MARS 2002

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Les paysans des montagnes et l’OMC

    Interview de Mao Fengmei, membre de l’APN et directeur du comité des paysans du village Dalishu du Liaoning

SHEN HONGLEI

Lors de cette APN, je remarque que l’organisation responsable des informations met l’accent sur la présentation des opinions des membres venant des unités de la base. M. Mao Fengmei est le directeur du comité des paysans du village Dalishu de la province du Liaoning, et il a présenté des motions dont celles : « Il faut résoudre immédiatement le problème du prix de l’électricité à la campagne » et « Encourager à faire des enquêtes pour lutter contre la bureaucratie ». Lors des discussions sur les réunions, il a prononcé une allocution portant le thème : Trois espoirs des paysans. Ce discours nous a permis de mieux connaître cet homme : un représentant des paysans qui ose dire la vérité.

Depuis l’entrée à l’OMC, le problème des paysans est devenu un point d’intérêt crucial. Pour entendre la voix des représentants des paysans, le 8 mars,  en soirée, je me suis rendu à l’hôtel où loge M. Mao Fengmei.

M. Mao, né en 1949, n’a jamais quitté la région de son village natal de Dalishu. L’interview d’une heure nous a permis de sentir le changement de la vie des paysans de ce village et leur courage face au défi de l’entrée à l’OMC.

Le village compte 2 600 personnes et 660 familles, mais la surface cultivable n’est que d’un mu par personne. Le village s’étend sur une superficie de 23 km2, dont la grande partie est une montagne déserte et reculée. Même si on n’y connaît pas bien la signification de l’OMC, au début de l’année précédente, le prix du maïs en grains est passé de 0,5 yuan à 0,35 yuan, et cette céréale a été écoulée difficilement au chef-lieu du district. Pour résoudre ce problème, M. Mao m’a expliqué : «  Quand nous avons appris que le prix des céréales n’annonçait rien de bon, nous avons commencé à recueillir des informations pour ajuster notre structure agricole. Plutôt que de cultiver des céréales, nous avons planté des herbes médicinales, ce qui a fait augmenter le revenu à 10 000 yuans par mu, soit 30 fois plus que la production céréalière. Les villageois se sont enrichis rapidement. L’autorité centrale nous avait proposé d’ajuster la structure, c’était juste. » Pour illustrer les bénéfices tirés de l’ajustement de cette structure, M. Mao a ajouté encore un exemple : « Autrefois, nous vendions les fruits un yuan le kilo, les marchands de fruits les achetaient en gros pour les transporter et les vendre hors de la montagne. Maintenant, nous exploitons le tourisme : un billet d’entrée permettant de visiter et de cueillir des fruits coûte 30 yuans, chaque visiteur cueille à peu près 2,5 kg qu’il emporte, ce qui a fait décupler en moyenne le prix des fruits. »

Selon les dires de M. Mao, son village possède maintenant 14 entreprises collectives et plus de 100 millions de yuans d’immobilisations, ce qui est dû à la supériorité de la collectivité. Au début, nous avions partagé la superficie des champs et des terrain montagneux, mais les conditions naturelles adverses nous ont poussés à nous organiser de nouveau pour développer l’économie collective et mener en commun des affaires commerciales, encourager les villageois à aller travailler dans les usines et organiser des équipes spécialisées pour implanter la responsabilité forfaitaire dans les champs agricoles et les terrains montagneux. Une équipe ne s’occupe que d’une spécialité, ce qui favorise l’approfondissement du métier. Aujourd’hui, la valeur industrielle et agricole globale du village de Dalishu atteint quelques centaines de millions de yuans, et le revenu personnel, près de 5 000 yuans par an. M. Mao Fengmei a été élu à deux reprises comme délégué à l’APN.

En terminant l’interview, il a déclaré de manière bien sentie : « Bien que le premier ministre Zhu Rongji ait parlé très peu des succès acquis dans son rapport de travail, notre pays progresse rapidement, les succès sont visibles. J’apprécie beaucoup que l’État attache de l’importance à l’agriculture. »