La vie
de quartier pékinoise
HUANG
CAI
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Le
Comité de quartier Fangcaodi a invité des avocats pour offrir
des consultations juridiques gratuites aux habitants. |
Avec
l’ancrage de l’économie de marché en Chine, tous les domaines
de la vie quotidienne vivent des changements. Dans le passé, ce
qu’on appelait l’unité de travail (l’employeur) servait de trait
d’union entre les gens et la société. Quand un citadin chinois
entrait dans un service public ou une entreprise, il se voyait
attribuer un logement dans le quartier d’habitation de sa danwei
(unité de travail), les voisins étaient ses collègues de travail,
il prenait un bus de la danwei pour se rendre au travail,
et les enfants des employés fréquentaient l’école relevant de
cette entreprise ; on vivait donc pratiquement dans un microcosme.
Mais aujourd’hui, avec la rotation fréquente du personnel
dans les entreprises, la vente des logements aux employés et la
possibilité pour ces derniers de trouver un appartement de leur
choix dans le marché, de nouveaux quartiers ont vu le jour. La
danwei s’est retirée petit à petit de l’administration
des quartiers d’habitation. Des liens se tissent entre nouveaux
voisins, entre les habitants et les services sociaux d’un quartier.
Les Chinois retrouvent leur caractère social et leur vie prend
un sens concret, d’abord dans le quartier.
Quand
le quartier fait peau neuve
Les Chinois se réjouissent maintenant du fait que leur quartier
soit administré à travers le Comité de quartier, constitué de
fonctionnaires et de délégués des habitants. Depuis toujours,
l’aménagement urbain était l’affaire du gouvernement local, surtout
à Beijing, capitale politique, culturelle et historique. Mais
ces dernières années, la situation a commencé à changer, les habitants
ont aussi leur mot à dire sur ce sujet.
Le quartier Jinsong de Beijing est un quartier peuplé où
sont alignés des dizaines d’immeubles d’habitation. Dans un projet
de rénovation, l’architecte, diplômé de l’université Qinghua (une
des plus prestigieuses universités de Chine), avait décidé que
l’extérieur des bâtiments serait repeint en bleu profond ;
deux bâtiments avaient été peints, mais le résultat n’était pas
celui que l’architecte avait espéré. Chaque jour, des gens du
quartier venaient juger de
l’état des travaux et passaient des commentaires sur ce bâtiment
rénové « de la tête aux pieds ». Le Comité du quartier
a donc décidé d’inviter les habitants à donner leurs avis sur
la couleur à choisir pour les autres bâtiments. Mme
Wang est donc allée au Comité de quartier déposer sa lettre de
proposition. En la déposant, elle sentait tout le poids de ce
mince papier car il représentait l’avis de tous les habitants
de son immeuble d’habitation. Ses voisins avaient montré beaucoup
d’intérêt à donner leur opinion, surtout quand ils avaient appris
que l’architecte écouterait leurs avis pour prendre sa décision.
Afin de parvenir à une unanimité de vues, les habitants avaient
longuement discuté : certains préféraient le rouge, parce
que dans la culture chinoise, le rouge est symbole de bonheur,
d’autres aimaient le vert car d’après eux, la couleur des feuilles
est pleine de vivacité……Finalement, les habitants s’étaient mis
d’accord pour le gris, en raison de sa douceur et de son élégance.
Le Comité de quartier avait donc transmis à l’architecte la couleur
choisie par les habitants, celui-ci était tombé d’accord et avait
modifié son projet. Quelques mois plus tard, les habitants ont
donc eu le plaisir d’admirer les bâtiments peints de la couleur
qu’ils avaient choisie. Simple en apparence, ce type d’événement
était une première dans la vie de ces Chinois.
Le
quartier offre aussi de l’emploi
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À
Beijing, on voit partout des équipements d’exercice dans les
espaces verts des quartiers d’habitation. |
Avec la restructuration économique du pays, une partie de
la population urbaine active vit le chômage ou le sous-emploi.
Parallèlement, les sondages montrent que 67 % de la population
urbaine espère recevoir des services comme l’entretien des électroménagers,
l’assistance au ménage, la livraison à domicile, l’accompagnement,
etc. La promotion de l’emploi de quartier fait donc d’une pierre
deux coups. Selon un rapport de la Municipalité de Beijing, l’an
dernier, les quartiers ont créé 100 000 offres d’emploi en organisant
des équipes d’entretien et de gardes de sécurité, en offrant des
services logistiques pour les entreprises et en établissant des
petites ou moyennes entreprises.
M. Zhong habite dans un des nombreux quartiers populeux
de Beijing. Autrefois, il était mécanicien dans une usine textile
de l’État. Il y a trois ans, il a perdu son emploi lors de la
réduction des effectifs de l’entreprise. Les temps étaient difficiles,
sa femme, qui garde des enfants dans une crèche, ne gagnait pas
beaucoup, et son fils de seize ans venait justement d’entrer dans
sa troisième année au lycée. M. Zhong était allé dans plusieurs
agences de travail, mais, vu son âge et son manque d’études supérieures,
il n’avait pas pu trouver de travail. C’est le comité de quartier
qui l’a finalement tiré de l’embarras, en l’embauchant comme ouvrier
d’entretien des canalisations. Il est bien content d’avoir ce
travail, d’être au service des voisins. Selon les dires de sa
femme, à la fin de l’automne, au moment où les tuyaux de chauffage
doivent être examinés pour la prochaine saison hivernale, il est
même difficile de trouver son mari, puisque M. Zhong passe presque
tout son temps à circuler d’un appartement à l’autre, vérifiant
de ses propres yeux si les tuyaux sont en bon état. « Même
le soir, il dort au bureau de l’équipe d’entretien ! Les
appartements sont bien décorés, s’il y a une fuite d’eau… »,
tente de se justifier M Zhong qui n’a pas le don de la parole.
« Oh, je te comprend », rétorque sa femme qui poursuit:
« Je suis très contente, moi aussi, qu’il ait trouvé ce boulot
et travaille pour le quartier ; d’ailleurs, comme dit le
proverbe chinois : « Les proches voisins sont plus
utiles que les parents éloignés! »
Le
quartier, c’est aussi pour se divertir
Il y a quelques années, partout dans les places publiques
de Beijing, on voyait des gens, hommes et femmes, jeunes ou non,
qui dansaient le Yangge (danse traditionnelle chinoise)
en plein air ; l’ambiance était fort animée, mais cela illustrait
toutefois le manque d’aires et de moyens de divertissements de
la population. Le son assourdissant des tambours et des gongs,
très gênant pour les voisins, suscitait beaucoup de mécontentement.
Aujourd’hui, des centres de divertissement sont établis dans les
quartiers. Chacun peut aller s’y amuser gratuitement ou moyennant
une contribution symbolique. Par exemple, les habitants du quartier
Dongsi, au centre de Beijing, peuvent s’amuser au centre de divertissement
du quartier, tout neuf, avec ses 1 700m2 de superficie
bâtie. Ils veulent jouer aux cartes ou faire une partie d’échecs
chinois ? Ils peuvent y
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Cérémonie
de fondation de la troupe d’opéra Pingju dans le quartier
Fangcaodi. |
trouver un partenaire dans la grande salle. Ils veulent
lire des journaux et des livres ? Ils peuvent en trouver
facilement à la bibliothèque, pas très grande, mais bien confortable,
offrant bon nombre de magazines nouvellement publiés. Ils aiment
chanter ou danser ? Ils peuvent s’inscrire à la formation
artistique car des enseignants, des membres de groupes artistiques
professionnels sont invités par le Comité du quartier. Les habitants
peuvent aussi avoir l’occasion assister à des soirées de quartier
organisées à l’occasion des fêtes. Avec l’entrée de la Chine à
l’OMC et l’organisation des Jeux olympiques de 2008 à Beijing,
l’apprentissage de l’anglais est très à la mode. Les habitants
peuvent y suivre un cours d’anglais, ce qui leur permettra d’entrer
plus facilement en contact avec les amis étrangers.
Toutes ces activités ne sont qu’un
bref tableau de la vie de quartier actuelle des Chinois. Pour
en savoir plus, lors de votre prochaine visite, pourquoi ne pas
découvrir par vous-même, en venant vivre ces expériences avec
nous ?