
Les Tatars et les Russes
Ces deux ethnies, dont les membres vivent surtout dans le Nord-Ouest, ne
sont pas très populeuses mais elles sont tout de même reconnues
comme deux groupes ethniques distincts qui possèdent leurs propres
représentants auprès des divers échelons du gouvernement.
Les Tatars
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La
simplicité de la femme tatare. |
Cette ethnie, comptant un peu plus de 5 000 personnes, se trouve surtout
autour de Tacheng et d’Urumqi dans la région autonome du Xinjiang.
Son histoire en Chine remonterait à la dynastie des Tang (618-907),
au moment où la tribu tatare vivait sous le régime du khanat turc
nomade du Nord de la Chine. Lorsque cet État déclina, les Tatars
gagnèrent en puissance et leur appellation fut utilisée pour faire
référence à plusieurs tribus du Nord, après la dynastie des Tang.
Leur patrie fut par la suite annexée par les Mongols, et lorsque
ces derniers pénétrèrent plus avant vers l’ouest, les gens de
l’Asie centrale et de l’Europe les appelèrent Tatars.
Au milieu du XIIIe siècle, Batu, petit-fils de Genghis Khan
a établi le Khanat de la horde d’or en Asie centrale, mais ce
khanat a commencé à décliner au XVe siècle;
le khanat Kashan commença alors à gagner en puissance sur le cours
moyen de la Volga et dans les régions le long de la rivière Kama.
Les dirigeants du khanat Kashan commencèrent à s’identifier comme
Tatars, fils des Mongols, pour revivifier leur puissance. Le mot
tatar est donc devenu synonyme des habitants du khanat
Kashan. Les Tatars d’aujourd’hui sont des descendants des
Baojiaer, des Kipchack et des Mongols.
Après le XIXe siècle, la crise des serfs dans la Russie tsariste
empira et les propriétaires de serfs intensifièrent leur pillage
des terres. La plupart des terres des Tatars, situées le long
de la Volga et de la Kama, furent saisies et leurs habitants furent
forcés de s’enfuir. Certains se rendirent en Asie centrale puis
dans le sud du Xinjiang.
À la fin du XIXe siècle, la Russie tsariste effectua une expansion
agressive au Xinjiang et y acquit des privilèges commerciaux.
Pendant un certain temps, les marchands russes, suivis des marchands
tatars du khanat Kashan, voyagèrent au Xinjiang. Plusieurs s’y
établirent pour y faire du commerce. Des intellectuels et des
ecclésiastiques s’y rendirent également en vue de s’y installer.
Jusqu’au début du XXe siècle, un flot continu de Tatars
déferla donc au Xinjiang.
La langue tatare appartient à la famille des langues turques. Puisque les
Tatars se sont mêlés librement
aux Ouïgours et aux Kazakhs du Xinjiang, les trois langues
se sont influencées mutuellement et ont donné naissance à de nombreux
dialectes locaux. La langue écrite des Tatars est basée sur l’alphabet
arabe. Leur religion est l’islam.
Historiquement, la plupart des Tatars s’occupaient d’élevage mais une minorité
oeuvrait aussi dans l’artisanat, surtout la transformation du
cuir, la confection et la broderie. Aujourd’hui, beaucoup sont
devenus des travailleurs de l’industrie.
Coutumes
Habitation et alimentation.
La plupart des Tatars qui vivent dans les villes habitent des
maisons à toit plat avec cheminée. Ils aiment suspendre des tapisseries
à l’intérieur de leur maison qui est habituellement très propre
et bien rangée. Les cours, agrémentées d’arbres et de fleurs,
ressemblent à des jardins. Dans les régions rurales, les Tatars
nomades vivent sous la tente.
La cuisine tatare, populaire au Xinjiang, comprend une grande variété de
pâtisseries. Lors des fêtes, les Tatars servent les Gubaidiai
et les Yitebailixi; les premières sont des pâtisseries
faites de fromage, abricots secs et de riz, les deuxièmes, faites
de citrouille, de viande et de riz. Les deux sont croustillantes
et avec un remplissage moelleux. Les boissons des Tatars comprennent
la Keerxima, une sorte de bière faite de miel fermenté
et le Kesaile, un vin fait de raisins sauvages.
Habillement. Les hommes
portent habituellement une chemise blanche brodée sous une veste
courte noire ou une longue tunique. Leur pantalon est également
noir. Ils portent souvent un petit chapeau noir et blanc et un
chapeau de fourrure en hiver. Les femmes portent de petits chapeaux
garnis de perles et de longues jupes à plis blanches, jaunes,
rouges ou violettes. Elles portent de nombreux bijoux, dont des
boucles, des bracelets et des colliers. Toutefois, ce style de
vêtement est de plus en plus délaissé au profit des costumes occidentaux.
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Le
bonheur familial n’a pas d’histoire, même chez les Tatars |
Mariage et funérailles. La plupart
des Tatars urbains appartiennent à des familles monogames. Les
fils et les filles ne vivent pas avec les parents après leur mariage,
mais ils les supportent jusqu’à leur mort et leur démontrent beaucoup
de respect. Les mariages avec des membres d’autres groupes ethniques
de croyance islamique sont fréquents. Le mariage se tient à la
famille de la mariée selon les rites religieux. Les nouveaux mariés
doivent boire de l’eau sucrée dans une même tasse, ce qui symbolise
leur espoir d’une vie commune durable et agréable. Habituellement,
le marié doit vivre pendant un certain temps dans la maison de
ses beaux-parents, et dans certaines familles, il ne doit pas
retourner dans sa maison jusqu’à la naissance d’un premier enfant.
Les bébés sont baptisés trois jours après leur naissance, et leur
nom est habituellement choisi dans les Classiques islamiques.
L’enfant prend habituellement le prénom de son père ou de son
grand-père. Quarante jours après sa naissance, l’enfant est baigné
dans une eau qui provient de 40 endroits, coutume permettant d’assurer
une croissance saine. À la mort, le corps de la personne décédée
est enveloppée d’un linceul blanc, selon la coutume islamique.
Vie culturelle. La vie
culturelle des Tatars est riche. Leur musique est rythmée et on
utilise de nombreux instruments, dont la Kunie (une flûte
en bois), la Kebisi (une sorte d’harmonica) et un violon
à deux cordes. Les danses tatares sont vivantes et gaies. Les
hommes exécutent beaucoup de mouvements de jambes, les femmes
bougent la taille et les bras. Ces danses incorporent des caractéristiques
des danses ouïgoures, russes et ouzbeks. Lors des fêtes, les Tatars
organisent souvent des concours de danses. La fête de la Tête
de la Charrue, qui se tient au printemps, est un grand rassemblement
annuel avec chants, danses, luttes et courses de chevaux. Un jeu
y est particulièrement apprécié à cette occasion :
tous les participants tiennent dans leur bouche une cuiller
dans laquelle est posé un œuf. Le premier à atteindre la ligne
d’arrivée sans perdre l’œuf est le gagnant.
Le théâtre tatar est l’un des premiers théâtres ethniques à avoir vu le
jour au Xinjiang. Dès les années 30, des troupes existaient dans
diverses villes de la région autonome.
Les Russes
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Le
caractère typé de la femme russe. |
La plupart des quelque 13 000 Russes de Chine vivent dans la région autonome
du Xinjiang. Ils ont commencé à émigrer en Chine au XVIIIe
siècle, durant la Russie tsariste, et ils continuèrent à le faire
au XIXe siècle et après la révolution d’Octobre en
1917. Ils parlent le russe, leurs coutumes et leur habillement
ressemblent à leurs homologues qui vivent en Russie, et la plupart
pratiquent la religion orthodoxe.
Historiquement, ces Russes vivaient dans les villes et s’adonnaient à la
réparation, au transport, à l’artisanat, à l’horticulture, à l’élevage
et à l’apiculture. Dans les régions rurales, on retrouvait souvent
des groupes de dix familles qui vivaient ensemble dans un petit
village. Ils cultivaient la terre, surtout sur les rives du fleuve
Ili et Tekes. Leur production et leur culture avaient atteint
un niveau de développement passablement élevé.
Aujourd’hui, les Russes de Chine travaillent surtout dans l’industrie,
le transport, la finance, le commerce et la médecine.