Sommaire du Août 2001
 
 

Le gouverneur du Guangdong et les conseillers étrangers


LI XIA

COMME de nombreux hauts fonctionnaires du PCC, Lu Ruihua, gouverneur du Guangdong, possède un diplôme d'enseignement supérieur, un doctorat du département de physique de l'université Zhongshan. C'est un des symboles de la réforme et de l'ouverture en Chine : les connaissances se voient accorder la priorité au moment de la promotion des cadres. Il est difficile de dire si ce bon bagage éducatif lui a donné un esprit ouvert et lui a inculqué de la sagesse, ou si c'est le Guangdong, une province toujours à l'avant-garde de l'ouverture, qui a contribué à former sa perspicacité et son goût de la nouveauté, ou encore si ces deux situations ont existé simultanément. De toute façon, une série des actions du gouverneur dans cette province sont fort originales, dont la plus marquante est l'invitation de conseillers étrangers dans les affaires économiques du gouvernement en 1999.
Certains disent que cette action fait suite à la visite dans le Guangdong de Jiang Zemin, secrétaire général du PCC. Vers 1997, il y a fait une tournée d'inspection et il a formulé l'espoir que l'on s'efforce " de réaliser une nouvelle supériorité et de viser encore plus haut ". Plus tard, pendant l'APN, Jiang Zemin a parlé avec la délégation du Guangdong, en ajoutant " prendre l'initiative de réaliser essentiellement la modernisation socialiste ". Avec ses collègues, le gouverneur de la province s'est creusé la tête et a décidé finalement d'engager des conseillers étrangers.
Bien que cette façon de dire corresponde à la réalité, c'est évident qu'elle ne décrit pas complètement le contexte sous-jacent à cet engagement. À la fin des années 90, la réforme et l'ouverture avaient traversé une vingtaine d'années en Chine. Dès le début, le Guangdong avait adopté de nombreuses mesures d'avant-garde dans son développement économique. À la fin du XXe siècle, face à la mondialisation économique et à la transition que vivait l'économie provinciale, la manière dont le Guangdong allait les affronter constituait un problème important. C'est dans ce contexte que Jiang Zemin avait formulé son message d'espoir.
Pour Lu Ruihua et le gouvernement provincial du Guangdong, il existe trois problèmes incontournables. Premièrement, la manière dont le développement économique du Guangdong s'adapte à la tendance de la mondialisation économique ; deuxièmement, le rajustement de la structure sectorielle du Guangdong par les progrès scientifiques et techniques mondiaux, et enfin comment concrétiser cet espoir de Jiang Zemin. Ces questions ont été intégrées à la question la plus détaillée et la plus urgente, c'est-à-dire, l'élaboration du Xe Quinquennat (2001-2005) du développement économique et social de la province. L'histoire du développement de la province dans les derniers vingt ans est celle de l'ouverture et de la coopération. Au début de l'ouverture, la coopération avec Hongkong et Macao lui a rapporté des occasions incroyables. Pourtant, ces dernières années, après avoir mis en place une certaine assise économique, son développement, au lieu de se limiter à la coopération avec les petites entreprises, devait passer à la coopération avec les grandes sociétés transnationales afin d'élever davantage le niveau de ses secteurs. Sous un autre angle, les entreprises et sociétés transnationales des pays développés représentent les orientations de développement économique, et en outre, elles possèdent de riches expériences de gestion. Par conséquent, la question primordiale du développement futur du Guangdong était qui allaient être ses partenaires de coopération. C'est ainsi que Lu Ruihua a avancé l'idée d'inviter des conseillers étrangers.
Au sens strict, cette action touchait les affaires étrangères, et la province a soumis un rapport sur le sujet au Conseil des affaires d'État et au ministère des Affaires étrangères. Contre toute attente, le rapport a été ratifié en moins d'un mois.
Lu Ruihua et ses collègues n'auraient jamais pu prévoir les répercussions qu'ont provoquées les étrangers. Avant leur engagement, Lu Ruihua avait avancé cinq principes: 1) liaison avec l'Europe et l'Amérique, contrairement à ce qui avait été fait au début de l'ouverture, alors que 80 % des collaborateurs provenaient d'Asie, surtout de Hongkong et de Macao. Cette fois-ci, sauf un, les autres conseillers viennent d'Europe et d'Amérique. 2) importance du classement. La province insiste sur les "500 transnationales puissantes " et les 100 meilleurs du même secteur dans le monde. 3) rajustement de la structure sectorielle. En tenant compte de l'orientation du développement sectoriel du Guangdong, celui-ci met l'accent sur les entreprises des secteurs piliers comme la pétrochimie, l'information électronique, la fabrication de la machinerie. 4) priorité sous de mêmes conditions, c'est-à-dire, priorité accordée aux investisseurs au Guangdong ou à ses collaborateurs. 5) principe de quantité : peu et efficace plutôt que beaucoup et de mauvaise qualité.
Une fois ces principes arrêtés, les médias en ont fait part, et les entreprises touchées se sont empressées d'y adhérer. Au départ, la province a décidé d'inviter dix conseillers ; par la suite, le nombre a augmenté à 15, à 20 et maintenant à 25 personnes. Tous ces gens sont présidents ou présidents de conseil d'administration des 100 premières entreprises faisant partie des " 500 transnationales puissantes ". En 1999, après la première édition de la conférence consultative des conseillers étrangers, des présidents des entreprises non engagées ont demandé d'y participer, même par voie diplomatique. Lu Ruihua ne s'y attendait pas.
Le Guangdong est une province qui adopte une approche pragmatique de travail, et les résultats des consultations sont larges. Huang Yebin, secrétaire général adjoint du gouvernement provincial, et participant aux travaux préparatoires, a résumé les résultats par ce processus: écouter les opinions-chercher la coopération-déterminer les projets-exploiter le marché-développer en commun. En général, en vertu des sphères professionnelles des entreprises participantes et de l'orientation sectorielle du Guangdong, le gouvernement provincial fixe un titre aux conseillers étrangers qui rédigent ensuite un rapport en comptant sur les établissements consultatifs correspondants. Finalement, les deux parties discutent des possibilités de coopération.
Les répercussions qu'ont eues les conseillers étrangers ont aussi été au-delà des attentes de Lu Ruihua et de ses collègues. Après la clôture de la première édition de la conférence consultative des conseillers étrangers en 1999, d'autres provinces et villes, comme Hainan, le Hubei, le Fujian, Tianjin et le Shaanxi, y sont venues pour s'instruire. Selon Huang Yebin, ces 25 conseillers étrangers ont formé une marque distinctive, et dans les milieux industriels d'autres régions comme Beijing, ont aussi commencé à faire de même.
Les reportages des médias chinois et étrangers sur les conférences consultatives ont également fait une publicité pour le Guangdong. Les livres rédigés à partir des deux éditions des conférences consultatives sont des best-sellers qui ont apporté à la province tant honneurs que richesse. Bien sûr, l'écho le plus retentissant aux yeux du gouvernement provincial est le fait que les conférences consultatives ont encouragé la coopération dans de grands projets. L'innovation et la perspicacité des Cantonais ont de nouveau fait preuve d'avant-garde dans le nouveau cycle de développement, puisque ces conseillers étrangers arrivent au moment crucial de la transition économique.

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