Les Kazakhs
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Les
pasteurs kazakhs aiment la course de chevaux. |
La nationalité kazakhe, qui compte 1,1 million
d’habitants qui vivent majoritairement de l’élevage, se répartit
principalement dans la préfecture autonome kazakhe de Ili et les
districts autonomes kazakhs de Mori et de Barkol de la région
autonome du Xinjiang, dans l’Ouest de la Chine. Certains autres
vivent aussi dans les provinces du Gansu et du Qinghai. Leur langue,
le kazakh, appartient à la branche turque de la famille des langues
altaïques, mais elle a assimilé beaucoup de mots des langues chinoise,
ouïgoure et mongole. Cette nationalité possède une langue écrite
basée sur l’alphabet arabe, encore en usage, mais une forme latinisée
a évolué.
Histoire
On dit qu’autour de 200 av. J.-C., les habitants de la région de la rivière Ili et
d’Issik Kul étaient des Wusun, une branche des Saizhong et des
Yueshi, les ancêtres des Kazakhs.
Durant les Han de l’Ouest (140-88 av. J.-C.) ces gens auraient
établi des relations avec les Han
par des liens de mariage entre princesses han et roi et
généraux des Wusun. Au milieu du XVIe siècle, les Turkoman
fondèrent le khanat turc dans les monts Altay, se mêlèrent aux
Wusun, et les ancêtres des Kazakhs se mêlèrent plus tard aux nomades et aux semi-nomades ouïgours, geluolu, qidan,
kelie, naiman et mongols. Le fait que certaines des tribus kazakhes
aient gardé les noms de Wusun, Kelie et Naiman au cours des siècles
qui ont suivi prouve que la nationalité kazakhe est un ancien
groupe ethnique de Chine. Au début du XIIIe siècle,
Genghis Khan effectua une expédition vers l’ouest et les tribus
des Wusun, des Kelie et des Naiman durent faire de même. Une grande
partie des khanats de l’empire mongol était alors constituée des
pâturages kazakhs. Vers 1460, certains pasteurs kazakhs du cours
inférieur du Syr-Daria, retournèrent vers la vallée au sud du
lac Balkhash. Comme ils se dirigèrent vers l’est pour échapper
à la règle du khanat ouzbek, ils furent appelés Kazakhs, ce qui
signifie réfugiés ou fugitifs. Par la suite, ils se mêlèrent à
des Ouzbeks et à des Mongols. Ils étendirent leurs pâturages au
nord-ouest du lac Balkhash, vers l’Asie centrale, et ils formèrent
progressivement la nationalité kazakhe. Au milieu du XVIIIe
siècle, la Russie tsariste envahit l’Asie centrale, dont les pâturages
kazakhs. À l’époque, les Kazakhs étaient divisés en
trois ordas (hordes) : la Grande, la Moyenne et la
Petite, dont la Moyenne était la plus puissante, tant aux plans
du nombre que de la lignée. Après le milieu du XIXe siècle,
vu l’agression du tsar, la Grande et la Petite Horde furent
coupées de la Chine. Les
Kazakhs furent repoussés dans le désert. De 1864 à 1883, le gouvernement
tsariste exigea la signature du Protocole de Tacheng qui rencontra
beaucoup d’opposition de la part des ethnies. De nombreux Mongols,
Kazakhs et Kirgizs se déplacèrent donc vers le territoire chinois.
En 1891, le Soulèvement de Ili renversa le régime des Qing au
Xinjiang, mais il n’ébranla pas le système féodal. De 1936 à 1939,
il y eut de nombreux déplacements de Kazakhs vers le Qinghai et
le Gansu pour fuir l’oppression des seigneurs de la guerre qui
semaient la dissension entre les ethnies. En 1939, les Kazakhs
initièrent un soulèvement à Golmud. En 1944, il y eut une révolution
à Ili, Altay et Tacheng contre la règle du Guomindang. Finalement,
les Kazakhs eurent gain de cause.
Us
et coutmes
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Jeune
fille kazakhe |
Comme la plupart des Kazakhs vivent de l’élevage,
certains vivent en nomades
pour suivre leur troupeau dans les divers pâturages. Durant le
printemps, l’été et l’automne, ces pasteurs vivent dans des habitations
appelées yu. À l’intérieur de celles-ci, les espaces de
rangement et d’habitation sont bien distinctes. La porte ouvre
habituellement à l’est, les deux côtés servent à poser les lits
pour dormir, et au centre, on entrepose la nourriture et les attelages.
Au premier plan, on place des coussins pour les visiteurs. L’équipement
de chasse et d’équitation, les ustensiles de cuisine, les provisions
et les petits des animaux sont gardés des deux côtés de la porte.
Alimentation
Les Kasakhs tirent beaucoup de produits de leurs
animaux. Par exemple, ils produisent une grande variété de produits
laitiers : nai ge da (pâte de lait) nai pi zi
(peau de lait) et fromage. On fait du beurre à partir du lait
de vache et de brebis.
Les Kazakhs mangent souvent du mouton bouilli
dans l’eau, sans sel, que l’on appelle mouton mangé avec les mains.
Selon la coutume, les Kazakhs abattent des animaux à la fin de
l’automne et font fumer la viande pour la conserver. Par exemple,
la saucisse kazakhe, faite de viande de cheval, se garde fort
longtemps et a une saveur bien spéciale. Durant le printemps et l’été, au moment où
les animaux prennent du poids et produisent beaucoup de lait,
les Kazakhs déposent le lait de jument dans des shaba (barils
fait de peau de cheval) et ils le brassent régulièrement jusqu’à
ce qu’il fermente et devienne le Ma Nai Zi Jiu (vin de
lait de jument), une boisson estivale très appréciée parmi les
locaux. Les pasteurs les
plus riches boivent du thé bouilli avec du lait de chamelle ou
de vache, du sel et du beurre. On retrouve une grande variété
de préparations à base de riz et de farine de blé : nang
(gâteau cuit) Zhua Fan (riz cuit avec du mouton
émincé et mangé avec les mains), de la pâte frite dans le gras
de mouton, des feuilles de pâte cuites avec du mouton. Le régime
alimentaire des Kazakhs contient peu de légumes.
Habillement
Les Kazakhs, qui par tradition sont des pasteurs
à cheval, portent des vêtements et des fourrures amples et à manches
longues confectionnés à partir de peaux d’animaux. Les vêtements
varient selon les localités et les tribus. Durant l’hiver, les
hommes portent habituellement des pulls en peau de mouton, et
certains portent des vestes doublées de poils de chameau, avec
une ceinture décorée de motifs métalliques et une épée qui pend
sur le côté droit. Le pantalon est habituellement fait de peau
de mouton. Les femmes portent des robes rouges et durant l’hiver,
elles aiment bien se vêtir de manteaux doublés de coton, boutonnés
sur le devant. Les jeunes filles portent des jambières brodées,
ornées de pièces en argent et d’autres parures en argent, ce qui fait entendre un
son métallique à chaque pas. Les pasteurs de la région d’Altay,
région la plus au nord, portent des chapeaux carrés de peau d’agneau
ou de renard, recouverts de brocard aux couleurs brillantes, alors
que ceux d’Ili, région à l’ouest, portent des chapeaux ronds en
peau d’animal. Les filles décorent leur chapeau de motifs de fleurs
ou de plumes de hibou. Toutes les femmes portent des châles de
tissu blanc, brodés de motifs rouges et jaunes,
Mariage
Autrefois, les Kazakhs vivaient dans une société
ayant toutes les caractéristiques d’un société patriarcale féodale. Le patriarche jouissait
d’une autorité absolue à la maison; la femme était soumise à son
mari, les enfants, au père. La femme n’avait aucun droit de propriété.
Le mariage des enfants et la distribution des propriétés étaient
décidés par le patriarche. Lorsqu’un homme atteignait l’âge de
se marier, il recevait des propriétés de ses parents et commençait
à vivre de manière indépendante. Seul le jeune frère restait avec la famille.
Les pasteurs ayant des liens de sang étroits formaient un awul
( un clan nomade), et les riches pasteurs et les anciens étaient
considérés comme des awulba (chefs de la communauté).
Les Kazakhs pratiquaient habituellement la monogamie,
mais autrefois, la polygamie était courante parmi les seigneurs
et les chefs tribaux, selon la foi islamique. Le mariage des mercenaires
privaient les jeunes gens et les jeunes femmes de leur indépendance
au plan matrimonial, et la mariée était vendue très cher. Ainsi,
les plus riches avaient jusqu’à quatre femmes, et les plus pauvres
n’arrivaient même pas à établir une famille. Existait donc un
mariage par troc. Par exemple, deux familles pouvaient échanger
leurs filles comme belle-fille de l’une et de l’autre famille,
sans exiger de dot. Ceci donnait toutefois lieu à de forte disparité
d’âge entre les partenaires, sans compter le peu d’affection entre
les couples.
Étiquette
Les Kazakhs sont chaleureux, sincères et hospitaliers.
Ils donnent ce qu’ils ont de mieux, habituellement un mouton de
prix, à leurs hôtes, que ceux-ci aient été invités ou non. Lors d’un repas, la personne qui reçoit présente
un plat de mouton à son invité, et la tête de l’animal doit lui
faire face. L’invité doit alors couper un morceau de la joue droite
de l’animal et la remettre dans le plat en signe d’appréciation.
Il coupe ensuite une oreille et l’offre au
plus jeune autour de la table. Il donne ensuite la tête
du mouton à la personne qui reçoit.
Fêtes
Les Kazakhs sont musulmans et l’islam exerce toujours
une grande influence sur leur vie sociale. Les fêtes kazakhes
sont liées à la religion : Corban et Id El-fitr
sont des occasions de fêter autour de
plats de mouton et d’échanger des vœux. La fête Nawuruz,
au premier mois du calendrier lunaire, est une grande occasion
de dire au revoir à l’année qui finit et d’espérer une année
encore meilleure pour l’élevage. À cette occasion, tout comme lors des naissances, des fiançailles et des mariages,
chaque famille sert le kuji, un aliment fait de
mouton, de lait, de pâte, d’orge, de blé et d’autres ingrédients.
Durant les fêtes, les hommes aiment lutter et
s’adonnent au diao yang (un jeu dans lequel les cavaliers
se font concurrence pour la carcasse d’un mouton) et démontrent
leur adresse. Les jeunes s’amusent au jeu appelé La fille court
après le garçon qui consiste en une course à cheval vers un
point déterminé. En cours de route, les garçons peuvent courtiser
les filles. Au retour, ce sont les filles qui poursuivent les
garçons et peuvent les battre pour exprimer leur vengeance. Ces
courses se terminent la plupart du temps par des déclarations
d’amour et le mariage.
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Pour
accueillir les parents et les amis, on distribue des baersake,
une collation grillée.
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Les funérailles kazakhes sont empreintes d’une
grande solennité. Selon la coutume islamique, le cadavre est enveloppé
d’un linceul blanc et enterré trois jours après sa mort. On offre
des animaux en sacrifice le 7e jour et le 40e
jour après le décès. On coupe la queue du cheval de la personne
défunte, et personne d’autre ne peut monter ce cheval. Si la famille
se déplace, les vêtements de la personne décédée sont placés sur
le dos du cheval et déplacés également. Les femmes chantent pour
exprimer la tristesse et les condoléances au moment du déplacement
de la famille. Un an après le décès, le cheval est abattu en sacrifice
en l’honneur du défunt.
Héritage
culturel
Cette nationalité possède un héritage littéraire
fort riche. Comme plusieurs personnes étaient jadis analphabètes,
la littérature populaire léguée a surtout été transmise de manière
orale. Des chanteurs appelés Aken ont déployé beaucoup
d’efforts pour collecter, étudier et redonner vie aux anciens
versets, contes, proverbes, fables et maximes des Kazakhs. La
musique et la danse kazakhes sont très typiques et populaires,
et, dans les pâturages, les Kazakhs s’y adonnent beaucoup durant
l’été qu’ils appellent Gazri (temps joyeux). Le Dombra,
un instrument à deux cordes est leur favori.