L'histoire
de l'ouverture a forgé une économie spéciale
et un groupe de personnes spéciales, les ressortissants chinois
Derrière
ces apparences, se sont profilées une série de réformes
d'une envergure sans précédent, dont la création
des zones économiques spéciales (ZES). En 1979, Deng
Xiaoping, qui sera plus tard surnommé l'architecte de la
réforme et de l'ouverture, a préconisé la création
des ZES en Chine socialiste. Ces ZES, dans lesquelles on applique
des politiques spéciales, servaient de banc d'essai de la
réforme et de l'ouverture dans tout le pays. En 1980, quatre
ZES furent officiellement fondées, dont trois se trouvaient
dans le Guangdong (celles de Shenzhen, 327,5 km2, de Zhuhai, 6,81
km2 et de Shantou, 1,6 km2). La quatrième était la
ZES de Xiamen du Fujian. En avril 1988, la province de Hainan accéda
aussi à l'ouverture typique des ZES. Si ces zones sont spéciales,
c'est qu'elles pratiquent une série de politiques économiques
préférentielles et un système de gestion économique
à l'avenant.
Le gouvernement chinois a établi trois des quatre ZES dans
le Guangdong parce qu'il a pris en considération sa localisation
géographique et sa situation économique. Situé
à l'extrémité sud de la Chine, le Guangdong
s'adosse à cinq chaînes montagneuses dans le nord,
est bordé par la mer de Chine méridionale dans le
sud, voisine avec le Vietnam et regarde au loin la Malaysia, l'Indochine
et les Philippines. Il est l'embouchure chinoise la plus proche
vers les régions d'Asie du Sud-Est, d'Océanie, du
Moyen-Orient, du Proche-Orient et de l'Afrique.
Dans
l'histoire, le Guangdong a été un lieu ouvert. Dès
avant les Tang (618-907), Xuwen et Hepu étaient d'importantes
voies maritimes de communication. Sous les Tang, Guangzhou était
un grand port oriental réputé dans le monde. La route
de la Soie maritime, au départ de Guangzhou, était
à l'époque la ligne de navigation la plus longue du
monde. Sous les Song (960-1279), les cargos de commerce de Guangzhou
traversaient l'océan Indien pour arriver directement aux
pays arabes et à l'est de l'Afrique. Sous les Ming (1368-1644),
deux lignes de navigation hauturière furent ouvertes de Guangzhou
vers l'Amérique latine et vers Lisbonne (Portugal). Aux premiers
temps des Qing (1644-1911), Guangzhou ouvrit ses lignes de navigation
vers l'Amérique du Nord et l'Océanie.
Tout comme le plein essor de l'atelier artisanal qu'a connu l'Europe
de l'Ouest, au XVIIe siècle, le Guangdong vit apparaître
ce mode de production, basé sur le développement de
l'agriculture à caractère marchand. Par exemple, la
plantation de la canne à sucre encouragea le développement
de l'industrie sucrière; l'élevage des vers à
soie fit développer la soierie. À la fin des Ming,
des ateliers d'artisanat qui embauchaient des ouvriers apparurent
dans le Guangdong. Vers l'an 1522, sous le règne de l'empereur
Jiajing des Ming, la production de la fonte brute du Guangdong atteignit
13,5 millions de kg, pourtant, sa production artisanale en ateliers
ne se développa pas en grande industrie mécanisée
comme dans l'Europe du XIXe siècle. En plus de la longue
domination féodale despotique qui faisait obstacle au développement
industriel et commercial, l'invasion des impérialistes après
1840 empêcha elle aussi le développement de l'industrialisation
de la Chine. En 1858, le gouvernement des Qing désigna Robert
Hart, un Anglais, comme administrateur du fisc général
de la Douane chinoise, et dès lors, le pouvoir d'administration
de la Douane chinoise tomba aux mains des envahisseurs. Profitant
de cette occasion, les capitaux étrangers occupèrent
le marché chinois grâce à l'introduction de
marchandises en Chine et aux tactiques de faible niveau de taxation
et de prix. Des années 60 aux années 90 du XIXe siècle,
l'importation des marchandises étrangères tripla,
mais sous l'impact des marchandises étrangères, l'industrie
nationale se développa difficilement.
Malgré
ces adversités, la localisation géographique du Guangdong
fit que la province conserva toujours sa position de porte du commerce
sino-étranger et des échanges culturels. En outre,
l'influence du capitalisme occidental diminua le conservatisme et
le retard causés par l'économie agricole et permit
à la province d'assimiler rapidement la civilisation industrielle
occidentale et les connaissances scientifiques et culturelles. L'industrie
du Guangdong se développa ainsi au sein des vicissitudes.
En tant que porte d'un grand pays et au cours de sa longue histoire
d'échanges avec l'extérieur, le Guangdong donna naissance
à de nombreux ressortissants chinois. Les documents historiques
ont enregistré que, à la fin des Tang ou sous les
Song, des gens du Guangdong résidaient à l'étranger.
Après la guerre de l'Opium, les colonisateurs firent le commerce
d'un grand nombre de travailleurs chinois avec l'Amérique,
l'Océanie et l'Asie du Sud-Est, de sorte que l'émigration
des habitants du Guangdong connut une vague de prospérité.
En 1862, le Congrès des États-Unis ratifia le projet
de la Law on Pacific Railways, ce qui fit augmenter la demande en
travailleurs. C'est ainsi que de nombreux travailleurs chinois furent
embauchés à l'étranger. On en comptait environ
plus de dix mille, dont la plupart étaient originaires de
Taishan (Guangdong). Bien que la majorité de ces ressortissants
dispersés dans le monde entier vécussent dans les
bas-fonds de la société, qu'ils ne gagnassent pas
beaucoup et qu'il leur fût impossible d'avoir la chance de
recevoir une éducation, une partie d'entre eux, tout en travaillant
dur, accumulèrent des richesses et devinrent des riches de
l'endroit. Sous l'influence de la révolution industrielle
en Occident, ils retournèrent dans leur pays natal pour créer
des usines, devenant ainsi les premiers fondateurs et initiateurs
de l'industrie moderne du Guangdong.
Ces ressortissants chinois ont apporté, d'une part, les techniques
étrangères qui ont résolu les problèmes
techniques du développement industriel et, d'autre part,
les premiers capitaux nécessaires au développement
de l'industrie, ce qui a résolu les problèmes d'accumulation
primitive du développement industriel. Le fait que l'industrialisation
du Guangdong se différencie de celle des autres régions
est une particularité importante. Dans les années
80 du XXe siècle, lors de la réforme et de l'ouverture,
cette particularité est réapparue, car les ressortissants
chinois ont de nouveau contribué pour beaucoup au redressement
de l'économie chinoise. Actuellement, parmi les Chinois résidant
à l'étranger, ceux qui sont originaires du Guangdong
représentent 22 millions de personnes, et la province compte
20 millions de ressortissants rentrés au pays et de parents
de ces derniers.
Que ce soit du point de vue historique ou de la localisation géographique,
le choix du Guangdong comme porte d'ouverture est incontournable.
La fondation des trois ZES du Guangdong est le résultat de
la résistance aux anciennes conceptions et au modèle
économique qui va de pair d'un grand nombre d'hommes clairvoyants.
Leur fonctionnement s'adaptant de toute évidence aux règles
du développement économique et social, leur réussite
est chose normale.
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