
Turpan,
la légendaire
LI
XIA


Toutes
les raisons sont bonnes pour visiter Turpan : pour s’imprégner
de sa légende qui remonte au temps de la route de la Soie, ou
tout simplement pour savourer le raisin qu’on y cueille à pleines
mains.


Le bassin
de Turpan est l'emplacement qui se trouve à l’altitude
la plus basse de la Chine ; en effet, le lac Aydingkol,
situé à 154m au-dessous du niveau de la mer, est la deuxième dépression
du monde, après la mer Morte, à moins 392 mètres d’altitude. Turpan
est également la localité la plus chaude du pays, la température
maximum pouvant y atteindre 49,6 °C. Les précipitations annuelles
de pluie n’y atteignent que 16 mm. La température élevée
et l'aridité font en sorte que la teneur en sucre des fruits qui
y sont cultivés est très élevée.
Situé à 140 km
au sud de la ville d’Urumqi, chef-lieu de la région autonome du
Xinjiang, Turpan abonde en paysages naturels et en sites historiques.
Par exemple, la montagne Huoshan (de feu) est connue depuis l’antiquité.
On l’associe souvent aux aventures du célèbre moine Xuanzang des
Tang en compagnie de ses trois disciples, aventures qui sont racontées
dans Le pèlerinage vers l’Ouest, un classique des Ming
(1368-1644). Ces hommes étaient partis vers les Indes, à la recherche
des soutras, mais lors de leur passage à Turpan, cette montagne
de feu leur aurait barré le chemin. C’est alors qu’ils auraient
emprunté un éventail magique en feuille de palmier à la princesse
à l’Éventail en fer, et ce n'est qu’après cet emprunt que le feu
se serait finalement éteint. Cette montagne s’étire sur 100 km,
d’est en ouest, et a une largeur de 10 km, du nord au sud;
elle est formée de grès, de conglomérat et d’argilite. Elle est
couverte de plis et déploie toute la gamme des ocres, du foncé
au clair. En plein été, sous l’effet de la réfraction, elle brille
d’éclats rouges, comme si elle projetait des feux ardents. La
couleur rouge se modifie au gré des changements des rayons de
soleil et de la température, ce qui produit un site fascinant.
À 13 km
au sud de la montagne et se déployant sur 8 km, la vallée
des Vignes est un site à ne pas manquer. De loin, on aperçoit
des monts dénudés, tandis qu’au fond de la vallée, la rivière
détale et irrigue la verdure. Les visiteurs peuvent se reposer
sous les treilles, goûter les raisins à portée de main et profiter
de l’air un peu plus frais.
À l’époque,
en tant que cité majeure de la légendaire route de la Soie, Turpan
s’appelait aussi Gaochang. Cette longue histoire y a laissé des
empreintes, dont les plus impressionnantes sont les ruines
de l’ancienne cité Jiaohe. Celles-ci se trouvent à 10 km
à l’ouest de la ville de Turpan. Cette cité a été construite sur
une plate-forme haute de 30 m et était entourée de falaises abruptes qui lui servaient d’enceinte de
défense naturelle.
Une route nouvellement aménagée mène aux ruines. La plupart des bâtiments
ont été construits sous la dynastie des Tang; ils présentent pourtant
un style des villes du Centre du pays construites avant les Song
(900-1279). On avait fait fouiller la terre de l'endroit pour
former une ville d’un kilomètre de long. La cité s’ouvre sur l'extérieur
par des portes à l’est, au sud et à l’ouest. Une grande avenue,
large de dix mètres, longe l’axe du centre. Sur les côtés, les
ruelles s’enchevêtrent pour diviser la cité en différentes parties.
Les bureaux des autorités locales et les habitats étaient rassemblés
au sud, alors qu’au nord, Encore plus au nord, on trouve
un ancien cimetière d'où on a excavé les vestiges d’un temple
souterrain en 1994.
Jiaohe a une histoire deux
fois millénaire, c'est-à-dire depuis l’époque du royaume Cheshiqian,
sous les Han de l’Ouest, dont elle était la capitale. Au fil
du temps, la cité s’est élargie, prenant une plus grande envergure.
Toutefois elle a finalement été détruite par la guerre, à la fin
du XIIIe siècle.
Les Tombeaux d’Astana-Karakhoja comptent parmi les tombeaux anciens les
plus connus du monde. Situés à 40 km au sud-est de Turpan,
ils couvrent une superficie de 8 km2. Ces tombeaux,
qui servaient tant pour les officiels que pour les gens ordinaires,
ont été construits entre les IIIe et VIIIe
siècles. On y a découvert des peintures murales réalistes, ainsi
que des épitaphes, des statues en terre cuite, des rubans de vêtements
et des chaussures. On y a aussi trouvé des documents, des archives,
des lettres et des livres de comptes. La découverte de ces papiers,
qu'on appelle la littérature de Turpan, a fait sensation dans
le monde entier; c'est cette découverte qui a fait entreprendre
l’étude internationale sur Turpan. Jusqu’ici, quelque 400 tombes
y ont été découvertes et des dizaines de milliers d’objets anciens
en ont été excavés.
Situées à
56 km au nord-est de Turpan, les grottes des mille Bouddhas
de Baizeklik abritent des fresques bouddhiques renommées. Elles
ont été construites au VIe siècle. Dans la langue ouïgoure,
Baizeklik signifie « lieu de belles décorations ». Sous
les Tang (640-960), elles constituaient le centre du bouddhisme.
Parmi les 83 grottes, 40 conservent encore des peintures
murales.
Un autre
site à visiter est le minaret Emin, aussi appelé Su Gong Ta. Situé
à 2 km à l’est de la ville de Turpan, il est le plus grand
minaret de Chine. Il a été construit par Emin Khoja, gouverneur
de Turpan, pour exprimer sa gratitude envers l’empereur. Le corps
du minaret est décoré d’ondulations et de motifs de fleurs à quatre
pétales. Un escalier en spirale, en forme de colonne et comptant
71 marches, mène au sommet.
À sa base,
ce minaret se joint à la mosquée pour former un tout. L’ensemble
présente un style architectural typique des édifices islamiques
de Chine.
Étonnants
systèmes d’ingénierie, les puits appelés karez reflètent
le savoir-faire technique de la région ouïgoure. Ils ont été l’un
des trois grands ouvrages de la Chine antique, les deux autres
étant la Grande Muraille et le Grand Canal Beijing-Hangzhou.
Puisque Turpan
est une région aride, les karez utilisent pleinement les
eaux souterraines. Ce genre de système combine une série de puits
et fait se relier les canalisations souterraines. Il profite de
la gravité pour monter l’eau vers la surface, souvent d’une source
lointaine. Le système des karez irrigue 75 % des champs
de Turpan.
Une visite
intéressante pour les touristes consiste à descendre dans ces
systèmes pour admirer leur structure, tout en profitant de la
promenade dans les tunnels pour échapper à la chaleur du dehors.
On compte en tout 1 200 systèmes de karez à Turpan,
pour une longueur totale de 5 000 km.