MARS 2002

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Les Kazakhs

Les pasteurs kazakhs aiment la course de chevaux.

La nationalité kazakhe, qui compte 1,1 million d’habitants qui vivent majoritairement de l’élevage, se répartit principalement dans la préfecture autonome kazakhe de Ili et les districts autonomes kazakhs de Mori et de Barkol de la région autonome du Xinjiang, dans l’Ouest de la Chine. Certains autres vivent aussi dans les provinces du Gansu et du Qinghai. Leur langue, le kazakh, appartient à la branche turque de la famille des langues altaïques, mais elle a assimilé beaucoup de mots des langues chinoise, ouïgoure et mongole. Cette nationalité possède une langue écrite basée sur l’alphabet arabe, encore en usage, mais une forme latinisée a évolué.

Histoire

On dit qu’autour de 200 av. J.-C., les  habitants de la région de la rivière Ili et d’Issik Kul étaient des Wusun, une branche des Saizhong et des Yueshi, les ancêtres des  Kazakhs. Durant les Han de l’Ouest (140-88 av. J.-C.) ces gens auraient établi des relations avec les Han  par des liens de mariage entre princesses han et roi et généraux des Wusun. Au milieu du XVIe siècle, les Turkoman fondèrent le khanat turc dans les monts Altay, se mêlèrent aux Wusun, et les ancêtres des Kazakhs se mêlèrent  plus tard aux nomades et aux semi-nomades ouïgours, geluolu, qidan, kelie, naiman et mongols. Le fait que certaines des tribus kazakhes aient gardé les noms de Wusun, Kelie et Naiman au cours des siècles qui ont suivi prouve que la nationalité kazakhe est un ancien groupe ethnique de Chine. Au début du XIIIe siècle, Genghis Khan effectua une expédition vers l’ouest et les tribus des Wusun, des Kelie et des Naiman durent faire de même. Une grande partie des khanats de l’empire mongol était alors constituée des pâturages kazakhs. Vers 1460, certains pasteurs kazakhs du cours inférieur du Syr-Daria, retournèrent vers la vallée au sud du lac Balkhash. Comme ils se dirigèrent vers l’est pour échapper à la règle du khanat ouzbek, ils furent appelés Kazakhs, ce qui signifie réfugiés ou fugitifs. Par la suite, ils se mêlèrent à des Ouzbeks et à des Mongols. Ils étendirent leurs pâturages au nord-ouest du lac Balkhash, vers l’Asie centrale, et ils formèrent progressivement la nationalité kazakhe. Au milieu du XVIIIe siècle, la Russie tsariste envahit l’Asie centrale, dont les pâturages kazakhs.  À l’époque, les Kazakhs étaient divisés en trois ordas (hordes) : la Grande, la Moyenne et la Petite, dont la Moyenne était la plus puissante, tant aux plans du nombre que de la lignée. Après le milieu du XIXe siècle,  vu l’agression du tsar, la Grande et la Petite Horde furent coupées de la Chine.  Les Kazakhs furent repoussés dans le désert. De 1864 à 1883, le gouvernement tsariste exigea la signature du Protocole de Tacheng qui rencontra beaucoup d’opposition de la part des ethnies. De nombreux Mongols, Kazakhs et Kirgizs se déplacèrent donc vers le territoire chinois. En 1891, le Soulèvement de Ili renversa le régime des Qing au Xinjiang, mais il n’ébranla pas le système féodal. De 1936 à 1939, il y eut de nombreux déplacements de Kazakhs vers le Qinghai et le Gansu pour fuir l’oppression des seigneurs de la guerre qui semaient la dissension entre les ethnies. En 1939, les Kazakhs initièrent un soulèvement à Golmud. En 1944, il y eut une révolution à Ili, Altay et Tacheng contre la règle du Guomindang. Finalement, les Kazakhs eurent gain de cause.   

Us et coutmes

Jeune fille kazakhe

Comme la plupart des Kazakhs vivent de l’élevage, certains vivent en  nomades pour suivre leur troupeau dans les divers pâturages. Durant le printemps, l’été et l’automne, ces pasteurs vivent dans des habitations appelées yu. À l’intérieur de celles-ci, les espaces de rangement et d’habitation sont bien distinctes. La porte ouvre habituellement à l’est, les deux côtés servent à poser les lits pour dormir, et au centre, on entrepose la nourriture et les attelages. Au premier plan, on place des coussins pour les visiteurs. L’équipement de chasse et d’équitation, les ustensiles de cuisine, les provisions et les petits des animaux sont gardés des deux côtés de la porte.

Alimentation

Les Kasakhs tirent beaucoup de produits de leurs animaux. Par exemple, ils produisent une grande variété de produits laitiers : nai ge da (pâte de lait) nai pi zi (peau de lait) et fromage. On fait du beurre à partir du lait de vache et de brebis.

Les Kazakhs mangent souvent du mouton bouilli dans l’eau, sans sel, que l’on appelle mouton mangé avec les mains. Selon la coutume, les Kazakhs abattent des animaux à la fin de l’automne et font fumer la viande pour la conserver. Par exemple, la saucisse kazakhe, faite de viande de cheval, se garde fort longtemps et a une saveur bien spéciale.  Durant le printemps et l’été, au moment où les animaux prennent du poids et produisent beaucoup de lait, les Kazakhs déposent le lait de jument dans des shaba (barils fait de peau de cheval) et ils le brassent régulièrement jusqu’à ce qu’il fermente et devienne le Ma Nai Zi Jiu (vin de lait de jument), une boisson estivale très appréciée parmi les locaux.  Les pasteurs les plus riches boivent du thé bouilli avec du lait de chamelle ou de vache, du sel et du beurre. On retrouve une grande variété de préparations à base de riz et de farine de blé : nang (gâteau cuit) Zhua Fan (riz cuit avec du mouton émincé et mangé avec les mains), de la pâte frite dans le gras de mouton, des feuilles de pâte cuites avec du mouton. Le régime alimentaire des Kazakhs contient peu de légumes.

Habillement

Les Kazakhs, qui par tradition sont des pasteurs à cheval, portent des vêtements et des fourrures amples et à manches longues confectionnés à partir de peaux d’animaux. Les vêtements varient selon les localités et les tribus. Durant l’hiver, les hommes portent habituellement des pulls en peau de mouton, et certains portent des vestes doublées de poils de chameau, avec une ceinture décorée de motifs métalliques et une épée qui pend sur le côté droit. Le pantalon est habituellement fait de peau de mouton. Les femmes portent des robes rouges et durant l’hiver, elles aiment bien se vêtir de manteaux doublés de coton, boutonnés sur le devant. Les jeunes filles portent des jambières brodées, ornées de pièces en argent et d’autres  parures en argent, ce qui fait entendre un son métallique à chaque pas. Les pasteurs de la région d’Altay, région la plus au nord, portent des chapeaux carrés de peau d’agneau ou de renard, recouverts de brocard aux couleurs brillantes, alors que ceux d’Ili, région à l’ouest, portent des chapeaux ronds en peau d’animal. Les filles décorent leur chapeau de motifs de fleurs ou de plumes de hibou. Toutes les femmes portent des châles de tissu blanc, brodés de motifs rouges et jaunes,

Mariage

Autrefois, les Kazakhs vivaient dans une société ayant toutes les caractéristiques d’un société  patriarcale féodale. Le patriarche jouissait d’une autorité absolue à la maison; la femme était soumise à son mari, les enfants, au père. La femme n’avait aucun droit de propriété. Le mariage des enfants et la distribution des propriétés étaient décidés par le patriarche. Lorsqu’un homme atteignait l’âge de se marier, il recevait des propriétés de ses parents et commençait à vivre de manière indépendante.  Seul le jeune frère restait avec la famille. Les pasteurs ayant des liens de sang étroits formaient un awul ( un clan nomade), et les riches pasteurs et les anciens étaient considérés comme des awulba (chefs de la communauté).

Les Kazakhs pratiquaient habituellement la monogamie, mais autrefois, la polygamie était courante parmi les seigneurs et les chefs tribaux, selon la foi islamique. Le mariage des mercenaires privaient les jeunes gens et les jeunes femmes de leur indépendance au plan matrimonial, et la mariée était vendue très cher. Ainsi, les plus riches avaient jusqu’à quatre femmes, et les plus pauvres n’arrivaient même pas à établir une famille. Existait donc un mariage par troc. Par exemple, deux familles pouvaient échanger leurs filles comme belle-fille de l’une et de l’autre famille, sans exiger de dot. Ceci donnait toutefois lieu à de forte disparité d’âge entre les partenaires, sans compter le peu d’affection entre les couples.

Étiquette

Les Kazakhs sont chaleureux, sincères et hospitaliers. Ils donnent ce qu’ils ont de mieux, habituellement un mouton de prix, à leurs hôtes, que ceux-ci aient été invités ou non.  Lors d’un repas, la personne qui reçoit présente un plat de mouton à son invité, et la tête de l’animal doit lui faire face. L’invité doit alors couper un morceau de la joue droite de l’animal et la remettre dans le plat en signe d’appréciation. Il coupe ensuite une oreille et l’offre au  plus jeune autour de la table. Il donne ensuite la tête du mouton à la personne qui reçoit.

Fêtes

Les Kazakhs sont musulmans et l’islam exerce toujours une grande influence sur leur vie sociale. Les fêtes kazakhes sont liées à la religion : Corban et Id El-fitr sont des occasions de fêter autour de  plats de mouton et d’échanger des vœux. La fête Nawuruz, au premier mois du calendrier lunaire, est une grande occasion de dire au revoir  à l’année qui finit et d’espérer une année encore meilleure pour l’élevage. À cette occasion,  tout comme lors des naissances, des fiançailles et des mariages, chaque famille sert le kuji, un aliment fait de mouton, de lait, de pâte, d’orge, de blé et d’autres ingrédients.

Durant les fêtes, les hommes aiment lutter et s’adonnent au diao yang (un jeu dans lequel les cavaliers se font concurrence pour la carcasse d’un mouton) et démontrent leur adresse. Les jeunes s’amusent au jeu appelé La fille court après le garçon qui consiste en une course à cheval vers un point déterminé. En cours de route, les garçons peuvent courtiser les filles. Au retour, ce sont les filles qui poursuivent les garçons et peuvent les battre pour exprimer leur vengeance. Ces courses se terminent la plupart du temps par des déclarations d’amour et le mariage.

Pour accueillir les parents et les amis, on distribue des baersake, une collation grillée.

Les funérailles kazakhes sont empreintes d’une grande solennité. Selon la coutume islamique, le cadavre est enveloppé d’un linceul blanc et enterré trois jours après sa mort. On offre des animaux en sacrifice le 7e jour et le 40e jour après le décès. On coupe la queue du cheval de la personne défunte, et personne d’autre ne peut monter ce cheval. Si la famille se déplace, les vêtements de la personne décédée sont placés sur le dos du cheval et déplacés également. Les femmes chantent pour exprimer la tristesse et les condoléances au moment du déplacement de la famille. Un an après le décès, le cheval est abattu en sacrifice en l’honneur du défunt.

Héritage culturel

Cette nationalité possède un héritage littéraire fort riche. Comme plusieurs personnes étaient jadis analphabètes, la littérature populaire léguée a surtout été transmise de manière orale. Des chanteurs appelés Aken ont déployé beaucoup d’efforts pour collecter, étudier et redonner vie aux anciens versets, contes, proverbes, fables et maximes des Kazakhs. La musique et la danse kazakhes sont très typiques et populaires, et, dans les pâturages, les Kazakhs s’y adonnent beaucoup durant l’été qu’ils appellent Gazri (temps joyeux). Le Dombra, un instrument à deux cordes est leur favori.