera fermée. Le taux de couverture forestière aura
atteint 60 % en 2010. Par ailleurs, la purification de l’air et
le traitement des déchets ont enregistré de grand succès. Aujourd’hui,
Shiyan s’adonne à la construction d’une « ville d’approvisionnement en eau propre » pour les habitants de
Beijing.