Sommaire du Août 2001
 
 
L'histoire de l'ouverture a forgé une économie spéciale et un groupe de personnes spéciales, les ressortissants chinois

Derrière ces apparences, se sont profilées une série de réformes d'une envergure sans précédent, dont la création des zones économiques spéciales (ZES). En 1979, Deng Xiaoping, qui sera plus tard surnommé l'architecte de la réforme et de l'ouverture, a préconisé la création des ZES en Chine socialiste. Ces ZES, dans lesquelles on applique des politiques spéciales, servaient de banc d'essai de la réforme et de l'ouverture dans tout le pays. En 1980, quatre ZES furent officiellement fondées, dont trois se trouvaient dans le Guangdong (celles de Shenzhen, 327,5 km2, de Zhuhai, 6,81 km2 et de Shantou, 1,6 km2). La quatrième était la ZES de Xiamen du Fujian. En avril 1988, la province de Hainan accéda aussi à l'ouverture typique des ZES. Si ces zones sont spéciales, c'est qu'elles pratiquent une série de politiques économiques préférentielles et un système de gestion économique à l'avenant.
Le gouvernement chinois a établi trois des quatre ZES dans le Guangdong parce qu'il a pris en considération sa localisation géographique et sa situation économique. Situé à l'extrémité sud de la Chine, le Guangdong s'adosse à cinq chaînes montagneuses dans le nord, est bordé par la mer de Chine méridionale dans le sud, voisine avec le Vietnam et regarde au loin la Malaysia, l'Indochine et les Philippines. Il est l'embouchure chinoise la plus proche vers les régions d'Asie du Sud-Est, d'Océanie, du Moyen-Orient, du Proche-Orient et de l'Afrique.
Dans l'histoire, le Guangdong a été un lieu ouvert. Dès avant les Tang (618-907), Xuwen et Hepu étaient d'importantes voies maritimes de communication. Sous les Tang, Guangzhou était un grand port oriental réputé dans le monde. La route de la Soie maritime, au départ de Guangzhou, était à l'époque la ligne de navigation la plus longue du monde. Sous les Song (960-1279), les cargos de commerce de Guangzhou traversaient l'océan Indien pour arriver directement aux pays arabes et à l'est de l'Afrique. Sous les Ming (1368-1644), deux lignes de navigation hauturière furent ouvertes de Guangzhou vers l'Amérique latine et vers Lisbonne (Portugal). Aux premiers temps des Qing (1644-1911), Guangzhou ouvrit ses lignes de navigation vers l'Amérique du Nord et l'Océanie.
Tout comme le plein essor de l'atelier artisanal qu'a connu l'Europe de l'Ouest, au XVIIe siècle, le Guangdong vit apparaître ce mode de production, basé sur le développement de l'agriculture à caractère marchand. Par exemple, la plantation de la canne à sucre encouragea le développement de l'industrie sucrière; l'élevage des vers à soie fit développer la soierie. À la fin des Ming, des ateliers d'artisanat qui embauchaient des ouvriers apparurent dans le Guangdong. Vers l'an 1522, sous le règne de l'empereur Jiajing des Ming, la production de la fonte brute du Guangdong atteignit 13,5 millions de kg, pourtant, sa production artisanale en ateliers ne se développa pas en grande industrie mécanisée comme dans l'Europe du XIXe siècle. En plus de la longue domination féodale despotique qui faisait obstacle au développement industriel et commercial, l'invasion des impérialistes après 1840 empêcha elle aussi le développement de l'industrialisation de la Chine. En 1858, le gouvernement des Qing désigna Robert Hart, un Anglais, comme administrateur du fisc général de la Douane chinoise, et dès lors, le pouvoir d'administration de la Douane chinoise tomba aux mains des envahisseurs. Profitant de cette occasion, les capitaux étrangers occupèrent le marché chinois grâce à l'introduction de marchandises en Chine et aux tactiques de faible niveau de taxation et de prix. Des années 60 aux années 90 du XIXe siècle, l'importation des marchandises étrangères tripla, mais sous l'impact des marchandises étrangères, l'industrie nationale se développa difficilement.
Malgré ces adversités, la localisation géographique du Guangdong fit que la province conserva toujours sa position de porte du commerce sino-étranger et des échanges culturels. En outre, l'influence du capitalisme occidental diminua le conservatisme et le retard causés par l'économie agricole et permit à la province d'assimiler rapidement la civilisation industrielle occidentale et les connaissances scientifiques et culturelles. L'industrie du Guangdong se développa ainsi au sein des vicissitudes.
En tant que porte d'un grand pays et au cours de sa longue histoire d'échanges avec l'extérieur, le Guangdong donna naissance à de nombreux ressortissants chinois. Les documents historiques ont enregistré que, à la fin des Tang ou sous les Song, des gens du Guangdong résidaient à l'étranger. Après la guerre de l'Opium, les colonisateurs firent le commerce d'un grand nombre de travailleurs chinois avec l'Amérique, l'Océanie et l'Asie du Sud-Est, de sorte que l'émigration des habitants du Guangdong connut une vague de prospérité. En 1862, le Congrès des États-Unis ratifia le projet de la Law on Pacific Railways, ce qui fit augmenter la demande en travailleurs. C'est ainsi que de nombreux travailleurs chinois furent embauchés à l'étranger. On en comptait environ plus de dix mille, dont la plupart étaient originaires de Taishan (Guangdong). Bien que la majorité de ces ressortissants dispersés dans le monde entier vécussent dans les bas-fonds de la société, qu'ils ne gagnassent pas beaucoup et qu'il leur fût impossible d'avoir la chance de recevoir une éducation, une partie d'entre eux, tout en travaillant dur, accumulèrent des richesses et devinrent des riches de l'endroit. Sous l'influence de la révolution industrielle en Occident, ils retournèrent dans leur pays natal pour créer des usines, devenant ainsi les premiers fondateurs et initiateurs de l'industrie moderne du Guangdong.
Ces ressortissants chinois ont apporté, d'une part, les techniques étrangères qui ont résolu les problèmes techniques du développement industriel et, d'autre part, les premiers capitaux nécessaires au développement de l'industrie, ce qui a résolu les problèmes d'accumulation primitive du développement industriel. Le fait que l'industrialisation du Guangdong se différencie de celle des autres régions est une particularité importante. Dans les années 80 du XXe siècle, lors de la réforme et de l'ouverture, cette particularité est réapparue, car les ressortissants chinois ont de nouveau contribué pour beaucoup au redressement de l'économie chinoise. Actuellement, parmi les Chinois résidant à l'étranger, ceux qui sont originaires du Guangdong représentent 22 millions de personnes, et la province compte 20 millions de ressortissants rentrés au pays et de parents de ces derniers.
Que ce soit du point de vue historique ou de la localisation géographique, le choix du Guangdong comme porte d'ouverture est incontournable. La fondation des trois ZES du Guangdong est le résultat de la résistance aux anciennes conceptions et au modèle économique qui va de pair d'un grand nombre d'hommes clairvoyants. Leur fonctionnement s'adaptant de toute évidence aux règles du développement économique et social, leur réussite est chose normale.

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