JUIN 2002

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Réduction sélective des titres publics cotés en Bourse

Wang Zhipeng

Les boursicoteurs savent qu’il faut souvent prendre le pouls du marché.

À la mi-juin 2001, après de longues délibérations, le gouvernement chinois a mis à exécution son plan de réduire les titres publics cotés en Bourse afin d’augmenter les fonds pour la sécurité sociale. Cette mesure a suscité des vagues qui se sont répercutées partout en Bourse, ainsi qu’une chute implacable des cotes.

Créé au début des années 90, le marché boursier chinois a maintenant une histoire de plus d’une décennie. Ses caractéristiques sont uniques dans le monde. Le fait que la majorité des sociétés cotées soient des entreprises d’État et que la proportion des titres flottants soit faible forme sa première caractéristique. À la fin de 2001, il y avait 1 100 sociétés cotées, et des titres pour une valeur totale de 400 milliards de yuans. Le gouvernement possédait les deux tiers des sociétés cotées, et la valeur des titres non flottants représentait le double des titres flottants. Une autre caractéristique est la trop forte spéculation sur le marché boursier chinois.  Au début, la plupart des investisseurs étaient des individus. Une atmosphère de spéculation avait cours, et le taux de changement de mains des titres était de dix à vingt fois supérieur à celui des pays développés. Afin de régulariser le marché boursier, en 1998, le gouvernement a introduit des sociétés de fonds, dans l’espoir que cette mesure puisse apporter des investissements à long terme. Toutefois, les événements se sont avérés contraires aux espoirs, la spéculation étant encore plus importante; certaines sociétés ont truqué le marché et effectué des transactions douteuses. La dernière caractéristique du marché boursier chinois, et la plus importante, est son manque de transparence et l’imperfection de ses mécanismes de supervision et de réglementation. Les données des sociétés cotées ne sont pas fiables, étant donné que de nombreuses agences d’intermédiaires ont participé à leur falsification, comme l’ont montré les affaires dévoilées parfois. Cette dernière décennie, le marché boursier chinois a accumulé de nombreuses « bulles ».

La domination des titres publics non flottants se poursuit. Puisque le gouvernement est le plus important détenteur de titres, les sociétés cotées n’ont pas encore mis en place un système d’entreprises modernes au sens propre. Plusieurs sociétés cotées supportent un lourd fardeau, et il y a une absence nette de tout mécanisme de restriction ou d’incitation. Au cours du processus de croissance, il y a eu émergence de nombreux obstacles. Dans ce contexte, le gouvernement chinois s’est montré déterminé à améliorer la structure administrative des entreprises d’État, et à utiliser des fonds levés par la vente des titres publics cotés sur le marché boursier, afin de réapprovisionner les fonds de la sécurité sociale. Cependant, deux conditions ont besoin d’être remplies lors de la réduction des titres publics cotés en Bourse : la première est de garantir les intérêts de l’État et des investisseurs; la deuxième est de mettre en circulation des titres non flottants tout en maintenant la stabilité du marché boursier.

En vertu de la mesure consistant à réduire les titres publics, lorsqu’une société à responsabilité limitée procède à des offres publiques initiales ou supplémentaires, un volume de titres publics équivalant à 10 % des finances totales engagées doit aussi être vendu. Afin de garantir les intérêts de l’État et d’éviter la perte d’avoirs publics, le prix des titres publics était plus élevé que prévu. Toutefois, le gouvernement ne s’attendait pas à une chute si dramatique du marché boursier. En cinq mois, le marché boursier a chuté d’un tiers. Comme on le sait, il existe une grande quantité de « bulles » sur le marché boursier chinois, et les efforts de stabilisation du marché risquent de faire éclater ces bulles et, en conséquence, de détruire le marché des titres dans son ensemble. Bien que de nombreux problèmes existent sur le marché boursier chinois, on ne doit pas minimiser ses réalisations. Aujourd’hui, le marché boursier est devenu une partie essentielle de la macro économie de la Chine, particulièrement au moment où l’économie globale vit un ralentissement et où la marge d’erreurs permise est faible. De plus, on doit tirer des leçons de l’histoire. Le Japon a fait éclater sa bulle boursière en 1988, et depuis lors, son économie n’a pu retrouver son équilibre. Pendant la crise financière asiatique de 1997, l’Asie du Sud a été la victime de l’éclatement d’une « économie bulle ». La Chine doit éviter cette erreur. Parallèlement, le gouvernement  est doublement coincé : il lui faut garantir les intérêts de l’État tout en maintenant la stabilité du marché boursier.

Certains boursicoteurs observent la fluctuation des cours en espérant voir se produire un miracle, d’autres s’empressent d’acheter.

Selon moi, nous devons changer notre approche. Les cibles ne devraient pas être l’ensemble des sociétés publiques cotées, un plan unifié n’est pas faisable. Les cibles devraient plutôt être limitées à certaines excellentes sociétés, la proportion des réductions devrait être importante, et on devrait utiliser les capitaux levés par la vente des titres publics pour aider celles qui ont besoin de la sécurité sociale. Ces excellentes sociétés devraient être sélectionnées parmi certaines entreprises en développement, telles les sociétés de télécoms et de pétrochimie. Dans ce processus de réduction, les entreprises devraient être encouragées à chercher des investisseurs stratégiques et à absorber des capitaux étrangers et privés, par le transfert de titres publics à bon prix. Ce faisant, une grande proportion des titres pourrait changer de mains au lieu d’être abandonnée au marché flottant, et une glissade importante du marché boursier pourrait ainsi être évitée.

Lorsque la capitalisation de la sécurité sociale sera adéquate, une partie du fardeau des entreprises sera allégée, ce qui leur permettra de se développer de manière saine et de connaître un cycle favorable. Le gouvernement chinois peut tirer parti de l’occasion favorable fournie par sa participation à l’OMC pour implanter des politiques financières et monétaires adéquates et créer un bon environnement macro-économique pour les entreprises, de sorte que leur capacité de rentabilité s’accroîtra, vu que le prix des titres publics cotés en Bourse augmentera. Grâce à ces mesures, la réduction des titres publics cotés en Bourse rapportera des bénéfices plus élevés. Parallèlement, les autorités chargées de la régulation et de la supervision du marché des titres doivent perfectionner leur système dès que possible, afin d’améliorer la transparence du marché boursier et, de ce fait, accroître la confiance des investisseurs, conditions propices à une hausse du marché boursier.

Une fois que ce marché sera redevenu prospère, il y aura davantage d’options concernant la réduction des titres publics : lorsqu’il y a de l’eau, se forme un canal, en d’autres mots,  lorsque les conditions sont mûres, les succès se réalisent.

Wang Zhipeng est un étudiant au doctorat de l’École de gestion économique de l’université Qinghua.