Les
Dai
L’ethnie dai, qui regroupe 1,02
million de personnes, vit dans la province du Yunnan et surtout
dans la région du Xishuangbanna. C’est une région tropicale bénéficiant
de pluies abondantes et de sols fertiles. Son langage appartient
à la famille des langues tibéto-chinoises et comporte trois dialectes
principaux. L’écriture se base sur un alphabet.
Histoire
L’histoire des contacts entre
les Dai et les Han remonte à 109 av. J.-C., lorsque l’empereur
Wu Di des Han s’est établi dans la préfecture de Yizhou dans le
Yi (la région regroupant maintenant les provinces du Sichuan,
du Yunnan et du Guizhou). Dans les années qui suivirent, les Dai
envoyèrent des tributs à la cour des Han à Luoyang, et parmi les
émissaires, il y avait des musiciens et des acrobates. La cour
des Han donna des sceaux en or aux ambassadeurs des Dai et leur
chef se vit conférer le titre de « Grand Capitaine ».
Selon des documents chinois du IXe siècle, les Dai
avaient une agriculture relativement développée. Ils utilisaient
le bœuf et l’éléphant pour labourer la terre, cultivaient de grandes
étendues de rizières et avaient construit un vaste système d’irrigation.
Ils utilisaient le capok pour tisser et fabriquaient des armes
en métal. Ils recouvraient leurs dents avec de l’or et de l’argent.
Au XIIe siècle, un chef dai du nom de Bazhen unifia toutes les
tribus et établit le régime local Mengle à Jinghong. Ce régime
prit le nom de Royaume de la salle dorée de Jinghong. Selon les
registres locaux, le royaume avait une population de plus d’un
million d’habitants, et il était célèbre pour ses éléphants blancs
et ses chevaux de race raffinée. Il reconnaissait la cour impériale
chinoise comme souverain. Lorsque Bazhen accéda au trône, l’empereur
lui conféra un sceau en or avec tête de tigre et le titre de Seigneur
de la région. Peu avant, les Dai de la région de Dehong avait
établi le Royaume Mengmao avec Ruili comme capitale. Durant la
dynastie des Yuan (1279-1368) la région habitée par les Dai est
tombée sous la juridiction de
la province du Yunnan et l’on instaura le système de nomination
héréditaire des chefs parmi les ethnies minoritaires. Ce système
fut consolidé durant les Ming (1368-1644).
Les échanges économiques et
culturels entre les Han et les Dai ont encouragé le développement
économique de la société dai. La production allait bon train.
L’usage d’outils en fer se généralisa, de nouvelles souches de
culture furent cultivées et le coton poussait un peu partout.
C’est l’époque qui vit surgir un grand nombre de villes commerciales.
Durant les Qing (1644-1911), on garda le système établi, mais
les régions dai ayant une économie plus avancée furent placées
sous la juridiction directe du pouvoir central. Durant le Guomindang,
on établit un district dans la région dai. Pendant cette période,
les différentes communautés dai n’eurent pas le même niveau de
développement social, chacune ayant à peu près ses propres caractéristiques,
ses structures et son système politique. Le niveau de développement
économique était inégal, en dépit du fait que l’économie seigneuriale
était celle qui prévalait un peu partout. La Libération des régions
dai eut lieu en 1950, et les Dai jouissent de l’autonomie régionale
depuis 1953. Aujourd’hui, les Dai s’affairent surtout à la production
des céréales, de la canne à sucre, du
thé et du caoutchouc. On trouve beaucoup d’entreprises
qui s’occupent d’exploitation minière, de machinerie, de tannage,
de transformation alimentaire et de thé, de raffinage du sucre
et de production du caoutchouc. Les centrales électriques sont
nombreuses.
Religion
Les croyances religieuses des
Dai ont été étroitement liées à leur développement économique.
Les Dai qui habitaient près des frontières étaient des fidèles
du Hinayana, une secte du bouddhisme , alors que les autres croyaient
au chamanisme. Il y a de nombreux temples bouddhistes dans les
campagnes habitées par les Dai, et particulièrement au Xishuangbanna,
il est coutume d’envoyer de jeunes garçons aux temples pour y
apprendre à lire et à écrire et à psalmodier. Certains de ces
jeunes se font moines, alors que la plupart retournent à la vie
séculière.
Us
et coutumes
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Deux femmes dai s’affairent
dans leur maison en bambou bâtie sur pilotis.
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Mariage et funérailles. Autrefois, le mariage était caractérisé par une union
qui s’établissait entre des personnes de statut social et économique
égal. La polygamie était chose courante parmi les chefs qui humiliaient
bien souvent les filles et les femmes de paysans. La famille nucléaire
patriarcale était la forme la plus courante parmi les paysans.
Les contacts pré-maritaux entre garçons et filles étaient relativement
libres, surtout durant les périodes de fêtes.
Les cimetières des aristocrates
et des pauvres étaient séparés de manière stricte. Lorsqu’un moine
bouddhiste décédait, on l’incinérait, et ses cendres, déposées
dans une urne, étaient enterrées derrière le temple.
Habillement. Les hommes portent une veste courte sans col, à manches
étroites, ouverte sur le devant ou dans le côté, et un pantalon
ample. Durant l’hiver, ils drapent une couverture sur leurs épaules.
Ils portent des turbans noirs ou blancs, et le tatouage est fort répandu. Quand un garçon atteint onze ou douze ans, un artiste en
tatouage est invité à tatouer le corps et les membres du garçon
de motifs d’animaux, de fleurs, de motifs géométriques ou d’écritures
dai. Depuis toujours, les femmes portent un chemisier court à
manches étroites et un sarong.
Nourriture. Le riz est l’aliment de base. Les Dai qui habitent
dans la région de Dehong préfèrent le riz sec, alors que ceux
du Xishuangbanna aiment le riz glutineux. Tous aiment bien les
saveurs fortes et acidulées. En plus du mouton, du poulet et du
canard, les Dai aiment manger du poisson et des crevettes. Le
chou, les carottes, les pousses de bambous et les fèves comptent
parmi les légumes les
plus populaires. Les Dai aiment également le vin, les liqueurs
et les noix de bétel.
Habitation. On retrouve les villages des Dai dans les plaines,
près des rivières et des cours d’eau et au sein des bosquets de
bambous. Les bâtiments sont habituellement érigés sur pilotis.
Certaines maisons sont carrées et à étages. L’étage supérieur
sert d’habitat, alors que l’étage inférieur, sans cloisons, est
utilisé pour garder le bétail.
Fêtes. Les fêtes des Dai sont étroitement liées aux activités
religieuses, dont la fête de la Porte close, célébrée à la mi-juin
du calendrier lunaire, la fête de la Porte ouverte, à la mi-septembre,
et la fête de l’Aspersion de l’eau, au printemps. La première
fête marque le début d’activités religieuses intenses. La deuxième,
le retour à la vie normale. La troisième est la plus grande fête
de l’année durant laquelle les Dai s’éclaboussent d’eau réciproquement,
organisent des courses de barques-dragons dans l’espoir de chasser
les maladies et les malheurs de l’année qui est écoulée et d’apporter
la bonne température et de bonnes récoltes pour l’année qui commence.
Les Dai ont une culture riche
et colorée. Ils possèdent leur propre calendrier qui a débuté
en 638 av. J.-C. Il existe aussi des livres écrits en langue dai
sur le calcul des éclipses solaires et lunaires. Pour leur part,
les œuvres littéraires touchent la poésie, les légendes, les fables
et les contes pour enfants. Les Dai aiment chanter et danser sous
l’accompagnement de leurs instruments typiques.