Chengdu, une ville où il
fait bon vivre
YI DA
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Les Sichuanais
aiment bavarder à l'infini, et les maisons de thé
sont un lieu idéal pour le faire. |
UNE revue a élu Chengdu «ville la plus agréable de Chine ». En fait, grâce
à ses conditions naturelles exceptionnellement favorables, telles l’abondance des pluies et la fertilité
des sols, de même qu’au plus faible coût de la vie parmi les chefs-lieux
chinois, cette ville, située dans l’ouest du bassin du Sichuan
(dans le Sud-Ouest de la Chine), a donné à ses locaux un caractère
naturellement agréable et, de là, une ambiance de vie décontractée
où il fait bon vivre. La façon de boire et de manger, les maisons
de thé et les goûts propres aux femmes de Chengdu illustrent bien
cette caractéristique et cette ambiance. Voilà pourquoi de nombreux
touristes d’autres provinces, même lointaines, au lieu de parcourir
dans la précipitation les sites et monuments historiques de la
ville, aiment y séjourner quelques jours pour s’attarder dans
ses rues, ses bars et ses maisons de thé pour profiter, sans qu’il
en coûte trop, de cette vie riche et particulière de Chengdu.
Chengdu est une
capitale qui regorge d’aliments. Certains disent même qu’on peut,
sans se lasser, manger de la cuisine sichuanaise à chaque jour
et à chaque repas, d’où sa popularité. Dans la population, circulent
les dictons suivants: les Pékinois mangent des apparences, par
amour-propre ; les Shanghaïens mangent du style, par élégance ;
les Cantonais mangent des ingrédients, en accordant de l’importance
au goût original, alors que les habitants de Chengdu mangent du
goût, pour les sensations gustatives. De plus, au moment de manger,
les vrais de vrais recherchent également l’animation et la rareté.
Il leur arrive souvent d’aller loin en banlieue, rien que pour
goûter un aliment bizarre, et les patrons de restaurants,
quant à eux, peuvent aussi inventer des plats singuliers et des
façons de manger qui sortent de l’ordinaire. L’animation réside
non seulement dans la clientèle nombreuse mais aussi dans le fait
que, pendant une certaine période, tous semblent vouloir manger
un plat en vogue qu’on peut trouver dans tous les restaurants.
La cuisine de Chengdu est piquante, voire même
brûlante, savoureuse et croquante. La rue Wangping, la rue du
Consulat américain et la rue Yangxixian sont les trois rues célèbres
de la restauration, où se partagent la marmite à réchaud et la
cuisine du Sichuan. Trois restaurants ont été ouverts par des
hommes de lettres et sont très particuliers. Er Mao, un poète
d’origine miao, a hérité du talent culinaire de sa mère et a ouvert
à Chengdu un Chuandong Laojia,
dont le style se situe entre la cuisine du Sichuan et la spécialité
des Miao, ce qui a excité l’appétit des habitants de Chengdu.
Xiangjichu, un restaurant
ouvert par un autre poète du nom de Li Yawei, est situé près de la Cité du cuir de Chengdu ;
il est aussi prospère grâce au bon goût de ses plats et à son
service simple et familial. He Nong, un intellectuel, a avancé
la notion de « cuisine de la spécialité du Sichuan ».
Il a apporté une touche de nouveauté à la cuisine familiale, avant
d’inventer une nouvelle marque de cuisine du Sichuan « Baguo
Buyi » qui attire aussi de nombreux clients.
Le bien-être est inséparable du thé, et le thé signifie maisons de thé.
Fréquenter les maisons de thé fait partie intégrante de la vie
des locaux. Au moment où les grandes villes chinoises deviennent
des « métropoles internationales », les maisons de thé
populaires sont peu à peu remplacées par des bars et des cafés.
Mais à Chengdu, les maisons de thé traditionnelles sont pour la
plupart conservées. Celle qui est la plus unique est la maison
de thé du temple Daci, dont l’histoire, la tradition et le caractère
culturel ont été profondément marqués par la ville.
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Anciennes demeures populaires avec petite
cour dans la ville de Chengdu proprement dite. |
Dans l’histoire, cette maison de thé jouissait
d’une grande réputation. Selon la légende, quand Du Fu, grand
poète des Tang, arriva à Chengdu, sa première station fut de suivre
les réfugiés vers le temple Daci afin d’y
recevoir l’aumône sous forme de bouillie. Durant de nombreuses
dynasties suivantes, le temple Daci a été non seulement un haut
lieu du bouddhisme, mais aussi un endroit où se sont promenés
aussi bien les dignitaires que le peuple. À Chengdu, les temples
et le monde des mortels cohabitent dans une parfaite harmonie
au lieu de s’opposer. Aujourd’hui, le temple Daci sert aussi de
Musée de la ville, de maison de thé ouverte à tous et de lieu
où se rencontrent les petits marchands et les hommes de lettres.
Un yuan le billet d’entrée, cinq yuans la tasse de thé avec couvercle,
des édifices richement ornés, des sentiers sinueux, des corniches sur lesquelles poussent la
mousse, des calligraphies et des peintures exposées dans des corridors,
des lucarnes larges, des chaises polies en bambous… ici, on peut
boire une tasse de thé parfumé aux fleurs pendant une journée
et le service y est assuré d’une manière impeccable. Des amis
peuvent se rassembler autour d’une table et ne pas bouger de leur
chaise pendant le temps qu’il leur convient. En plus du thé, on
sert aussi les trois repas, lesquels comprennent toutes les spécialités
du Sichuan, au goût typiquement régional, bien qu’avec le raffinement
en moins.
Les maisons de thé de Chengdu illustrent une attitude
particulière face à la vie : obtenir le meilleur service
avec le moins d’argent possible.
Les bénéficiaires
directes de cette vie décontractée sont les femmes de Chengdu ;
la douceur, le charme et l’élégance, nourris par cette atmosphère,
s’observent d’abord chez ces femmes. Quand on dit que Chengdu
est le berceau des belles, une jeune écrivaine qui est née et
a grandi à Chengdu donne son point de vue : « Parmi
mes collègues et mes amis, les femmes vraiment originaires de
Chengdu sont nombreuses. Malgré leurs différences de caractère
et de goûts, elles sont toutes charmantes. » Et d’ajouter :
« Chengdu est reconnue pour ses belles femmes. Pourtant, l’on
dit aussi avec réalisme qu’il y a peu de grandes beautés. En général,
les femmes de Chengdu sont petites de taille, avec un visage rond.
Mais grâce à leur charme, leur allure est fort agréable. Ce charme
révèle une force, une capacité d’attaque et celle de dissiper
les désagréments. »
Quand les gens viennent pour la première fois à
Chengdu, les femmes sont surprises : pourquoi les femmes
de Chengdu sont-elles si belles ? Et les hommes soupirent :
pourquoi les hommes de Chengdu
sont-ils si décontractés ? Ils obtiennent bien vite
la réponse à leur question : bien manger, bien dormir, du
beau temps, une terre fertile et des marchandises à bas prix.
À Chengdu, l’abondance de produits et le grand nombre d’occasions
permettent aux gens, qu’ils soient petits patrons ou travailleurs
individuels, de mener une vie relativement confortable. C’est
probablement pour cette raison que deux choses sont en vogue à
Chengdu : la flânerie et le mah-jong !
Guide
des sites et monuments historiques de Chengdu