L’OMC
a concrétisé le rêve d’une voiture des Chinois
WANG ZHIPENG
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La vague d’achat des voitures. |
AU début de la nouvelle année, peu après l’adhésion
de la Chine à l’OMC, le marché des voitures de fabrication chinoise
a subi une baisse de prix draconienne. Bien qu’une telle réduction
ait eu lieu au moins une dizaine de fois durant l’année précédente,
cette fois-ci, l’envergure et le cadre ont été sans précédent.
Le tourbillon de la baisse des prix a presque touché toutes les
principales voitures bas de gamme de l’intérieur du pays, alors
que les quelques marques de voitures haut de gamme et de gamme
intermédiaire ont abaissé leurs prix au minimum de 6 % et de près
de 20 % au maximum.
Cette baisse de prix est due
à la pression que fait subir au marché automobile chinois l’entrée
de la Chine à l’OMC. Selon les engagements de la Chine, d’ici
2006, les droits de douane des automobiles importées de la Chine
seront tous abaissés à 25 %, à partir de leur taux actuel de 80
%-100 %, et ceux des pièces détachées à 10 %.
Bien que la diminution s’effectue progressivement dans
les quatre années qui viennent, on ne peut se méprendre sur l’intensité
des effets entraînés par une si forte baisse des droits de douane
sur le prix des automobiles, notamment le choc sur les voitures
bas de gamme et de gamme intermédiaire de fabrication chinoise.
Tout de suite après le Nouvel An, le prix des voitures
importées a diminué partout à l’intérieur du pays, le plus fort
taux de réduction se situant à environ 30 %. Parallèlement, les
voitures importées, dont le prix de vente est équivalent à ceux
des voitures chinoises similaires, ont fait leur entrée sur le
marché chinois, alors que davantage de marques de voitures importées
frappent actuellement à la porte de la douane. Face à cette situation
si pressante, la baisse de prix des voitures chinoises était inévitable.
Par ailleurs, la Fête du printemps étant en général l’apogée de
la consommation durant l’année, lancer une réduction de prix à
ce temps-là semblait le plus approprié, puisque l’augmentation
du volume des ventes pouvait combler la perte de bénéfices entraînée
par la réduction des prix. Toute entreprise ne veut pas affronter
une guerre des prix, mais les usines de voitures de l’intérieur
du pays n’ont pas eu d’autres choix que de tout faire pour conserver
leur part de marché afin de maintenir leurs intérêts à long terme.
Si l’on fait une rétrospective
du secteur automobile chinois, on peut constater qu’il a connu
autant de hauts que de bas. Le gouvernement chinois attache toujours
de l’importance au développement de l’industrie automobile. Après
la fondation de la Chine nouvelle, l’État a protégé le secteur
automobile dans le but d’en faire sa propre industrie nationale.
Résultat : de nombreuses entreprises sont apparues, mais
celles-ci étaient de petite envergure. En 1982, on enregistrait
près de 2 500 entreprises d’automobiles et usines de pièces détachées
dans tout le pays, mais le volume de leur production annuelle
était inférieur à celui d’un simple relais d’une ligne
de production des compagnies d’automobiles du Japon, des États-Unis
et de l’Europe à la même période.
Après le milieu des années
80, guidés par les politiques d’introduction des capitaux étrangers,
les magnats mondiaux de la production automobile sont entrés en
Chine les uns après les autres afin de fonder des usines à capitaux
mixtes. Maintenant, presque toutes les grandes compagnies internationales
d’automobiles y ont établi leurs propres joint-ventures automobiles,
dont VW, GM, Ford, Toyota, PSA Peugeot-Citröen, Fiat. L’introduction
des capitaux étrangers a insufflé une grande vitalité au secteur
automobile chinois, surtout au milieu et à la fin des années 90,
avec la concurrence acharnée, ces grandes joint-ventures ont introduit
et lancé sans cesse des voitures haut de gamme et de gamme intermédiaire
vendues à bas prix et conçues pour les consommateurs chinois.
Le taux de localisation des joint-ventures n’a cessé de s’accroître.
L’introduction des capitaux étrangers a aussi apporté des techniques
avancées, et le secteur automobile chinois s’est ainsi grandement
amélioré.
Toutefois, depuis la réforme
et l’ouverture, comme les voitures de fabrication chinoise étaient
encore protégées par des droits de douane élevés, ce marché non
concurrentiel a permis aux usines et aux commerçants de l’intérieur
du pays de retirer des bénéfices élevés, de sorte qu’ils ne voulaient
pas baisser les prix. Bien que le secteur automobile ait grandi
grâce aux protectionnisme et ait obtenu des résultats brillants,
un grand écart subsiste toujours tant aux plans de l’envergure
que du service par rapport aux marques internationales renommées.
Jusqu’à présent, la Chine n’a pas encore réussi à établir une
marque de voiture ayant une capacité concurrentielle de calibre
international. À proprement parler, elle n’a pas d’industrie automobile
au sens strict.
Aujourd’hui, avec l’entrée
de la Chine à l’OMC, le marché international assénera inévitablement
un fort contrecoup au marché chinois, la vague de réduction des
prix en ayant montré les premiers signes. Les faits ont prouvé
que seule la concurrence peut forger une entreprise puissante.
Le secteur automobile chinois procédera inéluctablement, sous
l’impulsion de l’OMC, à son rajustement et à sa réorganisation
afin de devenir progressivement une réelle industrie automobile.
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Une chaîne de montage des Santana
de la SARL automobile Volkswagen de Shanghai. |
Les voitures sont un type
de produits rapidement renouvelables, et les prix constituent
souvent les éléments clés qui influencent la décision de consommation.
Depuis les événements du 9 · 11, le marché intérieur des
États-Unis est déprimé, mais seules les ventes du secteur automobile
ont prospéré sous l’impulsion de mesures telles que les soldes
et les prêts sans intérêt. Par une coïncidence singulière, la
réduction du prix des voitures en Chine a créé une certaine frénésie
d’achat chez les consommateurs, les stocks de nombreux modèles
ayant été successivement épuisés. Aujourd’hui en Chine, posséder
une voiture est une mode, mais les prix toujours élevés avaient
obligé la plupart des simples consommateurs à reporter la réalisation
de leur vœu. En outre, le crédit à la consommation automobile
ne vient que de démarrer à l’intérieur de la Chine, l’envergure
et les conditions de crédit sont toutes particulièrement draconiennes.
Selon des statistiques, les ventes de voitures à crédit ne représentent
environ que 10 % des ventes totales, ce qui est de loin inférieur
au niveau des pays développés. Mais aujourd’hui, en fonction des
engagements de la Chine à l’OMC, les institutions financières
étrangères peuvent développer le crédit à la consommation automobile
en Chine, et la Banque centrale de Chine, quant à elle, est en
train d’accélérer l’élaboration des stipulations afférentes. La
puissance effective des établissements financiers étrangers suscitera
l’amélioration progressive du marché chinois du crédit à la consommation
automobile, et les Chinois qui souhaitent acheter une voiture
auront plus de choix.
Par ailleurs, l’imperfection
du réseau de vente et du service après vente ont fait reculer
de nombreux consommateurs ayant une capacité d’achat. Des entreprises
ont affirmé qu’elles allaient perfectionner ces domaines pour
attirer les clients. Dans le futur, au moment d’acheter une voiture,
les Chinois bénéficieront d’un service plus complet.
La vague de réduction du prix
des voitures n’est que le début du rajustement du secteur automobile
chinois, l’entrée de la Chine à l’OMC rendra ce secteur plus puissant
et le gouvernement chinois pourra ainsi réaliser son « rêve
de l’industrie automobile ». Quant aux entreprises chinoises
de l’automobile, elles ne cesseront de cultiver leur capacité
concurrentielle et deviendront plus puissantes pour réaliser leur
« rêve de marques automobiles ». Les consommateurs chinois
seront sans aucun doute les grands bénéficiaires d’un marché de
concurrence parfaite, et ils pourront ainsi réaliser leur « rêve
d’une voiture »!
*Wang Zhipeng est docteur de l’Institut
de gestion économique de l’université Qinghua.