V.
Foshan, une ville au charme incontestable
DONG
PING
  
QUAND vous roulez sur ses autoroutes, entrez dans ses édifices
ou déambulez dans ses espaces verts ou à l’ombre de ses beaux arbres,
cette ville vous donne une impression de jeunesse; mais si vous
pénétrez dans ses temples, ses temples des ancêtres, ses demeures
populaires, ses anciens parcs, ses emplacements de fours, ses musées
et ses anciens villages, vous découvrez alors sa longue histoire
et sa civilisation pénétrante. Foshan ressemble à une dame dotée
à la fois des rides de l’expérience de la vie et de la vigueur de
la jeunesse. Il s’en dégage un charme particulier.
L’Ancien Temple, un carrefour éternel de Foshan
L’Ancien
Temple est un lieu sacré au cœur des habitants de Foshan. Datant
du règne Yuanfeng (1078-1085) des Song, il se trouve dans la rue
Zumiao (Ancien Temple), et possède une architecture et des arts
décoratifs originaux. Dans la salle principale, les dougong,
un système de consoles insérées entre le haut d’une colonne et une
traverse, ainsi que les poutres sont tous mortaisés avec du bois
de qualité supérieure, sans qu’un seul clou ait été utilisé. Le
faîtage de la salle, d’une vingtaine de mètres de longueur, est
orné de sculptures de poterie locale illustrant des personnages
bien vivants. Les sculptures sur brique et celles en chaux sur les
murs sont aussi ingénieuses. Toujours dans cette salle, la statue
en bronze du dieu Beidi, qui pèse 2 500 kg, a été moulée en
1452, 3e année du règne Jingtai des Ming. Un brûle-parfum
en fer, pesant 2 000 kg, l’a été en 1801, 6e année
du règne Jiaqing des Qing. Ces pièces permettent de constater le
haut niveau technologique de moulage et de fonte que Foshan avait
alors atteint.
La
terrasse Wanfu (dix mille bonheurs), aménagée en 1658, 15e
année du règne Shunzhi des Qing, est la plus ancienne scène existant
actuellement dans le Guangdong. D’une hauteur de deux mètres, d’une
largeur et d’une profondeur respectives de 20 m, cette scène,
splendide et éblouissante, est séparée au milieu par un grand paravent
recouvert d’or. À l’occasion du 3e jour du 3e
mois du calendrier lunaire, date de la naissance du dieu Beidi,
des acteurs célèbres de l’opéra du Guangdong y donnent des
représentations pour le remercier.
Malgré les vicissitudes du temps, les édifices et
les décorations de l’Ancien Temple sont en parfait état de conservation,
ce qui lui a valu le titre de « palais de l’art folklorique
de l’Orient » que lui ont donné de nombreux touristes étrangers.
Berceau de l’opéra du Guangdong
Non
loin de l’Ancien Temple se trouve le temple ancestral de Huang Gong,
un bâtiment ancien qui abrite le Musée de l’opéra du Guangdong.
Ouvert en 2003, ce musée collectionne plus de 20 000 objets anciens.
Les 13 zones d’exposition, qui couvrent quelque 2 000 m2,
sont divisées en trois parties : l’histoire, l’art et les personnages.
Plus de 3 000 objets anciens, allant des Ming (1368-1644) et des
Qing (1644-1911) jusqu’à nos jours, y sont exposés, dont des pièces
de l’opéra du Guangdong, des affiches, des décors et des costumes
de théâtre, des instruments, ainsi que des objets des débuts, comme
des films de l’opéra du Guangdong, des disques, des photos de scène,
des calligraphies et des peintures d’acteurs célèbres. Cette collection
a permis au musée de devenir le plus grand musée sur le théâtre
et celui ayant la plus riche collection d’objets de l’intérieur
du pays.
Aujourd’hui,
dans les quartiers d’habitation, les maisons de thé et les petits
théâtres de Foshan, on peut encore ressentir l’ambiance particulière
du berceau de l’opéra du Guangdong. Maintenant, Foshan compte plus
de 400 troupes d’amateurs se spécialisant dans l’opéra et les airs
du Guangdong; ces troupes comptent quelque 5 000 membres et donnent
plus de 6 000 représentations par an. En 2003, le gouvernement municipal
de Foshan a organisé la Semaine de la culture de l’opéra du Guangdong.
Celle-ci comprenait des présentations de nouveaux répertoires, des
représentations spéciales d’acteurs et d’airs célèbres du Guangdong,
de même que la sélection des dix grands chanteurs des airs du Guangdong. Les
« conférences données sur l’opéra du Guangdong sur la terrasse
Wanfu » et les expositions sur les documents historiques de
cet opéra ont attiré des gens du milieu venus de Hongkong et de
Singapour. D’ailleurs, les représentations données en anglais, en
espagnol et en malais ont permis aux amateurs de l’opéra du Guangdong
de jouir d’un festin culturel sans précédent. Ceci a aussi exercé
une influence profonde permettant de faire déployer cet art, de
découvrir et de former de nouveaux acteurs, de former une jeune
génération de spectateurs et de forger la marque typique de Foshan
en tant que célèbre ville culturelle.
L’ancien fourneau Nanfeng, un « trésor national »
au Guinness
Shiwan,
un ancien bourg de Foshan, est connu dans le pays comme la base
célèbre de l’industrie de la poterie du Sud. Cette poterie a évolué
depuis des milliers d’années grâce à son art sculptural d’un style
particulier.
Au bord de la rivière Dongping de ce bourg, l’ancien
fourneau Nanfeng, un four impérial bâti sous le règne Zhengde (1506-1521)
des Ming, se dresse encore de nos jours. Depuis 500 ans, le feu
y brûle sans cesse.
Encore aujourd’hui, ce four applique la technologie
traditionnelle de production de la poterie et de la céramique en
utilisant le bois comme combustible. Ce sont des maîtres qui règlent
le feu du four. Grâce à leur vaste expérience, à la demande, des
poteries mises en même temps dans le four en sortent différentes
les unes des autres après cuisson.
Avec cette ancienne méthode, le fourneau Nanfeng
a une production limitée, mais sous l’effet du feu, la poterie,
la cendre et le vernis forment une poterie à la glaçure grise et
aux couleurs variées, avec une bonne épaisseur de couches et un
bel éclat.
Le fourneau Nanfeng est aujourd’hui le plus ancien
four impérial en parfait état de conservation en Chine, voire même
dans le monde, encore en usage de nos jours. Il revêt une haute
valeur historique et scientifique pour l’étude du développement
de la poterie et de la céramique et possède un statut irremplaçable
dans les anciens objets de poterie et de céramique de Chine. Il
est ainsi un patrimoine précieux dans l’histoire de la poterie et
de la céramique. En 2002, il a été inscrit au livre des records
Guinness en tant que plus ancien four au bois encore en utilisation.
Il est surnommé « l’objet vivant immuable ».
Les ruelles et les anciens villages, le passé
de Foshan
Donghuali, une ruelle nichée au cœur de la ville
animée, est comme un symbole de la ville d’antan. Elle reflète bien
l’aspect des demeures populaires traditionnelles de Foshan.
Après avoir traversé une petite tour surmontant la
porte et avoir marché vers la ruelle le long de rues dallées, on
découvre de magnifiques maisons à pignons en forme d’oreilles de
marmite, et ces maisons sont alignées en enfilade. Les pignons servent
aussi à bloquer le feu. La porte principale est formée par trois
portes, dont chacune a des fonctions différentes, à la fois scientifiques
et pratiques.
Dans le bourg de Leping de l’arrondissement Sanshui,
à plus de 100 km du nord de Donghuali, se trouve Daqitou, un
village abritant des demeures populaires des Qing. Ce village ressemble
aussi à un trésor caché qui a enregistré le passé champêtre de Foshan.
Les constructions du village sont denses et bien rangées le
long des ruelles. La disposition en échiquier est non seulement
favorable à la circulation, mais aussi sert de passage contre l’incendie.
Chaque ruelle est équipée de vannes, dont l’effet équivaut à des
installations antivol. Toutes les maisons ont le même style. La
canalisation souterraine et le système de drainage sont aussi conçus
de manière rationnelle. L’eau pluviale qui dégoutte de chaque auvent
est amenée à la galerie de la petite cour et est évacuée dans des
canaux secrets par des puits qui filtrent cette eau avant qu’elle
soit évacuée vers l’étang. Les ruelles sont pavées de longues pierres
qui sont pratiques pour balayer les canaux secrets et drainer la
canalisation souterraine.
Le village de Daqitou a été déclaré lieu protégé
à l’échelon du Guangdong.
Les parcs Liangyuan et Qinghui, la culture des
parcs au sud des Cinq Chaînes
La province du Guangdong possède quatre célèbres
parcs, dont deux se trouvent à Foshan. L’un est le parc Liangyuan
à Chancheng et l’autre, le parc Qinghui à Shunde.
À l’entrée du parc Liangyuan, beau et calme, on se sent le cœur
léger. Ce parc privé, qui s’appelait à l’origine la chaumière Qunxing
(multiples étoiles), fut construit par Liang Jiuhua et ses trois
neveux, des habitants de Shunde, sous le règne Daoguang des Qing.
La construction a duré 40 ans. La disposition est ingénieuse :
les demeures, le temple des ancêtres et le parc forment un tout,
alors que les paysages sont élégants et pleins du charme d’un pays
d’eau au sud des Cinq Chaînes.
Le propriétaire d’autrefois aimait les pierres, de
sorte que toutes sortes de pierres étranges y ont été agencées :
en position debout ou couchée, ou offrant une forme particulière.
Quant au parc Qinghui, il donne une autre impression.
Aménagé au début du règne Jiaqing des Qing, ce parc privé avait
pour propriétaire Long Tinghuai, candidat reçu au dernier examen
impérial du règne de l’empereur Qianlong des Qing. Par la suite,
cet homme a quitté son poste et est retourné dans son pays natal.
Il a fait construire ce parc pour sa mère, de sorte que le parc
a été baptisé « Qinghui », ce qui signifie « payer
de retour les bonnes grâces des parents ». Allant des sculptures
sur bois et sur brique aux modelages sur poterie et en chaux, les
décorations architecturales de ce parc sont variées, magnifiques
et d’un grand raffinement. Dans la salle d’accueil décorée avec
luxe, les portes et les fenêtres sont en vitraux, ce qui les rend
plus splendides sous la lumière.
En comparaison avec les parcs impériaux du Nord et
les parcs privés du Sud du Yangtsé, les parcs au sud des Cinq Chaînes
possèdent des particularités bien marquées. Aérés, raffinés, envoûtants,
ces parcs s’adaptent à toutes les circonstances, au lieu de s’en
tenir à des formules toutes faites. L’aménagement est simple et
élégant, alors que les décorations sont exquises et magnifiques.
Combinant la touche des parcs traditionnels chinois et les styles
d’architecture de l’Occident, ces parcs reflètent le charme de la
culture au sud des Cinq Chaînes. Celle-ci se caractérise par son
intégration des styles chinois et occidentaux.
Huang Feihong de Foshan, l’incarnation de la culture
du wushu chinois
Du côté nord de l’Ancien Temple se dresse le Musée
de Huang Feihong, un édifice au style du sud des Cinq Chaînes qui
a été remis à neuf. Couvrant une superficie de plus de 5 000 m2,
cet édifice de deux étages qui imite les demeures populaires des
Qing possède deux enfilades et trois pièces. Il est dédié à Huang
Feihong, héros national pour les habitants de Foshan.
Foshan est un célèbre royaume du wushu de
Chine, de même que le principal berceau des arts martiaux de l’école
du Sud. Au début des Ming, les arts martiaux étaient populaires
à Foshan. Au début des Qing, il y avait une profusion de palais
d’arts martiaux; sont alors apparues différentes écoles, une série
de maîtres et d’organisations dans le domaine qui ont exercé une
grande influence à l’échelon international. Les arts martiaux se
sont ensuite répandus dans les quatre coins du monde, dont les boxes
les plus influentes Hongquan et Yongchun, ainsi que de nombreuses
catégories de boxes et d’écoles dérivées qui avaient trouvé leur
origine à Foshan.
Par l’intermédiaire des descriptions de centaines
de films, de romans, d’émissions de télé et de pièces de théâtre,
depuis près de 70 ans, les exploits de Huang Feihong et de ses disciples
comme Lin Shiying sont connus de tous et jouissent d’une haute réputation
aux yeux des habitants de Foshan. « Huang Feihong de Foshan »,
c’est l’image d’un artiste doté des vertus traditionnelles chinoises
et ayant une conduite chevaleresque au nom de la justice, qui porte
secours aux nécessiteux et assiste ceux qui sont en danger.
Le Musée de Huang Feihong collectionne et expose
quantité d’objets anciens, de documents historiques et de produits
culturels relatifs à cet homme. Il est aussi devenu une base pour
les fils et filles du peuple chinois, tant de l’intérieur que de
l’extérieur du pays, ainsi que pour les disciples des arts martiaux.
Ceux-ci peuvent s’y ressourcer, rendre hommage à leurs ancêtres
et faire se déployer la culture des arts martiaux chinois.
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