Le
mal-être des jeunes : il faut y voir
ZHANG
HUA
 |
Activité
de donation organisée chez les écoliers de Beijing pour sauver
les ours blessés du jardin zoologique. |
Le 23 février dernier, une
blessure infligée à des ours du parc zoologique de Beijing a fait
sensation dans toute la Chine. Liu Haiyang, un étudiant de l’Université
Qinghua, avait ajouté de l’acide sulfurique dans un cola et a
arrosé des ours de ce mélange, ce qui a eu des conséquences fort
graves : un ours a été brûlé sur une grande surface et un
autre est devenu aveugle. Cet étudiant a été arrêté sur place.
D’après ses explications, il avait posé ce geste pour vérifier l’agilité des ours.
Devant l’écran de télé, face
à l’expression glaciale et indifférente de ce jeune, le public
chinois a éprouvé de la rage. Partout, des voix se sont fait entendre
pour condamner cette brutalité. Des sociologues, des pédagogues,
des psychologues, des criminologues et d’autres ont commenté l’évènement
à tour de rôle. En fait, bien avant cette nouvelle, des événements
se sont produits dans certaines écoles : violence, viol,
décrochage, fugue, etc. Toutefois, c’est la blessure infligée
aux ours qui, dans le public, a fait déborder le vase. Une des
raisons est que l’auteur de cet incident est un étudiant de l’Université
Qinghua, institution très respectée chez les Chinois. Le public
ne veut pas et ne peut pas accepter cette réalité.
La poussière soulevée par
cet événement n’était pas encore retombée, qu’un autre se produisait.
Un étudiant de Beijing, qui ne pouvait plus supporter la pression
psychologique ressentie après avoir échoué à ses examens, s’est
emparé d’un pistolet jouet, a forcé la porte de la chambre d’étudiantes
et a commis un attentat. Un autre étudiant a tenté de se suicider
après avoir été renvoyé de l’école, à cause de ses mauvaises notes,
mais en pensant à la douleur que sa famille endurerait après son
suicide, il a tué d’abord son père et sa grand-mère. Dans le Sichuan,
province éloignée de Beijing, une lycéenne de 13 ans s’est enfuie
de sa famille par amour des stars, etc.
Ce type d’événements se produit
à répétition. Pour les Chinois, cela ressemble à une projection
continue de films de violence ou d’horreur dans un court laps
de temps. Après la stupéfaction, la terreur, la colère, la perplexité,
ils commencent à faire une introspection et, comme
s’ils se réveillaient d’un cauchemar, il ne peuvent s’empêcher
de se demander : « Qu’ont-ils, ces jeunes ? Est-il
possible que nous nous soyons trompés à ce point en les éduquant ? ».
Les Chinois respectent toujours
la tradition d’accorder une grande importance à l’éducation et
à l’enseignement. Il y a quelques millénaires, nos Anciens connaissaient
la théorie de « l’instruction fait la politesse », et
ils affirmaient, pour qualifier le rôle de l’éducation et de l’enseignement :
« Travailler à son perfectionnement personnel pour que la famille
agisse d’un seul cœur, gouverner le pays en agissant de concert
avec la famille, ce qui permet d’assurer une paix d’ensemble.»
En un mot, dans un groupe restreint, l’éducation permet d’élargir les connaissances
personnelles, dans un groupe élargi, d’élever la position d’un
État dans le monde, de défendre la puissance de cet État et d’assurer
la paix de la société. Pour cette raison, les intellectuels sont
considérés souvent comme les piliers d’un État.
Le lettré Fan Zhongyan de
la dynastie des Song élevait l’esprit des hommes de lettres jusqu’au
point maximum en affirmant : « Se faire du souci avant
les masses et prendre plaisir après les autres. » Certains
contemporains se sont rendu compte du retard de la Chine dans
le domaine des connaissances scientifiques. Pour changer le destin
du pays, ils ont voulu à tout prix se rendre en Occident pour
y étudier. À fin des années 70 et au début des années 80, la Chine
a rétabli l’examen d’entrée aux établissements d’enseignement
supérieur après la décennie de la révolution culturelle, ce qui
a donné naissance à un grand nombre de personnes qualifiées. Aujourd’hui,
à l’ère de l’informatique, d’innombrables exemples de destins,
qui ont changé grâce à une réussite fondée sur les connaissances,
montrent pleinement l’importance
de celles-ci.
Dans une famille moderne,
dès le moment où sa grossesse est confirmée, la femme prend contact sans hésitation avec les milieux spécialisés
dans l’éducation du fœtus. Après la naissance, le jeune bébé est
entouré tout de suite par la musique, les mathématiques, les langues
étrangères et même les casse-tête chinois. Cette méthode de mise
en valeur des ressources intellectuelles est raisonnable et efficace,
les enfants, stimulés de l’extérieur, éveillent leur intelligence
plus rapidement qu’avant.
Dans les olympiques de mathématiques,
les étudiants chinois ont maintes fois remporté des médailles
d’or, de sorte que la communauté internationale a porté ses regards
sur l’enseignement de base de la Chine.
La
controverse de l’éducation
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Et
que ça roule ! |
Comme la pièce de monnaie
a deux faces, l’éducation cache également une double nature :
elle fait progresser la société et met en valeur l’intelligence
de l’homme, un rôle irremplaçable, mais elle donne aussi naissance
au matérialisme, ce qui génère inévitablement divers problèmes.
L’éducation chinoise souffre de certains d’entre eux.
Premièrement, la recherche de succès rapides et d’avantages
immédiats.
L’éducation morale, le savoir
vivre et le civisme auxquels l’enseignement traditionnel chinois
attachait de l’importance subissent
maintenant une perte de popularité. Surtout dans la période de
transition économique que vit la Chine à l’heure actuelle, les
grands idéaux, les notions de valeur et l’altruisme se sont désintégrés
au fur et mesure du développement économique rapide. Le nombre
des personnes licenciées augmente de plus en plus, alors que certaines
autres s’enrichissent rapidement. Dans ce contexte, l’enseignement
chinois est influencé par la recherche des succès rapides et des
avantages immédiats, ce qui conduit les gens à dénatures leur moi profond. Liu Haiyang est la victime de ce type
de problèmes. Il a grandi dans une famille monoparentale, seul
avec sa mère. Cette dernière a concentré ses efforts dans la formation
de son fils avec l’idée traditionnelle de « former un fils
qui pourra subvenir aux besoins de sa vieillesse ». Pour
que son fils devienne « un dragon », elle l’a surchargé
d’études, a tracé ses
plans d’avenir et prévu ses frais de scolarité, voire même son itinéraire pour se rendre à
ses cours. Grâce à cette
coordination, Liu Haiyang a réussi dans divers concours de mathématiques
et de physique qui se sont tenus à Beijing et dans le pays, au
cours de ses années au secondaire. Aux yeux des Chinois, Liu Hanyang
était un bon enfant.
Tout comme Liu Haiyang, la
plupart des élèves et de leurs parents cherchent aussi à suivre
cette voie, que ce soit sciemment ou non, et
ils oublient l’objectif de l’enseignement : former
la capacité de vivre, renforcer les bonnes relations avec les
autres et faire progresser la civilisation humaine.
Deuxièmement, la réussite de l’examen à tout prix
Comme un grand nombre de pays
étrangers, pour sélectionner les personnes qualifiées, la Chine
a adopté aussi le système des examens. Sans aucun doute, ce système
a joué un rôle positif pour faire progresser la société et la
civilisation chinoise. Autrefois, les lettrés se plongeaient dans
la lecture, et passer l’examen impérial concrétisait finalement
leurs grandes ambitions. Au point de vue objectif, ces lettrés
bénéficiaient de meilleures occasions que les gens du commun pour
participer aux affaires sociales et pour démontrer leur capacité
de travail. L’examen fournissait une occasion de compétition honnête.
Par l’examen d’entrée aux
établissements supérieurs, l’enseignement moderne met en valeur
un autre aspect des étudiants
et leur permet, grâce à leurs efforts, d’absorber davantage à
l’école pour mieux rendre de retour à la société. Toutefois, la
Chine est un pays populeux et en développement. Ses institutions
d’enseignement sont bien loin de satisfaire tous les besoins des
candidats à l’examen. Par conséquent, les élèves doivent étudier
consciencieusement dès leur enfance pour réussir leur examen d’entrée
dans les établissements d’enseignement supérieur. On n’a pu guère
éviter de transformer l’enseignement chinois en un simple enseignement
orienté vers la réussite de cet examen.
Cependant, ce ne sont pas
tous les étudiants qui réussissent. Après analyse de cas types
d’étudiants qui ont échoué, des sociologues et des pédagogues
ont trouvé que ces étudiants gardent un sentiment d’échec et manquent
de confiance en soi. C’est qu’au cours de leur croissance, la
réussite a toujours été considérée comme le critère d’évaluation
de leur valeur. En classe, au moment des examens et pour qu’ils soient promus, on leur demande
de remporter un titre
ou un prix d’honneur, quelle que soit l’activité à laquelle ils
participent, de sorte qu’ils perdent la capacité de distinguer
le vrai du faux sous l’influence de notions de valeur déformées
depuis longtemps. En outre, ces jeunes n’acceptent qu’un enseignement
livresque et manquent d’aptitudes pour ajuster et équilibrer
leur état psychologique, ce qui montre la faiblesse de leur intégration
sociale. Ce genre d’étudiants peut ne pas créer de problèmes dans
des conditions favorables, mais s’ils subissent un revers ou doivent
affronter un défi, pour s’adapter aux circonstances, ils peuvent
alors prendre des mesures inimaginables qui vont jusqu’à blesser
leur famille et eux-mêmes.
Troisièmement, distinction des disciplines selon sciences et
techniques/arts et lettres.
Ce modèle est en vigueur depuis
plusieurs dizaines d’années. L’examen d’entrée aux établissements
d’enseignement supérieur est nettement distingué selon les disciplines,
de sorte que les élèves mettent très tôt l’accent sur une discipline,
voire même dès leur enfance. La division catégorique des disciplines
restreint le champ des connaissances des élèves, les uns sur les
conceptions scientifiques et la philosophie, alors que les autres
manquent de connaissances sur l’histoire, la littérature, les
arts et les sciences humaines.
Cette controverse en éducation
reflète que l’éducation psychologique est un problème qui doit
être résolu immédiatement.
Manque
d’éducation psychologique
À
la fin de 2001, un lapin en peluche était très bien vendu sur
le marché. Il avait l’air paresseux et malin. Ses yeux étaient
presque fermés. Des commerçants ont prévu que ce jouet deviendrait
un objet sur lequel les gens moderne, stressés et préoccupés,
pourraient jeter leur dévolu. Certains jeunes qui n’avaient pas
réussi leur examen se sont servis de ce pauvre petit animal pour
se défouler.
Selon
certains renseignements, à l’heure actuelle, on compte en Chine
30 millions d’adultes qui ont des problèmes psychologiques. Le
taux des maladies psychiques parmi les écoliers est de 21,6 %
à 32 % et celui des étudiants qui éprouvent des problèmes psychologiques
représente de 16 % à 25,4 % du nombre total des étudiants. En
plus, ces pourcentages ont tendance à augmenter.
M.
Fan Fumin, professeur de l’Institut d’éducation de l’Université
Qinghua et M. Wang Jianzhong, professeur adjoint de l’Université
d’aéronautique et d’engins spatiaux de Beijing, étudient l’état
psychologique des étudiants depuis longtemps. Dans une enquête
effectuée en 2001 sur les qualités psychologiques des étudiants
de Beijing, ils ont trouvé que les étudiants forment un groupe
spécial auquel la société accorde un critère très élevé. Ces gens-là
ont une forte envie de s’affirmer et
leurs parents espèrent pouvoir compter sur eux. Cependant,
leur croissance psychologique n’est pas encore arrivée à maturité
et ils manquent d’expérience dans la société. En plus, pour obtenir
un bon résultat au sein de la concurrence lors des examens d’entrée
à l’université, les jeunes se plongent corps et âme dans leurs études, alors que
leur état psychologique et leur capacité d’adaptation sont relativement
faibles, d’où les phénomènes de déséquilibre psychologique qui
apparaissent de temps en temps. C’est un groupe qui est sujet
à vivre des problèmes psychologiques.
Que
peut-on faire pour que les jeunes ouvrent leur cœur et se débarrassent
des soucis liés à leur développement ?
Dans
une école secondaire rurale, on essaie de faire découvrir aux
élèves ce qu’ils éprouveraient devant la mort, par l’entremise
d’une expérience de « glissement de terrain ». Dans
un environnement contrôlé, les élèves éprouvent en leur for intérieur
le malheur de la mort. Beaucoup d’élèves laissent la chance de
vivre à d’autres. Dans les discussions sur la vie et la mort,
ils vivent des émotions fortes. L’atmosphère est solennelle et
sacrée. Après cette expérience, les élèves sont mieux en mesure
d’entrer en contact avec les autres et d’ouvrir leur cœur. La
classe est plus unie et les élèves se préparent mieux à la pression
qu’ils subiront lors de l’examen d’entrée à l’université. Cette
éducation expérimentale permet aux élèves de découvrir le sens
de la vie par l’intermédiaire d’une situation concrète, de vivre
la fraternité et d’élever leurs capacités psychologiques. Cette
méthode semble avoir obtenu de bons résultats.
Toutefois,
les écoles ne sont pas toutes pareilles. À strictement parler,
l’éducation psychologique n’a pas été établie dans les établissements
d’enseignement chinois, elle est toujours absente au primaire.
L’éducation psychologique en Chine est loin d’être à la hauteur
si on compare la situation avec celle de certaines universités
de l’étranger (un psychologue par 2 000 élèves).
Il
faut leur donner un coup de main
 |
Dans
la famille à enfant unique, les parents gâtent
trop souvent leur enfant. |
Actuellement,
on cherche par tous les moyens à donner un coup de main aux jeunes.
Bien qu’il manque de psychologues et d’organismes sociaux de consultation
psychologique, des professeurs affables et expérimentés sont tout
à fait en mesure d’aider à dissiper les ennuis des étudiants.
C’est un complément naturel à l’insuffisance de l’éducation psychologique
en Chine.
Dans
une école primaire de l’arrondissement Xicheng de Beijing, les
élèves de troisième année aiment le
cours spécial intitué « réunion de la classe »,
au cours duquel ils peuvent poser au professeur toutes sortes
de questions sur les choses qu’ils n’ont pas comprises. « Pourquoi
suis-je toujours si lent en calcul mental ? » « Si
quelqu’un me bat, devrais-je lui rendre un coup ? »
sont des types de questions que l’on retrouve. En prenant conscience
des problèmes psychologiques des élèves, l’instituteur peut répondre
à ces questions avec des mots simples et expliquer les raisons.
Lorsqu’une élève timide a demandé pourquoi elle n’arrivait toujours
pas à bien jouer au volant avec le pied, une institutrice, âgée
de plus de 40 ans, l’a amenée au
terrain de sports et lui a appris les secrets de ce jeu.
Cette démonstration habile a rapproché l’élève et l’institutrice.
Cette dernière n’est plus considérée comme un professeur lointain
et les élèves peuvent
s’ouvrir à elle.
À
propos de la délinquance juvénile, une école secondaire de Beijing
a donné une éducation judiciaire à ses élèves. Les élèves ont
assisté au jugement d’affaires et ont visité une maison de détention.
Un président de tribunal a formulé un conseil : « Dans une
école jouissant de bonnes conditions, on peut simuler un tribunal
dans lequel les élèves peuvent jouer les rôles du personnel judiciaire.
À travers le jugement simulé d’affaires réelles, les élèves peuvent
recevoir directement l’éducation
dans ce domaine et comprendre la valeur de la loi.
Ce
n’est pas sans raison qu’on dit que l’éducation de base en Chine
a besoin de renouveau.
M.
Yuan Guiren, vice-ministre de l’Éducation, a dit que la famille,
l’école et l’éducation sociale doivent former un tout dans la
réalisation d’un objectif : celui de former des personnes
saines de corps et d’esprit.
À
cet effet, les spécialistes en éducation familiale ont formulé
des propositions. Récemment, ils ont lancé l’idée suivante :
« prendre soin de soi-même », ce qui a attiré l’attention.
L’essence de cette idée est que « les enfants doivent s’occuper
d’eux-mêmes et de leur santé et savoir prendre soin de leur propre
développement. » Il est nécessaire et réaliste que les enfants
s’occupent de leur santé, et ils doivent savoir le faire dès qu’ils
sont petits. Avoir une bonne santé signifie être bien, tant physiquement
que moralement. Il faut non seulement adopter de bonnes habitudes
de vie, participer activement aux activités sportives, mais aussi
bien se connaître. Les élèves doivent savoir également établir
des relations avec les autres, être en bons termes avec eux et
s’adapter à l’environnement où ils se trouvent. En fait, cette
idée demande aux parents, d’une part d’apprendre aux enfants à
prendre de bonnes habitudes, à rajuster leur caractère et, d’autre part, de leur apprendre à prendre
responsabilité de leur vie.
Ce
qui est encourageant, c’est que la Chine ouverte est en train
de tirer parti des bonnes méthodes d’éducation de l’étranger et
de modifier ses vieilles conceptions.
Par
exemple, le système d’éducation de l’étranger est en train d’être
expérimenté dans certaines régions et certains établissements.
Une fois dans la vie active, les gens ont encore la possibilité
de recevoir la formation nécessaire à leur profession. Le bâtiment
Liangmahea a fait de l’anglais professionnel et de la gestion
de l’hôtellerie une formation continue, et ainsi, il stimule l’enthousiasme
au travail du personnel. Cette approche est totalement différente
de la conception dite « le diplôme universitaire, une assurance
pour la vie ».
L’union
et la coopération avec le sport attirent également l’attention.
On parle alors d’une croissance à la fois physique et psychologique
et cela peut stimuler l’ardeur des gens et élever leur confiance
dans la vie.
En
effet, de plus de plus de personnes approuvent le concept d’une
éducation polyvalente. Ils estiment que l’éducation doit non seulement
leur inculquer plus de connaissances, mais aussi qu’il est plus
important qu’elle donne aux enfants la capacité de vivre en harmonie
avec le monde.
Il
y a peu, l’aviron a été classé parmi les cours facultatifs à l’université
Qinghua. On peut rêver d’une belle image qui exprime l’harmonie
entre le courage, la force humaine et la nature. À ce moment-là,
aura-t-on encore des ennuis ?