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Bâtir un château en Chine

CELINE PERRAUD

À quelques dizaines de kilomètres au nord du centre de Beijing, dans l’arrondissement Changping, le promoteur Zhang Yuchen a eu, il y a quelques années, l’idée de bâtir un château à la française pour en faire un hôtel de luxe. Entreprise folle et ambitieuse mais qui, après trois ans de construction, s’est vue couronnée de succès : l’hôtel a ouvert ses portes en octobre 2004. Depuis, M. Zhang reste fidèle à son idée : donner à voir la culture française aux Chinois; c’est pourquoi il travaille sur un grand projet : ouvrir prochainement sur le domaine un musée consacré au vin et à sa fabrication.

Le Beijing Laffitte Chateau Hotel

LE rêve commence lorsque, après une demi-heure de route, nous passons les immenses grilles noires pour pénétrer dans le domaine, et remontons l’allée qui serpente à travers l’immense jardin; c’est alors qu’il nous apparaît. Ouvert depuis bientôt cinq ans, le Beijing Laffitte Chateau Hotel s’impose à nos yeux ébahis. Au milieu d’un terrain de 33 ha, il trône, majestueux et flambant neuf. En contrebas, une fontaine ornée de statues en bronze et des parterres de buissons strictement taillés, inspirés des plus beaux jardins à la française; derrière, deux pavillons de chaque côté d’une cour carrée fermée par une colonnade du Bernin; autour, un grand canal artificiel qui l’enserre, et d’autres bâtiments tout aussi somptueux.

La genèse du projet

Cela faisait longtemps que Zhang Yuchen avait pour projet de bâtir un château. Il y a quelques années, en rendant visite à son fils en Australie, il avait remarqué les vignes. C’est alors qu’il s’est dit que ce serait intéressant de se rendre en France, afin de visiter des vignobles et leurs châteaux. Très occupé, il a dû reporter son voyage à plusieurs reprises, et ce n’est qu’en juillet 2001 qu’il a enfin pu se libérer pour visiter la France et quelques-uns de ses châteaux. Il a été conquis d’emblée par les vignes et le château de Maison-Laffitte dans les Yvelines, qui date du XVIIe siècle; n’ayant peur de rien, il a décidé en quelques minutes de construire à Beijing une reproduction de ce château, avec une cave riche et abondante.

Finalement, le Château-Laffitte de Beijing s’inspire également des châteaux de Fontainebleau et Versailles pour les pavillons et la cour, et est un peu plus large que celui de Maison-Laffitte.

La vie de château

L’intérieur du bâtiment correspond à nos attentes : grandes pièces, hauteur de plafond impressionnante, longs couloirs en enfilade, mobilier royal, boiseries finement sculptées, moulures et dorures omniprésentes, nombreuses tapisseries importées d’Europe aux murs. Plusieurs immenses halls et salons, qui font office de salles de détente ou de restaurants, répondant aux jolis noms de « Fontainebleau » ou « Versailles », d’après les fameux châteaux français. Au plafond du hall principal, une immense fresque circulaire à la manière italienne, peinte à la main par les artistes. Bien sûr, le tout paraît bien neuf par rapport aux authentiques châteaux français; cependant, une atmosphère indéniable de bien-être et de luxe se dégage.

Un décor luxueux du sol au plafond

Le lieu, d’inspiration baroque voire rococo, impressionne par son opulence et sa richesse. C’est la française Françoise Onillon, ambassadrice du savoir-vivre, qui a été sollicitée pour être la directrice artistique de ce projet titanesque.

Le château seul compte 80 chambres, mais le domaine entier en offre 500. Chacune d’entre elles offre un confort certain et un décor occidental luxueux; seule la surface varie, de la chambre simple à la suite présidentielle en triplex. Les prix, élevés pour la Chine, varient en fonction des chambres et des saisons, mais restent raisonnables comparés à d’autres hôtels de cette qualité.

Accueillant une clientèle majoritairement chinoise, l’hôtel s’enorgueillit également d’avoir hébergé l’équipe russe pendant les Jeux olympiques de Beijing 2008.

L’endroit, très atypique en Chine et digne représentant du bon goût à l’occidental, est régulièrement réservé pour des cérémonies de mariage, des expositions, des séances photos ou des défilés. S’y déroulent aussi de nombreux colloques ou séminaires (le château propose des salles de réunion et de conférence), ainsi que des voyages d’entreprise. Des clients particuliers fortunés y séjournent également.

L’art de vivre

De nombreuses activités sont proposées au château. Plusieurs salles de jeux sont à la disposition des clients qui pourront se détendre en s’essayant au tir à l’arc, au jeu du palet, au billard, au baby-foot, au ping-pong ou plus calmement aux échecs et au mah-jong. Les soins du corps sont également à l’honneur, avec un salon de massage, une salle de musculation, une source thermale et plusieurs piscines. Les visiteurs peuvent aussi profiter de la belle nature environnante, dans le parc à 90 % couvert d’une luxuriante végétation. Ils ont accès à un terrain de golf, peuvent faire du canot sur le lac, ou même cueillir des fruits dans le verger bio nouvellement aménagé.

Vue d’ensemble du domaine principal

Après s’être pleinement détendu, rien de tel qu’un bon repas. L’hôtel possède plusieurs salles de restaurants; l’immense salle russe notamment est à visiter : des lustres argentés, des répliques des soldats de l’Armée enterrée de Xi’an, et une capacité de mille couverts. Les deux gastronomies, chinoise et française, sont représentées; cependant, c’est la partie française qui est la plus développée. On peut déguster des plats originaux, très bien présentés, concoctés par un chef ayant travaillé dans des hôtels cinq étoiles, servis par une équipe rapide et efficace, dans un cadre digne des salons du château de Versailles. Dans la mesure du possible, les plats proposés sont fabriqués avec des produits naturels et locaux; ainsi le poisson est-il pêché dans le lac du domaine (on nous apprend que le plus gros jamais pêché atteignait trente kilos), le poulet élevé sur place, tout comme quelques légumes et fruits, cultivés de manière traditionnelle.

Une salle du restaurant gastronomique

Suivant la tradition française selon laquelle un bon repas s’accompagne de vin, le restaurant en offre de nombreuses sortes.

Il sera ensuite possible d’aller les goûter plus amplement dans le bar à vin aménagé au sous-sol, dans la cave. Même si la pièce est vaste, il y règne une atmosphère intime propice à la dégustation : lumières tamisées, plafonds en ogive, larges tables en bois sombre, fûts entassés contre les murs.

Pour les plus raisonnables, de petites salles de thé sont également disponibles, seuls endroits vraiment typiques de la tradition chinoise.

Un nouveau projet

Ayant déjà créé un palace idéal, en pleine nature, calme et reposant, M. Zhang souhaite cependant y ajouter une pièce maîtresse, toujours dans le but de faire découvrir la culture française aux Chinois. Très au fait de la culture occidentale, notamment française, il a décidé d’ouvrir prochainement un musée du vin, qui comprendra quelques vignes et des explications sur la fabrication du vin, dans la plus pure tradition française (tout sera importé de la région bordelaise); on pourra également y déguster du vin. Les yeux pétillants, M. Zhang nous parle par exemple du Beaujolais nouveau disponible au début de l’automne. Il ne sait pas encore quand le musée ouvrira ses portes, mais il en parle déjà avec enthousiasme.

Le château Laffitte de Beijing, le plus grand château privé d’Asie, qui a déjà accueilli une multitude de télévisions et de journalistes et est connu dans le monde entier, n’a pas fini de faire parler de lui.

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