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Jiangmen, un lieu de rêve

WU MEILING

Des diaolou de Kaiping

Ne cherchez pas Jiangmen sur l’itinéraire des grands circuits touristiques, elle n’y figure habituellement pas. Et pourtant, ce ne sont pas les sites d’intérêt qui y manquent. Elle est l’endroit tout choisi pour vous offrir des vacances de découverte.

SITUÉE au confluent du fleuve Xijiang et de la rivière Peng-jiang et avec les monts Yandun et Penglai qui se dressent des deux côtés, Jiangmen (province du Guangdong) profite depuis des lustres d’une grande renommée.

À la différence du développement économique étonnamment rapide enregistré à Zhuhai et à Shenzhen, celui de Jiangmen a été continu et sûr. Bientôt, Jiangmen sera une ville écologique de niveau avancé. De plus, Jiangmen figure déjà parmi les 50 villes les plus importantes de Chine pour ce qui est du classement économique d’ensemble. Elle a remporté de nombreux titres, dont « Ville Jardin », « Ville modèle pour la propreté » et « Meilleure Destination touristique ».

Le bourg de Gulao, un pays d’eau LI ZHENJIANG

Son histoire a commencé en 219 av. J.-C., au moment où l’armée de l’empereur Shihuangdi des Qin a occupé la Chine du Sud et a établi les autorités gouvernementales de la préfecture de Nanhai dans la région. Aujourd’hui, sept districts sont sous la compétence administrative de la préfecture de Jiangmen.

Jiangmen n’a pas seulement un progrès économique rapide, elle offre aussi une longue liste d’attractions incomparables. En tête de celle-ci, se trouvent ses diaolou, un type de forteresse de renommée mondiale, ainsi que ses cours d’eau et ses marécages, de véritables paradis pour les oiseaux.

Les diaolou de Kaiping : l’influence étrangère

Au milieu du XIXe siècle, un grand nombre d’habitants de Jiangmen sont allés au Canada, aux États-Unis et en Australie afin de participer à la « ruée vers l’or », à la construction du chemin de fer ou à d’autres ouvrages qui avaient besoin de main-d’œuvre. Cette migration de grande envergure a fait de Jiangmen l’une des quatre principales villes natales des Chinois de l’étranger. Aujourd’hui, la plupart des personnes qui vivent dans les quartiers chinois des États-Unis ou du Canada parlent principalement le dialecte de Jiangmen. Grâce à ces pionniers, le mode de vie et la culture de l’Occident ont été introduits à Jiangmen et ont donné naissance aux diaolou, ces constructions uniques.

Pont ancien LI ZHENJIANG La plage Feisha de l’île Shangchuan LI ZIYONG

À Kaiping, l’un des districts relevant de Jiangmen, il y en a plus de 3 000. Leur nombre était encore beaucoup plus élevé auparavant, soit près de 10 000. Ces constructions attrayantes font de Jiangmen le seul endroit du Guangdong à faire partie de la liste du patrimoine culturel mondial.

Parmi toutes les diaolou de Kaiping, celle qui est appelée jardin Liyuan est probablement la plus luxueuse et la plus impressionnante. Achevée en 1936, après dix ans de travail, cette diaolou était la fierté de son propriétaire, M. Xie Weili, un Chinois vivant aux États-Unis. Rejeton du mariage heureux des cultures chinoise et occidentale, ce jardin incorpore les caractéristiques des jardins traditionnels chinois, la beauté des zones d’eau locales et le style architectural occidental. M. Xie avait rêvé d’un jardin comme ceux que l’on trouve à Suzhou, c’est-à-dire avec des pavillons, des tours, des ruisseaux sinueux et des ponts en pierre raffinés, mais en leur donnant tous une touche occidentale. Il n’y a que M. Xie, avec son tempérament poétique et sa connaissance des classiques, qui pouvait concrétiser ce rêve.

Le beau panorama de Jiangmen LI JIANBIN L’ancienne résidence de Liang Qichao CHEN LIWU

Étonnamment, à l’intérieur du jardin Liyuan, on trouve une énorme volière de style italien. Les quatre caractères qui y avaient été inscrits, bai niao gui chao (habitat des cent d’oiseaux de retour), sont toujours visibles aujourd’hui. Cette énorme volière est un cadeau que M. Xie avait fait à sa quatrième épouse Guan, une amoureuse des oiseaux qui avait l’habitude d’en garder beaucoup.

La villa Yupei, dans le sud-ouest du jardin, avait été bâtie par M. Xie à l’usage exclusif de sa deuxième femme afin qu’elle y abrite sa garde-robe. On y conserve une photo d’elle, imprimée sur porcelaine, qui montre une dame très gracieuse. Une qipao (robe à la chinoise) que M. Xie avait confectionnée spécialement pour elle est également exposée.

Avec ses 25 m de haut et ses neuf étages, Ruishi est la plus haute diaolou de Kaiping. Sa partie inférieure est du style chinois, mais sa partie supérieure est occidentale, ce qui en fait la diaolou la plus unique de l’endroit. Elle se trouve dans une grande bambouseraie, située dans le village de Jinjiangli; isolée, elle surplombe les bambous qui la protègent des regards. Sur ses portes, on peut encore voir les marques laissées par des années de guerre. Selon les gens de la région, pendant la guerre de Résistance contre le Japon, malgré les efforts énormes déployés par les soldats japonais, ces derniers ont échoué à pénétrer dans la diaolou. Cela montre bien les fortes capacités défensives de ces diaolou contre les troupes ennemies ou les bandits locaux.

Pour ce qui est de la renommée, rien n’égale la diaolou Bianchou, à l’entrée du village de Nanxing; elle est encore plus inclinée que la tour de Pise en Italie. Construite en 1903, cette diaolou ancienne semble à tout moment sur le point de s’effondrer, mais elle est parvenue à rester debout depuis plus d’un siècle. Même le séisme dévastateur qui s’est produit pendant les années 1930 et l’ouragan destructeur dans les années 1960 n’ont pas réussi à l’ébranler.

Maxianglong, un autre village de Kaiping, est particulièrement impressionnant avec son groupe de diaolou, treize au total. Ils sont adossés à une montagne et un cours d’eau se trouve devant. De style et de hauteur variés, certaines diaolou semblent enveloppées par les bambous ou se trouvent carrément dans une bambouseraie. Il y en a de divers styles : romain, grec antique ou islamique. Ces constructions forment un paysage d’une perfection qui dépasse même l’imaginaire des artistes.

Un musée vivant

Également bien connu, mais cette fois en raison de son paysage d’eau, Gulao est un bourg relevant du district de Heshan, qui constitue un lieu touristique incontournable.

Différentes régions de la Chine présentent différents types d’agriculture. La méthode du Guangdong remonte à des milliers d’années, et elle a été bien conservée sous sa forme originale à Gulao. Chaque détail participe de la culture de Lingnan, typique du Guang-dong et du Guangxi.

En bordure du fleuve Xijiang, dans le district de Heshan, dans le nord-est de la préfecture de Jiangmen, Gulao est un lieu ancien avec de vastes marécages. Son paysage évoque un peu Venise. Gulao compte un grand nombre d’étangs de pisciculture et de lacs et est sillonné par des rivières et des ruisseaux.

Le paradis des oiseaux HUANG YONGZHAO

L’agriculture y a commencé il y a 600 ans, dans les sédiments laissés par le Xijiang. Après un long voyage depuis son cours supérieur, le fleuve ralentit son cours pour devenir paisible et plus large, laissant quantité de sédiments qui forment les meilleures terres cultivables. Les habitants locaux ont transformé ce merveilleux cadeau en piscicultures, champs de canne à sucre et de mûriers. Des habitations et des lopins cultivés sont parsemés çà et là, entre les digues qui séparent les étangs de pisciculture. Autrefois, les bateaux étaient le seul moyen de transport, et chaque ménage a toujours un quai pour son usage privé. Ces dernières années toutefois, étant donné que des routes ont été construites dans ce secteur, les bateaux restent amarrés pendant la majeure partie de l’année.

En suivant un sentier sinueux, les touristes se retrouvent à Erduqiao, un endroit où les nombreux arbres ombragent un village avec des ruisseaux et des ponts en pierre. Ces ponts ont conservé à perfection leur beauté d’autrefois. On y trouve aussi des banians centenaires.

Les arbres exotiques ploient sous l’abondance de fruits, comme s’ils invitaient les visiteurs à en cueillir à volonté. Si vous faites une excursion en bateau, les feuilles et les graines de lotus sont à portée de la main et les poissons espiègles ne semblent jamais effrayés. Une vaste étendue – environ 30 ha – a été aménagée en réserve ornithologique et de la flore aquatique, ce qui permet de faire de l’écotourisme. Le plus attirant, ce sont les étendues préservées de lotus et les grands hérons qui s’y trouvent. Dernier marécage ayant son aspect originel dans tout le delta du fleuve Zhujiang, cet endroit est un paradis pour les zoologistes et les biologistes.

Le paradis des oiseaux

C’est beaucoup plus qu’une simple attraction touristique : pour de nombreux Chinois, c’est la réalisation d’un rêve d’enfance. Beaucoup de personnes ont lu à son propos dans un écrit de Ba Jin, un auteur contemporain bien connu, qui a exprimé son émerveillement après avoir visité cet endroit.

Il y a environ 380 ans, lors d’une nuit éclairée par la lune, un paysan aurait accidentellement laissé une branche de banian sur une digue; avec le temps, la branche aurait donné naissance à une grande plantation couvrant 10 000 m2. Voilà comment le paradis des oiseaux aurait vu le jour. Ces 400 dernières années, des milliers d’oiseaux en ont fait leur habitat. Avec des banians tout autour, que peuvent-ils vouloir de plus?

Il y a quantité de hérons et ils appartiennent à de nombreuses espèces. Ils laissent leur nid le matin et y retournent au coucher du soleil, après une journée de pêche. Les différentes espèces s’entendent bien entre elles. Se rassemblant ou volant en grand nombre, les hérons constituent une vision spectaculaire, tant dans le ciel que sur le sol.

Tout près se trouve la résidence de Liang Qichao, un lettré, penseur et homme d’État qui, vers la fin du XIXe siècle (dynastie des Qing), a préconisé une politique de réforme. Selon les habitants locaux, lors de l’occupation par les troupes japonaises, par respect pour la réputation de ce grand lettré, elles ont laissé sa maison intacte.

La famille de Liang Qichao compte d’autres personnages exceptionnels. Son fils aîné, Liang Sicheng, a été un architecte à succès, et son deuxième fils, Liang Siyong, est un archéologue bien connu. Les deux ont été parmi les premiers membres de l’Académie des sciences de Chine, en 1948. Son troisième fils, Liang Sili, un scientifique renommé dans le domaine des fusées, est membre de l’Académie d’ingénierie de Chine. Trois académiciens issus d’une même famille, c’est une chose rare qui fait la fierté de Jiangmen.

Les îles Chuandao

Sur la mer de Chine méridionale, il y a beaucoup de belles îles qui semblent s’être détachées de la partie continentale. Deux d’entre elles, Shangchuan et Xiachuan, sont à quatre milles marins l’une de l’autre, et elles sont entièrement différentes des autres.

Il y a 600 ans, elles constituaient une escale pour les marchands. Les Portugais les appelaient les « îles du Commerce » et les Français, les « îlots de l’Espoir ». Aujourd’hui, en raison de leur plage de sable blanc, de leur baie en forme de croissant de lune et de leur température agréable toute l’année, les gens les décrivent comme l’« Hawaï de l’Orient ».

Sur l’île Shangchuan, il y a 12 plages de différentes tailles. Feisha est l’une d’entre elles; elle s’étire sur 4,8 km et a la forme d’un croissant de lune. Son sable est très fin et très propre, et à distance, on pourrait croire qu’il s’agit d’un paysage de neige de la Chine du Nord. Ce sable se détache facilement des vêtements, sans laisser aucune trace.

Au nord de Feisha, au-delà du temple de Mazu et du Bouddha géant de Lechuan, se trouve la plage Jinsha, entourée de monts sur trois côtés. Elle a 5,2 km de long, avec de vastes étendues d’arbres semblables à des cèdres. On dit que la longévité des gens de l’endroit est attribuable à l’huile extraite de ces arbres qu’ils utilisent pour la cuisson.

Shangchuan dispose d’une grande forêt tropicale à l’état vierge qui constitue un habitat pour les macaques. Lorsqu’un travailleur joue de la trompette, les macaques se précipitent vers lui de toutes les directions.

Yinsha est une autre plage de l’île Shangchuan; elle est très vaste et ressemble à un oiseau géant qui déploie ses ailes. La première eau qui a été bénite par le premier missionnaire italien arrivé en Chine a été tirée d’un puits de cet endroit. Le plus étrange au sujet de ce puits, c’est que lorsque le niveau de la mer est plus haut que le niveau d’eau du puits, son eau ne change pas de goût. En plus de ce puits magique, Shangchuan dispose d’un grand nombre de grottes mystérieuses, telles des œuvres d’art qui auraient été laissées par une puissance surnaturelle.

Xiachuan, l’autre île, est un monde de verdure. Elle a une température, un ensoleillement et un degré de salinité qui sont semblables à ce que l’on trouve à Hainan; seuls ses cocotiers sont moins hauts, mais ils donnent des fruits tout aussi savoureux.

Sources thermales

Vue nocturne de Jiangmen CHEN JING

Jiangmen a des dizaines et des dizaines de sources thermales. Elles sont comme un collier de perles qui pare une belle dame. Aménagée il y a longtemps, Gudou est l’une d’entre elles. Elle a été formée d’après le célèbre palais des sources chaudes que l’empereur Li Longji de la dynastie des Tang (618-907) avait utilisé à Xi’an, il y a plus d’un millénaire. On y trouve également un magnifique palais embelli par des fresques de dieux volants. Didu, une autre source thermale, a été aménagée en jardin qui présente des roches exotiques.

À tout point de vue, Jiangmen est un endroit qui vaut le déplacement. Une fois sur place, vous vous sentirez vraiment peu disposés à repartir.

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