AVRIL 2002

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Changsha, une ville qui ne laisse pas indifférent

YI DA

La chambre à coucher de Mao Zedong et de son épouse,Yang Kaihui, à Qingshuitang.

CHANGSHA, capitale de la province du Hunan,  jouit d’une grande réputation en Chine, mais celle-ci a surtout été proéminente durant les dernières décennies 60 et 70, étant donné que Mao Zedong, dirigeant chinois originaire du Hunan, avait étudié à l’école normale nº 1 du Hunan à Changsha. C’était une époque d’idolâtrie fanatique pendant laquelle la ville de Changsha devint le haut lieu des révolutionnaires, ce qui, par la suite, devait lui permettre d’acquérir un grand renom en Chine.

Deux opinions diamétralement opposées surgissent lorsqu’on tente d’évaluer la ville. Certains la trouvent belle pour son fleuve Xiangjiang qui fournit des ressources hydrauliques abondantes, ses monts verdoyants et ses jolies jeunes filles,  mais selon d’autres, au contraire, Changsha est une ville à l’allure misérable. Sa couleur terne et ses rues en désordre la font ressembler à un village arriéré. Une fois à Changsha, on constate qu’elle est non seulement une belle ville, mais qu’elle possède aussi une civilisation ancienne.

Changsha ne date pas d’hier. Son histoire, qui a connu maintes vicissitudes, remonterait à plus de 3 000 ans. Souvent, on y a déterré, ça et là, des antiquités et des objets anciens, comme des briques des Qin, des tuiles des Han, des tablettes de bambou des Royaumes combattants, pour ne donner que quelques exemples. La dépouille de la femme de Mawangdui, découverte en banlieue de la ville, peut rivaliser avec les statues des guerriers et des chevaux en terre cuite trouvées près du tombeau de l’empereur Shihuangdi des Qin à Xi’an.

Changsha est aussi une ville culturelle. On y trouve l’ancienne école Yuelu, qui formait les lettrés dans l’Antiquité. La conception et les méthodes pédagogiques de cette école influencent toujours les recherches scientifiques chinoises. On dit que, depuis l’Antiquité, le Hunan est une province de niveau avancé dans le domaine pédagogique ; même aux temps anciens, où les femmes sans talents particuliers étaient considérées comme des femmes vertueuses, les femmes de Changsha avaient beaucoup plus de chances en éducation que les femmes des autres régions. Aujourd’hui, Changsha est connue pour son niveau scientifique et technologique. Elle compte des dizaines d’académiciens, ainsi que des écoles supérieures reconnues en Chine. Parmi les célèbres scientifiques de Changsha, M. Yuan Longping est le plus connu, surtout pour sa mise au point des semences de riz à rendement élevé. Cet homme a beaucoup d’influence dans le monde, et sa découverte scientifique a aidé à trouver des moyens efficaces pour résoudre les problèmes de subsistance des Chinois.

En dépit de son image de ville bien cultivée, Changsha garde toujours un aspect rural. À part d’avoir des bâtiments construits dans d’anciens champs de légumes, la ville compte de nombreux habitants qui sont des paysans installés récemment dans ces bâtiments. Dans les rues, on peut sentir encore leurs difficultés d’adaptation à la vie citadine : brûler le feu rouge, piétiner les pelouses, cracher par terre, crier à haute voix dans les théâtres sont des manifestations qu’on essaie toujours d’éradiquer. En Chine, parmi ce genre de villes, laquelle n’est pas surgie des champs de cultures? Changsha est un condensé du passage des régions rurales aux zones urbaines.

Conformément aux habitudes rurales, les habitants de Changsha s’habillent sans trop de recherche vestimentaire et leur langage est moins châtié. Leurs émissions préférées sont les téléfilms comiques, et ils affectionnent les spectacles de distractions, même ceux qui sont parfois de mauvais goût. Les habitants de Changsha sont hospitaliers et ils accordent de l’importance à la cuisine. Chaque famille peut faire un bon plat.

Le vêtement ne pesant que 49 g, découvert dans le tombeau des Han à Mawangdui.

Contrairement à la situation qui prévaut à Shanghai, à Beijing et dans d’autres grandes villes à l’heure de pointe du matin, à Changsha, c’est à minuit, qu'il y a des embouteillages. À cette heure, les rues sont encore bien animées et les gens sortent vers les lieux de distraction qui poussent comme des champignons. Au début des années 90, dans certaines rues et ruelles, ont surgi soudainement des boîtes de nuit, lesquelles furent par la suite remplacées par des salles de Karaoke et encore plus tard, par des complexes de lavage des pieds. Les Chinois croient que, sur la plante du pied, existent des points d’acupuncture qui correspondent aux organes importants du corps. Laver souvent les pieds pour stimuler ces points favoriserait la santé. Pour cette raison, à minuit, aller à la maison de lavage des pieds est en vogue dans cette ville.

Ce type de sortie y est peut-être une mode éphémère, mais les salles de chant et les snacks où l’on déguste une collation de nuit sont des favoris depuis toujours. Il est quasi inimaginable que les salles de chant de Changsha soient toujours aussi animées. Dans l’une de celles-ci, on affiche complet à toutes les nuits depuis son ouverture, il y a quelques années.

La collation de nuit est une caractéristique commune à toutes les villes du Sud. Celle de Changsha ressemble à un vrai repas où on trouve poisson, porc, poulet et canard. Les snacks sont donc ouverts tard dans la nuit.

Guide touristique de Changsha

Le mont Yuelu, premier mont du Hunan : Sis à la rive ouest du fleuve Xiangjiang qui coule à ses pieds, ce mont est bien connu depuis toujours comme site pittoresque. Le site touristique se compose d’une partie naturelle et d’une partie culturelle et historique. Dans la zone montagneuse, les arbres et les herbes se développent avec exubérance, animaux sauvages et toutes sortes de plantes s’y trouvent en abondance. En hiver, la neige couvre le mont, et au printemps, les fleurs de montagne affichent leurs couleurs vives. En été, le décor devient flou sous la pluie, et en automne, les arbres fruitiers sont chargés de fruits.

L’école Yuelu. Datant de plusieurs millénaires, cette école est un site culturel et historique. C’est l’école supérieure la plus ancienne dans le monde. Construit en 976, sous la dynastie des Song du Nord (960-1127), cet édifice inclut un kiosque, un pavillon, une terrasse, un temple des ancêtres, un jardin. Des panneaux horizontaux, accrochés au-dessus de la porte d’entrée, et des sentences parallèles, calligraphiées et inscrites par de célèbres lettrés de toutes les époques ont une grande valeur. Le grand maître philosophe Zhu Xi de la dynastie des Song y a donné des cours et y a laissé ses écritures. La galerie de stèles présente des données historiques gravées depuis la dynastie des Tang (618-907). La vue pittoresque de cette école est bien connue, surtout pour ces huit sites construits en 1782.

L’îlot Juzi.  Telle une bande incrustée au centre du fleuve Xiangjiang, cet îlot attire toujours les voyageurs pour son paysage pittoresque. Alors qu’il étudiait à Changsha, Mao Zedong y a passé souvent du temps pour se reposer et lire. Dans son célèbre poème Xinyuanchun, Changsha, il a mentionné cet îlot. Les lettrés de l’Antiquité s’y sont rendus en visite pour admirer ses vues pittoresques, et ils composèrent un grand nombre de poèmes. Aujourd’hui, cet îlot est devenu un parc public où on peut goûter les spécialités de la ville dans des restaurants qui y ont été bâtis.

Du pavillon Tianxin, on peut admirer le panorama.

Le pavillon Tianxin. Il est la marque de l’ancienne cité de Changsha, et il se trouve dans le parc Tianxin, en ville. C’est un pavillon de style classique, dressé sur un ancien rempart. Composé de trois pavillons, un principal et des secondaires, et d’une galerie, cet édifice a été construit plus tard, à la fin de la dynastie des Ming (1368-1644). Si on monte au pavillon principal, on peut embrasser le panorama de cette ancienne ville.

Les tombeaux des Han de Mawangdui. Ils se trouvent dans le canton Mawangdui de la zone Wurong de Changsha. Ils comprennent, au total, trois tombeaux où ont été enterrés le chancelier, son épouse et son fils. Le 16 janvier 1972, les archéologues ont excavé le tombeau nº 1. Ce tombeau, de seize mètres de profondeur, recèle une grande quantité d’objets funéraires. La dépouille d’une femme de la dynastie des Han, enterrée depuis plus de 2 100 ans et bien conservée, a été déterrée de ce tombeau. Le fameux vêtement en lin léger, de 1,6 mètre de long et pesant 49 grammes seulement a été découvert dans ce tombeau. Les objets funéraires des tombeaux nº 1 et nº 3 sont fort nombreux, dont des cloches, des trépieds, des pots, des boîtes, des plateaux, des tasses, des statuettes en bois, des paravents. Dans le tombeau nº 3, on a découvert les ouvrages sur l’astronomie les plus anciens du monde, et ceux qui sont les plus anciens de Chine sur la médecine.  Par ailleurs, on y a trouvé aussi la carte topographique du Sud de l’État de Changsha et la carte de la répartition des troupes en garnison parmi les tableaux de soie. Le nombre et la valeur des objets funéraires des tombeaux des Han de Mawangdui ont fait sensation dans le monde, leur renommée peut se comparer à celle des statues et chevaux en terre cuite de l’empereur Shihuangdi des Qin. Dans le musée provincial du Hunan, situé au 3, rue Dongfeng à Changsha, sont exposés la dépouille de cette femme et les objets funéraires de ces tombeaux.