Les Kirghiz
              
              
                
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                  | Jeune fille 
                    kirghize. | 
                
              
              L’ethnie kirghize compte plus 
                de 143 000 personnes qui habitent pour la plupart dans la préfecture 
                autonome kirghize de Kizilsu, établie en 1954 dans le sud-ouest 
                de la province du Xinjiang. On en retrouve aussi dans le nord 
                de cette province, de même que quelques centaines dans le district 
                de Fuyu, province du Heilongjiang. La langue kirghize appartient 
                à la branche turque de la famille des langues altaïques. Elle 
                a emprunté plusieurs mots au chinois, et on a élaboré un nouvel 
                alphabet, délaissant l’ancienne écriture arabique pour adopter 
                une écriture basée sur l’alphabet romain. Les langues ouïgoure 
                et kazakhe sont également utilisées dans certains endroits.
              Origine 
                et histoire
              Les ancêtres des Kirghiz habitaient 
                sur les rives supérieures du Yangtsé. Au milieu du VIe 
                siècle, la tribu kirghize était sous la férule du khanat turc. 
                Après que la dynastie des Tang (618-907) eut défait le khanat 
                turc de l’Est, les Kirghiz entrèrent en contact avec cette dynastie, 
                et au VIIe siècle, la terre des Kirghiz fut officiellement 
                incluse au territoire chinois. Jusqu’au Xe siècle, 
                les Kirghiz eurent des contacts fréquents avec les Han. À partir 
                de leurs instruments de musique : tambour, sheng (flûte), 
                bili et panling (série de clochettes attachées à 
                un tambourin), on peut voir que les Kirghiz avaient atteint un 
                niveau de culture relativement élevé. Pendant les Liao (916-1125) 
                et les Song (960-1279), les Kirghiz furent enregistrés comme Xiajia 
                ou Xiajiaz. Même sous les Ming (1368-1644), les Xiajia, 
                qui étaient alors appelés Jiliji ou Qirji, vivaient 
                surtout d’élevage, mais ils s’étaient déplacés vers les monts 
                Tianshan et étaient devenus l’un des groupes tribaux de langue 
                turque comptant le plus grand nombre de personnes. Par la suite, 
                ces groupes s’unifièrent. Au début de la dynastie des Qing (1644-1911), 
                les Kirghiz, qui n’avaient pas encore émigré vers Tianshan, le 
                firent alors. D’autres émigrèrent dans le Nord-Est. Sous cette 
                dynastie, beaucoup de Kirghiz aidèrent le gouvernement à écraser 
                des rébellions, mais sous le Guomindang, en 1944, suite à la fermeture 
                de nombreuses régions pastorales, la révolution Puli éclata. La 
                majorité des combattants étaient des Kirghiz.
              Le système féodal patriarcal 
                a laissé des traces profondes sur la vie socio-économique kirghize. 
                Avant 1949, 10 % de la population possédait 70 % du bétail. Si 
                un homme était embauché par un propriétaire de serfs, toute sa 
                famille devait s’occuper de l’élevage des animaux et des travaux 
                liés, en retour de trois moutons par an, de la nourriture et du 
                toit. L’impôt imposé par le clergé islamique  représentait 20 % du revenu annuel du paysan. 
                Les conditions de vie étaient donc fort difficiles.
              L’organisation tribale kirghize 
                était la suivante : une tribu principale possédait un certain 
                nombre de sous-tribus qui s’occupaient d’élevage dans différentes 
                localités. Chaque sous-tribu était composée de Ayinle, 
                ou clan, chaque clan étant formé d’environ cinq à dix familles. 
                Les liens entre les tribus n’étaient pas très étroits et, règle 
                générale, aucune relation de dépendance n’existait. Durant les 
                différentes dynasties chinoises, les dirigeants tentèrent donc 
                invariablement de diviser ces tribus pour mieux régner.
              Us et 
                coutumes
              
                
                    | 
                
                
                  | Les Kirghizes 
                    sont des éleveurs chevronnés. | 
                
              
              Au plan des croyances, certains 
                Kirghiz adhèrent à l’islam, alors que d’autres, surtout ceux du 
                Heilongjiang qui ont subi l’influence des Mongols, croient au 
                lamaïsme, tout en conservant certaines croyances issues du chamanisme.
              La vie matérielle des Kirghiz 
                est encore étroitement liée à l’élevage; les vêtements, la nourriture 
                et les habitations présentent des caractéristiques propres au 
                nomadisme.
              Habillement. Les hommes portent des chemises blanches à col rond, 
                bordé de ruban, et par-dessus, ils enfilent une veste de peau 
                de mouton ou une longue tunique bleue, sans col. Certains autres 
                portent des vêtements en laine de chameau avec manches en tissu 
                noir. Règle générale, ils portent une ceinture de cuir de laquelle 
                pendent un couteau et une pierre pour allumer des feux. Le pantalon 
                est ample et les bottes sont hautes. La chaussure caractéristique 
                des Kirghiz s’appelle qiaokaoyi et  
                elle est fabriquée de peau. En tout temps de l’année, les 
                hommes, jeunes ou vieux, portent un chapeau de velours cordé, 
                de couleur verte, pourpre, bleue ou noire, couvert d’une grande 
                peau d’animal au dessus carré, ou un chapeau de feutre au bord 
                relevé. L’intérieur du chapeau en peau d’animal est garni de velours 
                noir.
              Les femmes portent des vestes 
                amples sans col avec des boutons en argent sur le devant. Leur 
                longue jupe à plis est bordée de fourrure. Certaines femmes portent 
                une robe dont la jupe est plissée dans sa partie inférieure, et 
                par-dessus, elles enfilent une veste noire. Les jeunes femmes 
                aiment les robes et les jupes rouges, les chapeaux ronds en velours 
                rouge ou des chapeaux rouges en peau de loutre, décorés avec des 
                perles, des plumes et des pompons. Alors que les jeunes femmes 
                aiment bien les foulards rouges ou verts, les plus âgées préfèrent 
                le blanc. Les bottes des femmes sont souvent brodées. Les femmes 
                célibataires se font de nombreuses petites tresses, et n’en feront 
                que deux après leur mariage. Ces tresses seront décorées de chaînes 
                en argent, de monnaies ou de clés entrelacées dans une chaîne 
                de perles. Elles aiment également porter des bracelets, des boucles 
                d’oreille, des colliers et des anneaux en argent. Dans certaines 
                régions, les filles portent des pendentifs en argent gravés de 
                motifs.
              Régime alimentaire. Celui des éleveurs kirghiz comprend surtout des produits 
                à base d’animaux, du chou, des oignons et des pommes de terre. 
                Ils boivent du lait de chèvre, du yogourt, du thé auquel ils ajoutent 
                du sel et du lait. Les plus riches boivent du lait de vache, mangent 
                du bœuf, du mouton, du cheval et du chameau, de la farine de blé 
                et du riz. Ils entreposent le beurre dans des estomacs séchés 
                de mouton ou de bœuf. Tous les ustensiles sont faits en bois.
              Habitation. Les tentes sont fabriquées de feutre épais; elles ont 
                une forme carrée et sont clôturées avec des pieux de saule. L’ossature 
                de la tente est d’abord recouverte d’un tapis d’herbe, puis d’un 
                feutre avec un puits de lumière d’un m2. Un feutre 
                amovible y est attaché.
              Coutumes familiales. La famille kirghize est habituellement formée de trois 
                générations, les fils mariés vivant la plupart du temps avec leurs 
                parents. Autrefois, le mariage était arrangé par les parents, 
                parfois même avant la naissance, ce qu’on appelait « arrangements 
                de mariage à la grossesse ». Les fréquentations traditionnelles 
                commençaient au moment où le futur rendait visite à la famille 
                de sa future épouse pour lui offrir un mouton rôti.  
                Les parents de la future mariée attachaient alors le couple 
                à des pieux devant la tente. Le couple était relâché seulement 
                lorsque le père et les frères du futur marié faisaient appel à 
                la clémence et offraient des présents. Le mariage était officié 
                par un imam qui coupait un gâteau en deux,  
                en trempait des morceaux dans l’eau salée avant de les 
                mettre dans la bouche des nouveaux mariés, ce qui signifiait que 
                ceux-ci devront partager les joies comme les peines pour toujours. 
                Le marié emmenait alors la mariée et les cadeaux de fiançailles 
                à la maison.
              Dans le foyer, il existe une 
                division distincte des tâches : l’homme mène les chevaux 
                et le bétail aux pâturages, coupe l’herbe et le bois et s’acquitte 
                des tâches plus dures, alors que la femme fait pâturer, trait 
                les vaches, tond les moutons, aide à mettre bas les agneaux, effectue 
                le traitement des produits animaux et  s’acquitte des tâches ménagères. Autrefois, 
                l’homme était considéré comme supérieur et décidait de toutes 
                les questions d’héritage et de distribution de la propriété. Lorsque 
                le fils se mariait, il avait droit à une portion de la propriété 
                familiale qui était habituellement légué au fils cadet. Les femmes 
                n’avaient pas le droit d’hériter. La propriété d’un homme sans 
                descendance était léguée à ses parents proches. Au moment des 
                funérailles, tous les parents et les amis se vêtent de noir et 
                portent un foulard noir.
              Les Kirghiz sont très hospitaliers 
                et cérémonieux. Tout visiteur, qu’il soit un ami ou un étranger, 
                se voit offrir ce qu’il y a de mieux : mouton, riz sucré 
                avec de la crème et des nouilles garni de tranches de mouton. 
                Offrir de la viande provenant de la tête du mouton est le signe 
                de la plus haute considération. À table, on offre d’abord à l’invité 
                le gras provenant de la queue du mouton, de la viande provenant 
                de la palette de l’épaule et ensuite de la tête. L’invité doit 
                alors redistribuer aux femmes et aux enfants certains morceaux 
                qu’il a reçus, en signe de respect. Quiconque déménage sa tente 
                est accueilli par ses anciens et ses nouveaux voisins, en guise 
                d’adieu et de bienvenue.
              
                
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                  | À la saison 
                    de la coupe des herbes qui serviront de fourrage. | 
                
              
              Le calendrier 
                et les fêtes. Celui des Kirghiz ressemble à celui des Chinois, les années étant marquées 
                par des animaux. L’arrivée de la nouvelle lune indique le début 
                d’un mois, douze mois forment une année et douze années, un cycle. 
                Au début du premier mois de l’année, les Kirghiz célèbrent le 
                Nualaoz, lequel ressemble à la fête du Printemps. Ils célèbrent également 
                les fêtes islamiques. Les jours de fête et les soirs d’été, jeunes 
                et vieux, hommes et femmes se rassemblent dans les prairies pour 
                célébrer : chanter, danser, raconter des histoires et participer 
                à des jeux, dont le Diao 
                Yang (une compétition pour attraper un mouton 
                sans tête placé sur un cheval), la lutte, la course de chevaux, 
                le tir à cheval. Les Kirghiz sont des chanteurs et des danseurs 
                renommés. Leurs chants comprennent des ballades, des épopées et 
                des chants folkloriques. Bien que les Kirghiz possèdent de nombreux 
                instruments de musique, le kaomuz, un instrument à trois cordes est le favori.
              Culture. De nombreux poèmes, légendes, 
                proverbes et fables ont été légués de génération en génération 
                depuis des siècles. L’épopée appelée Manas est comme une 
                encyclopédie sur l’étude des anciens Kirghiz. Elle comprend 200 
                000 versets qui décrivent, à travers les actions de plusieurs 
                générations de la famille Manas, la bravoure et le courage des 
                Kirghiz. Elle est aussi un miroir des coutumes et des idées des 
                Kirghiz sur le temps. Les peintures et les gravures des Kirghiz 
                présentent des motifs de cornes d’animaux qui décorent les yourtes, 
                les attelages de chevaux, les pierres tombales et les édifices. 
                Les Kirghiz aiment le rouge, le blanc et le bleu. Leur art utilise 
                donc toujours les couleurs vives, est agréable à contempler et 
                rempli de vitalité et de fraîcheur.
              Économie. Aujourd’hui, en plus de l’élevage, les Kirghiz ont 
                édifié une industrie locale qui comprend la machinerie, la cimenterie, 
                l’énergie, les métaux non ferreux, le traitement de la fourrure 
                et l’exploitation minière. De plus en plus de Kirghiz tendent 
                à se sédentariser, à cultiver des légumes et des melons.