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ZHANG XIWEN
Un itinéraire pour découvrir ce qui a émerveillé les caravaniers de la route de la Soie. EN 851, décrivant à ses compatriotes un superbe objet chinois quil avait eu loccasion de contempler, un commerçant arabe déclara : « Cest un vase à fleurs appelé porcelaine. Il est aussi transparent que le verre, de sorte que, de lextérieur, on peut voir leau quil contient. Pourtant, il est fait à base de terre. »
Émerveillés par la technologie porcelainière de la Chine, depuis très longtemps, les commerçants arabes importaient en grande quantité ses objets dartisanat de haute qualité. Un grand nombre de porcelaines sajoutaient au thé et à la soie qui circulaient sur la célèbre route de la Soie reliant la Chine aux régions arabes et européennes. Vers le XIVe siècle, les porce-laines chinoises étaient vendues en Afrique, en Europe et au Proche-Orient. Cependant, en raison du long trajet à parcourir, loffre était bien loin de satisfaire lénorme demande. Les pays européens ont donc commencé à étudier les secrets de la cuisson des porcelaines chinoises. En 1712, le missionnaire français François Xavier dEntrecolles est venu à Jingdezhen (province du Jiang-xi), lieu célèbre de production des porcelaines de Chine. Il y a vécu sept ans avant dexporter en Europe les technologies porcelainières quil avait apprises, y compris la fabrication de la poterie non cuite, lémaillage et la cuisson. De nos jours, lindustrie de la céramique étant prospère, ces capitales célèbres de la céramique jouissent toujours dun énorme prestige.
Jingdezhen, un nom Située dans le nord-est de la province du Jiangxi, sur la rive sud du Yangtsé, Jingdezhen (autrefois appelée Changnanzhen) a une histoire deux fois millénaire. Cest à partir de la dynastie des Tang (618-907) que cet endroit a commencé à produire des porcelaines quon offrait en tribut à la cour impériale. En 1004, première année du règne de lempereur Jingde des Song (960-1279), ce dernier donna son nom de règne (Jingde) à Changnanzhen, doù le nom de Jingdezhen. Sous la dynastie des Ming (1368-1644), Jingdezhen connut une période florissante de production porcelainière. Des fonds importants furent investis par lÉtat dans la fabrication dobjets sacrificiels et dusage courant pour la famille de lempereur et celles des ministres. Sous le règne de lempereur Chenghua (1465-1487), les porcelaines peintes produites à Jingdezhen atteignirent la perfection. La coupe décorée de poule et de poulets était lobjet le plus représentatif. De nos jours, le prix dune coupe de ce genre sélève à 30 millions de yuans. Selon les collectionneurs, ce type de coupe possède deux caractéristiques rares : dune part, elle est aussi mince que le papier et aussi transparente que le verre; dautre part, ses cinq couleurs sont éclatantes. Le bleu, le rouge, le jaune, le vert et le pourpre forment un beau contraste. Durant toute la période des Ming, Jingdezhen a abrité non seulement des fours officiels utilisés pour la cour impériale, mais également des fours populaires, ce qui permettait de satisfaire les nombreuses demandes provenant des marchés intérieurs et du marché international.
À son arrivée à Jingdezhen, pour ses amis, François Xavier dEntrecolles a décrit cette capitale porcelainière de lOrient dans les termes suivants : « Elle est située sur une plaine entourée de petites collines. Cette plaine est arrosée par deux rivières qui coulent des montagnes du voisinage et qui se rejoignent pour former un port de 1 km. En entrant dans le port, on aperçoit dabord la silhouette dune ville de flammes et de fumées. Dans la nuit, elle semble être entourée de flammes. » Encore de nos jours, la porcelaine demeure une production importante de Jingdezhen, et les vestiges anciens de la fabrication porcelainière font lobjet de protection. Dans la ville, la zone dexposition des anciennes céramiques mérite dêtre visitée. Grâce à cette exposition, la zone reproduit de manière vivante lhistoire de Jingdezhen durant les XVe et XVIe siècles. Cette zone comprend trois parties : lAtelier des porcelaines anciennes; les bâtiments populaires des dynasties des Ming et des Qing; et le Musée dhistoire de la céramique. LAtelier des porcelaines anciennes permet de découvrir le processus complet de fabrication de lancienne céramique à Jingdezhen. Les six complexes danciens bâtiments en briques crues sont considérés comme des exemples précieux dune ancienne construction industrielle en Chine. Chaque complexe est constitué de trois ou quatre bâtiments disposés autour dune cour carrée et ouverts sur cette cour. Dans ces bâtiments, des artisans fabriquent la porcelaine à la façon traditionnelle. On y trouve encore un haut four rudimentaire du style des Ming qui est alimenté au bois de pin. Long de 18 m, ce four ressemble à un uf doie ovale, lavant étant plus grand que larrière. Dans la partie arrière se dresse une cheminée à paroi mince, haute de 21 m. Malgré sa structure simple, ce four peut, simultanément, cuire plusieurs dizaines de sortes de porcelaines à différentes températures, ce qui est impossible dans un four moderne. Situé à une heure de voiture de Jing-dezhen, le bourg ancien de Yaoli est également un site historique important. Le caractère yao de Yaoli se prononce de la même façon que le caractère pour le mot four. En tant que berceau de la céramique de Jingdezhen, Yaoli a fait briller la flamme de ses fours de la période des Royaumes combattants (475 221 av. J.-C.) jusquà la dynastie des Ming. Au début des Ming, avec létablissement des fours officiels à Jingdezhen, les fours de Yaoli ont été déménagés, et Jingdezhen a pris sa place. Cependant, Yaoli a toujours été le centre de fabrication de la glaçure, la matière première utilisée pour émailler la porcelaine de Jingdezhen. Aujourdhui, un grand nombre dateliers anciens sy dressent encore. À Raonan, dans le parc thématique de la céramique, des vestiges de la production de céramique ont été restaurés, notamment latelier artisanal de youguo (une sorte de pierre destinée à la fabrication de lémail), latelier artisanal de céramique, les vestiges des fours Longyao, dont la forme ressemble à un dragon, ainsi que la noria. Les fours pluricentenaires de Yixing Règle générale, les Chinois qui sont de vrais amateurs de thé préfèrent la théière de Yixing, parce quelle permet de révéler la saveur particulière de cette boisson. Située dans la province orientale du Jiangsu, Yixing est connue comme lune des capitales célèbres de la poterie de Chine. Cette ville est également connue pour la fabrication des théières en grès pourpre.
Lhistoire de la poterie de Yixing peut remonter à il y a 5 000 ans. Sous la dynastie des Han de lEst (25-220), Yixing était un des centres de la poterie de la région du Sud du Yangtsé. Après le Xe siècle, la poterie à base de grès pourpre sest développée progressivement, et au début du XXe siècle, sa production a pris nettement de lenvergure. À la fin des années 1950, Yixing était reconnue comme la « capitale de la poterie ». À Yixing, en plus de découvrir la fabrication des théières en grès pourpre, les fours Longyao valent également la peine dêtre visités. Cest une création exceptionnelle réalisée par les potiers de la Chine antique. De nos jours, un four Longyao en bon état se trouve toujours dans le village de Qianshu du bourg de Dingshu. Construit à lépoque des Ming, il est le seul four Longyao de Yixing à fabriquer encore de la céramique de manière traditionnelle. On lappelle le « dernier four Longyao en opération » de Yixing. En Chine, il est également lun des deux fours des Ming à produire encore de la céramique. Lautre four se trouve dans le bourg de Shiwan de Foshan (province du Guangdong) et est appelé Nanfeng Guzao. Niché dans le village de Qianshu, ce four Longyao ressemble, vu de loin, à un dragon imposant qui ondule. Avec sa tête, au nord, et sa queue, au sud, ce vieux four mesure environ 50 m de long. La paroi intérieure en voûte est bâtie en briques réfractaires, et lextérieur est recouvert de blocs de pierre et de terre blanche des bords du lac Taihu. Les 42 paires dorifices creusés des côtés est et ouest du four servent à mettre le combustible et à observer la température du feu. La poterie en grès pourpre y est cuite à 1 150 °C. Dans le côté ouest du four, il y a cinq autres ouvertures permettant aux potiers dy mettre ou dy prendre les produits. Au-dessus du four, on peut voir des abris, soutenus par des colonnes de granit et recouverts de poutres de bois et de petites tuiles. Le combustible utilisé est principalement le charbon, le bois de pin et le bambou.
« Le four Longyao de Qianshu est le plus ancien pour ce qui est de la fabrication des ustensiles à base de grès pourpre. Maintenant, on y fabrique surtout des articles dusage courant tels que des théières, des cuvettes, des jarres et autres pots. La pente de 32 degrés de ce four permet de monter naturellement la température du feu et contribue à économiser lénergie. Le feu brûle à larrière, alors que les produits finis sortent à lavant. Les nouveaux produits semi-finis sont placés dans un espace libre, avant dêtre séchés et cuits par la chaleur qui reste », nous a informé un potier local. De nos jours, les fours Longyao sont peu à peu remplacés par des fours de nouveau type ayant le charbon, le gazole et lélectricité pour combustible. La qualité des produits finis est meilleure que ceux cuits au bois de pin. De plus, la durée de cuisson est également raccourcie à quelques heures seulement. Selon des habitants locaux, il y a encore quelques dizaines dannées, Yixing abritait une trentaine de fours Longyao. Inutilisés depuis longtemps, la majorité de ces fours se sont toutefois effondrés. Il reste seulement celui de Qianshu. En 2006, la ville de Yixing la fait restaurer pour bien le préserver. La céramique artistique de Shiwan Situé dans la ville de Foshan (province du Guangdong), le bourg de Shiwan est connu pour la fabrication de céramiques artistiques et dusage courant. Si Shiwan est connu, cest quil est un important centre moderne de production de céramique. En effet, 40 % des produits céramiques dans le monde en proviennent, et le septième des maîtres artisans chinois dans le domaine sy trouve. Dans lAntiquité, Shiwan était aussi un important centre de fabrication. La céramique artistique de Shiwan regroupe cinq genres principaux : statuettes de personnages, statuettes danimaux, récipients, petites sculptures et faîteaux.
Daprès des documents historiques conservés au Musée de la céramique artistique de Shiwan, lart céramique de Shiwan remonte aux dynasties des Tang et des Song et a prospéré à lépoque des Ming et des Qing (1644-1911). À son apogée, le bourg de Shiwan abritait 107 fours à céramique et employait 60 000 personnes. En plus de la céramique dusage courant, la céramique artistique produite comprenait des objets décoratifs, des statuettes de bouddhas et dImmortels, des ornements de jardin, du matériel du cabinet du lettré, des personnages, des fleurs, des oiseaux, des insectes et des poissons. Ces produits étaient non seulement vendus dans les marchés du pays, mais également dans ceux dAsie du Sud-Est, dEurope et dAmérique. Shiwan est ainsi devenu un important centre de production de céramique; ses techniques de production et son économie étaient avancées. Le bourg était aussi célèbre que Jing-dezhen. De nos jours, Shiwan abrite des vestiges en bon état de la fabrication de poterie: le four Nanfeng Guzao. Dans le monde, ce dernier est lun des plus anciens fours en forme de dragon bien préservés et utilisés sans interruption jusquà nos jours. Inscrit au Guinness des records du monde, il est surnommé « monument vivant de 500 ans » et « trésor national inamovible ». Shiwan conserve non seulement ses vestiges intacts, mais également ses us et coutumes liés à la fabrication de la céramique. À côté de ce four se dresse une statue du dieu du Feu, haute de plus de 3 m. « Afin de fabriquer les meilleurs produits, toutes les personnes qui participaient à la fabrication de la céramique devaient se prosterner devant le dieu du Feu avant de commencer à travailler. Il sagit dune règle transmise par les anciens artisans », disent des gens de lendroit.
Le temple Zumiao est un autre lieu à visiter pour découvrir le charme de la céramique de Shiwan. Les artisans locaux se réunissent régulièrement dans ce « temple ancestral des maîtres de la céramique ». Selon de vieux artisans, le temple Zumiao a été construit à lépoque des Song du Sud (1127-1279), mais il a été détruit durant des guerres. Dans ce temple, on collectionnait, à lépoque, les meilleurs produits céramiques de Shiwan, et même de Foshan. En termes denvergure architecturale et de conception raffinée, cest le plus grand et le plus beau des temples ancestraux commémorant le souvenir des maîtres artisans de Foshan. Dans la petite cour de la salle antérieure du temple Zumiao, on peut, en levant la tête, admirer des faîteaux vivants et expressifs. Comme les fresques, ces sculptures en céramique semblent raconter des contes légendaires et des scènes du théâtre classique. Sur la corniche de la troisième porte de la salle antérieure, il y a 152 personnages en terre cuite vus de face, et 149 vus de dos. Dans lantiquité, les faîteaux en céramique artistique étaient destinés à décorer les logements; on les appelle « faîteau de Shiwan ». Dans cette région, cest lune des caractéristiques de larchitecture ancienne. Le temple Zumiao est décoré de six faîteaux de Shiwan. Celui au-dessus de la troisième porte est le plus grand, avec 32,03 m de long et 2,10 m de haut. Dans le musée du temple Zumiao sont exposés des faîteaux qui ont été fournis par la population. Ils valent la peine dêtre admirés. |
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Rédaction : 24, rue Baiwanzhuang, Beijing 100037, Chine |