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L'héritage des Jeux olympiques
de Beijing

DE YONGJIAN

Les Jeux olympiques laisseront une empreinte durable sur Beijing et ses habitants. Outre les nouvelles installations et infrastructures dont la ville s’est dotée à cette occasion, ils ont profondément modifié la conception du sport chez les Chinois.

Des touristes devant les sculptures symbolisant le relais de la torche dans la zone centrale du Village olympique

DÉjÀ derrière nous, les Jeux olympiques de Beijing resteront néanmoins un souvenir impérissable pour le monde entier. Grâce au gouvernement chinois qui a tout mis en œuvre pour cette fête sportive, l’héritage matériel et immatériel olympique est considérable. D’ailleurs, au fur et à mesure que le temps passe, l’influence profonde exercée par les JO sur la capitale et même sur la Chine est de plus en plus visible.

Un nouvel espace public

Pour accueillir les compétitions olympiques, douze nouveaux stades ont été construits, onze ont été agrandis ou restaurés, répartis dans l’ouest, l’est, la cité universitaire et la banlieue nord de Beijing où se trouve le Parc olympique s’étendant sur plus de 1 000 ha. Après les JO, ce dernier ainsi que les installations sportives se transformeront en sites touristiques et lieux de loisirs offrant un nouvel espace public pour les citadins.

Le Parc olympique comprend une zone centrale de 291 ha (comprenant les installations olympiques comme le Nid d’oiseau et le Cube d’eau), une pelouse, une forêt de 680 ha et le Parc des ethnies minoritaires de Chine. Selon le plan élaboré par l’Office du tourisme de la municipalité de Beijing, dix infrastructures touristiques seront construites dans la zone centrale du parc, transformant ainsi le site de compétition en un endroit touristique.

De nombreux sites olympiques, comme le Nid d’oiseau, attirent les touristes.

Concernant les stades olympiques, le Nid d’oiseau, où se sont tenues les cérémonies d’ouverture et de clôture des JO de Beijing, devrait être un centre multifonctionnel de divertissements pour les événements sportifs, les spectacles et les foires commerciales. Lieu d’organisation des compétitions sportives et terrain d’un club de football de Beijing, le Nid d’oiseau accueillera aussi des spectacles culturels.

Le Cube d’eau, autre établissement emblématique, deviendra un centre de loisirs nautiques de grande envergure. Les nouvelles installations comprendront une plage pour le surf, un couloir pour le ski nautique et un terrain de tennis intérieur. Afin de satisfaire aux critères du centre de loisirs nautiques, sur les 17 000 sièges du stade, il n’en restera que 6 000, libérant ainsi 4/5 de la superficie totale du Cube d’eau.

Sur la nouvelle ligne de métro 8 (ligne olympique), les piliers de la station Beitucheng évoquent la porcelaine traditionnelle chinoise.

Concernant le Centre sportif de Wukesong, où se tenaient les matches de basket-ball, il deviendra le premier stade permanent pour les compétitions de l’Association nationale de basket-ball des États-Unis (NBA) en Chine. Le Palais de tir de Beijing, situé dans le Parc olympique, se transformera en une grande salle de conférence d’une capacité de 6 000 personnes, soit la deuxième plus grande de la capitale après le Grand Palais du Peuple. Les quatre gymnases olympiques des universités seront ouverts non seulement aux étudiants, mais aussi au public. Le Terrain de volley-ball de plage du parc Chaoyang sera aménagé en bains et plages avec une piscine de presque 5 000 m2.

De nouvelles lignes de métro

« La mise en service de beaucoup de sites post-olympiques reste à tester en pratique. Cependant, pour le métro urbain, on peut prédire avec optimisme qu’il est l’un des legs olympiques les plus appréciés », estime un membre de l’Académie d’ingénierie de Chine. Selon les experts, compte tenu que le métro évite le sol ou les rues, qu’il est ponctuel et économe en énergie, il est raisonnable de penser qu’il sera le principal mode de transport dans les métropoles. Le fait s’observe déjà dans les autres métropoles internationales, où chaque ligne de métro transporte plus d’un million de passagers par jour.

En 2001, le lendemain de l’attribution des JO de 2008, le gouvernement municipal de Beijing a annoncé qu’il investirait 90 milliards de yuans dans les infrastructures, dont le métro, l’aérotrain, les autoroutes et l’aéroport. En 2002, au début des préparatifs des JO de 2008, le gouvernement municipal a chargé les administrations concernées de travailler au programme de développement des transports de Beijing. Annoncé au grand public en 2005, ce programme a notifié clairement que les conditions de la circulation à Beijing devaient être conformes aux politiques donnant la priorité aux transports en commun, à la régulation des voitures des particuliers et à la construction d’infrastructures. En octobre 2007, la ligne 5 du métro a été ouverte; en juillet 2008, les trois lignes pour les JO (ligne 10, ligne olympique et ligne de l’aéroport) ont été mises en service. Grâce à l’ouverture de quatre nouvelles lignes en un an, avant la cérémonie d’ouverture olympique, la longueur totale du rail métropolitain de Beijing est passé à 220 km.

Durant les Jeux olympiques, 63 millions de passagers ont pris le métro pour voyager à Beijing, ce qui prouve la popularité de ce mode de transport. Selon la Commission municipale de la planification urbaine, la construction du réseau métropolitain de Beijing se poursuivra après les JO, les rails atteindront 300 km au bout de deux ans et 400 km au bout de trois ans. Un réseau de 19 lignes de métro (dont trois lignes périphériques, quatre lignes d’ouest en est, cinq lignes du nord au sud et sept lignes rayonnantes) sera mis en place au bout de cinq ans. En 2015, il est prévu d’étendre le réseau métropolitain de la ville à 561 km; les transports publics et le transport par rail deviendront alors le premier choix des citadins de Beijing pour leurs déplacements.

L’autre transport sur rail prévu pour les JO de Beijing, la ligne express Beijing-Tianjin, a été mise en service à la veille de la cérémonie d’ouverture olympique. Sur cette ligne de chemin de fer d’une longueur totale de 120 km, les trains peuvent rouler à 350 km/h en vitesse de pointe, réduisant le temps de trajet d’une heure à une demi-heure. Cette ligne express a facilité les déplacements des joueurs, des touristes et des journalistes qui se rendaient à Tianjin, ville coorganisatrice des JO pour les matches préliminaires de football.

Mais le plus important est le rapprochement économique de Beijing et de Tianjin grâce à cette voie rapide. Selon un économiste, en tant que capitale de la Chine, Beijing possède un secteur tertiaire extrêmement développé, incarné par la croissance rapide de l’industrie de haute technologie de Zhongguancun. Tianjin dispose, quant à elle, d’une base manufacturière solide et de riches ressources portuaires. La ligne ferroviaire rapproche l’espace économique de ces deux villes et leur permet de réaliser la complémentarité de leurs ressources.

Un nouveau climat

Avec le lancement des compétitions olympiques, le 9 août, la ville de Beijing a connu un climat totalement nouveau : les nuages gris qui l’avaient hantée sans cesse ont entièrement disparu et ont été remplacés par un ciel bleu continu. Selon le Bureau municipal de la protection de l’environnement, pendant la période olympique, Beijing a compté 10 jours où la qualité de l’air était de niveau I et 7 jours où elle était de niveau II. L’indice des principales particules polluantes dans l’atmosphère a baissé. La qualité de l’air de Beijing a été meilleure qu’à la même période des dix dernières années.

Selon le Bureau municipal de la protection de l’environnement, la qualité de l’air pendant les 17 jours des Jeux olympiques a été conforme aux normes exigées.

Ce beau ciel bleu est le résultat d’une série de mesures strictes qui avaient été adoptées. À partir du 23 juin 2008, 50 % des voitures de fonction des administrations ont été retirés de la circulation. Du 20 juillet au 20 septembre, la municipalité a imposé la circulation alternée en fonction des numéros pairs et impairs sur la plaque d’immatriculation. Selon les statistiques, pendant les heures de pointe, 2 millions de véhicules ont été retirés de la circulation, ce qui a réduit par conséquent de 65 % les particules polluantes estimées.

Dans le même temps, les entreprises hautement polluantes, les entreprises du bâtiment aux alentours des stades olympiques et les chantiers dans la banlieue proche et lointaine ont dû cesser leurs activités. Les entreprises hautement polluantes comme la centrale thermique de Beijing, les usines de matériaux de construction; par ailleurs, les usines sidérurgiques, pétrolières et chimiques ont adopté des mesures plus strictes de contrôle des émissions des matières polluantes. La propreté des routes a été assurée grâce au nettoyage efficace des poussières. Les entreprises sidérurgiques et du bâtiment de la municipalité de Tianjin et des provinces voisines (Hebei, Shanxi et région autonome de Mongolie intérieure) ont aussi pris des mesures pour réduire les matières polluantes.

Si Beijing a connu des jours de ciel bleu pendant les Olympiques, certaines normes de contrôle ont été supprimées après les JO. Les habitants se demandent si le ciel continuera à être aussi bleu. À ce propos, le Bureau municipal de la protection de l’environnement a annoncé des mesures concrètes de prévention contre la détérioration du climat post-olympique. Parmi ces mesures figurent la suppression accélérée des véhicules les plus polluants, l’engagement des entreprises hautement polluantes à réduire leurs émissions de matières polluantes si elles veulent réouvrir et le renforcement du contrôle des poussières dans les chantiers.

Les municipalités de Beijing et de Tianjin, les provinces du Hebei et du Shanxi et la région autonome de Mongolie intérieure avaient constitué une équipe de coordination pour garantir la qualité de l’air pendant les JO, ce qui a été une action gouvernementale sans précédent dans son travail de protection environnementale.

Une nouvelle conception du sport

Le 9 août, premier jour des compétitions olympiques de Beijing, l’ancienne championne de tir des JO d’Athènes, Du Li, n’a pas pu décrocher la première médaille d’or chinoise comme elle l’avait souhaité. Malgré sa défaite, beaucoup de supporters lui ont crié « Allez » en la voyant. Elle a reçu une carte postale sur laquelle était écrit « Nous sommes fiers de toi. » Plus de 70 % des internautes ont également exprimé leur compassion après sa défaite. Cinq jours plus tard, elle était de nouveau en finale d’un autre concours de tir (50 m rifle 3 positions), où elle a remporté la médaille d’or olympique. Après son couronnement, Du Li a salué le public en disant : « Je vous donne toute ma gratitude pour votre soutien. Beaucoup de spectateurs sont venus me donner des cartes de vœux ou m’encourager, ce qui m’a beaucoup émue. » Les médias ont rapporté que « la médaille d’or de Du Li est la médaille d’or de tous les Chinois, elle représente la maturité accomplie des Chinois. »

Le 14 août 2008, dans le Palais de tir de Beijing, la tireuse chinoise Du Li a obtenu le titre de championne du 50 m rifle 3 positions

Cette maturité est liée à une nouvelle conception du sport chez les Chinois qui s’est manifestée pendant les compétitions olympiques. Autrefois synonyme de patriotisme et de puissance nationale, la médaille d’or olympique avait des significations qui allaient bien au-delà du domaine sportif. Par exemple, quand Li Ning, surnommé le « prince de la gymnastique », était rentré bredouille des JO de Séoul en 1989, il avait été accueilli par des quolibets et des injures, certains lui avaient même envoyé une lame de rasoir et une corde.

Pendant les JO de Beijing, alors que la puissance de la Chine est largement supérieure à celle d’il y a 20 ans, les Chinois sont revenus à une conception plus sportive des Jeux, selon laquelle le nombre des médailles d’or ne doit pas être directement lié à la puissance et au niveau de développement d’un pays. Le sport est simplement une compétition physique et intellectuelle entre des concurrents.

Par exemple, lorsque le champion américain de tir Matthew Emmons a été battu par des sportifs chinois lors des deux derniers JO, le peuple chinois a éprouvé de la compassion pour ce grand athlète et lui a montré du respect en le voyant embrasser son concurrent chinois. Pour un grand nombre de Chinois, le sport montre le courage de l’esprit humain face aux échecs et aux obstacles.

Une nouvelle image

Quelle image a donné la Chine au monde avec les Jeux olympiques ? Après la cérémonie de clôture du 24 août, le Wall Street Journal a affirmé qu’en fin de compte la Chine pourrait être la première gagnante de ce grand événement sportif : « La Chine a suscité l’admiration du monde entier avec une fête grandiose sans avoir renoncé pour autant à ses traditions. »

Le Cube d’eau, la nuit

Dès l’attribution des JO à Beijing, il y a sept ans, la communauté internationale a profité des JO pour mieux découvrir ce pays en pleine croissance. La Chine, quant à elle, a aussi saisi cette occasion pour se faire mieux connaître. Les JO de Beijing ont rassemblé plus de 20 000 journalistes accrédités et au moins 10 000 journalistes non accrédités, ce qui est un record. Le grand intérêt porté aux Jeux olympiques par les médias internationaux s’explique non seulement par le sport, mais aussi par le développement de ce pays oriental. Les Jeux olympiques ont donné à la Chine l’opportunité de faire connaître son vrai visage au monde.

La cérémonie d’ouverture du 8 août a fait paraître une Chine qui respecte à la fois la tradition historique et le modernisme de la haute technologie. Après de formidables feux d’artifices, un écran géant de 70 m de large a raconté la civilisation millénaire de la Chine, en passant des quatre inventions aux devas de Dunhuang, des lavis à l’encre aux paroles de Confucius, des caractères chinois à l’opéra Kunqu, du thé jusqu’à la porcelaine, sous les applaudissements de 90 000 spectateurs, sportifs et personnalités politiques de différents pays.

Pendant les 16 jours de compétition, le peuple chinois a également témoigné d’une Chine ouverte et généreuse. Pour le quotidien français Le Monde, les spectateurs chinois, loin d’être influencés par le nationalisme apparu lors des tentatives de blocage du relais de la flamme dans les pays occidentaux, ont fêté l’événement à cœur joie. À la différence des hooligans britanniques, ils sont venus joyeux dans une atmosphère amicale.

L’attitude paisible du peuple chinois et de l’opinion publique devant le fait que la Chine a remporté le plus grand nombre de médailles d’or a beaucoup impressionné les Occidentaux. Au micro d’une radio américaine, un citadin de Beijing a affirmé que le nombre de médailles ne comptait pas beaucoup; l’essentiel était que toutes les nations pouvaient participer aux épreuves en dépit de leur classement.

Devant l’image d’une Chine généreuse, la une du journal japonais The Sankei Shimbun a indiqué qu’à l’ère de la mondialisation, le sport a supprimé les frontières nationales et est devenu un bien commun à tous. Les records ne s’obtiennent que dans un contexte d’échanges et d’ouverture d’esprit. Les résultats que la Chine a obtenus durant les Jeux olympiques sont une récompense qui témoigne de l’ouverture du pays et de la maturité progressive de son peuple.

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