AVRIL 2002

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

La vie de quartier pékinoise

HUANG CAI

Le Comité de quartier Fangcaodi a invité des avocats pour offrir des consultations juridiques gratuites aux habitants.

Avec l’ancrage de l’économie de marché en Chine, tous les domaines de la vie quotidienne vivent des changements. Dans le passé, ce qu’on appelait l’unité de travail (l’employeur) servait de trait d’union entre les gens et la société. Quand un citadin chinois entrait dans un service public ou une entreprise, il se voyait attribuer un logement dans le quartier d’habitation de sa danwei (unité de travail), les voisins étaient ses collègues de travail, il prenait un bus de la danwei pour se rendre au travail, et les enfants des employés fréquentaient l’école relevant de cette entreprise ; on vivait donc pratiquement dans un microcosme.

Mais aujourd’hui, avec la rotation fréquente du personnel dans les entreprises, la vente des logements aux employés et la possibilité pour ces derniers de trouver un appartement de leur choix dans le marché, de nouveaux quartiers ont vu le jour. La danwei s’est retirée petit à petit de l’administration des quartiers d’habitation. Des liens se tissent entre nouveaux voisins, entre les habitants et les services sociaux d’un quartier. Les Chinois retrouvent leur caractère social et leur vie prend un sens concret, d’abord dans le quartier.

Quand le quartier fait peau neuve

Les Chinois se réjouissent maintenant du fait que leur quartier soit administré à travers le Comité de quartier, constitué de fonctionnaires et de délégués des habitants. Depuis toujours, l’aménagement urbain était l’affaire du gouvernement local, surtout à Beijing, capitale politique, culturelle et historique. Mais ces dernières années, la situation a commencé à changer, les habitants ont aussi leur mot à dire sur ce sujet.

Le quartier Jinsong de Beijing est un quartier peuplé où sont alignés des dizaines d’immeubles d’habitation. Dans un projet de rénovation, l’architecte, diplômé de l’université Qinghua (une des plus prestigieuses universités de Chine), avait décidé que l’extérieur des bâtiments serait repeint en bleu profond ; deux bâtiments avaient été peints, mais le résultat n’était pas celui que l’architecte avait espéré. Chaque jour, des gens du quartier venaient juger  de l’état des travaux et passaient des commentaires sur ce bâtiment rénové « de la tête aux pieds ». Le Comité du quartier a donc décidé d’inviter les habitants à donner leurs avis sur la couleur à choisir pour les autres bâtiments. Mme Wang est donc allée au Comité de quartier déposer sa lettre de proposition. En la déposant, elle sentait tout le poids de ce mince papier car il représentait l’avis de tous les habitants de son immeuble d’habitation. Ses voisins avaient montré beaucoup d’intérêt à donner leur opinion, surtout quand ils avaient appris que l’architecte écouterait leurs avis pour prendre sa décision. Afin de parvenir à une unanimité de vues, les habitants avaient longuement discuté : certains préféraient le rouge, parce que dans la culture chinoise, le rouge est symbole de bonheur, d’autres aimaient le vert car d’après eux, la couleur des feuilles est pleine de vivacité……Finalement, les habitants s’étaient mis d’accord pour le gris, en raison de sa douceur et de son élégance. Le Comité de quartier avait donc transmis à l’architecte la couleur choisie par les habitants, celui-ci était tombé d’accord et avait modifié son projet. Quelques mois plus tard, les habitants ont donc eu le plaisir d’admirer les bâtiments peints de la couleur qu’ils avaient choisie. Simple en apparence, ce type d’événement était une première dans la vie de ces Chinois. 

Le quartier offre aussi de l’emploi

À Beijing, on voit partout des équipements d’exercice dans les espaces verts des quartiers d’habitation.

Avec la restructuration économique du pays, une partie de la population urbaine active vit le chômage ou le sous-emploi. Parallèlement, les sondages montrent que 67 % de la population urbaine espère recevoir des services comme l’entretien des électroménagers, l’assistance au ménage, la livraison à domicile, l’accompagnement, etc. La promotion de l’emploi de quartier fait donc d’une pierre deux coups. Selon un rapport de la Municipalité de Beijing, l’an dernier, les quartiers ont créé 100 000 offres d’emploi en organisant des équipes d’entretien et de gardes de sécurité, en offrant des services logistiques pour les entreprises et en établissant des petites ou moyennes entreprises.

M. Zhong habite dans un des nombreux quartiers populeux de Beijing. Autrefois, il était mécanicien dans une usine textile de l’État. Il y a trois ans, il a perdu son emploi lors de la réduction des effectifs de l’entreprise. Les temps étaient difficiles, sa femme, qui garde des enfants dans une crèche, ne gagnait pas beaucoup, et son fils de seize ans venait justement d’entrer dans sa troisième année au lycée. M. Zhong était allé dans plusieurs agences de travail, mais, vu son âge et son manque d’études supérieures, il n’avait pas pu trouver de travail. C’est le comité de quartier qui l’a finalement tiré de l’embarras, en l’embauchant comme ouvrier d’entretien des canalisations. Il est bien content d’avoir ce travail, d’être au service des voisins. Selon les dires de sa femme, à la fin de l’automne, au moment où les tuyaux de chauffage doivent être examinés pour la prochaine saison hivernale, il est même difficile de trouver son mari, puisque M. Zhong passe presque tout son temps à circuler d’un appartement à l’autre, vérifiant de ses propres yeux si les tuyaux sont en bon état. « Même le soir, il dort au bureau de l’équipe d’entretien ! Les appartements sont bien décorés, s’il y a une fuite d’eau… », tente de se justifier M  Zhong qui n’a pas le don de la parole. « Oh, je te comprend », rétorque sa femme qui poursuit: « Je suis très contente, moi aussi, qu’il ait trouvé ce boulot et travaille pour le quartier ; d’ailleurs, comme dit le proverbe chinois : «  Les proches voisins sont plus utiles que les parents éloignés! »

Le quartier, c’est aussi pour se divertir

Il y a quelques années, partout dans les places publiques de Beijing, on voyait des gens, hommes et femmes, jeunes ou non, qui dansaient le Yangge (danse traditionnelle chinoise) en plein air ; l’ambiance était fort animée, mais cela illustrait toutefois le manque d’aires et de moyens de divertissements de la population. Le son assourdissant des tambours et des gongs, très gênant pour les voisins, suscitait beaucoup de mécontentement. Aujourd’hui, des centres de divertissement sont établis dans les quartiers. Chacun peut aller s’y amuser gratuitement ou moyennant une contribution symbolique. Par exemple, les habitants du quartier Dongsi, au centre de Beijing, peuvent s’amuser au centre de divertissement du quartier, tout neuf, avec ses 1 700m2 de superficie bâtie. Ils veulent jouer aux cartes ou faire une partie d’échecs chinois ? Ils peuvent y

Cérémonie de fondation de la troupe d’opéra Pingju dans le quartier Fangcaodi.

trouver un partenaire dans la grande salle. Ils veulent lire des journaux et des livres ? Ils peuvent en trouver facilement à la bibliothèque, pas très grande, mais bien confortable, offrant bon nombre de magazines nouvellement publiés. Ils aiment chanter ou danser ? Ils peuvent s’inscrire à la formation artistique car des enseignants, des membres de groupes artistiques professionnels sont invités par le Comité du quartier. Les habitants peuvent aussi avoir l’occasion assister à des soirées de quartier organisées à l’occasion des fêtes. Avec l’entrée de la Chine à l’OMC et l’organisation des Jeux olympiques de 2008 à Beijing, l’apprentissage de l’anglais est très à la mode. Les habitants peuvent y suivre un cours d’anglais, ce qui leur permettra d’entrer plus facilement en contact avec les amis étrangers.

Toutes ces activités ne sont qu’un bref tableau de la vie de quartier actuelle des Chinois. Pour en savoir plus, lors de votre prochaine visite, pourquoi ne pas découvrir par vous-même, en venant vivre ces expériences avec nous ?