Le gouverneur
du Guangdong et les conseillers étrangers
LI XIA
COMME
de nombreux hauts fonctionnaires du PCC, Lu Ruihua, gouverneur du
Guangdong, possède un diplôme d'enseignement supérieur,
un doctorat du département de physique de l'université
Zhongshan. C'est un des symboles de la réforme et de l'ouverture
en Chine : les connaissances se voient accorder la priorité
au moment de la promotion des cadres. Il est difficile de dire si
ce bon bagage éducatif lui a donné un esprit ouvert
et lui a inculqué de la sagesse, ou si c'est le Guangdong,
une province toujours à l'avant-garde de l'ouverture, qui
a contribué à former sa perspicacité et son
goût de la nouveauté, ou encore si ces deux situations
ont existé simultanément. De toute façon, une
série des actions du gouverneur dans cette province sont
fort originales, dont la plus marquante est l'invitation de conseillers
étrangers dans les affaires économiques du gouvernement
en 1999.
Certains disent que cette action fait suite à la visite dans
le Guangdong de Jiang Zemin, secrétaire général
du PCC. Vers 1997, il y a fait une tournée d'inspection et
il a formulé l'espoir que l'on s'efforce " de réaliser
une nouvelle supériorité et de viser encore plus haut
". Plus tard, pendant l'APN, Jiang Zemin a parlé avec
la délégation du Guangdong, en ajoutant " prendre
l'initiative de réaliser essentiellement la modernisation
socialiste ". Avec ses collègues, le gouverneur de la
province s'est creusé la tête et a décidé
finalement d'engager des conseillers étrangers.
Bien
que cette façon de dire corresponde à la réalité,
c'est évident qu'elle ne décrit pas complètement
le contexte sous-jacent à cet engagement. À la fin
des années 90, la réforme et l'ouverture avaient traversé
une vingtaine d'années en Chine. Dès le début,
le Guangdong avait adopté de nombreuses mesures d'avant-garde
dans son développement économique. À la fin
du XXe siècle, face à la mondialisation économique
et à la transition que vivait l'économie provinciale,
la manière dont le Guangdong allait les affronter constituait
un problème important. C'est dans ce contexte que Jiang Zemin
avait formulé son message d'espoir.
Pour Lu Ruihua et le gouvernement provincial du Guangdong, il existe
trois problèmes incontournables. Premièrement, la
manière dont le développement économique du
Guangdong s'adapte à la tendance de la mondialisation économique
; deuxièmement, le rajustement de la structure sectorielle
du Guangdong par les progrès scientifiques et techniques
mondiaux, et enfin comment concrétiser cet espoir de Jiang
Zemin. Ces questions ont été intégrées
à la question la plus détaillée et la plus
urgente, c'est-à-dire, l'élaboration du Xe Quinquennat
(2001-2005) du développement économique et social
de la province. L'histoire du développement de la province
dans les derniers vingt ans est celle de l'ouverture et de la coopération.
Au début de l'ouverture, la coopération avec Hongkong
et Macao lui a rapporté des occasions incroyables. Pourtant,
ces dernières années, après avoir mis en place
une certaine assise économique, son développement,
au lieu de se limiter à la coopération avec les petites
entreprises, devait passer à la coopération avec les
grandes sociétés transnationales afin d'élever
davantage le niveau de ses secteurs. Sous un autre angle, les entreprises
et sociétés transnationales des pays développés
représentent les orientations de développement économique,
et en outre, elles possèdent de riches expériences
de gestion. Par conséquent, la question primordiale du développement
futur du Guangdong était qui allaient être ses partenaires
de coopération. C'est ainsi que Lu Ruihua a avancé
l'idée d'inviter des conseillers étrangers.
Au sens strict, cette action touchait les affaires étrangères,
et la province a soumis un rapport sur le sujet au Conseil des affaires
d'État et au ministère des Affaires étrangères.
Contre toute attente, le rapport a été ratifié
en moins d'un mois.
Lu Ruihua et ses collègues n'auraient jamais pu prévoir
les répercussions qu'ont provoquées les étrangers.
Avant leur engagement, Lu Ruihua avait avancé cinq principes:
1) liaison avec l'Europe et l'Amérique, contrairement à
ce qui avait été fait au début de l'ouverture,
alors que 80 % des collaborateurs provenaient d'Asie, surtout de
Hongkong et de Macao. Cette fois-ci, sauf un, les autres conseillers
viennent d'Europe et d'Amérique. 2) importance du classement.
La province insiste sur les "500 transnationales puissantes
" et les 100 meilleurs du même secteur dans le monde.
3) rajustement de la structure sectorielle. En tenant compte de
l'orientation du développement sectoriel du Guangdong, celui-ci
met l'accent sur les entreprises des secteurs piliers comme la pétrochimie,
l'information électronique, la fabrication de la machinerie.
4) priorité sous de mêmes conditions, c'est-à-dire,
priorité accordée aux investisseurs au Guangdong ou
à ses collaborateurs. 5) principe de quantité : peu
et efficace plutôt que beaucoup et de mauvaise qualité.
Une fois ces principes arrêtés, les médias en
ont fait part, et les entreprises touchées se sont empressées
d'y adhérer. Au départ, la province a décidé
d'inviter dix conseillers ; par la suite, le nombre a augmenté
à 15, à 20 et maintenant à 25 personnes. Tous
ces gens sont présidents ou présidents de conseil
d'administration des 100 premières entreprises faisant partie
des " 500 transnationales puissantes ". En 1999, après
la première édition de la conférence consultative
des conseillers étrangers, des présidents des entreprises
non engagées ont demandé d'y participer, même
par voie diplomatique. Lu Ruihua ne s'y attendait pas.
Le Guangdong est une province qui adopte une approche pragmatique
de travail, et les résultats des consultations sont larges.
Huang Yebin, secrétaire général adjoint du
gouvernement provincial, et participant aux travaux préparatoires,
a résumé les résultats par ce processus: écouter
les opinions-chercher la coopération-déterminer les
projets-exploiter le marché-développer en commun.
En général, en vertu des sphères professionnelles
des entreprises participantes et de l'orientation sectorielle du
Guangdong, le gouvernement provincial fixe un titre aux conseillers
étrangers qui rédigent ensuite un rapport en comptant
sur les établissements consultatifs correspondants. Finalement,
les deux parties discutent des possibilités de coopération.
Les répercussions qu'ont eues les conseillers étrangers
ont aussi été au-delà des attentes de Lu Ruihua
et de ses collègues. Après la clôture de la
première édition de la conférence consultative
des conseillers étrangers en 1999, d'autres provinces et
villes, comme Hainan, le Hubei, le Fujian, Tianjin et le Shaanxi,
y sont venues pour s'instruire. Selon Huang Yebin, ces 25 conseillers
étrangers ont formé une marque distinctive, et dans
les milieux industriels d'autres régions comme Beijing, ont
aussi commencé à faire de même.
Les reportages des médias chinois et étrangers sur
les conférences consultatives ont également fait une
publicité pour le Guangdong. Les livres rédigés
à partir des deux éditions des conférences
consultatives sont des best-sellers qui ont apporté à
la province tant honneurs que richesse. Bien sûr, l'écho
le plus retentissant aux yeux du gouvernement provincial est le
fait que les conférences consultatives ont encouragé
la coopération dans de grands projets. L'innovation et la
perspicacité des Cantonais ont de nouveau fait preuve d'avant-garde
dans le nouveau cycle de développement, puisque ces conseillers
étrangers arrivent au moment crucial de la transition économique.
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